Dossier d’œuvre architecture IA80000226 | Réalisé par ; ;
Barbedor Isabelle
Barbedor Isabelle

Chercheur du service de l'Inventaire général du patrimoine culturel de Picardie, puis des Hauts-de-France, depuis 2002.

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  • inventaire topographique, canton de Villers-Bocage
  • inventaire topographique, Amiens métropole
  • patrimoine funéraire
Église paroissiale et ancien cimetière Saint-Vincent de Bertangles
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Grand Amiénois - Villers-Bocage
  • Commune Bertangles
  • Adresse rue de l' Eglise
  • Cadastre 1810 A 390, 391
  • Dénominations
    église paroissiale, cimetière
  • Vocables
    Saint-Vincent
  • Parties constituantes non étudiées
    chapelle seigneuriale

Comme le montre sa position dans le village, l'église paroissiale de Bertangles était à l'origine la chapelle de l´ancien château, siège de la seigneurie, attestée au 12e siècle. Elle fut reconstruite au 16e siècle, comme l´indique la présence des armes des de Glisy sur la charpente de la nef, et au début du 17e siècle, au moment de la reconstruction du château. Les vestiges de la verrière datée 1624, replacée dans la chapelle funéraire des Clermont-Tonnerre, sont en effet contemporains de la date qui figure sur le portail donnant accès à la ferme du château.

L´appareillage à assises alternées est cependant surtout observé dans des églises du 18e siècle, celle d´Oneux (Ponthieu), celle d´Andainville (1762), celle du Translay, ou encore dans le transept de l´église de Condé-Folie (1700) et le choeur de Notre-Dame de Frettecuisse.

L´église est agrandie, en 1846, aux frais des familles de Clermont-Tonnerre et de Chauvelin, d´un choeur à deux bas-côtés, dont la conception est attribuée à un architecte parisien par A. Goze. Le chantier est complété par l´aménagement de la chapelle privilégiée des Clermont-Tonnerre, et d´une chapelle funéraire dans laquelle sont élevés un monument funéraire dédié à la famille Chauvelin et, en 1852, un cénotaphe réalisé par les frères Duthoit, commémorant le souvenir de Julian de Clermont-Tonnerre (fondateur de la branche dont descendait le commanditaire) et de son épouse Claude de Rohan. On y replace également l'épitaphe de Magdeleine Leboucher, provenant de l'ancienne église conventuelle des Jacobins d'Amiens.

L´aspect hétérogène de l´église de Bertangles, atténué par l´appareillage à assises alternés utilisé pour les ajouts du 19e siècle, témoigne de son caractère inachevé comme le suggèrent l´enquête de 1855 et le témoignage de Goze.

La construction des chapelles latérales ne semble pas postérieure au chantier de 1846. Peut-être marquent-elles une phase intermédiaire, comme le suggèrent les réalisations contemporaines dans le canton d´Oisemenont (Cannessières, 1842, et Sorel, 1837) et de Villers-Bocage (Saint-Vaast-en-Chaussée, 1833 et Montigny-sur-l´Hallue).

Le choix du style néogothique, précoce pour une église rurale, est contemporain des premiers grands chantiers (Saint-Nicolas de Nantes ou encore Sainte-Clotilde à Paris, dont la construction commence en 1846) ; il sera soutenu par l´évêque d´Amiens, Monseigneur de Salinis (1849-1856) ou encore par l´abbé Corblet, qui fonde la Revue de l´Art chrétien, en 1857. Il précède l'église de Coisy (1853), qui constitue un des premiers exemples identifiés autour d'Amiens.

Du cimetière qui entourait l'église, déplacé à la périphérie du village en 1885, il ne subsiste que deux plaques funéraires (étudiées).

Documents figurés :

Le cadastre napoléonien levé vers 1810 (doc. 1) figure une église orientée, implantée au centre d´un cimetière. L´édifice de plan allongé à contreforts saillants à l´ouest, est prolongé par un petite adjonction au nord-est du chevet, qui peut être une sacristie.

