Dossier collectif IA80005025 | Réalisé par
Barbedor Isabelle
Barbedor Isabelle

Chercheur du service de l'Inventaire général du patrimoine culturel de Picardie, puis des Hauts-de-France, depuis 2002.

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  • patrimoine funéraire, le cimetière de la Madeleine
Les tombeaux et monuments funéraires du cimetière de la Madeleine
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
  • (c) Ville d'Amiens

Dossier non géolocalisé

  • Dénominations
    tombeau, monument sépulcral
  • Aires d'études
    Communauté d'agglomération Amiens Métropole
  • Adresse
    • Commune : Amiens
      Adresse : rue, Saint-Maurice , Cimetière de la Madeleine
      Cadastre : non cadastré

Présentation du corpus

Le cimetière de la Madeleine est connu depuis le début du 19e siècle par la célébration des personnalités, qui y sont inhumées, et des tombeaux les plus remarquables. Dusevel et Machart (1825), Caron (1833), S. Comte (1847), puis Henri de Calland (1855) citent ces tombeaux (Dijon, Poullain, Lapostolle, Dargent, Corroyer, Morgan d'Epagny, Delacourt, Fouache d'Halloy, Vast-Lefurme, Herbault), dont certains (Duthoit, Grimaux-Dufetel, Morgan de Belloy, Bruno Vasseur et Jules Verne) ont été classés au titre des monuments historiques, en 1995.

L'ouvrage de S. Comte (1847) et les dessins des frères Duthoit en donnent une description assez précise au milieu du 19e siècle. En 1925, l'architecte de la ville signale l'intérêt artistique de certains monuments : le tombeau de l'architecte Cheussey, le tombeau Fatton, une stèle de l'enclos funéraire Leprince, une dalle funéraire de l'ancien enclos funéraire Merlin, la colonne funéraire de John Maberly, l'enclos des familles Fusillier et Barbaza, le cippe Sénart-Grenier, la stèle funéraire Marotte (aujourd'hui à l'état de vestiges), ou encore l'obélisque Sénart-Bezançon.

Le recensement des 2227 concessions perpétuelles du cimetière de la Madeleine a permis de constituer et d'analyser un corpus exceptionnel de 1826 tombeaux et 36 monuments funéraires, auxquels s'ajoutent les tombeaux élevés dans les enclos enclos funéraires, qui font l'objet d'un dossier de synthèse spécifique. 1079 tombeaux ont fait l'objet d'un dossier individuel illustré.

Seuls 55 tombeaux sont attribués ou signés par des architectes, principalement amiénois.

Dans la 1ère moitié du 19e siècle, ce sont des oeuvres des architectes Cheussey (Dargent, Dijon, Massey, Voclin et Devillers et Fatton), Marest (Boullet, Spineux, Brajeux, Cosserat-Le Dieu et le tombeau élevé à la mémoire de ses parents), Herbaut (Boullet, cippe Lequien-Duroyon, le triple tombeau (chapelle) des familles Leclercq-Poulain, Cauët-Lefebvre et Dubois-Quillet, Soyer-Barbier et son tombeau). On peut citer aussi l'architecte Barthelemy (monument de la famille Grimaux) et Florent Corroyer, qui signe le tombeau Corroyer, Mangot (Beaucousin d'Hautefeuille), Laurent, auquel S. Comte attribue le tombeau Guénard-Morand.

Dans la 2e moitié du 19e siècle : Louis Henry Antoine (colonne funéraire de Mathieu Joseph de Lanselles, vers 1849, et tombeau en forme de chapelle Mannessier-Bienaimé, vers 1859), Paul Viénot (deux stèles de style néogothique : Croizé, vers 1858 et Chassepot, vers 1870), Pigou (deux tombeaux en forme de chapelle et de niche : Lupart, vers 1865, et Dequen-Ferté, 1874) et le tombeau familial (vers 1866) qui peut également lui être attribué, Massenot (stèle funéraire Barbier-Fidon, 1865 et général Maillard (chapelle détruite), Charles Eugène Billoré (tombeau en forme de chapelle pour la famille Ladurelle-Royon, vers 1870), Auguste Sallé signe un tombeau comme architecte (Godin-Dutreilly, vers 1880) et deux autres (Bennezon-Léveillé, vers 1879 et Coache-Blond, vers 1880), Emile Riquier (tombeau de sa famile et celui de Frédéric Petit, vers 1881), René Delassus (Liévois, vers 1882), Ringois (tombeau de Louis Thuillier, vers 1883), Paul Delefortrie (stèle funéraire de style néogothique Magniez et Villars, vers 1897), Amédée Milvoy (Matifas-Bouchez-Dupuis, vers 1895, Ransson, vers 1895).

