Dossier collectif IA80009790 | Réalisé par
Fournis Frédéric
Fournis Frédéric

Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France.

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  • inventaire topographique, Val-de-Nièvre
Les châteaux, manoirs et villégiatures du Val de Nièvre
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

  • Dénominations
    demeure, château, manoir, maison, rendez-vous de chasse
  • Aires d'études
    Grand Amiénois

Lieux stratégiques de pouvoir ou de défense, éléments marquants de l'espace bâti et paysager, les châteaux et demeures ont toujours joué un rôle de premier plan dans la structuration et l'aménagement du territoire, dans le Val de Nièvre comme ailleurs.

Le Môyen Âge et la Renaissance, de la motte castrale au manoir

Les premières traces d'occupation féodale du territoire sont les mottes castrales établies entre le 10e et le 12e siècle le long de la Nièvre (Canaples, Flixecourt, Halloy-lès-Pernois) ou de la Somme (L'Étoile). Elles sont remplacées aux siècles suivants par des châteaux ou maisons fortes commandant les principales voies de communications, comme les château de Pont-Remy et Saint-Ouen, probablement fondés au 14e siècle (détruits), celui de Bettencourt-Saint-Ouen, qui portait probablement la date de 1488, ou le manoir des évêques d'Amiens à Pernois, reconstruit comme demeure de plaisance durant le 3e quart du 16e siècle (détruit).

D'après les représentations anciennes, l'autre manoir de Pernois, dit « Petit Château » (également détruit), semblait sensiblement contemporain, mais son aspect le rapprochait davantage de la maison urbaine que de l'architecture castrale proprement dite. La représentation de l'ancien manoir d'Havernas renseigne quant à elle sur un type de logis à élévation ordonnancée construit dans la seconde moitié du 16e et au début du 17e siècle.

Les 17e et 18e siècles, le château de plaisance en brique et pierre

Les plus anciennes demeures conservées sont les châteaux en brique et pierre des 17e et 18e siècles, qui s'inscrivent avec leurs aménagements rationnels dans une typologie régionale bien identifiée. Le modèle du château de plaisance à la française, qui s'élabore à partir des années 1630, trouve sa pleine expression avec les châteaux de Vauchelles-lès-Domart, Ribeaucourt et Saint-Léger-lès-Domart. L'ancien château de Ville-le-Marclet (détruit) aurait été construit en 1755 selon ce parti.

Mais le 18e siècle est surtout la période des petits châteaux en rez-de-chaussée, comme ceux de Bettencourt-Saint-Ouen, Fransu, Houdencourt ou L'Étoile (détruit). Ces « maisons des champs », plus modestes mais tout aussi harmonieuses que les précédentes, sont les résidences de campagne de la petite noblesse citadine lorsqu'elle séjourne sur ses terres.

Le 19e siècle et l'historicisme

Dans la seconde moitié du 19e siècle, le dynamisme de la vallée de la Nièvre profite également au renouveau de l'architecture domestique pour les classes aisées. Entièrement remanié entre 1836 et 1845 dans le style troubadour, l'ancien château fort de Pont-Remy use déjà de façon précoce et pittoresque du vocabulaire et des formes qui composeront le style néogothique. Sous le Second Empire, le propriétaire amiénois François Alexandre Hesse, pour sa part, fait agrandir dans le style néo-Renaissance une demeure construite vers 1840, accompagnée d'un singulier bâtiment de communs d'inspiration néoclassique sur un plan annulaire.

Le château d'Havernas est reconstruit à partir de 1875, peu après l'église paroissiale, d'après les plans des architectes Victor et Paul Delefortrie, très actifs dans le domaine de l'architecture domestique dans la Somme, et qui sont également les auteurs de deux des trois « châteaux industriels » de la famille Saint à Flixecourt (Château blanc, Château rouge, château de la Navette).

Ce genre architectural, qui fait la part belle aux citations historicistes, est également celui du nouveau « château » de Canaples, réalisé d'après les plans d'Anatole Bienaimé, architecte de nombreuses villas de la station balnéaire du Touquet-Paris-Plage (Pas-de-Calais), mais aussi des magasins coopératifs Saint Frères dans la vallée de la Nièvre.

De la demeure à la villégiature

Ces derniers exemples introduisent également le type de la villégiature dont plusieurs exemples, « villas » en village ou rendez-vous de chasse en forêt, témoignent d'une nouvelle forme d'occupation du territoire au tournant des 19e et 20e siècles. C'est également à la famille Saint qu'appartient le château de Ville-le-Marclet, reconstruit à partir de 1918 et qui est à la fois le dernier château et la première villa des années 1920-1930. L'exemple le plus abouti de ce type architectural est la propriété d'Adrienne de Berny à Ribeaucourt, véritable villa balnéaire édifiée en 1932 par Louis Quételard, architecte lui aussi de nombreuses villas du Touquet-Paris-Plage (Pas-de-Calais).

  • Période(s)
    • Principale : 16e siècle, 17e siècle, 18e siècle, 19e siècle
  • Auteur(s)
    • Auteur :
      Bienaimé Anatole
      Bienaimé Anatole

      Architecte. Né à Amiens, il débute sa carrière chez Herbault et devient collaborateur d'Emile Riquier avant d'ouvrir son propre cabinet vers 1887.

      Adjoint au maire d'Amiens.

