Dossier d’œuvre architecture IA02003253 | Réalisé par
Fournier Bertrand (Rédacteur)
Fournier Bertrand

Chercheur de l'Inventaire du patrimoine - Région Hauts-de-France

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  • patrimoine industriel, le Chaunois industriel
Usine de construction mécanique Maguin
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Chaunois - Coucy-le-Château-Auffrique
  • Commune Charmes
  • Adresse 2 rue Pierre-Semard
  • Cadastre 2015 AE 439-441
  • Dénominations
    usine de construction mécanique
  • Appellations
    Maguin
  • Parties constituantes non étudiées
    aire des matières premières, aire des produits manufacturés, atelier de fabrication, bureau, bureau d'études, parc de stationnement, logement

Des débuts aux développements industriels d'Alfred Maguin (1843-1914)

La vocation industrielle du site débute en 1843 avec un premier atelier de fabrication de limes créé par Constant Tordeux. L'entreprise semble relativement précaire puisqu'elle ne débute véritablement qu'en 1845 et que moins de cinq ans plus tard, elle est arrêtée. Les ateliers sont repris par Brugnon, puis en 1852, par Jean-Louis Prosper Debethune déjà fabricant de limes à Reims. Il maintient une petite activité jusqu'en 1878.

Le 1er novembre 1878, Alfred Maguin, ingénieur civil des Mines, reprend l'affaire. Le site est alors représenté sur un en-tête de lettre commercial de l'entreprise. Il se compose alors d'un bâtiment principal, à huit travées, construit en pans de bois et brique et couvert d'un toit à longs pans et croupe. Au rez-de-chaussée de cet édifice, les deux travées centrales s'ouvrent sur un porche qui permet d'accéder aux ateliers qui s'organisent autour d'une cour rectangulaire. Cette vue cavalière de l'usine de limes complète assez bien la description qui en est faite en 1850 (cf. Annexe 1). Mais rapidement, Alfred Maguin oriente davantage sa production dans l'équipement industriel des sucreries, alors en plein essor. Il s'intéresse notamment aux procédés de diffusion du sucre et mène sa réflexion jusqu'à la mise au point d'un système de coupe-racines. Il saisit ensuite l'opportunité de la nouvelle législation mise en place en 1884 pour la pesée des chargements de betteraves réceptionnés dans les sucreries en créant un appareil de pesée homologué, mais c'est surtout avec la mise au point du coupe-racine rotatif qu'il fonde sa renommée. En 1881, le petit atelier de limes laisse la place à un important atelier de fabrication de couteaux pour coupe-racines, qu'il prolonge avec la construction d'autres bâtiments entre 1883 et 1886. L'usine qui s'étendait sur une surface de 39 ares 65 ca. connaît un important développement. Plusieurs indices soulignent cette évolution : selon les matrices cadastrales, entre 1880 et 1887, la valeur locative du site industriel est multipliée par dix, passant de 90 francs à 930 francs. Par ailleurs, en 1887, l'usine est équipée d'une machine à vapeur plus puissante. De cette époque ne subsiste que l'atelier de mécanique. Mais l'année suivante, d'autres extensions sont envisagées comme le souligne un courrier d'Alfred Maguin, daté du 8 mars 1888, dans lequel il demande la possibilité de dévier la ruelle Mortier qui longe l'usine afin de permettre justement les extensions futures du site. En 1891, l'usine occupe 8000 m carrés. L'expansion rapide de l'entreprise oblige bientôt l'industriel à modifier le statut juridique de son entreprise. Le 1er janvier 1895 elle devient une société anonyme au capital de 1.550.000 francs, détenu toutefois à 76 % par Alfred Maguin en personne. Sur le plan foncier, la Société Anonyme des Établissements A. Maguin couvre alors 65 ares 96 ca. Cette surface est encore accrue dans la première décennie du 20e siècle pour atteindre 2 ha 87 ares en 1913.