Enfin au 20e siècle : Georges Edmond Douillet, signe le célèbre tombeau de Jules Verne, Albert Polart dessine le monument du statuaire Georges Guittet (1903), Georges Nicolas Antoine (Codevelle, vers 1907), Edmond Duthoit (Digeon-Duval et Amédée Maintenay), Fanny (stèle funéraire Randon-Hurache, vers 1906), Pierre Ansart (Cocquel, 1907), Louis Esgonnière du Thibeuf (tombeau de la famille Guilbert-Pourchelle à laquelle il est apparenté (vers 1907), Pierre et Gérard Ansart (Tattegrain-Thuillier, vers 1920), Roussel et Pruvost (Obry, début 20e siècle). Enfin Amédée Milvoy (Hacquart-Hollet, vers 1921, Jonchery-Galland, vers 1925), Polart (Couvreur, 1930), Gérard Ansart (Leroy-Duhen, vers 1943) et Pierre Herdhebaut (de la Royère, vers 1959),

Dans le cimetière, on peut également découvrir les tombeaux de nombreux architectes : celui de Charles Sordi (1771-1857), de François Cheussey (1772-1857) et Jean-Baptiste Herbaut (1808-1880), architectes de la ville, Jean-Baptiste Marest (1782-?), Amédée Maintenay (1853-1881) ou encore Edmond Duthoit (1837-1889), Charles Eugène Billoré (1831-1900), Henry Antoine (1820-1900) et son fils Georges Antoine (1852-1940) également maire d'Amiens, Paul (1843-1910) et Maurice (1873-1906) Delefortrie, Emile Riquier (1846-1906), André Gaston Leroux (1886-1937), architecte de la ville, Edmond Douillet (1841-1936) et de son fils Louis Douillet (1891-1986).

L'oeuvre des sculpteurs

Les frères Duthoit (pour le décor sculpté) et Albert Roze pour ses portraits et le célèbre tombeau de Jules Verne, sont les sculpteurs dont le cimetière de la Madeleine compte le plus grand nombre d'oeuvres. Le recensement a permis d'identifier plusieurs sculpteurs peu connus comme Achille Bourquin, qui réalise le décor végétal et floral sur trois tombeaux vers 1845 (stèle funéraire de la famille Spineux [Marest, architecte], tombeau détruit (plaine H, 33) et stèle funéraire de la famille Dubas) ou encore Eugène Lépinoy, qui signe le décor floral du tombeau de la famille Bernard-Dubois, 1860.

Le recensement a également permis d'identifier des oeuvres de sculpteurs de la génération d'Albert Roze, comme Athanase Fossé (1851-1923), qui est l'auteur du décor sculpté du fronton du tombeau de la famille Fussien (1881) et des sculptures du monument funéraire de Jules Barni (vers 1880), Charles Molliens (1868-1937), auteur de deux portraits en buste et d'une Vierge en prière, ou encore Auguste Carvin (1868-1949), qui exécute un Christ en croix pour un tombeau dessiné par Gérard Ansart (Leroy-Duhen) et un buste placé sur son tombeau. Enfin un portrait de Charles Verecque, bas-relief en bronze d'Emile Morlaix.

Typologie des monuments

Les concessions, délimitées par une clôture en fonte, des piliers reliés par des chaînes et/ou des barres de fer, ou une simple bordure, présentent pour certaines un plan de type couloir, de 1 m de large sur 4 ou 5 m de profondeur.

Ces tombeaux individuels ou collectifs illustrent plusieurs grands types.

La stèle funéraire

1563 concessions contenant une ou plusieurs stèles funéraires ont été recensées, dont 20% dans un enclos funéraire. On peut distinguer deux principaux types de dispositif : la stèle d'applique et la stèle fixée sur une base, généralement placée contre la limite de la concession. Ces stèles funéraires sont "monolithes" ou architecturées : simple assemblage de différents éléments (base, table, entablement, fronton) ou modèles plus complexes.

Structure et forme

La stèle "monolithe" est la forme la plus simple :

  • rectangulaire d'applique ou simplement disposée contre le mur, sa forme est dérivée des épitaphes fixées contre le mur de l'église.
  • à découpe supérieure cintrée (113) ou en chapeau de gendarme (40), parfois d'applique, elle peut être surmontée d'une petite croix, en pierre ou en fonte.
  • de forme trapézoïdale (quelques exemples isolés).
  • à acrotères stylisés à usage de porte-couronne ou épaulée.