Sources :

Les sources conservées aux archives départementales (série O) mentionnent de nombreuses réparations nécessaires (1806). En 1833, la commune est autorisée à lever un impôt exceptionnel pour financer la restauration de l´église. L´enquête de 1855 indique que « l´église aurait besoin d´être achevée ». Des réparations sont effectuées en 1877, après l'ouragan qui dévaste l'église l'année précédente, puis en 1886 (toiture d'une chapelle et du clocher), en 1892 (clocher), en 1909 (couverture), enfin en 1929 (toiture du choeur et de la sacristie). La translation du cimetière a lieu en 1885.

Travaux historiques :

A. Goze (1849) indique que Jehan de Glisy, seigneur de Bertangles, demande à être enterré dans le chœur de l´église (testament de 1562), où il sera inhumé en 1586, léguant vingt livres destinées à la réfection de l´édifice. Il signale la reconstruction de l'église sur les plans d'un architecte parisien. "Le changement opéré dans le plan sur lequel on remplaça par de la charpente plafonnée les voûtes d'arêtes en maçonnerie, peut donner matière à la critique [...] ; néanmoins malgré les défauts qu'on pourrait lui reprocher, ses formes ogivales lui donnent un aspect plus religieux qu'à d'autres églises construites à Amiens et dans les environs, en style gréco-roman."

Selon le Dictionnaire historique et archéologique de Picardie (1919), l'église de Bertangles est initialement située à l'intérieur de l'enceinte du château. Le choeur est reconstruit en 1846. Les deux chapelles latérales sont récentes. Deux clefs de voûte de la nef et une vitre portent les armes des de Glisy (1624) ; celles des Clermont-Tonnerre (1709) sont visibles sur une table de marbre. La seigneurie de Bertangles passe aux de Glisy en 1524, date du mariage de Jeanne Quiéret et de Jean de Glisy.

Selon l'inventaire topographique réalisé en 1997 par J. Förstel et S. Platerier, la nef, qui est la partie la plus ancienne de l'église, remonte au 16e ou au 17e siècle. Le chœur est refait en 1846. Les chapelles latérales qui prolongent le bas-côté du chœur, à l'ouest, sont un rajout de la deuxième moitié du 19e siècle. La charpente de la nef a été refaite dans les années 1980. Toutes les couvertures sont modernes.

La famille de Glisy possède la seigneurie de Bertangles de 1524 à 1611 (date du mariage de Gabrielle de Glisy avec Jacques de Clermont-Tallard). Antoine de Glisy lègue par son testament de 1613 trente livres pour aider à payer les cloches qu'on devait y faire ; il veut en outre que dans cette église, soit faite une verrière principale sur le grand autel, représentant un crucifiement et sa personne avec ses armes (AD Somme ; 1 B 78, folio 195 v° - 196 v°).

Un procès-verbal de visite en date du 5 décembre 1747 (AD Somme ; 1 B 1990) en donne une description à cette date.

L´église comprend alors une nef et un chœur à chevet plat, de 70 pieds et 6,5 pouces de long (environ 23 m) et de 18 pieds 2,5 pouces de large (environ 5,90 m.), entièrement construits en maçonnerie sur un soubassement de grès, et couverts en ardoises. Le chœur est éclairé par cinq fenêtres (une baie axiale et deux baies sur chaque mur latéral), la nef par quatre fenêtres et un oculus à l´ouest.

La charpente du chœur, un peu plus haute et plus ornée que celle de la nef, compte cinq fermes : trois fermes maîtresses, avec entraits et poinçons apparents chanfreinés et motifs de feuilles sculptés aux extrémités ; et deux fermes secondaires avec blochets sculptés et poinçons pendants. La hauteur du chœur, du pavé jusqu´aux sablières, est de 14 pieds (environ 4,50 m). Les deux blochets, longs de 30 cm environ, représentaient des têtes humaines ; les deux poinçons pendants portaient les armes de la famille de Glisy : simples, sur le poinçon oriental, et écartelées sur l´autre poinçon. La séparation du chœur et de la nef est également marquée par un jubé de bois, haut de 2,20 m, dont la partie supérieure était formée de balustres tournées encastrées dans deux traverses horizontales. La traverse supérieure de la clôture est ornée de pointes de fer « de différentes façons » hautes de dix pouces (27 cm). Au milieu du jubé s´ouvre une porte, large de 4 pieds (1,30 mètre environ) et haute de 2,60 m. Au-dessus se trouve une poutre de gloire, encastrée dans les montants de la porte. Le Christ en croix accroché à cette poutre mesure 2 pieds 8,5 pouces, soit 88 cm environ. Lors de la visite des experts en 1747, ce couronnement est déposé dans le chœur, sur un banc.

