Dossier d’œuvre architecture IA02001697 | Réalisé par
Guérin Inès
Guérin Inès

Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France.

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  • patrimoine gothique, Chemin des Dames
Abbaye cistercienne de Vauclair
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Ministère de la culture - Inventaire général
  • (c) Département de l'Aisne
  • (c) AGIR-Pic

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté de communes du Chemin des Dames - Craonne
  • Commune Bouconville-Vauclair
  • Lieu-dit Vauclerc
  • Cadastre 1969 AO 12, 14, 16, 17
  • Dénominations
    abbaye
  • Genre
    de cisterciens
  • Appellations
    de Vauclair
  • Parties constituantes non étudiées
    abbaye

Le sol sablo-argileux ajouté à la présence de multiples sources tendent à justifier l´occupation du site dès l´époque néolithique (silex et sépultures de la fin de l´Age de pierre). L'installation d'une population gallo-romaine au lieu-dit Le Pré du Moulin (jusqu'au 3e siècle) est attestée par la découverte de fours de potier et de bronzier et de plusieurs bas-fourneaux de fer. Barthélemy de Joux et Bernard de Clairvaux investissent ensuite l´emplacement en 1134 au lieu-dit Curtmenblein, afin d´y fonder la quinzième fille de Clairvaux. L'abbaye prend alors le nom de Vallis Clara en hommage à la communauté fondatrice. A la tête des moines, se trouve le savant écolâtre anglais Henri Murdac (futur abbé de Fontains puis archevêque de York). Les travaux de la première église, exécutés d´un seul jet, s'achevèvent en 1142. Suivant le plan typique des églises fondées par Clairvaux, parfaitement adapté à la première liturgie cistercienne, l´édifice est pourvu d´une longue nef de neuf travées, d´un choeur relativement étroit à chevet plat, de chapelles orientées rectangulaires groupées par paire sur chaque bras du transept. L'intérieur est recouvert d'un enduit à faux appareillage. La construction des bâtiments conventuels s´étale jusqu´en 1160. L´abbaye prospère rapidement, au 13e siècle notamment. Une importante donation sur un emplacement légèrement éloigné permet une nouvelle campagne de construction entre 1222 et 1237. C´est à cette époque que débutent les travaux du monastère dont il ne reste actuellement que des ruines. L´érection de l´église Saint-Martin, desservie par les moines jusqu´à la Révolution et détruite au 19e siècle, se poursuit de 1226 à 1256. Le chantier de construction débute par l´aile des convers à l'ouest, le cloître, l´aile des moines à l'est puis par l´église. Mais, trop ambitieux, il s´essouffle. Le choeur, le transept ainsi que les deux dernières travées sont alors les seuls éléments réalisés ; la nef de la première abbatiale est en partie conservée, formant ainsi l´église des convers. Les bâtiments du 13e siècle sont appareillés avec grand soin, sans blocage. Le 24 juin 1257 voit la dédicace de l´abbatiale, encore inachevée, par Itier de Mauny, évêque de Laon. L'abbaye est brûlée et pillée par les Anglais en 1359. Puis c'est la peste qui décime la communauté.

Pour l´édification des constructions, les moines possèdent leurs propres carrières de pierre : celle de la Caverne du Dragon et celle de Chermizy (cette dernière suit également au chantier de la cathédrale de Laon). La ferme d'Hurtebise, à quelques centaines de mètres plus au sud, est une dépendance de l'abbaye, qui possède également deux moulins à fouler le drap. Cinq types de bâtiments artisanaux sont présents dans l'enclos : un moulin, un four à chaux, trois fours tuiliers, deux pressoirs, un bac de tannerie. D´importants travaux de restauration sont exécutés au 16e siècle sous Martin Berthain : celui-ci fait réparer la quasi-totalité des bâtiments conventuels. L´église est elle aussi remaniée et agrandie à cette même époque. D'autres travaux sont engagés au siècle suivant, notamment la construction du pigeonnier vers 1640. L´abbaye, comptant alors une vingtaine de religieux, est supprimée à la Révolution. Le monastère est vendu, l´église abandonnée tombe en ruine et devient bientôt une carrière où les habitants des environs viennent en extraire les pierres. Les bâtiments conventuels sont utilisés comme habitation et bâtiments agricoles. Victor, général dans l´armée de l´Empereur, s´empara du parc de l´abbaye de Vauclerc lors de la Bataille de Craonne le 7 mars 1814. Avant la Grande Guerre, il reste in situ la porte d´entrée de style néo-classique, bâtiment couvert d´un toit en pavillon, dont l´ouverture est surmontée d´un fronton. Le bâtiment des convers servant de grenier d´abondance est, lui aussi, encore très bien conservé. La grange possède une charpente de grande qualité. Les travaux de restauration de la toiture dans la décennie de 1890 permettent de minimiser les dégâts engendrés par la transformation du bâtiment en fermen et par l´incendie qui ravagea une partie des combles. Une deuxième consolidation en 1908 permet la sauvegarde de cet édifice, du moins jusqu'à ce que la guerre éclate.