La stèle architecturée présente des formes plus ou moins complexes à plusieurs registres. Une base plus ou moins haute, un panneau principal (à une ou plusieurs tables) surmonté d'un entablement et d'un fronton, souvent à acrotères (Stiévenard) parfois stylisés (Bellegueulle). Certaines, principalement localisées dans la plaine L, sont surmontées d'une simple corniche et d'un fronton (Cauchon, vers 1833, Billault et Dangla vers 1843, Godart, Doulliez et Degand vers 1844). Elle présentent le plus souvent une partition à une, deux ou trois tables et parfois une base porte-couronne (Fournier-Alot).

Certains modèles sont cantonnés de colonnes (Bois-Ducrocq). D'autres, principalement en plaines P et S, illustrent une variante monumentale.

Une jardinière à plantes d'applique, leur est parfois adossée (Antoine-Dubois, Lencauchez), à partir de la fin du 19e siècle.

Matériaux

  • La stèle est principalement en calcaire ou en marbre belge, dit petit granit ou pierre bleue mais il existe des exemples isolés en granit et en marbre.
  • Certaines sont parfois recouvertes d'une table en marbre rouge (Mimerel et Leroy-Pauchet) ou en marbre noir.
  • A l´exception des deux stèles de l'enclos Pointin (en marbre blanc), les stèles à acrotères stylisés sont en pierre bleue, comme les stèles épaulées.

Datation

  • Les stèles rectangulaires datent de la 1ère moitié du 19e siècle. Les exemples les plus anciens sont des tombeaux individuels d'applique : Baronne Lerchenfeld (1818) et Alexandre Miché (1820). Les exemples les plus tardifs sont des stèles "additionnelles" de petite dimension, présentes dans les enclos funéraires.
  • Les stèles cintrées ont été réalisées dans le 2e quart du 19e siècle (3), dans le 3e quart du 19e siècle (12), dans le 4e quart du 19e siècle (11) et dans le 1er quart du 20e siècle (1). L'exemple le plus ancien est le tombeau de Marie-Antoinette Maillard, réalisé vers 1839.
  • Les stèles cintrées à découpe en chapeau de gendarme datent du milieu du 19e siècle (2), du 3e quart du 19e siècle (6) avec un exemple isolé du 4e quart du 19e siècle. Les exemples les plus anciens est sont l'un des tombeaux de l'enclos Durozelle, Dauzet et Lecointe, réalisé vers 1853, ou le tombeau Beurier-Quentin, entre 1846 et 1854.
  • Les stèles trapézoïdales datent du 19e siècle (Ransson-Burkhard) avec un cas isolé du début du 20e siècle (Laigle-Patte). L'exemple le plus ancien se trouve dans l'enclos Leroy-Pauchet (1837).
  • A l'exception d´un exemple isolé qui peut dater de 1864, les stèles épaulées ont été réalisées entre 1884 et 1910.
  • Les stèles à croix, généralement monumentales, datent plutôt du dernier quart du 19e siècle et du début du 20e siècle.
  • Les stèles à entablement et fronton apparaissent dans le 2e quart du 19e siècle et sont encore très prisées dans le 4e quart du 19e siècle et au début du 20e siècle. Les exemples recensés datent principalement du 4e quart du 19e siècle, mais également du 3e quart du 19e siècle (O 151, L 34) et du 1er quart du 20e siècle (principalement en plaines P et S). Les exemples les plus anciens datent des années 1820 (Morgan d'Epagny) et 1840 (Stiévenard et Bellegueulle).

Attribution

A partir des années 1860, ces tombeaux portent une signature d'entrepreneur de monuments funèbres (Leroy-Digeon, Lesot, Galampoix, H. Lamolet), plus rarement de marbrier (Dutry). Les signatures sont plus fréquentes à partir des années 1880. Les sources permettent des attributions plus anciennes dans les années 1840 (A. Sallé) et 1850 (Delalieux), 1870 (H. Lamolet).

Huit d'entre elles sont attribuables à des architectes : Viénot (vers 1858 et vers 1870), A. Milvoy (vers 1895 et 1921), Edmond Duthoit (Digeon-Duval, vers 1877, publié dans Chabat, 1890), Fanny (vers 1906), Pierre et Gérard Ansart (vers 1920), Esgonière du Thibeuf (vers 1923).

