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Armentières, ville industrielle

     

 

En 1988, un inventaire du patrimoine industriel a été mené sur le territoire du canton d’Armentières.

Partez à la découverte du riche passé industriel de cette ville essentiellement tournée vers le textile : une centaine d’usines ont été recensées dont certaines ont aujourd’hui disparu.

Suite à la numérisation des photographies, ces dossiers sont aujourd’hui mis à jour et progressivement mis en ligne à découvrir en suivant ce lien.

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Introduction

Les tombeaux sont des monuments élevés à la mémoire des défunts. Comme le montrent les travaux de Philippe Ariès (1975, 1977), leur forme et leur emplacement évoluent au cours du temps, en relation avec le fonctionnement des lieux de sépulture. La réglementation imposée dans les cimetières devenus communaux, à partir de l'an XII, entraîne une multiplication des tombeaux individuels avant la construction de caveaux et de tombeaux de famille, qui se généralise progressivement à partir du milieu du 19e siècle. Leur fabrication devient un marché important pour les tailleurs de pierre, sculpteurs, marbriers et serruriers, dont les entreprises spécialisées vont progressivement s'établir à proximité des cimetières.

A. Les sources

A partir des travaux de Philippe Ariès (1975), on peut esquisser une histoire du tombeau depuis l'Antiquité, jusqu'à la fin du 18e siècle. Dans les nécropoles, le tombeau est destiné à marquer l'emplacement exact où le corps est déposé : "le tombeau visible doit à la fois dire où est le corps, à qui il appartient et, enfin, rappeler l'image physique du défunt, signe de sa personnalité"1.

Il existe ainsi deux types de tombeaux : les sarcophages (coffres de pierre) et les alvéoles pratiquées dans le sol ou dans des galeries souterraines (catacombes2), comportant une inscription relative à l'identité du défunt, souvent accompagnée d’un portrait. A partir du 5e siècle, les tombeaux deviennent anonymes.

A Amiens, Dusevel et Machart (1825) mentionnent la découverte de sarcophages, le long du chemin du faubourg de Noyon à Saint-Acheul : "Les Chrétiens, sous la première et même la seconde race de nos Rois, se faisaient inhumer, ainsi que les païens, à l'entrée des villes. De grandes pierres profondément creusées et couvertes d'autres pierres en forme de voûte, leur servaient de cercueil". Les nécropoles amiénoises, dont quelques tombeaux sont conservés au musée de Picardie, ont été localisées et étudiées par les archéologues3.

A l'exception des saints et des grands hommes, dont le tombeau, objet de culte, contient au moins un fragment (relique), dans le cimetière chrétien, il y a rupture entre le monument et l'emplacement du corps, d'abord simplement voué à la disparition, puis désigné comme dormant. Ainsi, au Moyen Age, le tombeau n'est pas l'enveloppe du corps (il peut même exister plusieurs tombeaux) ; ce qui est important c'est la position du monument, ad sanctos (au plus près des saints), dans les nécropoles, dans l'église ou dans les cimetières, après leur transfert autour de l'église, dont l'exiguïté conditionne l'évolution formelle des tombeaux. Les pauvres et les enfants sont enterrés dans une fosse commune, à partir du 10e siècle.

A partir du 13e siècle, le sarcophage de pierre est remplacé par des coffres de bois ou de plomb ensevelis en pleine terre. La bière et le cercueil, qui sont d'abord des objets destinés au transport du corps jusqu'au lieu d'ensevelissement, deviennent ensuite une enveloppe du corps.

Dans les cimetières de plein air, on utilise la stèle à croix (15e-18e siècles) et la croix, qui constitue d'abord un repère commun à plusieurs tombes et qui devient individuelle aux 17e et 18e siècles.

On en connaît plusieurs représentations de la fin du 15e siècle et du milieu du 16e siècle, publiées dans l'ouvrage de Christian Charlet (2003). Dans Les Heures Whamcliffe (vers 1475), on peut voir deux types de croix : de grandes croix à fût bagué sur des bases circulaires à degrés et des croix de bois plates à auvent, qu'on retrouve dans les représentations des cimetières Saint-Roch et du Blamont à Amiens, créés à la fin du 18e siècle (ill.), ou encore dans la Somme, connues par les aquarelles d'Oswald Macqueron, du milieu du 19e siècle. Dans le tableau de Jakob Grimer, représentant le cimetière des Innocents (musée Carnavalet, vers 1550), on voit également des stèles à croix plate, forme en usage au 17e siècle.

Enfin, Philippe Ariès signale encore deux types de tombeau qui se développeront à partir du 19e siècle : la chapelle et le caveau de famille. La chapelle (ou tombeau en forme de chapelle) trouve son origine dans les chapelles latérales construites depuis le 14e siècle, formant des extensions des églises et devenues une pratique courante aux 17e et 18e siècles. Le caveau de famille apparaît à la fin du 18e siècle, quand se dessine la volonté de réunir les morts d'une même famille (on en a manifestement un exemple dans l'église de Saveuse) ; il trouve son origine dans l'enfouissement du cercueil dans la cave (sous-sol) de la chapelle.

Dans les rares représentations des anciens cimetières d'Amiens, on constate également la présence d'un obélisque, tombeau d'Anne Harcourt-Beuvron, 1797, qui s'élevait dans le cimetière de la chapelle Saint-Honoré. Les vignettes de faire-part de décès de la fin du 18e siècle et du début du 19e siècle4 donnent quelques exemples de modèles de tombeau (ill.). Les dessins réalisés par les Duthoit, au début du 19e siècle, montrent certains des tombeaux élevés dans le cimetière Saint-Denis. Il s'agit de tombeaux d'applique, stèles ou enfeus, comme ceux de Creton et de Hémart (ill.). Enfin les aquarelles d'Oswald Macqueron5 donnent également des représentations des cimetières de la Somme au milieu du 19e siècle. Certains tombeaux élevés dans la cathédrale sont connus par des représentations de la fin du 18e siècle, qu'en donnent Limozin (1793) et Ignace François Bonhommé (1835).

Ces modèles constituent un répertoire de formes qui sera utilisé aux 19e et 20e siècles.

Les épitaphes

A partir du 11e siècle, on observe un retour au tombeau visible, souvent dissocié du corps, qui porte à nouveau une inscription. Là encore, l'épitaphe comprend des informations relatives à l'identité du défunt et une prière (14e siècle), dont le contenu et la longueur varient ; elle est peu à peu destinée à commémorer la vie du défunt, en particulier entre les 15e et 17e siècles.

A Amiens, les épitaphes antérieures au 19e siècle sont nombreuses ; elles sont connues par L'épitaphier de Picardie de Rodière (1921)6 et par la publication de Dusevel et Machart (1825), qui donne la transcription de celle de Pierre de Machy (fin du 15e siècle), découverte en 1812 dans l'église de l'ancien couvent des Saintes-Claires, et de deux épitaphes de la fin du 18e siècle, relevées dans le cimetière du Blamont, sur les tombeaux de M. Delamorlière, membre de l'Académie d'Amiens, et du magistrat Jean-Louis Ballue.

Le décor

Les effigies réapparaissent au 14e siècle. Ce sont d'abord les portraits et les masques mortuaires (15e-19e siècles), puis les gisants et les priants (15e-17e siècles), enfin les statues commémoratives. Les plus anciennes effigies ne représentent pas un mort mais un vivant (yeux ouverts). Elles servent à conserver l’image de l’individu vivant, comme le font encore certaines représentations des 16e et 17e siècles, et notamment les monuments funéraires des évêques et des chanoines de la cathédrale d’Amiens.

Dans l'église comme dans le cimetière architecturé, le tombeau peut prendre la forme d'un groupe sculpté ou d'un bas-relief représentant une allégorie ou une scène (tombeau Hémart).

Les tombeaux des 19e et 20e siècles

La loi du 23 prairial an 12 stipule que chaque inhumation doit avoir lieu dans une fosse séparée, la distance entre chaque fosse doit être de 30 à 40 cm pour les côtés, de 30 à 50 cm à la tête et au pied. La réouverture est autorisée tous les 5 ans seulement.

La possibilité est offerte, si la place le permet, de faire des concessions de terrains aux personnes qui désireront posséder une place distincte et séparée pour un caveau, un monument ou un tombeau.

A Amiens, les autorisations données à partir de 1817, date de l'ouverture du cimetière de la Madeleine, donnent quelques repères :

  • 1819. Concession d'un cimetière particulier aux Filles de la Charité de Saint-Vincent de Paul (cimetière de la Madeleine)
  • 1820. Tombeau en forme de temple (cimetière de la Madeleine)
  • 1827. Première demande de caveau de sépulture (cimetière de la Madeleine) de 8 pieds sur 12 (Leroy, maçon)
  • 1849. Chapelle avec tiroirs au-dessus du sol (cimetière de la Madeleine)
  • 1850. Caveau à tiroirs7 (cimetière de la Madeleine)
  • 1859. Caveau picard (cimetière du Petit-Saint-Jean)8
  • 1873. Caveau à compartiments (cimetière de la Madeleine).

Le deuxième règlement du cimetière de la Madeleine (1845) rend obligatoire la clôture des concessions acquises ; il s'applique ensuite aux cimetières ruraux, dans la 2e moitié du 19e siècle.

En 1820, l'architecte communal Cheussey propose au maire d'Amiens de réglementer la forme des monuments (BM ; 2M 18/1).

Le premier règlement du cimetière de la Madeleine (1827) indique que les concessions à perpétuité permettent d'élever toute sorte de monument, les plans des tombeaux doivent cependant être soumis à l'approbation de l’architecte communal.