L'extension industrielle de l'entreprise Maguin s'explique en partie par la diversification d'activité amorcée à la fin du 19e siècle. C'est en effet la réponse apportée à l'essoufflement du marché de l'équipement des sucreries. Maguin se lance successivement dans la fabrication de cycles, de moteurs ou de compteurs à gaz. Cette diversification nécessite la construction, en 1906, de nouveaux ateliers, tels que celui destiné aux chaînes sans soudures ou celui réservé à la fabrication de fusées d'obus. Mais le 2 février 1907 (cf. Annexe 3), une grande partie de l'usine part en fumée dans un incendie ravageur. La situation est catastrophique pour l'entreprise en plein essor. Tous les ateliers de production, d'assemblage sont détruits, de même que le logement de direction qu'occupait généralement Alfred Maguin. Seuls subsistent une partie des magasins et les bureaux. Néanmoins, dès les jours suivants, afin de ne pas provoquer de chômage technique en cette période hivernale, Alfred Maguin charge immédiatement les ouvriers de l'usine du déblaiement et de la reconstruction des bâtiments.

L'usine dans la Grande Guerre (1914-1918)

Le 2 septembre 1914, la nouvelle usine est à peine achevée qu'elle est occupée par les troupes allemandes, qui l'utilisent comme site de construction et de réparation de matériel de guerre. Pendant ce temps, sollicité par le service des Armées, Alfred Maguin transfère sa production dans des bâtiments vacants à Paris (52, rue de la Marne). C'est là qu'il développe une production de cuisines militaires roulantes, qu'il avait déjà mis au point, en 1908, dans les ateliers de Charmes. Il fabrique aussi des pièces d'artillerie (obus, freins de canons...) et poursuit, malgré les circonstances, la construction de machines pour l'industrie sucrière. Face à l'accroissement des commandes militaires, le petit atelier des quais de Seine se montre rapidement trop exigu. Pour répondre a cette demande, Maguin investit alors dans de nouveaux ateliers, plus vastes, à Aubervillers (Passage des Roses). Il conserve cependant l'atelier parisien pour la production de l'outillage et de l'équipement des sucreries.

Pendant ce temps, l'usine de Charmes continue d'être occupée par l'armée allemande jusqu'en avril 1917. A cette date, le village est complètement évacué, et dans leur repli final, les Allemands dynamitent l'usine à la fin du mois de septembre 1918.

Avant même l'armistice de 1918, Alfred Maguin anticipe la reconstruction et crée, le 16 juillet 1917, la Société Nouvelle des Établissements Maguin, dotée d'un capital de 4.200.000 francs, pour atteindre 4.550.000 francs en juillet 1920.

La reconstruction de l'usine de Charmes (1919-1925)

A la fin de la guerre, les besoins de matériels industriels pour les sucreries à reconstruire constituent un véritable défi pour l'entreprise Maguin qui doit répondre à cette demande urgente. Reconnu avant guerre pour la qualité de sa production, Maguin est un des acteurs incontournables de la reconstruction industrielle. Pour répondre à cette demande, Alfred Maguin engage deux chantiers de front : il se lance dans la reconstruction de l'usine de Charmes, ruinée en 1918 ; il construit de nouveaux ateliers à Aubervillers (Seine-Saint-Denis), sur un nouveau site (5 boulevard Félix-Faure) qui réunit les productions des deux précédents ateliers franciliens. L'entreprise qui a besoin de nouveaux capitaux devient la Société Nouvelle des Établissements A. Maguin avec un capital de 4.500.000 francs.

A Charmes, la reconstruction est lancée en 1921 sous la conduite des architecte Charles et Jean de Montarnal. L'atelier de mécanique qui a été le moins endommagé permet de reprendre une première activité dès 1921 avec une soixantaine d'ouvriers. Tous les autres ateliers font l'objet d'une reconstruction quasi totale, selon une répartition spatiale plus aérée que permet l'emprise foncière qui, désormais atteint 15 ha. Les bureaux et la plupart des travaux de gros œuvre sont achevés en 1923, comme l'indique la date portée sur la façade des bureaux à l'entrée, l'usine ne reprend véritablement son activité qu'en mars 1925. Une fois la reconstruction achevée, Alfred Maguin cède la direction de l'entreprise à son fils Abel Maguin.