Style et décor

  • Les stèles rectangulaires, dérivées des épitaphes, se caractérisent par une absence de décor, à l'exception du tombeau Croissy-de Bacquancourt, orné d´armoiries.
  • La stèle cintrée ou en chapeau de gendarme, peut être surmontée d'une petite croix.
  • La stèle est parfois ornée d'une couronne mortuaire ou d'un bouquet de fleurs (Ransson-Burkhard), voire d'une lampe à huile (Seabrook-Briggs).
  • Elle est surmontée d'une croix parfois de grande dimension (Lebel-Scellier), parfois ornée d'un Christ en croix (Mouret-Lesobre), plus rarement surmontée d'une urne.
  • Le fronton de la stèle, de style néoclassique, peut être orné de symboles funéraires : sablier ailé, faux, flambeaux renversés, plus rarement d'un décor figuré (Mantel-Follet).
  • La stèle architecturée est fréquemment surmontée d'une croix ou d'une urne voilée (plaine P et S), les pilastres ou colonnes étant parfois ornés d'un décor végétal (lierre).
  • La stèle de style néogothique apparaît au milieu du 19e siècle et présente de nombreuses variantes monumentales ou stylisées (en particulier en plaine P et S). De rares exemples de style néo-roman ont été identifiés (Delacourt-Hanot, vers 1890).

Le cippe

Structure et forme

Le cippe présente généralement un plan massé, parfois polygonal (Cheussey et Delabarthe-Campion). Les exemples monumentaux du début du 19e siècle se distinguent par une composition à plusieurs registres (Dijon, Poullain), que S. Comte qualifie de cénotaphe.

Matériaux

Le cippe est généralement en calcaire ou en pierre bleue.

Datation

Les tombeaux identifiés de ce type datent de la 1ère moitié du 19e siècle. On en trouve encore quelques exemples au début du 20e siècle.

Les plus anciens sont ceux de la marquise de Béthune (1824) et de Charles Frédéric Boistel-Duroyer (1826), légèrement postérieurs aux célèbres tombeaux du recteur Dijon, de la famille Poullain.

Attribution

Ces tombeaux sont rarement signés (Duthoit pour le tombeau de Lapostolle) mais S. Comte (1847) donne quelques attributions à des architectes (Cheussey) et des entrepreneurs (Polart, 1823), ainsi qu'aux Duthoit : famille Poullain, vers 1823.

Style et décor

Principalement de style néoclassique, le cippe est parfois surmonté d'une croix (Matifas-Petit, vers 1845) ou d'une urne (Senart-Grenier, vers 1825). Quelques exemples de style néogothique ont été recensés (Polart, 1841 et Vast-Lefurme, années 1840) et chanoines de la cathédrale (1863). Les plus monumentaux, exécutés dans les années 1820, comportent un important décor sculpté attribué aux frères Duthoit (Poullain, Dijon).

Le tombeau en forme d'obélisque

Structure et forme

Le tombeau présente la forme d'un obélisque fixé sur un socle de hauteur variable, voire sur un cippe (Senart-Bezançon, vers 1842 et Digeon-Duval, vers 1842). Le tombeau de Maximilien Decavé (vers 1848) présente une forme monumentale originale (ill.).

Matériaux

L'obélisque est en calcaire ou en pierre bleue pour les plus tardifs.

Datation

Les exemples identifiés datent du 2e quart du 19e siècle avec quelques exemples plus tardifs (famille Aubert-Deparis, vers 1882). Les plus anciens sont les tombeaux de la famille Lenoir-Pallard (vers 1830) et De Saint-Riquier (vers 1845).

Style et décor

L'obélisque peut être surmonté d'une urne (famille Rousselle-Sourmail, vers 1880).

La colonne funéraire

Parmi les tombeaux recensés, certains subsistent à l'état de vestiges. Ces tombeaux individuels ou collectifs sont généralement associés à d'autres tombeaux dans un enclos familial, doublant parfois le tombeau familial. Quelques concessions présentent une association de plusieurs colonnes funéraires, jusqu'à huit dans la concession Firmin-Dècle.

Structure et forme

Ces colonnes sont le plus souvent surmontées d'une petite croix, plus rarement d'une urne (Deneux-Buquet, Froment). Certaines présentent la forme d'une colonne brisée, cénotaphe dédié à une femme, à un enfant, ou encore à un soldat mort au combat (Boinet-Martin, Beaucousin-Gensse, enclos des soldats prussiens, monument aux enfants noyés).

Plusieurs colonnes monumentales ont été recensées, il s'agit généralement de tombeaux de famille (Debaussaux, Lemort) ou de monuments élevés à la mémoire d'une personnalité (Amiral Bonard, Mathieu Joseph de Lanselles, Victorine Autier).

Matériaux

Ces colonnes sont le plus souvent réalisées en marbre, sur une base en pierre bleue ou en calcaire. La colonne funéraire Debaussaux est un exemple unique d'utilisation du plomb.