Comme l'indique également les autorisations de construction à partit de 1817 (BM ; Série 2M), les épitaphes donnent le plus souvent l'identité du défunt et la date de sa mort, ainsi que son âge. On signalera cependant quelques épitaphes plus développées comme celle de Pierre Vincent Templeux, 1820 (Madeleine) :

"A la plus grande gloire de Dieu. / Ici repose le corps de Pierre Vincent Templeux f[a]b[rican]t et teinturier de cette ville, / époux de dame Elisabeth Florentine Placquet, / décédé le 25 mars 1820, âgé de 55 ans et six mois. / Priez pour le repos de son âme. / Cette croix fût placée par la reconnaissance de la part de son épouse."

On trouve ce type d'épitaphe à Pont-de-Metz (cippe des Lenoel), également dans les années 1820, mais aussi dans la 2e moitié du 19e siècle, sur des stèles funéraires (famille Cardon-Duval, vers 1868) ou des tombeaux en forme de chapelle (au-dessus de la porte ou contremarche).

Soumises à l'approbation de la mairie, à partir de 1845, elles sont parfois refusées.

Stéphane Comte (1847), qui en transcrit un grand nombre, au cimetière de la Madeleine, déplore le contenu de certaines d'entre elles. "Une amélioration que nous regardons encore comme fort utile, c'est le mode de censure à employer à l'égard des épitaphes gravées sur les croix ou monuments. C'est à faire honte, non seulement au bon goût, mais à quiconque a encore quelque respect, soit pour la langue, soit pour la Versification française ; et il y aurait vraiment à en rougir, si un étranger, en visitant ce lieu funèbre, demandait l'explication de certaines inscriptions, où le ridicule et de grossières fautes se révèlent à chaque ligne ; certes, cet étranger pourrait-il croire, comme l'indique l'ordonnance de police affichée à cette porte, que ces épitaphes ont été soumises à l'approbation de l'autorité. Si j'entreprenais de les citer ici, il me faudrait augmenter mon ouvrage d'un second volume." (p. 252)

L’ouvrage sur le cimetière de la Madeleine, publié par le commissaire Stéphane Comte (1847), constitue une ressource exceptionnelle, à la fois par la description de nombreux tombeaux (environ 200) et des dispositifs des concessions mais aussi par les attributions à des maîtres d'oeuvre. Ces tombeaux ne sont cependant pas antérieurs à 1820.

Dès 1825, les guides d'Amiens signalent également les tombeaux les plus remarquables du cimetière de la Madeleine. Ceux des autres cimetières sont très exceptionnellement signalés par les publications.

L'ouvrage de l'architecte Pierre Chabat (1890) réunit des modèles dessinés par des architectes. Quelques modèles sont également publiés dans les revues d'architecture, autour de 1900.

L’intérêt pour les tombeaux est ancien, étant donné leur fonction symbolique, mais il se traduit le plus souvent par l'étude des monuments les plus anciens ou les plus prestigieux, souvent appréhendés dans la perspective de l'étude de la sculpture. Les travaux des historiens documentent cependant ce corpus jusqu’à la fin du 18e siècle et, depuis quelques années, jusqu'au milieu du 19e siècle, voire du 20e siècle avec les travaux de Frédéric Thébault (2003). Enfin, quelques ouvrages sur les cimetières belges offrent des points de repère intéressants, en particulier ceux de Cécilia Vandervelde (1991, 1997), qui constituent un répertoire d’images des tombeaux et qui propose des notices d'entreprises de marbrerie.

Le dépouillement de la série M (BM Amiens), conservant les autorisations de construction de caveaux et la pose des monuments dans les cimetières d'Amiens ne couvre que quelques périodes, les premières (1808-1828 et 1849-1859) concernent essentiellement le cimetière de la Madeleine, les autres (1874-1884 et 1900-1909 1913-1917) informent plus de 2000 monuments dans l'ensemble des cimetières d'Amiens. En revanche, les conditions d'édification des tombeaux dans les cimetières ruraux sont peu documentées.

Attribution par les sources

Le dépouillement des autorisations de construction (série M) montre que, dans la 1ère moitié du 19e siècle, les monuments élevés sont rarement attribuables à un maître d'oeuvre. Les demandes sont souvent faites par la famille et non par le tailleur de pierre ou le marbrier.

Ces demandes d'autorisation permettent cependant des attributions à un architecte (Marest, 1822), aux principaux entrepreneurs de la ville, Tattegrain-Delabarthe (1828), Mangot et Mangot fils, Lefebvre-Facquet et Polart, qui réalise la presque totalité des monuments, jusqu'en 1828, à des maçons : Lefebvre-Bullot, Delabarthe et Leroy. Apparaissent également les mentions du graveur amiénois Beauger (1820-1821), qui réalise la gravure et la pose des stèles, les menuisiers Florent Redée (clôture en bois d’un tombeau, 1821), Pierre Buignet, auteur d'une "croix de mort" (Odant, 1821). Enfin, ce sont parfois les commanditaires eux-mêmes qui réalisent les tombeaux, à l’exemple de la croix en fer réalisée par les descendants du défunt, ouvriers serruriers, grâce à un don de matériau de leur maître (Godard, 1820).

Dans son guide paru en 1847, Stéphane Comte donne de nombreuses attributions à des architectes, des entrepreneurs et des sculpteurs.

Les recensements de population renseignent sur la profession des maîtres d'oeuvre, qui se disent tailleurs de pierre ou marbriers (Jean-Baptiste Deventer (1789-1858), Alexandre Dutry père et fils, Louis Dermone et son gendre Louis Moriamé, Léopold Delalieux, Onésime Gadré), dans la 1ère moitié du 19e siècle.

Le recensement de 1872 (populations étrangères) montre que plusieurs marbriers d'origine belge s'installent à Amiens au milieu du 19e siècle : François et Jean-Baptiste Geevers, Adolphe Werse, Bernard Coënen (qui succède à Deventer) ou encore Léopold Delalieux, Louis Dermonne, J. Tison (qui succède à Bernard Coënen). Ces marbriers forment des artisans amiénois qui prennent parfois leur succession, ainsi Léopold Delalieux forme ses neveux Marcel et Léopold Sueur.

Les marbriers produisent des tombeaux de type stèle ou colonne, voire sarcophage (Deventer, vers 1846, Geevers, 1881). Les tombeaux en forme de chapelle sont construits par des maçons ou des entrepreneurs en maçonnerie.

A partir de 1849, on voit apparaître des entrepreneurs de monuments funèbres. Achille Sallé est le premier à se déclarer constructeur de monuments funèbres (liste électorale de 1849). Ces entrepreneurs emploient des tailleurs de pierre et des marbriers, voire des sculpteurs.

Le développement du secteur d'activité est important dans la 2e moitié du 19e siècle. H. Lamolet, débitant rue Saint-Maurice, crée une entreprise de monuments funèbres qui devient une des plus importantes de la ville. Une succursale est ouverte rue de Cagny, à proximité du cimetière Saint-Acheul. Emile Lesot, tailleur de pierre, fonde également une entreprise importante avec son frère marbrier. Enfin Marcel Sueur est à la tête d'une entreprise encore très active jusqu'au milieu du 20e siècle. Quelques entreprises sont toujours en activité : Denis et Cloquier, à Amiens ou Timmerman à Villers-Bretonneux.

A partir de la fin du 19e siècle, plusieurs entreprises du Nord et du Pas-de-Calais fournissent des monuments : entreprises installées à Aulnoye (Gaudier-Rembaux, Rembaux-Slotte, Rembaux et Cie), à Jeumont (Rombaux-Roland, Hautier)9 ou à Arras (Bouchez-Béru).

La typologie des monuments (cf. graphique) :

Pour Christian Charlet (2003), les dalles, les stèles, les sarcophages, les colonnes et les cippes sont les formes les plus fréquentes dans la première moitié du 19e siècle. La colonne apparaît vers 1810 (cimetière Saint-Pierre de Montmartre). Seule ou posée sur une dalle, parfois brisée, elle est souvent surmontée d'une urne funéraire, comme le montre également un dessin de Duthoit, figurant le tombeau de J. P. Bizet dans le cimetière du Blamont (ill.). Le pilier dérivant du modèle du sarcophage, qu'il nomme cippe, apparaît également vers 1815 (cimetière du Père-Lachaise), orné d'une urne ou d'un buste. Le répertoire Roger des monuments du cimetière du Père-Lachaise (1810) montre que ces monuments sont déjà très nombreux dans le cimetière. Ce qu'il désigne comme chapelle funéraire apparaît en 1810 mais s'impose vraiment à partir de 1850. Enfin, il signale l'utilisation du granit à partir de la fin du 19e siècle, qui remplace le marbre et la pierre trop coûteux.

Les demandes d'autorisation de construction, la liste établie par Auguste Cheussey au cimetière du Blamont (1833) et les descriptions de monuments de S. Comte (1847) renseignent sur les typologies présentes dans les cimetières d'Amiens, dans la 1ère moitié du 19e siècle.

La croix funéraire est le type de monument le plus fréquent, au début du 19e siècle, souvent en bois. Les demandes sont cependant moins nombreuses à partir de 1823, date à laquelle la pose de stèle devient majoritaire. Au cimetière du Blamont (ouvert en 1796), 53 pierres tumulaires, 195 croix en bois et 21 croix en fer sont attestées, en 1833.

Ce qui est désigné dans les demandes sous le nom de "pierre tumulaire" correspond à une stèle en pierre ; les quelques dessins joints aux demandes (1820-1821) montrent qu’elles ont une forme cintrée, rectangulaire ou à découpe supérieure chantournée ; les dimensions varient de 4 pieds 6 pouces à 6 pieds de haut et de 2 pieds 4 pouces à 3 pieds de large. La première stèle à base, surmontée d’une croix, apparaît en 1820 (Mellier-Paillat).