Les murs du chœur sont en partie peints d´un décor de « fleurs de lys et autre fleurage », qui couvre toute la partie orientale du chœur, jusqu´à la distance de 16 pieds (5,20 m.) au nord et 15 pieds au sud. Les vitraux et les sablières inclus dans cet espace sont également fleurdelysés. Cette peinture murale est encadrée par une bordure soulignée d´un cadre noir. Le reste du chœur ne porte pas de peinture, sauf une litre funéraire faite après la mort d´un des seigneurs de Bertangles. Le décor du chœur est complété par un tableau accroché sur la troisième ferme de la charpente. En 1747 ce tableau est déjà très endommagé, on n´y distingue plus que deux têtes. Enfin, deux pierres tombales se trouvent dans la partie occidentale du chœur. L´une d´elles est encore visible en 1849, mais déjà effacée.

Le sol du cimetière est un peu plus élevé que le pavé du choeur, qu´il surplombait de 65 cm au sud et de 73 cm au nord. Par la suite, l´église de Bertangles ne connait plus de transformations majeures, mais seulement des travaux d´entretien. La couverture nécessite plusieurs interventions. En 1907, l´architecte amiénois E. Douillet rend un rapport alarmiste sur l´état de la couverture de la nef : "tandis que cette couverture est en très bon état et de date assez récente au choeur et au toit du clocher, elle est tout à fait vieille et usée à la toiture de la nef, des deux chapelles latérales, et aux faces verticales et abat-sons du clocher. Le voligeage est en aussi mauvais état que l´ardoise et cette couverture arrivée au dernier degré de vétusté, n´est plus susceptible d´aucune réparation. La réfection complète s´impose". La charpente en revanche est en assez bon état ; mais Douillet souligne que l´absence de gouttière sur la nef et les chapelles amène de l´humidité sur les murs. Les travaux préconisés sont en partie exécutés en 1908 par le couvreur A. Philippon, pour environ 500 francs. En 1913, Alfred Philippon répare le toit de l´église et du choeur, en ardoises, tandis qu´Houbert, maçon à Flesselles, restaure les piliers et le pignon du clocher.

Après la première guerre mondiale, l´architecte Jacques Ballereau estime à plus de 22 000 francs les réparations nécessaires en 1929. Cette fois, la couverture de la nef, refaite récemment, est en bon état et, se contenterait de menues réparations ; en revanche, la couverture du choeur est en fort mauvais état, entraînant la détérioration des fausses-voûtes en bois enduit. De même, dans la sacristie en torchis, la charpente est pourrie et la couverture affaissée. Les travaux sont confiés au couvreur Houbron, qui a déjà travaillé au château de Bertangles. La somme est réglée par la comtesse de Clermont-Tonnerre. En 1932, on installe l´éclairage électrique dans l´église. En 1984, la commune réalise une importante campagne de restauration (réfection de la couverture et du lambris de couvrement de la nef et restauration des vitraux des fenêtres hautes du choeur par l´atelier de Claude Barre, qui fournit également les vitraux modernes posés dans les baies inférieures de l´église.

  • Période(s)
    • Principale : limite 16e siècle 17e siècle, 2e quart 19e siècle
    • Secondaire : 1er quart 18e siècle
  • Dates
    • 1624, daté par travaux historiques
    • 1709, daté par travaux historiques
    • 1846, daté par travaux historiques

L'édifice orienté est implanté au centre d´une parcelle de forme irrégulière, partiellement close d´un mur bahut. Il est construit en briques et calcaire, avec un appareillage en assises alternées (fig. 2), à l'exception de la chapelle nord, en briques (fig. 3) et de la sacristie, dans l´angle nord-est du choeur, construite en pan de bois hourdé en torchis. La nef conserve, en outre, un pan du mur nord en calcaire appareillé en pierre de taille (fig. 3). L´ensemble est couvert d´ardoises. Les deux chapelles latérales sont coiffées de toits à croupe.