Production

En 1843, l'usine fabrique d'abord des limes. En 1885, en complément de l'usine de Charmes, Alfred Maguin crée une fonderie à Tergnier (Fargnier). Avec la loi de 1884 sur la pesée de betteraves à l'entré de la sucrerie, Maguin met au point un appareil de pesée automatique, qui devint rapidement une référence recommandée par le fisc. Cet appareil, connu sous le nom de bascule de la Régie, assura un vif succès de l'entreprise. En 1897, l'entreprise fabrique des moteurs à gaz et à pétrole. En 1900, l'entreprise fabrique 120.000 couteaux de diffusion de tout type, 6000 fraises d'affutages, 4000 porte couteaux, 3000 douzaines de limes d'affutage. Mais à l'époque, son principal succès repose sur la mise au point du coupe-racine rotatif. En 1905, l'entreprise se lance dans la fabrication des compteurs à gaz, puis en 1908, Maguin met au point une cuisine roulante. Avec les autres sites de production d'Aubervillers et de Billom (Puy-de-Dôme), l'entreprise Maguin devient un acteur incontournable de l'équipement industriel des sucreries. Entre 1922 et 1928, l'entreprise fournit une partie de l'équipement pour 27 fabriques des sucres et raffineries, et concours à la transformation de 21 usines d’extraits tannants. Après la Seconde Guerre mondiale, elle devient même le maître d’œuvre complet de la sucrerie de Bazancourt (Marne). Dans les années 1950, l'éventail de la production s’élargit encore grâce, notamment, au marché des équipements pour l'industrie chimique.

Les principaux brevets d'inventions

Tout au long de sa carrière (1880-1935), Alfred Maguin dépose 62 brevets d'invention pour le compte de sa société. Cette démarche révèle à quel point l'entrepreneur mise sur l'innovation et la recherche systématique d'amélioration. Ces brevets concernent principalement l'industrie sucrière, mais l'industriel dépose également plusieurs brevets pour une cuisine roulante en 1908 ou pour un système d'amélioration des harnais pour animaux. Le premier brevet date du 21 octobre 1880. Il concerne des "couteaux à double effet pour couper la betterave servant à la fabrication du sucre par le système de la diffusion". Dans les années qui suivent, l'entreprise met au point un coupe racine, "système de lames pour la découpe des betteraves en cossettes". A partir de là il ne va avoir de cesse de l'enrichir et de le compléter : brevet du 27 mai 1883 pour une machine à affuter les couteaux de diffusion de toute espèce pour sucrerie et distillerie ; 23 février 1884, brevet n° 160532 pour "un nouveau système de coupe-racine permettant d'obtenir des cossettes très longues, régulières et d'un découpage parfait". En 1886, il invente les bascules automatiques destinées au pesage des betteraves, ainsi qu'un porte-couteau épierreur. En 1891, il dépose un brevet pour un système de vidange automatique pour laveur à betteraves (9 mai 1891), puis invente un appareil brosseur, nettoyeur, débourreur et raviveur des couteaux de diffusion en marche (17 août 1891). Toutefois, les journaux relatent aussi plusieurs affaires de plagiat comme en août 1883 où Maguin est accusé par Couvreur et Combes, fabricants d'acier limes et outils, d'avoir copié leur système de machine à affuter. Dans cette affaire, l'industriel sera condamné pour plagiat (Journal de l'Aisne, 25 novembre 1885).

Participations et récompenses aux Expositions internationales et universelles

En 1855, l'entreprise de limes Brugnon obtient une médaille de bronze dans la catégorie Industrie des Aciers bruts et trempés. En 1882, grâce à l'invention du coupe-racine, Maguin obtient une médaille d'or à l'exposition industrielle de Saint-Quentin, et un diplôme d'honneur à l'exposition industrielle d'Amiens en 1883. En 1889, il participe à l'exposition universelle de Paris, puis à l'Exposition à Moscou en 1891.