La colonne funéraire apparaît au cimetière de la Madeleine (vers 1817) et au cimetière du Blamont (Bizet, 1821). Au cimetière de la Madeleine, plusieurs colonnes funéraires sont attestées dans les années 1830, en marbre blanc d'Italie (1832), en pierre de Senlis ornée de lierre et d'olivier (1846). La colonne est surmontée d'une urne (1832, 1838, 3 demandes en 1842) ou d'une croix dorée (1836). Dans les années 1830 et 1840, on trouve aussi la colonne brisée, en marbre noir (1835, 1838, 1842 et 1846) ; l'une est exécutée vers 1843 par un marbrier parisien (Duriez) sur un modèle vu au Père-Lachaise (S. Comte, 1847, p. 168). Les sources font également mention d'une colonne en bois (Dufour).

D'autres types de monuments apparaissent de manière plus ponctuelle :

  • l’obélisque (1 en 1819 à la Madeleine, 1 au Blamont)
  • le mausolée : la première autorisation est accordée en 1820 (Potron) puis 1826 (Mellier-Nolette), en bois en 1828 (Durand frères)
  • le sarcophage en forme de catafalque : vers 1830 à la Madeleine (Morgan de Belloy et Pécourt-Objois), dans les années 1840 (Herbet de Saint-Riquier, Pédot et Herment) et autour de 1850-60 (Delacourt, Moilin, Dubois-Castel).
  • la "pierre de sépulture" qui peut être une stèle ou une dalle.

Les clôtures sont tout d'abord en bois ou végétales.

De 1850 à 1880, sur 170 demandes documentées, on compte 69 stèles, 9 chapelles, 7 colonnes, 2 sarcophages et 2 croix.

De 1880 à 1917, sur 182 demandes documentées, les types les plus fréquents pour les cimetières d'Amiens (hors Madeleine) sont la stèle (116), le sarcophage (39), la chapelle (11), la niche (3), la colonne (2), la croix (3).

La loi du 4 avril 1873, relative à la conservation des tombes des soldats morts pendant la guerre de 1870-1871, définit un modèle réglementé de tombeau à clôture en fonte dont on trouve un exemple dans les cimetières de Poulainville et de Bavelincourt.

B. Description

Dans une première phase de repérage, plusieurs tombeaux ont été étudiés et photographiés dans les cimetières ruraux pour établir des critères de recensement de ce patrimoine funéraire, en raison de l'importance numérique des tombeaux, en particulier dans les cimetières urbains, mais également de leur état de conservation, généralement médiocre pour les plus anciens, qui datent de la première moitié du 19e siècle (Boves, Saint-Fuscien, Pont-de-Metz, Dreuil, Vers-sur-Selle). Ces dossiers ont permis de commencer l’étude des tombeaux dans les cimetières urbains d'Amiens, parallèlement au recensement des concessions perpétuelles du cimetière de la Madeleine ; ils ont également servi à consolider la typologie également utilisée à la Madeleine, qui s'inspire partiellement de celle proposée par Philippe Ariès.

Le corpus étudié dans les cimetières d'Amiens métropole comprend 46 enclos funéraires et 270 tombeaux.

Les enclos funéraires

(voir aussi les enclos funéraires du cimetière de la Madeleine et tombeaux et enclos religieux)

Plusieurs cimetières disposent actuellement d'un columbarium : les cimetières urbains d'Amiens (Saint-Pierre, Vieux Saint-Acheul) et de Rivery mais également les cimetières ruraux de Salouël et de Camon, où il a été aménagé dans un tombeau en forme de chapelle.

Ce qu’on a désigné ici sous le terme d'enclos funéraires, sont des concessions délimitées par une clôture et renfermant plusieurs tombeaux. Ils ont été systématiquement recensés (46). Le graphique (ill.) en donne une répartition géographique.

Ces concessions, délimitées par une clôture en fer, des bornes ou une simple bordure, renferment plusieurs tombeaux individuels ou collectifs. La forme et la localisation de la concession déterminent la position et la forme des différents tombeaux. Dans les concessions adossées au mur du cimetière, on y trouve des tombeaux d'applique. Dans les concessions plus larges que profondes, les tombeaux sont le plus souvent juxtaposés. Dans les concessions en profondeur, les tombeaux sont placés les uns derrière les autres (Allonville, Amiens).

Quelques enclos présentent un dispositif associant un tombeau principal à des dalles funéraires, à Pont-de-Metz, à Sains-en-Amiénois et à Cagny, où la stèle d'applique est associée à un dallage, qui rappelle le dispositif (disparu) du tombeau de Lapostolle au cimetière de la Madeleine.

Certains enclos constituent de véritables cimetières privés, juxtaposés au cimetière communal (Dury, Salouël et Vers-sur-Selle). A Saveuse, le tombeau des châtelains disposait initialement d'un accès indépendant.

On observe plusieurs types de dispositifs suivant une composition ordonnée ou désordonnée (Saleux).

Ces enclos associent un tombeau principal, généralement une stèle, et des petits tombeaux secondaires parfois identiques, comme c'est le cas au vieux cimetière de Dreuil ou au Petit-Saint-Jean. Cette composition symétrique de trois tombeaux est assez fréquente au cimetière de la Madeleine d'Amiens. Les enclos renferment parfois deux tombeaux identiques, cippes (Glisy, Pont-de-Metz), stèles (Longueau, Poulainville), sarcophages (Pont-de-Metz, Dury) ou deux tombeaux de taille équivalente (Saint-Fuscien et Pont-de-Metz), parfois plus (Dury, Vieux Saint-Acheul, Salouël ou encore Vers, qui constitue l'exemple le plus récent).

Ces tombeaux ne sont généralement pas contemporains mais réalisés successivement, parfois sur le même modèle. La présence d'un tombeau en forme de chapelle, à Dury et à Salouël, est exceptionnelle, comme au cimetière de la Madeleine, où un seul exemple conservé a été identifié (enclos funéraire des familles Guénard-Morant et Asselin, Legendre et Laurent-Morant).

Les commanditaires en sont le plus souvent des familles nobles (Dreuil, Pont-de-Metz, Sains) ou des industriels (Salouël, Pont-de-Metz) mais également les congrégations religieuses (Cagny, Saint-Fuscien, Amiens).

Les tombeaux

Le tombeau est un édicule élevé à la mémoire d'un ou plusieurs défunts. Il se distingue de la tombe, qui est la fosse où sont ensevelis les morts, mais également de la concession (temporaire ou à perpétuité), connue par une procédure d'acquisition d'un morceau de terrain qui peut être agrandi. Ainsi, la date d'acquisition de la concession n'est pas nécessairement celle de l'érection du tombeau mais elle offre un repère chronologique. Le tombeau n'est lui-même pas toujours réalisé au moment de la mort du destinataire, il peut être antérieur mais aussi postérieur de plusieurs années.

Emplacement

Les tombeaux sont élevés dans les églises ou à l’extérieur, dans le cimetière.

Dans les cimetières ruraux, les tombeaux les plus anciens sont placés dans l'église ou contre le mur extérieur et contre les murs du cimetière de plein air (Bertangles, Pont-de-Metz). On observe un mode d'occupation progressif, lié aux agrandissements successifs des cimetières, et un regroupement des tombeaux les plus anciens, remontés dans un nouveau cimetière (Vieux cimetière de Dreuil) ou en place (Boves, cimetière Notre-Dame et cimetière Saint-Nicolas.

Les stèles militaires sont généralement situées en marge, regroupées dans des carrés spécifiques (Cf. cimetières).

Certains tombeaux sont placés en position privilégiée par rapport à l'entrée du cimetière (qui peut avoir été déplacée), dans l'axe ou dans la proximité immédiate (Descat au Petit-Saint-Jean, Follet à Sains-en-Amiénois, Duvauchel au Vieux Saint-Acheul, Caumartin à Dury), ou font l'objet d'un aménagement végétal (Saveuse), comparable à celui des monuments aux morts, qui les isolent du reste des tombeaux. Dans les cimetières aménagés sur des terrains en pente (Vieux Saint-Acheul, Petit-Saint-Jean ou Pont-de-Metz), les emplacements en hauteur sont également recherchés (Pont-de-Metz). Dans les cimetières d'enclos paroissial, la proximité de l'entrée principale de l'église est un emplacement privilégié (Duriez à Vers-sur-Selles). Enfin, les tombeaux des maires de la ville ou de la commune sont placés au carrefour des allées principales (Vieux-Saint-Acheul).

La proximité avec la croix de cimetière est généralement réservée aux tombeaux de prêtres (dispositif croix de cimetière/tombeau de prêtre) ou aux enclos de congrégation (Saint-Fuscien, Cagny). La croix de cimetière fait parfois office de monument funéraire (Poulainville).

Matériaux

Les tombeaux les plus anciens sont fabriqués en calcaire taillé et sculpté (utilisé jusqu'en 1914), puis en marbre belge, dit Petit-Granit ou pierre bleue à découpe mécanique, dans le 3e quart du 19e siècle, et en granit, au début du 20e siècle et entre les deux guerres. Un cas isolé de cippe en briques a été recensé à Saint-Fuscien.

Au Vieux Saint-Acheul d'Amiens, on observe, de manière ponctuelle, l’emploi de pierre artificielle, de pavés de granit, de comblanchien (tombeau chapelle d’Alfred Hunebelle, 1908) et de marbre blanc (monument funéraire de la famille Sourisseau, 1911).