L´église présente un plan en croix latine à chevet semi-circulaire. La nef et les chapelles latérales ont un gabarit moins élevé que le choeur et ses bas-côtés ; le pignon ouest du choeur est protégé par un essentage d'ardoises.

Le clocher est situé au bas de la nef, en retrait du pignon découvert de la façade occidentale. Des contreforts saillants sont visibles au bas de la nef et de part et d´autre de la porte principale en anse de panier du mur ouest.

L´édifice compte trois accès, l´un principal à l´ouest, et deux secondaires (mur sud de la nef et mur ouest de la chapelle sud).

La nef est éclairée par quatre petites baies cintrées, deux au nord et deux au sud. Le choeur est éclairé par des fenêtres hautes, qui présentent une forme en arc brisé, comme celles des bas-côtés. Les deux chapelles latérales sont reliées à la nef par trois arcades en arc brisé reposant sur des colonnes de bois (fig. 7). Une clôture en fonte sépare le choeur de la chapelle funéraire des Clermont-Tonnerre, qui occupe le bas-côté nord. Celle-ci est éclairée par une baie dans laquelle sont replacés des vestiges d´une verrière datée 1624 (fig. 8).

  • Murs
    • brique
    • calcaire pierre de taille
    • brique et pierre à assises alternées
    • bois pan de bois
    • torchis essentage d'ardoise
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    1 vaisseau
  • Typologies
    clocher centré sur pignon occidental ; cimetière d'enclos paroissial (churchyard)
  • Statut de la propriété
    propriété publique
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Protections
    inscrit MH, 2001/02/08
  • Référence MH

Ce dossier établi par Judith Förstel et Sandrine Platerier en 1997 lors de l'inventaire topographique du canton de Villers-Bocage, été mis à jour et enrichi par Isabelle Barbedor en 2003 dans le cadre de l'inventaire topographique d'Amiens métropole.

Documents d'archives

  • AD Somme. Série B ; 1 B 1990. Visite du chœur de l´église de Bertangles par Charles Lefébure et Claude Jamet, maîtres charpentiers à Amiens et entrepreneurs de bâtiments, à l´occasion d´un procès entre le marquis Louis-Joseph de Clermont-Tonnerre et les pères Jésuites du collège d´Amiens, Florimond Joly et François Deschoyes, chapelains de la chapelle Saint-Paul à la cathédrale d´Amiens, gros décimateurs de la paroisse de Bertangles, 5 décembre 1747.

  • AD Somme. Série O ; 99 O 674. Bertangles. Travaux communaux (avant 1869).

Bibliographie

  • GOZE, Antoine. "Château de Bertangles". In Églises, châteaux, beffrois et hôtels de ville les plus remarquables de la Picardie et de l'Artois. Amiens : Alfred Caron, 1849.

    tome 2, p. 10
  • DEBART Joseph. L´église de Bertangles. Histoire et traditions du pays des Coudriers, n°7, novembre 1993.

    p. 36-37
  • INVENTAIRE GENERAL DU PATRIMOINE CULTUREL. Région Picardie. Églises et chapelles des XIXe et XXXe siècles. Amiens métropole. Réd. Isabelle Barbedor. Lyon : Lieux-Dits, 2008.

    p. 5-6
  • SOCIETE DES ANTIQUAIRES DE PICARDIE. Dictionnaire historique et archéologique de la Picardie, tome III : Arrondissement d'Amiens, cantons d'Oisemont, Picquigny, Poix et Villers-Bocage. Amiens : Société des antiquaires de Picardie, 1919. Réed. Bruxelles : Editions culture et civilisation, 1979.

    p. 563-564.

Documents figurés

  • Bertangles. Plan cadastral. Sections A et B développées, avant 1813 (AD Somme ; 3 P 1555/3).

Date(s) d'enquête : 1997; Date(s) de rédaction : 1997, 2003
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Barbedor Isabelle
Barbedor Isabelle

Chercheur du service de l'Inventaire général du patrimoine culturel de Picardie, puis des Hauts-de-France, depuis 2002.

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