Datation

Le corpus comprend des tombeaux réalisés dans la première moitié du 19e siècle (15), dans le 3e quart du 19e siècle (9), dans le 4e quart du 19e siècle (13) et dans le 1er quart du 20e siècle (2).

Le plus ancien tombeau identifié de ce type date de 1817 (famille Lemort).

Attribution

Les attributions les plus anciennes sont dues à S. Comte, qui signale le marbrier Deventer (enclos des familles Godard, Doulliez et Degand, vers 1844) et le sculpteur Duthoit (Deneux-Buquet, vers 1830-1840). Peu de ces tombeaux sont signés mais ils le sont généralement par des marbriers : Dutry (Caumartin, v. 1865, Philippeaux-Baril et Degove-Gacquère, v. 1870, Dumont-Roblot-Dumont, 1879), Coënen (Faton de Favernay, v. 1866, Dupré-Fertel, Raquet-Ternois, v. 1875), Delalieux (Morel-Wallet, 1880) et Geveers (Mallet-Basserie, v. 1883-1887).

Les principaux entrepreneurs de monuments funèbres ont également été identifiés : Galampoix (v. 1865 et v. 1871), Leroy-Digeon (1870), Lesot (1885 et 1899) ou encore Lamolet (Rembault-Guidé, Brasseur-Thuillier, 1888 et Monument aux enfants noyés, 1892).

Deux d'entre elles sont attribuables à l'architecte communal Henry Antoine (Mathieu Joseph de Lanselles, 1849) et A. Sallé A. (Amiral Bonard, 1867).

Style et décor

La colonne funéraire d'Adolphe Rembault présente un décor d'armoiries. Certaines sont surmontées d'une urne d'autres ornées d'un bouquet ou d'une guirlande de fleurs, plus rarement d'un portrait en buste (Debausseaux) ou d'un ange agenouillé.

Le tombeau en forme de sarcophage

Dans les concessions adossées aux murs du cimetière, ces tombeaux ne comportent généralement plus de clôture, sauf quand ils complètent a posteriori un tombeau existant, généralement une stèle d'applique (Delagrange-Tattegrain, Bloquel-Desboves et Bertrand-Hugonin). Les dispositifs associant une stèle et un sarcophage constituent un type différent (cf. infra).

Structure et forme

Le tombeau présente le plus souvent une forme simple : la cuve de forme parallélépipédique est surmontée d'un couvercle plat ou à pans légèrement inclinés, semblable aux tombales parfois disposées dans les concessions. On observe trois variantes :

A l'exception du tombeau de la famille Delacourt et du tombeau de la famille Jaeck, ces tombeaux présentent des formes simples. Le sarcophage de la famille Bloquel-Desboves fait lui aussi exception, par la forme chantournée de sa cuve.

Matériaux

Ces tombeaux sont en calcaire, en pierre bleue, en granit ou en pierre artificielle ou granito.

Datation

Le corpus comprend des tombeaux réalisés principalement dans le 2e quart (Terral, Pécourt, Objois) et dans le 3e quart du 19e siècle (Delacourt, Moilon, Dubois-Ducastel), puis dans le 1er quart du 20e siècle (Bloquel-Desboves, Bertrand-Hugonin, Daniel FredericK Jaeck, Lallemant-Goupil) et dans le 2e quart 20e siècle (Delagrange-Tattegrain, Bourgeois-Beauvais).

Outre le tombeau Bruno Vasseur, qui est un remploi du Moyen Age, le plus ancien est le tombeau de Duthoit, vers 1820.

Attribution

Ces tombeaux sont très rarement signés (H. Guidé, Lamolet-Tattegrain, Lesot frères et A. Sallé fils) et deux sont attribués par S. Comte aux marbriers Mention (Pécourt, Objois et Gallet, vers 1830) et Deventer (Porion, vers 1846), enfin deux sont attribués par travaux historiques à l'architecte Louis Duthoit (Maintenay, vers 1885) et à l'entrepreneur Cloquier (Caumartin, vers 1942).

Style et décor

La cuve est le plus souvent ornée d'une croix, comme les tombales parfois disposées dans les concessions. Le sarcophage de la famille Bloquel-Desboves se distingue par la grande croix associée à une couronne mortuaire qui le surmonte.

Les tombeaux composés d'un soubassement de maçonnerie et d'une dalle funéraire ne comportent généralement aucun décor. Les tombeaux en forme de catafalque font plus directement référence au style néoclassique ou néogothique (Duthoit, Maintenay).