Les tombeaux en forme de chapelle sont construits en calcaire appareillé en pierre de taille et/ou en briques masquées par un enduit d'imitation, puis en marbre belge ou en pierre artificielle.

Les croix funéraires sont généralement en fer forgé ou en fonte sur une base de pierre avec des plaques épitaphes en tôle ou en pierre.

L'utilisation du bois est peu fréquente. Deux petites croix en bois ont été recensées à Boves (cimetière Saint-Nicolas) et à Pont-de-Metz, protégées par un petit auvent de métal, celle du Vieux Saint-Acheul d'Amiens ne comporte aucune protection. Dans le cimetière de Longpré-lès-Amiens, on peut également citer un tombeau constitué d’un cadre de bois. Ces tombeaux modestes et récents sont généralement en mauvais état, étant donné leur fragilité.

L'utilisation du verre et du métal est ponctuelle. Le verre est lié à des structures de protection à armature métallique (Boves). Le métal est utilisé pour les porte-couronnes parfois placé à la tête du tombeau en forme de sarcophage (Vieux Saint-Acheul d'Amiens), ainsi que pour les portes des chapelles, les clôtures (grilles) ou chaînes et tiges reliant des piliers en fonte, en pierre ou en ciment. Quelques marques de serrurier ont été recensées.

Forme

A l'exception des tombeaux d'applique sans emprise au sol (tombeaux épitaphes étudiés en tant que mobilier10), les tombeaux occupent un espace plus ou moins étendu. Dans les cimetières urbains d'Amiens (la Madeleine et vieux Saint-Acheul), on observe la présence de concessions de type couloir, qui présentent un plan allongé, permettant de juxtaposer deux dalles en profondeur. De nombreuses concessions sont closes par une grille à portillon antérieur ou délimités par des piliers reliés par des chaînes ou par des tiges de métal, fermant le plus souvent les côtés de la sépulture, dont la face antérieure est fermée par une chaîne.

Les tombeaux sont formés soit d'un unique élément vertical fiché en pleine terre, soit d'un élément vertical élevé au centre ou à l'extrémité de la concession ou du caveau de forme rectangulaire ou carré, signalé par une simple bordure ou une dalle de couverture, qui matérialise l'emplacement de la tombe. Dans certains cas, les tombeaux sont dits horizontaux, formés d'un élément posé sur le sol, ou encore mixte, associant un élément vertical et un élément horizontal, recouvrant la tombe ou le caveau. Ces tombeaux mixtes se présentent d’abord comme une simple juxtaposition d'éléments verticaux et horizontaux puis comme une combinaison homogène, qui couvre la totalité de la concession. On distingue actuellement le soubassement (structure architecturée monolithe ou assemblée), la tombale (dalle de couverture) et la stèle (élément vertical).

Typologie

La croix funéraire

La croix funéraire (37 recensées dans l'aire d'étude) présente parfois les mêmes caractéristiques formelles et stylistiques que la croix de chemin ou la croix de cimetière. La croix à usage de tombeau est souvent munie d’une ou plusieurs plaques à épitaphe, comme on en voit encore à Saint-Fuscien, à Pont-de-Metz, à Longpré-lès-Amiens, à Dreuil (vieux cimetière) et à Amiens (Vieux Saint-Acheul, la Madeleine, Renancourt).

Les croix funéraires en pierre recensées dans les cimetières de l'aire d'étude sont plus rares (6) et présentent un caractère monumental, qu'il s'agisse du tombeau du marquis de Clermont-Tonnerre à Bertangles (20e siècle) ou de celui de la famille Carette-Brault au cimetière Saint-Nicolas de Boves, qui reste un exemple unique dans les cimetières ruraux l’aire d’étude, par l'importance de son décor. Au Vieux Saint-Acheul d’Amiens, on peut également citer le tombeau de la famille Roche.

Les croix en métal sont plus nombreuses, certaines en très mauvais état (Longpré-lès-Amiens, Saint-Fuscien). On peut distinguer les croix en fer forgé et les croix en fonte.

Les croix en fonte présentent une structure mixte formée d’un cadre et d’un motif de remplissage (Saint-Fuscien, Longpré-lès-Amiens), comme les croix de chemin de Saveuse (1850) ou du Petit-Cagny en Saint-Fuscien (1860).

Les croix en fonte, fixées sur un cippe ou une stèle présentent une forme souvent très ouvragée (Pont-de-Metz : tombeau de Thérèse et Joseph Bralant et Vieux Saint-Acheul d’Amiens : famille Villefroid-Ferte et familles Hanot-Postel et Drunet-Postel).

Ces croix comportent parfois un décor figuré : un Christ en croix et plus rarement, pour les croix en fonte industrielle, une Vierge de Pitié (Pont-de-Metz) ou une Immaculée Conception (Renancourt).

Les croix en fer forgé présentent soit une structure à tige unique fixée à une petite base en grès, à l’exemple des tombeaux du Vieux Saint-Acheul, de Longpré-lès-Amiens, de Renancourt, de Saint-Fuscien et de Pont-de-Metz ou des croix de chemin de Bertangles, soit une structure à tiges baguées, variante dont on a recensé plusieurs exemples à Saleux ou au Vieux Saint-Acheul d'Amiens. Ces tombeaux présentent eux-aussi une forme comparable aux croix de chemin de Vers-sur-Selle (1873), Longpré et Glisy, et aux croix de cimetière, à Dreuil (vieux cimetière) et à Boves (cimetière Notre-Dame).

Ces monuments ne sont pas signés11.

Le cippe

Le corpus, qui résulte d’un recensement exhaustif, compte 78 concessions contenant un ou plusieurs cippes, dont 28 enclos funéraire12.

Le cippe est fréquent dans les enclos funéraires des cimetières d'Amiens métropole (36% des cas), où il est parfois réalisé à plusieurs exemplaires identiques et juxtaposés comme à Pont-de-Metz (Bralant et de Croissy de Saint-Hilaire / Fournier de Saint-Amand) et à Glisy (Hacq).

Structure et forme

Parfois associé à une dalle funéraire plate (tombale), le cippe présente de nombreuses variantes. La forme la plus fréquente est le pilier à acrotères : Pont-de-Metz, Saint-Fuscien, Glisy (Dumont-Leroy, vers 1910). On a recensé également une variante à double bâtière, à Pont-de-Metz (enclos funéraire de la famille Bralant, signé Leroy-Digeon, Lenoël), Boves et Longueau. On trouve encore des cippes de plan hexagonal ou octogonal (genre obélisque), sur un modèle dont on a recensé plusieurs exemples au cimetière de la Madeleine, à Boves (cimetière Saint-Nicolas), Cagny, Montières et Saleux. Ces édicules sont parfois surmontés d'une petite croix : Pont-de-Metz et Boves, ou d'une urne funéraire : Saint-Fuscien, Glisy. A Rivery, le tombeau du peintre Eugène Buisson (1899 ca.) constitue un exemple isolé de cippe à l'antique (ill.).

Enfin, quelques tombeaux présentent une forme intermédiaire entre la stèle et le cippe. Il s'agit de stèles très épaisses surmontées d'un fronton à volutes ou à acrotères (Sains-en-Amiénois, vers 1840, Saleux, vers 1858, Dury, vers 1870)

A Salouël, l'architecte Charles Billoré dessine un tombeau monumental où le cippe est associé à un sarcophage et surmonté d'une grande croix.

Matériaux

Ces tombeaux sont généralement en calcaire ou en marbre blanc mais également en marbre belge ou pierre bleue (Cagny, Saleux, Montières).

Datation

L’exemple le plus ancien (1824) a été identifié au cimetière de la Madeleine où il en existe plusieurs des années 1820. Dans les autres cimetières de l'aire d'étude, les plus anciens conservés sont les tombeaux Herbet-Pinchon à Renancourt (vers 1836) et Capel-Herlin (vers 1837) à Boves (cimetière Saint-Nicolas). La forme semble en vogue dans les années 1840-1860, comme en témoignent les tombeaux conservés à Pont-de-Metz, Boves, Sains ou encore Saleux, et dans les années 1890-1910 (Saint-Fuscien, Glisy, Rivery, Longueau, Vieux Saint-Acheul d'Amiens).

Attribution

Des tombeaux signés ont été identifiés à Boves (Alexandre Dutry, v. 1839, Firmin Dufour-Demetz Firmin, v. 1838, v. 1858, v. 1862 et Carette), à Pont-de-Metz (Leroy-Digeon, v. 1840 et 1853 et Galampoix, v. 1867 et v. 1865), à Saint-Fuscien (Carette, 1858 et Lamolet, v. 1887), à Sains-en-Amiénois (Firmin Dufour-Demetz Firmin, v. 1840), à Camon (Lamolet, v. 1867) et à Montières (Lamolet-Tattegrain, v. 1893, v. 1898 et v. 1916), enfin à Glisy (Dufour, v. 1900) et au Vieux Saint-Acheul d'Amiens (Lamolet, vers 1910).

A Salouël, l'architecte Charles Billoré signe le monument funéraire de la famille Périmony-Buignet, vers 1890. Au Vieux Saint-Acheul, Louis Le Clabart est l'auteur du buste d'Adrien Fauga.

La colonne funéraire

En se basant sur la définition qu’en donne le Petit Robert, "petite colonne sans chapiteau ou colonne tronquée qui servait de borne, de monument funéraire, et qui portait une inscription", on peut qualifier ce tombeau de "cippe". Cependant, on utilisera ici le terme de "colonne funéraire", proposé dans le Vocabulaire de la Sculpture, qui désigne plus précisément la forme de l'objet.

Le corpus réuni résulte d’un recensement systématique des tombeaux du 19e siècle et d’un recensement sélectif de ceux du 20e siècle. Ceux du cimetière militaire de Saint-Pierre ont été systématiquement recensés. 3 ont fait l'objet d'un dossier individuel (Boves, Salouël, Montières).