Équipement industriel et machines

Machine à vapeur de 8 chevaux mentionnée en 1867, et en 1878, au moment de l'acquisition de l'usine de limes par Alfred Maguin. En 1900, l'entreprise fabrique 120.000 couteaux de diffusion pour l'industrie sucrière, 6000 fraises d'affutage, 4.000 porte-couteaux, 3.000 douzaine de limes d'affutages. En 1885, il fait installer l'éclairage électrique (cf. Tribune de l'Aisne, 26 décembre 1885).

Approche sociale et évolution des effectifs

En 1851, la fabrique de limes emploie 16 personnes domiciliées à Charmes : 1 directeur, 7 forgerons 5 tailleurs de limes et 3 "teneurs de livres" (secrétaires comptables). L'effectif des premières entreprises qui fabriquent des limes se compose d'une trentaine de personnes vers 1855. Mais en 1890, après que Maguin ait nommé Charles Bureau à la tête de la manufacture en 1886, l'entreprise distingue clairement les ouvriers des employés. On compte alors trois ingénieurs (Léon Giroud, Emile Sauret et Albert Brienne), un contremaître (Louis Voignier), trois dessinateurs, trois employés de bureaux et le secrétaire particulier de Maguin (Pierre Degand). En 1901, l'entreprise emploie 130 habitants de Charmes. En 1907, l'usine qui avait pu déjà employer 400 ouvriers, avait réduit ses effectifs. Ils étaient à l'époque de 300 ouvriers et 40 employés. En 1914, Ia société Maguin emploie entre 400 et 500 personnes, selon les sources, et réalise un chiffre d'affaires de 2 500 000 francs. Selon l'étude de Pierre Sudant (p 89), l'effectif avant la guerre serait plutôt de 450 personnes, se répartissant comme suit : 390 ouvriers, dont 180 pour les constructions diverses et les moteurs, 110 pour la chaudronnerie. Outre le salaire et les aspects sociaux des différentes caisses de secours et de prévoyance qu'Alfred Maguin avait mis en place, l'industriel permettait également aux salariés justifiant de plus de cinq ans dans l'entreprise, d'être intéressés aux bénéfices. Durant la guerre, si l'usine de Charmes est occupée par les Allemands, les nouveaux ateliers établis en Ile de France tournent à plein régime avec les commandes de l'armée. En juillet 1916, l'entreprise semble toutefois peiner à trouver la main d’œuvre nécessaire et passe une annonce dans le Bulletin des réfugiés du Nord (n° du 29 juillet) pour recruter "un raboteur, un menuisier et des manœuvres susceptibles de conduire des machines".

Dans le domaine des œuvres sociales, Alfred Maguin commence par créer une caisse des écoles destinée à encourager et faciliter la fréquentation des écoles par des récompenses ou secours auprès des élèves indigents. Il crée la société chorale en 1879. En 1885, il fonde la Compagnie des Sapeurs pompiers de Charmes manufacture.

Les dernières décennies sont marquées, à partir de 1977, par une série de plans sociaux qui vont réduire de manière significative les effectifs de l'entreprise. A l'été 1977, 422 personnes travaillent encore à l'usine Maguin, mais l'entreprise envisage de réduire le temps de travail à 32 h par semaine et à licencier 28 personnes. Toutefois, les difficultés persistent et conduisent d'abord à la démission du Pdg, M. Barraud, en mai 1981. La nouvelle direction, présidée par M. Gantier, fixe le redressement de l'entreprise comme prioritaire et vital. Le capital est d'abord baissé afin de récupérer des liquidités. Cette première action est suivi, en octobre 1981, par l'annonce d'un nouveau plan social, qui, cette fois, doit toucher 110 personnes. La crise est aiguë et conduit les salariés à occuper l'usine et à séquestrer le directeur avec deux de ses collaborateurs. Après l'intervention des forces de l'ordre pour évacuer l'usine, les négociations aboutissent au licenciement de 25 personnes et 25 autres mis en pré-retraite. En 1986, l'entreprise qui ne compte plus que 203 salariés est reprise par le groupe Moret, qui, avec 34 % des actions, devient actionnaire majoritaire. Il est associé la banque Worms pour un tiers des actions. Cette nouvelle gouvernance est marquée par une nouvelle vague de licenciement qui touche 72 personnes. En 1987, l'effectif de l'entreprise Maguin n'est plus que de 131 personnes.