Les tombeaux en forme de chapelle ou d'oratoire

Le tombeau en forme de chapelle ou d'oratoire est très exceptionnellement élevé dans un enclos funéraire (moins de 5% pour les tombeaux en forme de chapelle - aucun pour les tombeaux en forme d'oratoire ou de loggia).

Structure et forme

Ces tombeaux sont fréquemment précédés d'un parvis-enclos. Les plus anciens (famille Potron et Abraham Fatton) illustrent une variante en forme de temple (sans faux autel). Le parvis peut être ouvert ou fermé. L'édicule fermé, accessible par une porte, contient un faux autel. Deux variantes ont été identifiées : les tombeaux en forme d'oratoire, avec (Framezelle, Picot) ou sans faux autel (Trouille et Flinois, De Forceville-Duvette, Jean-Baptiste Joseph Voclin, Couvreur) et les tombeaux en forme de loggia (Lefebvre-Laleu, Lefèvre-Calot, Ransson, Hagimont, Trépagne), édicule ouvert, sans faux autel.

Le tombeau des trois familles Leclercq-Poulain, Cauët-Lefebvre et Dubois-Quillet constitue un exemple tout à fait exceptionnel dans le cimetière.

Matériaux

Ces tombeaux sont construits en calcaire, en calcaire et brique ou encore en pierre bleue. Le tombeau de la famille Bouchez-Piat (vers 1908) est le seul exemple d'utilisation de granit. Les portes et clôtures associées sont souvent de beaux exemples d'ornements en fonte.

Datation

Le corpus comprend des tombeaux réalisés dans le 2e quart du 19e siècle (famille Potron, Abraham Fatton, famille Barbier-Lequien, famille Tondu, familles Guénard-Morant ou encore Tattegrain-Delabarthe), dans le 3e quart du 19e siècle (Lamarre-Foulloy), dans le 4e quart du 19e siècle (Ducrocquet-Clément, Langlade-Lagrené, Chabaille-Cresson) et dans le 1er quart du 20e siècle (Bouchez-Piat). Les variantes en forme d'oratoire ou de loggia sont plus tardives (limite 19e siècle 20e siècle).

Le plus ancien est le tombeau de la famille Potron, réalisé vers 1820.

Un seul tombeau de ce type présente une date portée : 1860 (famille Bernard-Dubois)

Attribution

Ces tombeaux sont attribuables à des architectes, des entrepreneurs et des sculpteurs. Plusieurs attributions sont données par les sources et les travaux historiques, dans la 1ère moitié du 19e siècle, à des architectes : Cheussey (Jean-Baptiste Joseph Voclin, vers 1838), Herbault (famille Soyer-Barbier, vers 1841, famille Leclercq-Poulain et famille Cauët-Lefebvre, vers 1845), Henri Antoine (famille Mannessier-Bienaimé, 1859) et à des entrepreneurs : Mangot fils (famille Potron, 1820), Tattegrain (famille Cacheleux, vers 1845), Leroy-Digeon (famille Tondu, vers 1845). L'intervention des Duthoit est fréquemment mentionnée par Stéphane Comte.

Les signatures d'architectes sont peu nombreuses, on peut toutefois mentionner : Massenot, (vers 1857), Pigou (vers 1864), Charles Billoré (vers 1866), ou encore Milvoy (vers 1895) et Georges Antoine et fils (vers 1906). On trouve également quelques signatures d'entrepreneurs de monuments funèbres : Lesot (famille Ducroquet-Clément, vers 1883), Sallé (famille Langlade-Lagrené, vers 1886), Sueur (Ransson, vers 1895, et famille Guibet de T'Serclaes, vers 1900), enfin Lamolet-Tattegrain (Picot, vers 1880, Lefebvre-Laleu, vers 1904 et Lefèvre-Calot, vers 1900). Un tombeau provient d'une entreprise du Nord : Rembaux-Slotte (vers 1901).

Enfin, un seul tombeau comporte une signature de sculpteur, celle de Lépinoy (famille Bernard-Dubois, 1860)

Style et décor

Ces tombeaux sont généralement de style néo-classique, dans le 2e quart du 19e siècle où ils sont construits en calcaire et brique. Le tombeau de la famille Ducroquet-Clément constitue un exemple tardif, orné d'un emblème de profession.

A partir des années 1880, ils sont de style néogothique ou éclectique. Ces modèles sont utilisés par plusieurs entrepreneurs. Le style monumental du tombeau de la famille Bouchez-Piat (1908), fait encore exception.