Comme le cippe, la colonne funéraire est fréquente dans les enclos funéraires, à Pont-de-Metz, Vers-sur-Selles, Saleux et Salouël notamment.

Structure et forme

On peut distinguer les colonnes surmontées d’une petite croix ou d’une urne funéraire et les colonnes brisées. Les plus anciennes sont fixées sur des bases cubiques et surmontées d’une urne ou d’une petite croix, parfois en fonte. A partir de 1875, on observe que la base est plus haute. La colonne brisée, identifiée dès les années 1830, est fréquente dans le 1er quart du 20e siècle.

Matériaux

Ces tombeaux sont réalisés en calcaire, en marbre blanc ou en marbre belge, dit Petit-Granit ou pierre bleue.

Datation

Dans l'aire d'étude, les plus anciens de ces tombeaux datent du 2e quart et du milieu du 19e siècle : vers 1830 (Montières et Dreuil-lès-Amiens), vers 1840 (Salouël, Saleux et Boves Notre-Dame), vers 1850 (Saint-Fuscien et Montières). Deux tombeaux plus tardifs (vers 1878) ont été repérés à Pont-de-Metz et Vers-sur-Selles. A Poulainville, à Sains ou encore à Amiens (cimetières du Vieux Saint-Acheul et du Petit Saint-Jean ou encore carré des militaires rapatriés au nouveau cimetière Saint-Pierre et tombeau de militaire à Montières), plusieurs de ces tombeaux, du 1er quart du 20e siècle, attestent de la pérennité de la forme jusqu'aux années 1920.

Attribution

Un peu plus d'un tiers des colonnes funéraires repérées est signé. Les signatures de marbriers ou de tailleurs de pierre ont été identifiées à Boves (Carette, v. 1845), Dreuil-lès-Amiens (J. Lamarre, v. 1834), Saint-Fuscien (Deventer, v. 1850), Salouël (A. Lamarre, v. 1840, ill.) et, moins nombreuses, celles d'entrepreneurs de monuments funèbres à Vers-sur-Selles (Lamolet-Tattegrain, v. 1898) et à Amiens, au Vieux Saint-Acheul (Louis Cloquier, v. 1925) et au cimetière Saint-Pierre (Denis).

Style et décor

Le décor se limite le plus souvent à une petite croix, gravée ou surmontant la colonne. La colonne brisée est ornée d'une couronne, d'une guirlande ou d'un bouquet de fleurs.

Le tombeau en forme d'obélisque

Le corpus résulte d’un recensement exhaustif et compte 19 tombeaux, dont 10 ont fait l'objet d'un dossier individuel. Ce type de monument n'a pas été identifié dans les enclos funéraire, l'exception de Dreuil, où il s'agit d'un tombeau d'enfant.

Structure et forme

Les tombeaux identifiés sont souvent des tombeaux individuels. A Dreuil, c'est un petit cénotaphe placé dans un enclos funéraire (famille Candat). A Glisy, le monument rappelle la typologie des monuments aux morts (ill.). Ce type est fréquemment utilisé pour les monuments funéraires élevés à la mémoire de personnalités locales (Dury, Amiens, Salouël, Vers-sur-Selle).

Matériaux

Ces tombeaux sont réalisés en marbre, en calcaire, en marbre belge, dit Petit-Granit ou pierre bleue, enfin en granit.

Datation

Les exemples les plus anciens ont été recensés à Dury (v.1842) et à Dreuil-lès-Amiens (v. 1844), enfin à Vers-sur-Selle (v. 1850) et à Renancourt (v. 1860).

C'est dans la période 1880-1900, qu’on trouve le plus grand nombre d’exemples, en particulier à Camon, Longueau (vers 1891), Saint-Fuscien (vers 1900). Les plus tardifs (vers 1920) étant contemporains des monuments aux morts élevés après la première guerre mondiale (Glisy, Allonville).

Attribution

Les tombeaux signés ont été identifiés à Camon (Geevers, v. 1880, Guérard-Vast, 1882), à Longpré-lès-Amiens (J. Lamarre, v. 1910), enfin au Vieux Saint-Acheul d'Amiens (E. Dupont, tombeau du maire Paul Tellier, v. 1905 et Lamolet-Tattegrain). L'entrepreneur Dufour pose le même modèle à Camon, vers 1893 et à Longueau, vers 1902.

Au cimetière du Vieux Saint-Acheul d'Amiens, deux tombeaux portent la signature d'un architecte : Delarue (1904) et Narcisse Vivien (v. 1916), qui dessine le tombeau du maire d'Amiens, Alphonse Fiquet.

Style et décor

Certains sont surmontés d’une croix en fonte (Longpré-lès-Amiens) ou en pierre (Longueau, Camon, Renancourt), d’une urne (Allonville, Montières, Vieux Saint-Acheul) ou orné d'un décor de mosaïque (Boury, ill.) ou sculpté (Renancourt13, Vieux Saint-Acheul d’Amiens, monument funéraire de Paul Tellier, orné d’un portrait d’Albert Roze, 1905).

La stèle funéraire

122 concessions contenant une ou plusieurs stèles funéraires ont fait l'objet d'un dossier, dont 15% dans un enclos funéraire.

On peut distinguer deux principaux types de dispositif : la stèle d'applique et la stèle fixée sur une base, généralement placée contre la limite de la concession. Ces stèles funéraires sont "monolithes" ou architecturées : simple assemblage de différents éléments (base, table, entablement, fronton) ou modèles plus complexes, parfois proches de la niche (cf. infra).

Certaines stèles présentent la particularité d'être à double orientation. Quelques cas ont été identifiés au cimetière de la Madeleine mais aussi à Vers-sur-Selles (vers 1860) et à Allonville (vers 1933).

Structure et forme

La stèle "monolithe" est la forme la plus simple. De petite dimension jusqu'au milieu du 19e siècle, elle présente des dimensions plus importantes, voire monumentales, la fin du 19e siècle, pour les monuments en pierre bleue produits par découpe mécanique :

  • rectangulaire d´applique ou simplement disposée contre le mur, sa forme est dérivée des épitaphes fixées contre le mur de l'église. Deux exemples ont été identifiés à Cagny ( enclos funéraire de la famille Latapie de Ligonie, vers 1866 et celui de la famille Fauquelle, qui lui fait pendant à l'entrée du cimetière)
  • à découpe supérieure cintrée (5) ou en chapeau de gendarme (2), parfois d´applique, elle peut être surmontée d´un petite croix, en pierre ou en fonte.
  • à acrotères stylisés à usage de porte-couronne ou épaulée.

La stèle architecturée présente des formes plus ou moins complexes à plusieurs registres. Une base de hauteur variable, un panneau principal (à une ou plusieurs tables) surmonté d'un entablement et d'un fronton, souvent à acrotères (parfois stylisés). On en trouve de nombreux exemples dans les cimetières de l'aire d'étude. Certaines sont surmontées d'une simple corniche et d'un fronton, qui les rapprochent du cippe-stèle (Cagny, Dury et Dreuil). Elle présentent le plus souvent une partition à une, deux ou trois tables et parfois une base porte-couronne.

Certains modèles, cantonnés de pilastres ou de colonnes, présentent une morphologie de type retable, à Dury (vers 1865), à Renancourt, Renancourt (vers 1876) ou encore à Saleux (familles Senaux, vers 1900, et Delamarre-Belin, vers 1915) et Camon (vers1910). Certains encore proches du tombeau en forme de niche à Dury (vers 1920).

Autour de 1900, apparaissent des stèles monumentales composites, avec des développements latéraux (ailes), dont on trouve des exemples à Dury (vers 1890), Camon (vers 1891), au Vieux Saint-Acheul (1907) ou encore à Poulainville (vers 1921).

Une jardinière à plantes d'applique, leur est parfois adossée (famille Boullanger-Ragneau), à partir de la fin du 19e siècle.

Matériaux

La stèle est principalement en calcaire ou en marbre belge, dit petit granit ou pierre bleue mais il existe des exemples isolés en granite et en marbre.

Datation

Les stèles rectangulaires repérées datent du milieu du 19e siècle (Cagny et Dreuil). Les exemples les plus tardifs sont des stèles "additionnelles" de petite dimension, présentes dans les enclos funéraires.

Les rares stèles cintrées repérées ont été réalisés dans le 3e quart du 19e siècle (3), dans le 4e quart du 19e siècle (1) et dans le 2e quart du 20e siècle (1). L´exemple le plus ancien est le tombeau Bralant-Morel (vers 1861), à Salouël. Deux stèles cintrées à découpe en chapeau de gendarme ont été repérées à Pont-de-Metz (Bralant, vers 1806) et au nouveau cimetière Saint-Pierre (vers 1928).

Les stèles à acrotères stylisés datent du 4e quart 19e siècle (à Renancourt, 1891, Dessein, ou encore Montières) et du 1er quart 20e (Longpré-lès-Amiens, Poulainville), comme la stèle épaulée repérée (Petit-Saint-Jean, vers 1914).

Les stèles à croix, généralement monumentales, sont assez nombreuses, dans la 2e moitié du 19e siècle mais surtout le 1er quart du 20e siècle.