Le logement du secrétaire particulier de M. Maguin, situé à l'entrée de l'usine, ainsi que les anciens ateliers de mécanique sont les bâtiments les plus anciens du site industriel. Ils remontent au développement de l'entreprise à la fin du 19e siècle. Tous les autres bâtiments, comme le logement de direction et le premier atelier de fabrication des couteaux, ou le bureaux des modèles et des dessins, ont été soit détruits lors de l'incendie de 1907, soit dynamités par les Allemands en 1918. Ils ont été reconstruits entre 1922 et 1925 sous la conduite des architectes parisiens Charles et Jean de Montarnal. Les nouveaux bureaux implantés au sud ouest du site, près de la nouvelle entrée principale, incarnent ce renouveau et portent la date de 1923.

  • Période(s)
    • Principale : 4e quart 19e siècle, 1er quart 20e siècle
  • Dates
    • 1923, porte la date
  • Auteur(s)
    • Personnalité :
      Maguin Alfred
      Maguin Alfred

      Alfred Louis Auguste Maguin nait le 18 août 1851. Ingénieur civil des mines, puis Industriel spécialisé dans la fabrication de couteaux et coupe-racines de l'industrie sucrière, il développe son entreprise à Charmes (Aisne). Homme politique.

      Nommé Chevalier de la Légion d'honneur le 3 janvier 1892, puis Officier de la Légion d'honneur le 14 août 1900, puis Commandeur de la Légion d'honneur le 9 mars 1908. Il décède le 21 mars 1935 dans sa 84e année.

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    • Auteur :
      de Guirard de Montarnal Joseph Charles , dit(e) Charles de Montarnal
      de Guirard de Montarnal Joseph Charles

      Architecte parisien, qui réalise notamment La maison Eymonaud (7 impasse Marie-Blanche à Paris), entre 1892 et 1897. Cette maison de style néogothique est inscrite MH par arrêté du14 septembre 1995.

      Il réalise également

      Il participe à la réalisation de la section française de l'exposition universelle d'Amsterdam (1895) de Bruxelle (1897) de Paris (1900) et d'Hanoï (1902). A la même époque, il réalise l'institut orthopédique de Berck (Pas-de-Calais) et des immeubles HMB à Levallois-Perret, pour Ernest Cognacs, directeur de la Samaritaine.

      EN 1904, il reçoit le grand Prix du jury à l'exposition de Saint-Louis.

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    • Auteur :
      de Guirard de Montarnal Jean , dit(e) Jean de Montarnal
      de Guirard de Montarnal Jean

      Architecte. Jean de Montarnal, dessine les plans d'une maternité, rue Eugène-Millon à Paris, en 1922, en collaboration avec son père, Joseph-Charles de Guirard de Montarnal. Il co-signe la plupart des plans de reconstruction des édifices de la commune de Charmes après la Première Guerre mondiale.

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Le site industriel s'étend en limite de la commune de Charmes, au lieu-dit Le Petit-Charmes, le long de la voie ferrée, au delà de laquelle se développe le territoire de la commune de La Fère.

Après les extensions des ateliers de production bâtis au gré des opportunités foncières, le site s'est restructuré de manière plus fonctionnelle et aérée avec la Reconstruction des années 1920. Cette répartition fonctionnelle est notamment visible par l'axe de circulation principal qui, depuis l'entrée sud, dessert les différents ateliers et zones de stockage. Au nord, un autre accès a été aménagé pour les poids lourds et les convois exceptionnels, qui accèdent ainsi à l'usine en contournant le village.