Le décor sculpté est localisé dans le fronton en calcaire et parfois réalisé par des sculpteurs identifiés : Lavigne (famille Tondu) ou Sallé (famille Cacheleux).

Le tombeau en forme de niche monumentale

Le tombeau en forme de niche monumentale est très exceptionnellement élevé dans un enclos funéraire (moins de 10% des cas identifiés).

Structure et forme

Variante de la stèle architecturée ou de l'oratoire, le tombeau en forme de niche ou de dais est un monument ouvert dans lequel on ne peut pas entrer. Ces tombeaux sont souvent précédés d'un parvis ouvert ou fermé. La niche ne comporte pas de meuble, à l'exception du tombeau de la famille Ducrocq-Bruxelles (v. 1925), dans lequel est placé une tablette, qui apparente la niche à un oratoire.

Matériaux

Ces tombeaux sont construits en pierre bleue, plus rarement en calaire Legueur-Defosse et Bail-Fauchez) et en granit Ducrocq-Bruxelles, vers 1926, et D'Hervillez-Dequin, vers 1930).

Datation

Le corpus comprend des tombeaux réalisés dans le 3e quart du 19e siècle (famille Brunel, famille Madry-Fortin et famille Lefebvre-Dauphin), dans le 4e quart du 19e siècle (38/67), dans le 1er quart du 20e siècle (22/67). Deux exemples postérieurs à la première guerre mondiale a été identifié.

Le plus ancien est le tombeaux des familles Cornet-Frémont-Blot, réalisé par l'entrepreneur Lefebvre-Faquet, vers 1851,

Attribution

Dans le 3e quart du 19e siècle et jusqu'en 1890, quelques tombeaux sont signés par des entrepreneurs : Leroy-Digeon (vers 1870), Gustave Patte (famille Rousselle, 1874 et vers 1882), Geveers, avec un "modèle déposé" (famille Fossé-Fauconnier, vers 1878) ou encore Laverlaud (v. 1884). Seuls deux tombeaux sont attribuables à un architecte : Pigou (1874) et à un sculpteur : Malot, qui intervient sur le tombeau commandé par l'entrepreneur A. Mercier en 1877.

Autour de 1900, ces tombeaux sont très fréquemment signés par les entrepreneurs de monuments funèbres amiénois, principalement Sallé (10), Lesot (10) et Lamolet (8) mais également Gadré (4), Mercier (4), Benoît (2), Cavillon (2) et Siraut-Desmarets (2), enfin Scellier (1) et, après la première guerre mondiale, Cloquier (vers 1926).

Deux sont signés par un entrepreneur du Nord : Gaudier-Rembaux (vers 1905 et vers 1919).

Style et décor

Ces tombeaux sont généralement de style néogothique (plus de 64%) et exceptionnellement de style néo-classique (Boyeldieu de Marsac), éclectique (4) ou néobyzantin (Sévin-Fournier). Ces modèles sont utilisés par plusieurs entrepreneurs.

Certains présentent des formes originales : celui de la famille Brunel, réalisé vers 1876 par A. Sallé, un modèle éclectique qui également semble utilisé par Lamolet (Leblond).

Le décor est localisé dans le fronton et sur les colonnes qui encadrent le plus souvent la niche.

Les croix funéraires

Structure et forme

Parmi les tombeaux recensés, certains subsistent à l´état de vestiges.

Dans les concessions adossées aux murs du cimetière, les croix funéraires sont le plus souvent associés à d'autres tombeaux dans un enclos familial, généralement à une stèle. Il peut y avoir plusieurs croix dans un même enclos, comme c'est le cas des concessions Bérenger-Cotinet et Decaudavaine. Dans la concession Hanot-Cauchetier, la croix est placée à l'arrière-plan de la stèle.

Certaines de ces croix conservent leur(s) plaque(s) à épitaphe (Debry et Wattebled ou Dupuis-Scellier).

A l'exception du tombeau de la famille Delattre, de style néogothique, ces croix présentent deux types de structure, soit à tige simple dans le cas des croix en fer (44), soit à cadre simple (Debry et Wattebled, famille Morgand-Bernard) ou orné (Bérenger-Cotinet et Decaudavaine), pour les croix en fonte (16).

Matériaux

Ces croix sont réalisées en fer (44), en fonte (16), en fonte industrielle (3), en pierre (38), en bois ou en ciment (Morgand-Bernard) ou encore en pierre (Chapitre de la cathédrale, Caullier, Soyez-Herbet ou encore Delattre).