Les stèles architecturées sont très nombreuses dans le 4e quart du 19e siècle et le 1er quart du 20e siècle. Les stèles à entablement et fronton apparaissent dans le 2e quart 19e siècle et sont encore très prisées dans le 4e quart 19e siècle (Longueau) et au début du 20e siècle (Pont-de-Metz, Glisy). Les plus anciennes sont celles de Crignier-Gonthier (vers 1851) et de Pourchelle-d'Hespel (vers 1859) au Petit Saint-Jean. Quelques stèles à fronton du 3e quart du 19e siècle subsistent dans les cimetières de Cagny et de Saleux. Les stèles architecturées monumentales, agrémentées de colonnes, sont plus fréquentes à partir de 1875 (Montières, Vieux Saint-Acheul)

Attribution

A partir des années 1860, ces tombeaux portent une signature d'entrepreneur de monuments funèbres (Sallé, Galampoix, Lamolet, Cloquier, Martin, Denis). Les signatures sont plus fréquentes partir des années 1880 mais les sources permettent des attributions plus anciennes dans les années 1850 (Delalieux, Galampoix), 1870 (H. Lamolet, Coënen, Dutry, Geevers, Galampoix), 1880 (Tison, Geevers, Galampoix, Dutry).

Deux monuments ont été commandés à des entrepreneurs de la région extérieurs à l'aire d'étude : Scauflaire de Beauvais (Saleux, vers 1900) et A. Sturbois d'Abbeville (Cagny, vers 1882) ou encore Rembaux et Cie (1906).

Deux tombeaux sont attribuables à des architectes : Louis Raquet (Lebrun) et Raymond Chauvet (Jean Catelas), au cimetière du Vieux Saint-Acheul, et une dizaine comporte un décor signé par des sculpteurs : Charles Molliens (Longpré-lès-Amiens et Petit-Saint-Jean), Athanase Fossé (Allonville), Paul Beaugrand (portrait de Jean-Baptiste Cosette) et Albert Roze (buste d'A. Bienaimé) Quelques stèles sont également ornées de médaillons en bronze des sculpteurs Davidovicz (portrait de Jean Catelas) et Brunswick (Saleux).

Style et décor

La stèle rectangulaire, dérivée des épitaphes, se caractérise par une absence de décor. Celui de la stèle cintrée ou en chapeau de gendarme se limite généralement à la présence d´une petite croix.

La stèle est parfois ornée d'une couronne mortuaire ou d'un bouquet de fleurs (Vers-sur-Selles, vers 1868), voire d'une lampe à huile (Vieux Saint-Acheul).

La stèle à croix est surmontée d'une croix parfois de grande dimension (Beaumont-Lecomte et de Badts de Cugnac, au Vieux Saint-Acheul), parfois ornée d'un Christ en croix (Poulainville, Rivery, Petit Saint-Jean).

Le fronton de la stèle, de style néoclassique, peut être orné de symboles funéraires : sablier ailé (Boves, cimetière Notre-Dame), faux, flambeaux renversés, urne funéraire (Pont-de-Metz, stèle funéraire des Riquier-Cozette, milieu 19e siècle), plus rarement d'un décor figuré (emblème de profession). Certaines sont ornées d'un sarcophage en trompe-l’œil surmonté d'une urne (famille Galmant-Lefebvre et famille de l'entrepreneur Devauchelle-Cauchetiez, au Vieux Saint-Acheul).

La stèle architecturée est fréquemment surmontée d'une croix ou d'une urne voilée (Saleux, vers 1880, carré des militaires rapatriés du nouveau cimetière Saint-Pierre), les pilastres ou colonnes étant parfois ornées d'un décor végétal (lierre).

Les stèles repérées de style néogothique présentent de nombreuses variantes monumentales, à Pont-de-Metz, Vers-sur-Selles (Daragon, vers 1860), Dury (vers 1886), Petit-Saint-Jean (vers 1918) ou stylisées.

Les stèles de style Art Déco datent des années 1930, à Amiens, Vieux Saint-Acheul (famille Dantan-Marcel, vers 1930), Petit-Saint-Jean (famille Legrand, vers 1932).

Quelques stèles sont ornées d'emblème de profession : brasseur ou tonnelier Pont-de-Metz, avec colonnes formées de tonneaux, cirier (Pont-de-Metz), pompier (Longpré-lès-Amiens), entrepreneurs à Salouël, Dury, Saint-Fuscien.

Certaines sont ornées d'un décor sculpté exceptionnel, en particulier au cimetière du Petit-Saint-Jean, les deux stèles funéraires monumentales provenant de la maison Galampoix (famille Crignier-Hubault et famille Galampoix-Ducrocq, orné du portrait de l'entrepreneur). Des exemples tardifs (1er quart 20e siècle) se signalent par la présence d'un décor figuré sur la base de la stèle (à Sains-en-Amiénois et Montières).

Enfin, un portrait du défunt apparaît sur certaines stèles, en particulier au Vieux Saint-Acheul (Marie Jean-Baptiste Cosette, Beaugrand, vers 1911, ou A. Bienaimé, Albert Roze).

Le tombeau en forme de chapelle

Quatre-vingt-sept tombeaux en forme de chapelle ont été recensés et 45 ont fait l'objet d'un dossier individuel, 4 sont élevées dans un enclos funéraire. Ces édicules sont plus nombreux dans les cimetières urbains (cf. graphique). Plusieurs cimetières ruraux n’en comptent aucun (Allonville, Bertangles, Dreuil, Glisy, Blangy-Tronville, Poulainville, Saveuse). Le cimetière de Salouël fait exception avec six tombeaux en forme de chapelle ou d'oratoire, parfois élevé pour des négociants ou des entrepreneurs établis à Amiens.

Structure et forme

Le tombeau en forme de chapelle est un édicule fermé contenant un faux-autel, parfois surmonté d’un faux tabernacle. Trente-sept d’entre eux illustrent une variante à parvis enclos antérieur ou à simple parvis, qui est le plus souvent occupé par une ou plusieurs tombales formant accès au caveau, parfois par des jardinières à plantes.

On peut rapprocher du type de tombeau en forme de chapelle deux variantes identifiées dans les cimetières d'Amiens : le tombeau en forme d'oratoire (7), qui se distingue par l'absence de porte fermant l'édicule (Montières, famille Voiturier-Houbart-Sébire, Vieux Saint-Acheul, famille Boitel, de style néoclassique et famille Lavandier-Deliencourt et Fossier-Lavandier, vers 1904, de style néogothique, mais aussi Salouël, ) et le tombeau en forme de loggia (5), édicule est ouvert mais qui ne contient rien, au Vieux Saint-Acheul, famille Catoire-Dompierre et famille Carrière (fin 19e siècle), famille Hémart-Ferrandier (1908), mais aussi à Montières, famille Lebel-Derly et P. Lebel-Lebel (vers 1896). Enfin, on peut également citer deux monuments d'inspiration antique identifiés au cimetière du Petit-Saint-Jean famille Descat, vers 1901) et à Sains-en-Amiénois (famille Follet, 1895).

Les édicules n'occupant qu'une partie de la concession comportent généralement une clôture (conservée dans 50% des cas). Celle-ci peut être une grille en fer ou en fonte, en palis (Pont-de-Metz, Montières), ou formée de piliers en fonte ou en pierre reliés par des chaînes ou des tiges.

Ces édicules sont construits principalement en calcaire appareillé en pierre de taille, matériau généralement réservé à la façade principale, et/ou en briques, au 19e siècle, puis en marbre belge, dit Petit-Granit ou pierre bleue, plus rarement en granite ou en pierre artificielle.

Ils sont généralement couverts d’un toit en bâtière (ardoises ou zinc) présentant un pignon couvert ou un fronton. Douze comportent une couverture en pierre, plus rarement un dôme circulaire ou polygonal, un lanterneau ou un toit en pavillon.

Attribution

Ces édicules sont souvent signés (46%) ou attribuables par des sources (8%), en particulier dans les cimetières urbains, et plus particulièrement du Vieux Saint-Acheul, où apparaissent des noms d'architecte, tant pour les tombeaux en forme de chapelle : Auguste Boutmy (1915), Alfred Cuvillier (vers 1890), Jérôme Rastoin (vers 1908), Herdhebaut et G. Tende (vers 1930), que pour les tombeaux en forme de loggia : Georges Bouffet (1908) ou d'oratoire : Louis Douillet (vers 1920).

En milieu rural, les tombeaux de la famille Bralant-Desquiens (Pont-de-Metz) et de la famille Desquiens (Saleux) sont des exemples isolés de tombeaux signés ou attribuable aux architectes Victor et Paul Delefortrie, comme celui de la famille Follet, 1895 (Sallé architecte), à Sains-en-Amiénois.

Les signatures d'entrepreneurs de monuments funèbres relevées sur les tombeaux sont celles de Jean-Baptiste Galmant, 1866 (Vieux-Saint-Acheul), du marbrier Moriamé (VSA), Geevers à Boves (cimetière Saint-Nicolas), avec un modèle déposé, les principaux entrepreneurs de monuments funèbres amiénois (Lamolet-Tattegrain à Montières, Lamolet au Vieux Saint-Acheul, Marcel Sueur au Vieux Saint-Acheul), et des entreprises du Nord (Rembaux et Cie, Pouilliaux et Masuy et Hautier frères, au Vieux Saint-Acheul) et du Pas-de-Calais (Bouchez-Béru).

Datation

Ces édicules portent exceptionnellement une date : 1866 (J.-B. Galmant), 1881 (Dufour), 1895 (A. Sallé), 1904 (O. Joly), 1908 (J. Rastoin).

Seize sont datés par source, dont neuf par la date de construction du caveau. Les exemples documentés montrent que la construction du tombeau a le plus souvent lieu l’année suivante.