Les objets qui ornent l'abbaye (tableaux, marbres, orgues, grilles, ornements, horloges, cloches) sont vendus en 1821 par les nouveaux propriétaires avant que l'Administration n'en prenne possession.

Le grand bâtiment des convers est classé au titre des Monuments Historiques en 1911.

A la veille de la guerre, le site compte parmi les ensembles cisterciens exceptionnels du 13e siècle. Les quelques bâtiments qui ont échappé au pillage (bâtiment des convers, chapelle, sacristie, chapelle de l'abbé, salle des moines, porterie et colombier) sont détruits par les bombardements de la Première Guerre mondiale, notamment lors de l´offensive Nivelle le 16 avril 1917. Placée sur la seconde ligne allemande et occupée par l´ennemi entre septembre 1914 et novembre 1917, l´abbaye est à de nombreuses reprises bombardée par les Français. Les alliés prennent le secteur jusqu´au 27 mai 1918. Puis les Allemands l´investissent jusqu´au début du mois d´octobre 1918. Classées en Zone Rouge après 1918, les ruines, laissées à l'abandon, servent de carrières de pierre pour la réparation des chemins environnants. Suite aux destructions, le site a encore à souffrir des intempéries : en effet, la pierre gélive, n'étant plus protégée, se désagrège, les joints remplis d'eau éclatent. Les travaux de consolidation effectués immédiatement après la guerre et ce, jusqu'en 1931, permettent leur conservation. Suite à la réduction des crédits, les travaux de dégagement et de consolidation ne reprennent qu'en 1936. Une partie de la salle capitulaire est restituée en 1937. Les décombres de l'église et de la grange ne sont déblayés qu'en 1943. Certains éléments sculptés et moulurés sont alors découverts.

Des fouilles sont effectuées dès 1965 par le groupe Sources sous la direction du Père jésuite René Courtois. Les substructions de l'ancienne église sont alors mises au jour. Certaines parties sont relevées grâce aux matériaux anciens : les ruines sont alors restituées en 1972-1973 grâce à l'intervention du Père Anselme Dimier. Un important jardin de plantes médicinales occupe actuellement une partie du site.

L'O.N.F., propriétaire des lieux, procède à la remise en état du domaine, au nivellement des abords, ainsi qu´à la plantation d'arbres.

  • Période(s)
    • Principale : 2e quart 13e siècle

Située dans la vallée de l´Ailette, dominée par les pentes nord des plateaux de Craonne et de Californie, l´abbaye occupe le centre du triangle mystique dessiné par Reims, Soissons et Laon. Aujourd´hui, les restes du bâtiment de la porterie à l'ouest, dans laquelle les moines faisaient l´aumône aux pauvres et aux pèlerins, constituent pour le site un véritable élément de défense. Au nord, le colombier du 17e siècle, tour octogonale en brique, criblé de trous de projectiles, trône à gauche de l´entrée centrale. De la vaste église construite au 13e siècle au coeur du site, pourvue d'un choeur avec déambulatoire et de cinq chapelles rayonnantes, il ne reste que quelques pierres à fleur de terre. Démesurée par rapport à la première, elle avait été largement influencée par celle de Longpont. Le plan en croix latine de l'église, composé de deux travées flanquées d´un double bas-côté et prolongée d'un transept saillant, était identique. La sacristie, dont une des voûtes d´ogives échappa aux destructions, se trouvait à l´extrémité du bras sud du transept. Le chapitre, accessible par trois marches en contrebas, situé au sud de l'église, est la partie la mieux conservée du site, bien que ses voûtes d´ogives aient été anéanties pendant la Première Guerre mondiale. Cette salle donne accès, au sud, au cloître par une porte en tiers-point à trois voussures reposant sur des colonnettes aux chapiteaux sculptés. De part et d'autre, l'édifice est encadré de baies cintrées, toutes semblables. Dès le 13e siècle, les abbés de Vauclair furent inhumés dans la salle capitulaire : une tombe avec coffrage de pierre est encore aujourd'hui visible. Au chapitre, fait suite l´emplacement de l´escalier qui fournissait l´accès au dortoir des moines situé au premier étage, occupant toute la longueur du bâtiment. Le parloir, dans lequel se faisait, le matin et l´après-midi, la distribution du travail des religieux, prolonge le bâtiment. Le monastère du 13e siècle ne possédait pas d'aile méridionale : le réfectoire des moines était intégré dans celui des frères convers, alors séparé en deux parties. La galerie nord, longeant la nef de l´église, ainsi qu´une partie de la galerie est sont visibles depuis le cloître. Les galeries sud et ouest ont été entièrement détruites, ainsi que le chauffoir, le réfectoire, la cuisine, qui ouvraient sur la galerie sud du cloître. La large ruelle, qui permettait aux convers de se rendre à l´église directement sans passer par le cloître, est encore observable aujourd'hui entre la galerie ouest et le grand bâtiment des convers. De cet édifice, l´un des plus beaux du genre et des mieux conservés avant la guerre 1914-1918, il ne reste que des ruines. Ses dimensions (70 mètres de longueur sur 15 de large) étaient impressionnantes. Le rez-de-chaussée était occupé au nord par le grand cellier divisé en deux nefs par une rangée de six colonnes. A l´étage, dans toute la longueur du bâtiment, se trouvait le dortoir des convers, que treize colonnes scindaient en deux. Dans la dixième travée à partir du nord, un escalier descendait dans la ruelle des convers. La maçonnerie, de bonne qualité, était composée d'une pierre à grain fin, hourdie au mortier de chaux et de terre. Les fouilles ont également mis au jour un ensemble important de carreaux historiés du 13e siècle, dont une partie est exposé dans l´accueil situé au fond du site.