Datation

Le corpus conservé, difficilement datable, comprend principalement des croix funéraires réalisées dans la 2e moitié du 19e siècle (Lemaire-Laigle, celle du serrurier François Tambini, Dupuis-Scellier et Vasseur, qui conservent leurs plaques à épitaphes), dans le 1er quart du 20e siècle (Fournier-Touzet) et dans le 2e quart du 20e siècle (Hanot-Cauchetier).

Le plus ancien tombeau de ce type, réalisé vers 1839, est conservé dans l´enclos de la famille de Croissy-de Bacquancourt.

Attribution

Ces tombeaux sont très rarement attribuables pour les croix en fer et en fonte. Les croix en marbre ou en pierre portent rarement une signature : H. Patte (Caullier, vers 1871), Alexandre Dutry (Dehesdin-Leprestre, vers 1874), Galampoix (Leroy, milieu 19e siècle), enfin Lamolet-Tattegrain (Jourdain de Thieulloy, vers 1892). Les signatures sont un peu plus fréquentes sur les stèles à grande croix, dans les années 1880 à 1914.

Style et décor

Les extrémités de la croix à tige simple sont ornées de fleurons ; les bras peuvent être reliés par des volutes, parfois associées à des tiges torsadées disposées en croix de Saint-André.

Dans le dernier quart du 19e siècle (plaine S), les croix funéraires sont ornés d'un Christ en croix.

Stèle et sarcophage

Structure et forme

Cette typologie désigne les tombeaux associant une stèle et un sarcophage ou une tombale sur soubassement. Dans les concessions adossées aux murs du cimetière, seuls les tombeaux réalisés au 19e siècle comportent une clôture. Dans le monument funéraire des frères des écoles chrétiennes (vers 1889), la stèle est support d'un buste.

Matériaux

Ces tombeaux sont en pierre bleue et en granit.

Datation

Ce type de dispositif, qui apparaît dans le 4e quart du 19e siècle, est plus fréquent dans le 1er quart du 20e siècle et se généralise dans le 2e quart du 20e siècle (Lesot-Delaporte). Le plus ancien est le tombeaux Sanson (vers 1880).

Attribution

Les tombeaux signés proviennent de l'entreprise Lesot.

Style et décor

Le décor est généralement concentré sur la stèle mais la tombale en forme de sarcophage est parfois ornée d'une croix. Le tombeau de la famille Labrunie est un exemple intéressant de style Art Déco, qui sera à la mode dans les années 1930. La cuve du sarcophage, placée sur un soubassement, est surmontée d'un couvercle plat ou à pans légèrement inclinés, parfois orné d'une croix. Deux de ces tombeaux présentent une variante associant une stèle d'applique formant arrière-plan avec un décor de mosaïque (Haleine-Ridoux). Enfin, dans le tombeau de la famille Hanot-Cauchetier, la stèle échancrée laisse apparaître une croix monumentale en fer, placée à l'arrière.

  • Période(s)
    • Principale : 19e siècle, 20e siècle
  • Toits
  • Décompte des œuvres
    • repérés 1 862
    • étudiés 1 079

Bibliographie

  • CALLAND, H. Guide de l'étranger à Amiens. Description de ses monuments anciens et modernes suivie d'une biographie des hommes remarquables qui sont nés dans cette ville, augmenté par A. Dubois. Amiens : typographie Lambert-Caron.

  • CARON, C. A. N. Amiens en 1833 ou guide de l’étranger dans cette ville. Amiens : Caron-Vitet, 1833.

  • CHABAT, Pierre. Les tombeaux modernes. Paris : librairies imprimeries réunies (ancienne maison Morel), 1890.

  • C[OMTE], Stéphane. Promenades au cimetière de la Madeleine, précédées d'un précis historique sur l'origine de cet établissement, sa première destination, et les diverses transformations qu'il a subies depuis sa fondation jusqu'à nos jours. Amiens : Imp. Duval et Herment, 1847.

  • DUSEVEL, H., MACHART, R. Notice sur la ville d'Amiens ou description sommaire des rues, places, édifices et monumens les plus remarquables de cette ville ..., par MM. H. D*** et R. M***. Amiens : Allo-Poiré libraire, 1825.

  • LENORMAND-ROMAIN, Antoinette. Mémoire de marbre. La sculpture funéraire en France 1804-1914. Paris, 1995.

Annexes

  • Annexe n°1
  • TYPOLOGIE DES TOMBEAUX
Date(s) d'enquête : 2005; Date(s) de rédaction : 2005, 2017
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
(c) Commune d'Amiens
Barbedor Isabelle
Barbedor Isabelle

Chercheur du service de l'Inventaire général du patrimoine culturel de Picardie, puis des Hauts-de-France, depuis 2002.

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