La plupart des tombeaux en forme de chapelle sont élevés dans la 2e moitié du 19e siècle et au début du 20e siècle. Le tombeau loggia est en vogue autour de 1900, comme le tombeau en forme d'oratoire. Les deux plus anciens tombeaux en forme de chapelle ont été identifiés à Boves, cimetière Notre-Dame (vers 1842) et au Petit-Saint-Jean (vers 1851). On en recense une dizaine conservé des années 1860, de style néoclassique (Pont-de-Metz, vers 1862, Vieux Saint-Acheul, vers 1863, Salouel, vers 1868) et néogothique (Boves (cimetière Notre-Dame), vers 1860, Vieux-Saint-Acheul, 1866, Saleux, vers 1868). Le tombeau en forme de chapelle est rare après la première guerre mondiale (2 au cimetière du Vieux Saint-Acheul, ont été élevés entre les deux guerres).

Style et décor

Ces tombeaux présentent un décor de style néogothique (Delabarthe-Ducrocq, 1866, Desquiens, vers 1868, Boulant-Greisch, 1903), néoclassique (Gaffez-Ferrand), néo-roman (Fréville) ou éclectique. La façade est parfois agrémentée de pilastres (16) ou de colonnes (38).

En dehors du cimetière de la Madeleine, les plus remarquables par la qualité de leur décor sont ceux des familles Delabarthe-Ducrocq (Galmant, 1866) et Joly-Cahon (Joly, 1904), Hémard-Ferrandier (Bouffet, 1908), H. Devred (A. Boutmy, 1914), Hunebelle (J. Rastoin, 1908) et Fourny-Chatelain, Boitel, vers 1917, enfin Despreaux (Pierre Herdebault), au Vieux Saint-Acheul, Desquiens (Victor Delefortrie) à Saleux ou Lebel et Sébire à Montières.

Le décor figuré se concentre généralement sur le fronton surmontant la porte (Boulant-Greish, A. Roze) ; outre le mobilier, on peut signaler la présence d'effigies en buste, de portraits photographiques ou de verrière. De rares tombeaux comportent un emblème de profession (ruche à Sains-en-Amiénois) ou attributs d'entrepreneur au Vieux-Saint-Acheul (famille de l'entrepreneur Charles Jean-Baptiste Paris et famille Joly-Cahon), au Petit-Saint-Jean et à Salouël.

Deux tombeaux en forme de chapelle se signalent par la présence d'une épitaphe, au-dessus de la porte (famille de l'entrepreneur Paris, 1878) ou sur la contremarche (famille Bonvallet-Moreau, 1908).

Le tombeau en forme de niche ou d'enfeu

Cinquante-quatre tombeaux en forme de niche ont été recensés, quinze ont fait l'objet d'un dossier individuel. Ces édicules sont plus nombreux dans les cimetières urbains (cf. graphique) : Vieux Saint-Acheul (27), Petit-Saint-Jean, Montières (2). Plusieurs cimetières ruraux n'en comptent aucun (Bertangles, Glisy, Blangy-Tronville, Poulainville).

Structure et forme

Les tombeaux en forme de niche comportent toujours une clôture (parfois disparue). Ces édicules ouverts ne contiennent aucun mobilier. Dans les cas les plus fréquents et les plus simples, la niche constitue une variante de la stèle architecturée. Les exemples les plus monumentaux se rapprochent du tombeau en forme d'oratoire ou de loggia. L'aménagement du tombeau Masson par les architectes Georges Antoine et fils, vers 1920, donne une parfaite illustration de cette utilisation en enfeu.

La niche est parfois munie de crochets porte-couronne sur les côtés.

Attribution

Plus de la moitié de ces tombeaux sont signés, presque exclusivement à Amiens, par des architectes : Paul Viénot (1907), Georges Antoine et fils (vers 1910), Mallet et Carpentier (vers 1925) mais plus souvent par des entrepreneurs de monuments funèbres : J. Lamarre (Montières, vers 1885), Benoit (vers 1898, Petit-Saint-Jean), Lamolet-Saint-Acheul (vers 1900, Vieux Saint-Acheul), Sueur (vers 1908, Petit-Saint-Jean).

Dans les autres communes de l'aire d'étude, seuls apparaissent des signatures d'entrepreneurs de monuments funèbres, à Rivery (Lamolet, vers 1900), Longueau (Lesot et fils, vers 1900), Boves (Geevers, dont un "modèle déposé", vers 1880, avant 1906, Lamolet-Tattegrain), Dreuil (Sallé, vers 1902) et Saveuse (Lamolet, vers 1900).

Datation

Les tombeaux recensés datent principalement de la période de 1880 à 1925 et du 2e quart du 20e siècle (1).

Style et décor

Ces édicules présentent généralement une forme très stéréotypée et un décor simplifié de style néogothique (63%), éclectique (Lenglet-Deux), plus rarement néo-roman (Melin, Mallet et Carpentier architectes, vers 1925). Plusieurs exemples très stylisés ont été identifiés au Petit-Saint-Jean. La façade est parfois agrémentée de colonnes (43). Quelques tombeaux se signalent par leur monumentalité ou la qualité du décor sculpté, au Vieux Saint-Acheul, en particulier le tombeau Choquet-Carnoy, rénové par les architectes Georges Antoine et fils. Un tombeau est orné d'une verrière (nouveau cimetière Saint-Pierre, vers 1921).

Le tombeau horizontal

La dalle funéraire est une forme de tombeau rare dans les cimetières de plein air. On en a recensé quatre exemples, à Pont-de-Metz, ces dalles funéraires de la fin du 19e siècle et du début du 20e siècle constituent le dallage de sol de l'enclos funéraire Demarcy-Bralant-Degouy (ill. 31) et sont vraisemblablement rapportées.

La tombale plate ou en dos d’âne (à pans inclinés), est fréquemment associée à un élément vertical, à partir de la fin du 19e siècle (cf. infra).

Le tombeau en forme de sarcophage ou de catafalque est assez peu fréquent dans les cimetières de plein air. On en a recensé trente-neuf et 13 ont fait l'objet d'un dossier individuel. Ce type de tombeau est relativement fréquent dans les enclos funéraires).

Structure et forme

Ce type de tombeau peut être associé à une armature de métal, à usage de porte-couronne, placée à la tête du tombeau, dont on trouve plusieurs exemples au cimetière du Vieux Saint-Acheul, mais également surmonté d’une grille comme à Salouël ou entouré d’une clôture (Glisy, Saleux).

Les exemples les plus anciens sont composés d'un soubassement maçonné couvert d'une dalle (Boves) dont on trouve encore quelques exemples au cimetière de la Madeleine. A partir du milieu du 19e siècle, les formes sont empruntées au catafalque (à Boves, vers 1873), un modèle également identifié dans le cimetière de la Madeleine) ou à la châsse (au Vieux Saint-Acheul : Collombier, Vivien, vers 1903 et Léger-Lemaire, Bouffet, 1907, ou encore G. Dian, Filliol et Ferray, 1929). Enfin, au Vieux Saint-Acheul, le tombeau Duvauchel (vers 1907) rappelle le tombeau de Napoléon aux Invalides.

Matériaux

Ces tombeaux sont fabriqués en calcaire et plus généralement marbre belge ou granite.

Datation

Ces tombeaux sont difficiles à dater car les inscriptions sont généralement effacées ou disparues. Les exemples identifiés peuvent être datés du 3e quart du 19e siècle, pour les plus anciens, et du 20e siècle (34/39).

Les tombeaux les plus anciens ont été identifiés à Boves (vers 1873) et à Pont-de-Metz (vers 1870). A Dury, il s'agit d'un tombeau d’un militaire allemand.

Attribution

Ces tombeaux sont fréquemment signés (72%). Cinq d’entre eux ont été dessinés par des architectes, aux cimetières du Vieux Saint-Acheul : Vivien (vers 1903), Bouffet (vers 1907), Hallais et Etienne (vers 1907), Filiol et Ferray (1929) et de Saint-Pierre : A. Milvoy (vers 1923). Les autres proviennent des ateliers d’entrepreneurs de monuments funèbres : A. Sallé (Boves, Saint-Nicolas), L. Timmermann (Glisy).

Style et décor

Les tombeaux qui comportent un décor sont peux nombreux. Ce sont des modèles de style néoclassique, surmonté d'une urne (Boves) ou plus généralement les modèles monumentaux, l'un des plus exceptionnels étant celui de la famille Demarcy-Bralant-Degouy à Pont-de-Metz, orné de bas-reliefs et surmonté d'un lion ou encore celui de la famille C. Dian au Vieux Saint-Acheul, orné d'un bas-relief de Georges Baudry.

Le tombeau composite

Le corpus étudié, qui résulte d'un repérage sélectif privilégiant les tombeaux signés, compte une centaine de tombeaux, dont une trentaine a fait l'objet d'un dossier individuel.

Structure et forme

Le tombeau composite est formé d'un élément vertical (stèle, obélisque) et d'un élément horizontal (sarcophage ou soubassement à tombale), occupant la totalité de la superficie de la concession. Une jardinière à plantes est souvent adossée au soubassement ou à la stèle.

Matériaux

Ces tombeaux sont principalement en pierre bleue et en granit. On signalera un exemple isolé de tombeau en ciment recouvert de carrelage (Petit-Saint-Jean).

Datation

Ces tombeaux datent principalement du 20e siècle. Ceux des entrepreneurs de monuments funèbres Gadré-Tattegrain (à Montières) et Raoul Lamolet (au Vieux Saint-Acheul), ou encore Lesot (au cimetière de la Madeleine) présentent ces caractéristiques.

Attribution

On peut signaler quelques rares signatures d'architectes, aux cimetières du Vieux Saint-Acheul (Riquet Joly-Talon et Pierre Ansart, vers 1929) et du Petit-Saint-Jean (F. Olivier, dessin déposé vers 1925).