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      architecte
    • Auteur :
      Delefortrie Paul-Jules-Joseph
      Delefortrie Paul-Jules-Joseph

      Architecte. Né à Tourcoing, élève de Victor Delefortrie (1810-1889), son père, avec lequel il travaille de nombreuses années, et de l'architecte lillois Vandenbergh. Domicilié à Amiens, 8 place de Longueville (recensement de 1881).

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      architecte
    • Auteur :
      Delefortrie Louis Joseph Victor , dit(e) Delefortrie Victor Louis
      Delefortrie Louis Joseph Victor

      1862 : architecte et entrepreneur, domicilié 2 esplanade de Noyon (annuaire).

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      architecte
    • Auteur :
      Quételart Louis
      Quételart Louis

      Louis Quételart (Berck (Pas-de-Calais), 1888 - Le Touquet-Paris-Plage (Pas-de-Calais), 1950) est un architecte français. D'origine modeste, à l'âge de quatorze ans, il entre dans l'un des trois cabinets d'architecte berckois, le cabinet Gaston Bellêtre, spécialisé dans la construction de résidences balnéaires. Il poursuit sa formation dans l'entreprise Charbonnier à Berck. À dix-neuf ans, il devient collaborateur de l'agence d'Albert Pouthier à Paris-Plage, qui construit des résidences balnéaires de luxe au Touquet. Il y fait rapidement ses preuves et devient chef de projet. Il apprend le métier d'architecte sur le terrain mais n'en a pas le diplôme.

      Après la Première Guerre mondiale, Louis Marie Cordonnier, ayant croisé et apprécié Louis Quételart au Touquet-Paris-Plage, lui propose de s'associer avec Pierre Ragois dans le cadre des reconstructions des régions libérées, Pierre Ragois usant de sa qualité d'architecte diplômé du gouvernement et Louis Quételart de ses connaissances de la région et des entreprises locales. Fin 1919, ils installent leur agence à Béthune. Pierre Ragois, fort occupé par ses dossiers parisiens, fait appel moins d'un an plus tard à un jeune architecte diplômé, André Pavlovsky pour compléter l'équipe et finalement le remplacer. En 1930, le cabinet compte une dizaine de collaborateurs. Il est l'auteur de nombreux édifices, parmi lesquels une centaine de villas au Touquet-Paris-Plage dont une vingtaine figurent à l'inventaire général du patrimoine culturel, voire au titre des monuments historiques.

      Ayant participé activement à la création de l'ordre des architectes, Louis Quételart est nommé le 5 août 1941 architecte agréé pour la reconstruction sous le numéro 1 624. Il est membre de l'Union syndicale des architectes français et de la Société régionale des architectes du Nord de la France. Les dernières années de sa vie sont marquées par deux bâtiments qui sont devenus emblématiques du Touquet-Paris-Plage : le plongeoir de la piscine et le phare. Il est également l'auteur des bancs publics verts et blancs, de chaque côté desquels sont intégrées des jardinières et que l'on retrouve sur la digue et dans toutes les avenues en forêt.

      Louis Quételart a inventé le « style touquettois moderne » caractérisé par de vastes toitures, des doubles pignons, des retombées d'arcs sans piédroits, des oculi… Son style a tant marqué qu'on parle de « villa Quételart ». Dès l'année 1929, le magazine L'Illustration lui consacre plusieurs pages à l'occasion d'un article rédigé par Léandre Vaillat ayant pour objet les villas, chaque dessin ou photographie de villa étant assorti de son plan masse.

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      architecte
  • Toits
  • Décompte des œuvres
    • repérés 20
    • étudiés 19

Bibliographie

  • SARTRE, Josiane. Châteaux brique et pierre en France. Paris : Nouvelles Editions Latines, 1981.

  • SARTRE, Josiane. Châteaux "brique et pierre" en Picardie. Paris : Nouvelles Editions Latines, 1973.

  • FOURNIS, Frédéric. Vivre à la campagne. Châteaux de plaisance. VMF, n° 234, septembre 2010 : La Somme.

    p. 30-41

Documents figurés

  • Fransu. Château d'Houdencourt, carte postale, Santos éditeur, avant 1914 (coll. part.).

  • L'Etoile. Château, carte postale, avant 1914 (coll. part.).

  • Pernois. Vue générale de l'ancien manoir épiscopal, dessin à la plume par Louis Duthoit, milieu du 19e siècle. In : Aimé et Louis Duthoit. Quelques cantons de Picardie. Amiens : CRDP, 1979.

  • Pernois (Somme). Rue du Bas. Ancien château, carte postale, Haboury éditeur, avant 1907 (coll. part.).

  • Saint-Léger-lès-Domart. L'école des garçons, carte postale, S. Petit photographe-éditeur, avant 1914 (coll. part.).

  • Ville-le-Marclet. Ancien château, carte postale, avant 1912 (coll. part.).

  • Ville-le-Marclet. Château, carte postale, vers 1925 (coll. part.).

  • Saint-Ouen. Plan cadastral : section A3, dessin à l'encre, à l'aquarelle et au lavis sur papier, Delgove géomètre, 1832 (AD Somme ; 3 P 1470/4).

Date d'enquête 2010 ; Date(s) de rédaction 2010
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Fournis Frédéric
Fournis Frédéric

Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France.

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