De l'entrée principale, au sud, toute la partie privée qui accueillait autrefois le logement patronal et les anciens ateliers de fabrication de limes, ont laissé place à une zone de stationnement automobile. Seul subsiste l'ancien logement du secrétaire de M. Maguin, qui aujourd'hui est à l'extérieur de l'emprise foncière de l'espace industriel.

Tous les bâtiments de la partie privée qui existaient avant 1914, tels que le logement de directeur, les écuries et la salle de répétition de musique et le kiosque, ont laissé place à un parking pour les visiteurs de l'entreprise. Seul subsiste le petit logement du secrétaire d'Alfred Maguin à l'extrémité est de la parcelle. Il s'agit d'une modeste maison en brique, implantée perpendiculairement à la rue. Elle présente une élévation de trois travées avec porte centrale, en rez-de-chaussée surélevé sur cave et étage de comble, couvert en ardoise d'un toit à longs pans et demi-croupes. De l'autre côté de l'entrée, les bureaux, construits en brique silico-calcaire gris se distinguent des autres bâtiments du site. Ils se composent de quatre corps de bâtiments qui forment un quadrilatère autour d'une cour intérieure. Les corps de bâtiments à l'est et à l'ouest sont à étage carré couverts de toits à longs pans et croupes. Ils sont reliés par les deux corps de bâtiments nord et sud, en rez-de-chaussée avec étage de combles à longs pans brisés, éclairés par une série de lucarnes. La façade sud porte le nom de l'entreprise "Etablissements A. Maguin", tandis que la face est porte l'inscription "1843 / Bureaux / 1923" marquant respectivement les dates de fondation et de reconstruction. L'emploi de la brique silico-calcaire pour ce bâtiment, isolé, à l'entrée même de l'usine, marque une volonté affirmée de s'inscrire dans une forme de la modernité et de renouveau industriel.

A l'arrière, au nord des bureaux, se déploient les anciens ateliers de mécanique. Ils sont constitués de trois halles juxtaposées les unes aux autres, en brique, et orientées est-ouest. La charpente métallique apparente est portée par un réseau de colonnes en fonte qui sépare chaque halle. Elles sont couvertes chacune d'une toiture à longs pans et pignons découverts. L'éclairage est à la fois zénithal par la mise en place d'une partie de la toiture en matériaux synthétique translucide, et latéral par les grandes baies en plein cintre présentes du côté est. Ces halles sont précédées d'un autre bâtiment attenant au sud, plus étroit. Il est également construit en brique avec toit à longs pans et demi croupe. Cet ensemble est l'une des rares parties du site antérieur à la reconstruction. A l'intérieur, une plaque commémorative rend hommage aux "dévoués collaborateurs" de l'entreprise morts pour la France lors de la Première Guerre mondiale.

Sur cette partie ancienne vient se greffer les longs halls de construction mécanique et de chaudronnerie, construits en brique et charpente métallique apparente. Ils s'étendent aujourd'hui sur une longueur de près de 200 m. Le long des ateliers sont aménagées des aires de stockages des matières premières, dotées de ponts roulants.

De l'autre côté de la desserte principale est implanté l'ancien bureau d'études, construit en brique et couvert d'un toit à longs pans et pignons couverts. Il se développe sur cinq larges travées et un étage carré et combles à surcroit. Les fenêtres horizontales occupent quasiment toute la largeur des travées. La partie centrale est remaniée par une paroi en verre miroir.

Au nord du bureau d'études, une série de trois halles construites en pan de fer et brique, à charpente métallique apparente, abritent l'atelier de fabrication des couteaux.

Outre les ponts roulants qui permettent le transport des lourdes plaques métalliques à l'intérieur des halles de fabrication, le site est sillonné d'un réseau de dessertes ferroviaires intérieures.