Les signatures d'entrepreneurs sont très fréquentes, qu'il s'agisse des entrepreneurs de monuments funèbres déjà bien connus (Lamolet, vers 1930, au Vieux Saint-Acheul) ou de nouvelles entreprises comme Denis (famille D'heilly, vers 1902 au Vieux Saint-Acheul), qui va s'établir près du cimetière Saint-Pierre (famille Decoisy-Soyer, vers 1932, et famille Duboche-Lesueur, vers 1937) et Dessein, à proximité du cimetière du Petit Saint-Jean (famille Delteil-Lauzier, vers 1926, et famille Valois-Vigaigne, vers 1933) ou encore Martin (au Vieux Saint-Acheul).

Deux stèles sont ornées d'un décor sculpté signé par un sculpteur : Albert Roze (copie de la Vierge d'Albert), Auguste Carvin (médaillon en bronze représentant Gilda Camus) et Sylvain Norga.

Style et décor

Ces tombeaux sont principalement de style Art Déco, durant l'entre-deux-guerres (Poulainville, 1927, Vieux-Saint-Acheul, vers 1930).

La stèle peut faire l'objet d'un décor figuré en relief : une pleureuse (famille D'heilly, vers 1902, ou famille Dubois-Cadet, vers 1940 ou encore famille Duboche-Lesueur, vers 1937). Plus rare, la stèle est surmontée d'une statue (copie de la célèbre Vierge de la basilique d'Albert).

La fonte d'art funéraire provenant d'établissements spécialisés comme la maison Sylvain Norga se généralise.

Conclusion

Cette étude des monuments funéraires complète utilement le recensement des concessions perpétuelles du cimetière de la Madeleine et permet de mesurer son influence sur les autres cimetières de l'aire d'étude.

Elle a permis de mettre en lumière la richesse du patrimoine funéraire, tant dans les autres cimetières d'Amiens que dans les cimetières ruraux, où sont encore conservés des monuments d'un grand intérêt, tant par leur ancienneté que par leur qualité architecturale, en particulier dans la vallée de la Selle (Saleux, Salouël, Pont-de-Metz) ou encore à Dury.

Quelques monuments se distinguent par l'originalité de leur forme (tombeau Roussel-Maréchal ou Demarcy) et l'importance du décor sculpté, oeuvres d'Auguste Rodin, d'Albert Roze, d'Auguste Carvin et de Le Clabart.

Le cimetière du Vieux Saint-Acheul, ouvert en 1860, attire peu à peu les populations aisées, bourgeoisie d'affaires et industriels mais aussi édiles (Alfonse Fiquet, Paul Tellier, Jean Catelas). C'est dans ce cimetière et dans celui de Montières, qu'on trouve les tombeaux les plus importants autour de 1900 et de 1925, oeuvres attribuables, pour le cimetière du Vieux Saint-Acheul, à plusieurs architectes (Paul Viénot, Louis Raquet, Georges Bouffet, Narcisse Vivien, A. Boutmy, Louis Douillet, Pierre et Gérard Ansart, E. Lemaire, Filliol et Ferray, Mallet et Carpentier, Pierre Herdhebaut). Quelques autres cimetières conservent des tombeaux des Delefortrie (Victor à Saleux et Paul à Pont-de-Metz), qui sont les seuls identifiés avec celui de Charles Saint à Beauval, ou encore Amédée Milvoy (Nouveau Saint-Pierre).

Comme au cimetière de la Madeleine, on constate la prédominance de quelques entreprises amiénoises mais également d'entreprises du nord de la France, établie à proximité des carrières de pierre bleue à Aulnoye (Pouilliaux et Masuy, Gaudier-Rembaux et Rembaux-Slotte et Rembaux et Cie) et à Jeumont (Hautier frères et Rombaud-Roland).

Les enclos funéraires conservés sont moins nombreux en milieu rural qu'en milieu urbain mais présentent les mêmes caractéristiques. En milieu rural, il subsiste cependant plus de compositions homogènes à tombeaux identiques, en particulier à Pont-de-Metz où à Glisy. L'étude a également permis d'identifier quelques exemples exceptionnels d'anciens cimetières privés (Salouël, Vers-sur-Selles, Dury) ou de dispositifs spécifiques pour les tombeaux de châtelain (à Bertangles, Saveuse ou Cagny), qui permettent de mieux comprendre comment la noblesse investit le cimetière communal.

Le corpus étudié, en s'appuyant également sur celui du cimetière de la Madeleine, permet d'observer que si le tombeau prend place dans un environnement extérieur, à partir du 19e siècle, sa forme n'en est pas véritablement modifiée. Le cimetière n'a pas vraiment donné lieu à la création de nouveaux types de tombeaux. Les formes traditionnelles et inventées depuis le Moyen Age perdurent (cippe, stèle, colonne funéraire, croix funéraires, stèle à croix, sarcophages et catafalques, voire buste, statue et groupe sculpté).

Par ses parentés formelles et stylistiques avec les croix de chemin et de cimetière, la croix funéraire s'inscrit dans la tradition des tombeaux collectifs apparus aux 17e et 18e siècles, tout comme la stèle à croix, jusqu'à la première guerre mondiale.

La stèle, qui trouve son origine dans les stèles-épitaphes fixées au mur de l'église, est le type le plus fréquent, avec de nombreuses variantes. On constate que sa forme se stabilise et s'enrichit de nouvelles références.

La colonne funéraire et l'obélisque, qui apparaissent dans la 1ère moitié du 19e siècle, sont à nouveau très prisés au début du 20e siècle et dans les années 1920. Ces formes fréquemment utilisées dans la statuaire publique sont également très présentes dans les tombeaux des édiles, puis des soldats morts pour la France, après la première guerre mondiale.

Le tombeau du cimetière du 19e siècle se présente comme une invitation à la méditation et au voyage.

Les références sont le plus souvent religieuses, qu'il s'agisse des croix funéraires, des stèles à croix ou des stèles architecturées qui évoquent des retables (retables-tableau ou architecturées), des portes ou encore des enfeus, des chapelles et des oratoires. La transformation du tombeau Masson-Mollet-Lamy, par Pierre et Gérard Ansart en fait très clairement la démonstration, en plaçant un sarcophage dans la niche.

Les tombeaux en forme de chapelle, qui en sont la forme la plus monumentale prisée par la bourgeoisie, illustrent une production stéréotypée que montrent aussi les papiers à entête des entreprises de monuments funèbres. Plus rare après la première guerre mondiale, le modèle disparait après 1945. Autour de 1900, certains modèles construits pour d'importants industriels amiénois (Devred, Hunnebelle) sortent de l'ordinaire par la qualité du décor ou la forme mais constituent eux-même un ensemble bien reconnaissable dans les cimetières urbains d'Amiens, en particulier Vieux Saint-Acheul et Montières.

Les références antiques sont moins nombreuses mais présentes : le cippe, prisé dans la 1ère moitié du 19e siècle et au début du 20e siècle, le sarcophage ou le catafalque, dont les faire-part de décès de la fin du 18e siècle donnent plusieurs exemples.

La laïcisation des monuments se traduit par le recours aux formes empruntées de la statuaire publique, en particulier l'obélisque, et par la disparition progressive de la croix, au profit de la pleureuse, après la première guerre mondiale.

La production est très stéréotypée, comme le montrent des tombeaux identiques provenant d'entreprises différentes et malgré la mention "modèle déposé" qui apparaît sur certains tombeaux (Geevers ou F. Olivier).

L'évolution générale des formes qui tend à la verticalité tout au long du 19e siècle, s'étale progressivement à partir du début du 20e siècle, d'abord avec les grandes compositions à ailes, puis avec des compositions stèle-sarcophage, apparues autour de 1890, qui recouvrent la totalité de la concession. Après 1945, la taille de la stèle se réduit sensiblement, modifiant le paysage des cimetières du 20e siècle et créant une forte opposition entre les parties anciennes et modernes où la végétation tend aussi à disparaître. Dans la 2e moitié du 20e siècle, on peut encore découvrir quelques tombeaux originaux dans les cimetières urbains d'Amiens (vieux et nouveau Saint-Acheul, nouveau Saint-Pierre).

1Ariès, 1975, tome 1, p. 201.2Ce système sera utilisé en Belgique, dans certains cimetières de Bruxelles notamment.3Voir ces travaux.4BM Amiens. MS 1377 E. Manuscrit Pinsard.5BM Abbeville.6Qui remprend le manuscrit Pagès.7Huit constructions de caveaux à tiroirs apparaissent dans les demandes d'autorisation entre 1850 et 1858, au cimentière de la Madeleine).810 autres mentions de caveau picard ont été relevées de 1876 à 1907, dans les cimetières du Vieux-Saint-Acheul et du Petit-Saint-Jean.9Elles fourniront également des monuments aux morts après la première guerre mondiale.10Le tombeau épitaphe, selon la terminologie empruntée à Philippe Ariès, est un tombeau d’applique, dont on a identifié peu d’exemples des 18e et 19e siècles, à l’extérieur de l’église paroissiale. Ils sont placés contre le mur de l’église (Bertangles, Cagny, Salouël, Pont-de-Metz, fig. 19) ou du cimetière (Bertangles, Dreuil : enclos funéraire de la famille de Saint-Omer). De nombreux cénotaphes de ce type sont présents dans les cimetières, complétant un tombeau familial.11A l'exception d'une croix en fonte qui porte une marque illisible à Renancourt.12Dont 19 tombeaux, 7 monuments sépulcraux, 22 dans enclos funéraire au cimetière de la Madeleine.13Disparu depuis l'enquête de 2007.
Tombeau (catafalque), début 20e siècle. J. de Marcy (sculpteur). Pont-de-Metz.