  • Murs
    • brique
    • fer pan de fer
  • Toits
    tuile mécanique, ardoise, matériau synthétique en couverture
  • Étages
    1 étage carré, étage de comble
  • Couvrements
    • charpente métallique apparente
  • Couvertures
    • toit à longs pans croupe
    • toit à longs pans brisés
  • Énergies
    • énergie électrique achetée
  • Statut de la propriété
    propriété d'une société privée
  • Référence Patriarche
    Ref docs et légendes revues par H., Revoir ordre chrono de la doc, notamment du document de 1960.

Malgré l'emploi unique de la brique comme matériau de construction, les bureaux se distinguent des ateliers de production par l'usagede brique silico-calcaire grise. Ce principe se retrouve de manière similaire pour le traitement des bureaux de l'usine de bonneterie Tiberghien à Villers-Bretonneux (Somme), construits en briques ocre jaune en 1922.

Documents d'archives

  • AN. Série F ; F12 8663. Dossier de légion d'honneur (LH 1688/54) d'Alfred Louis Auguste Maguin.

  • Centre des Archives Économiques et Financières (CAEF) ; B-0009042/1. Dossier de dommages de guerre de la Société Nouvelle des Établissements Maguin (1923-1931).

  • AD Aisne. Série Q ; 271 Q 496, article 50. Acte de vente de la fabrique de limes, appartenant à Constant Tordeux, à Pierre François Joseph Brugnon, 20 janvier 1850.

  • AD Aisne. Série R ; 15 R 1730. Dossier de dommages de guerre de l'entreprise Maguin à Charmes.

Bibliographie

  • SUDANT, Pierre. Évolution économique et sociale d'une commune rurale de l'Aisne, Charmes. XIXe & XXe siècles. Mémoire de maîtrise : Paris Sorbonne : 1975.

  • Visite aux établissements A. Maguin à Charmes, 12 juillet 1902. Bulletin de l'association des chimistes de sucreries et de distillerie, août 1902, n°2.

    t. XX. p. 167-175.

Documents figurés

  • En-tête de lettre commerciale figurée de la Manufacture de limes acier fondu anglais / Maison Debéthune fondée en 1843 / Alfred Maguin, Succr., vers 1880 (coll. part.).

  • Vue cavalière de l'usine de construction Maguin, avant 1914 (AD Aisne, fonds Piette ; Charmes 165).

  • La Fère. Charmes. L'usine, carte postale, F. Barnaud, édit., [vers 1905] (coll. part.).

  • Vue cavalière des Ateliers de constructions mécanique de la Société Anonyme des Établissements Alfred Maguin, détail d'un en-tête de lettre commerciale figurée, avant 1907 (coll. Martine Hilt-Maguin).

  • Charmes. Sortie des ateliers de la manufacture, carte postale, 1908 (coll. part.).

  • Plan de l'usine de M. Maguin à Charmes, [état avant reconstruction], par J.C. et J. de Montarnal, architectes, 1919 (archives privées de l'entreprise).

  • Environ de La Fère. Charmes. La manufacture. La chaudronnerie, carte postale, vers 1910 (coll. part.).

  • Façade sur cour de l'atelier de mécanique. Détail du plan de l'usine de M. Maguin à Charmes, par J.C. et J. de Montarnal, 1919 (archives privées de l'entreprise).

  • Charmes (Aisne). Les ruines de l'établissement A. Maguin, carte postale, vers 1919 (coll. part.).

  • Plan masse des bâtiments de l'usine Maguin. Plan N° 24156. B1, par Cabinet Roux, architecte, juillet 1960 (archives privées de l'entreprise).

  • Charmes (Aisne). Les ruines de l'établissement A. Maguin, carte postale, 1918 (coll. part.).

  • Alfred Maguin et sa belle-fille Yvonne dans l'atelier de mécanique, tirage photographique noir et blanc, mars 1921 (coll. Martine Hilt-Maguin).

  • La construction de la charpente métallique des ateliers de l'usine, tirage photographique noir et blanc, 1922 (coll. part.).

  • Les ouvriers de l'usine posant au sommet de la cheminée-réservoir en cours de construction, tirage photographique noir et blanc, 1922 (coll. part.).

  • Charmes (Aisne). Usine Maguin. Sortie des ouvriers, carte postale, Cliché H. Thieffry, vers 1925 (coll. part.).

  • Vue extérieure des ateliers de l'usine de Charmes. Extrait du Catalogue de la Nouvelle Société des Établissements A. Maguin, 1927 (archives privées de l'entreprise).

  • Vue intérieure de l'atelier de grosse mécanique et hall de montage. Extrait du Catalogue de la Nouvelle Société des Établissements A. Maguin, 1927 (archives privées de l'entreprise).

  • Publicité pour la Nouvelle Société des Etablissements A. Maguin, vers 1927 (coll. part.).

  • Bâtiment de bureaux. Extrait du Catalogue de la Nouvelle Société des Établissements A. Maguin, 1927 (archives privées de l'entreprise).

  • Atelier des machines de la chaudronnerie. Extrait du Catalogue de la Nouvelle Société des Établissements A. Maguin, 1927 (archives privées de l'entreprise).

Annexes

  • Description de la fabrique de limes de Constant Tordeux, 1850 (AD Aisne ; 271 Q 496, article 50).
  • Etats de services d'Alfred Maguin, adressé au secrétaire général de la Grande Chancellerie de la Légion d'Honneur (AN, F12 8663, dossier LH 1688/54).
  • Article de presse sur l'incendie de l'usine survenu le 2 février février 1907 (Journal de Saint-Quentin et de l'Aisne, 5 février 1907).
  • Discours de M. P. Barbusse, prononcé lors des obsèques d’Alfred Maguin, 1935 (coll. Martine Hilt-Maguin).
Date(s) d'enquête : 2016; Date(s) de rédaction : 2016
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Fournier Bertrand
Fournier Bertrand

Chercheur de l'Inventaire du patrimoine - Région Hauts-de-France

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Articulation des dossiers
Fait partie de
A rapprocher de
(stimulant)

Ancien magasin coopératif, dit Coopérative Maguin, puis L'Union (détruit)

Commune : Charmes
Adresse : rue, Louis-Pasteur, rue des Bourgmestres
(stimulant)

Ancienne demeure d'industriel, dit Château Maguin ou Château d'Andelain

Commune : Andelain
Adresse : 3 rue, Principale, chemin du Moulin à Vent
(stimulant)

Ancienne salle des fêtes Maguin, dite Le Stand, devenue magasin de commerce et logement

Commune : Charmes
Adresse : 2 rue Victor-Hugo
(même commanditaire présumé)

Ancienne villa Grand-Mère, devenue demeure de l'industriel Alfred Maguin, puis d'Abel Maguin, actuelle mairie de Charmes

Commune : Charmes
Adresse : 9 rue Aristide-Briand
(stimulant)

Cité ouvrière, dite Cité Alfred-Maguin

Commune : Charmes
Adresse : 1 à 19 rue Alfred-Maguin
(stimulant)

Cité-Jardin, ancienne cité de l'usine de construction mécanique Maguin, dite cité-jardin de la Grande Pièce, puis cité Maguin

Commune : Charmes
Adresse : rue, Victor-Hugo, rue, Louis-Pasteur, rue, La Fontaine, rue, Pierre-Curie, rue, Jean-Racine, place Edmond-Roger
(stimulant)

Ensemble de deux anciennes maisons d'ingénieur de l'usine de construction mécanique Maguin

Commune : Charmes
Adresse : 48 et 50 rue Paul-Doumer
(stimulant)

Ensemble de deux anciens logements de contremaître de l'usine Maguin

Commune : Charmes
Adresse : 13 et 15 rue Pierre-Timbaud
(stimulant)

Ensemble de six anciens logements de contremaître de l'usine de construction mécanique Maguin

Commune : Charmes
Adresse : 1 à 11 rue Pierre-Semard