  • Murs
    • pierre de taille
    • moellon
  • Statut de la propriété
    propriété de l'Etat
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Protections
    classé MH, 1970/09/01
  • Précisions sur la protection

    Restes de l'ancienne abbaye de Vauclair, sol (cad. AO, 12-14-16-17) : classement par arrêté du 1er janvier 1970. Le classement du 7 décembre 1912 fut annulé étant donné les destructions massives survenues lors de la Première Guerre mondiale. La nouvelle protection concerne tous les vestiges découverts et à découvrir.

  • Référence MH

Seule la grange avait fait l'objet d'un classement par décret du 11 octobre 1907. Le classement de 1970 concerne donc l'ensemble du site.

Documents d'archives

  • AD Aisne. Fonds Piette : TOUPEZ, E. Monographie d'instituteur, [30 janvier 1884].

Bibliographie

  • AUBERT, Marcel. L'architecture cistercienne en France. Paris : Vanoest, 1947.

  • Bulletin de la Société Archéologique de Soissons. Soissons : t. 2, 2e série, 1868.

    p.165
  • COURTOIS, René. 15 ans de fouilles à l´abbaye de Vauclair, bilan provisoire (1966/1981). In GROUPE SOURCES Mélange Anselme Dimier, 1981, t.3, vol. 5.

    p.305
  • COURTOIS, René, GROUPE SOURCES. La première église cistercienne (12e siècle) de l´abbaye de Vauclair (Aisne). In Archéologie médiévale. Caen : [s.n.], 1972, t. 2.

    p. 103
  • Les dossiers de l´Aisne. Revue trimestrielle de la préfecture de l´Aisne, n°12, [s.d.].

  • DUPLESSY, J., GROUPE SOURCES. Un trésor monétaire à l'abbaye de Vauclair. Cahiers archéologiques de Picardie, n° 6, 1979.

    p. 9
  • GROUPE SOURCES. Vauclair. Laon : Office Départemental du Tourisme de l´Aisne, [s.d.].

  • HARDIER, Thierry. Pré-inventaire des sites 1914-1918 en Picardie. Amiens : DRAC Picardie, Service des Monuments historiques, 1992.

    site n°8
  • SANDRON, Dany. Picardie Gothique, autour de Laon et Soissons, l´architecture religieuse. Paris : Editons Picard, 2001.

    p. 425
  • SAUTAI DOSSIN, Anne-Véronique. La céramique à la fin du Moyen Age à Vauclair. In Archéologie médiévale. Caen : [s.n.], 1975, t. 5.

    p. 371

Périodiques

  • THIEBAUT, Jacques. L'abbatiale de Vauclair I. In Bulletin Monumental. Paris : Société Française d'Archéologie,1974, t. 132-1.

    p. 87

Documents figurés

  • Dessin, [s.n.], fin 19e siècle (BN : 02H108072).

  • Bâtiment des convers du XIIe siècle, dessin, [s.n.], fin 19e siècle (BN : 02H108076).

  • Bâtiment des convers du XIIe siècle, coupe, [s.n.], fin 19e siècle (BN : 02H108075).

  • Carte postale, [s.n.], début 20e siècle (AD Aisne : 2 Fi Bouconville-Vauclair 66).

  • Environs de Laon - Entrée de la célèbre abbaye de Vauclerc, carte postale, par F. Barnaud, photographe, début 20e siècle (AP).

  • Vauclerc (Aisne) - A 4 kil. de Craonne - Ruines de l'abbaye fondée en 1134, carte postale, [s.n.], début 20e siècle (AD Aisne : 2 Fi Bouconville-Vauclair 7).

  • Carte postale, [s.n.], début 20e siècle (S.A.H.S.).

  • Environs de Laon - Abbaye de Vauclerc - Vue de la charpente du grenier de la grange, carte postale, [s.n.], début 20e siècle (AD Aisne : 2 Fi Bouconville-Vauclair 40).

  • Environs de Laon, Ruines de la célèbre abbaye de Vauclerc, carte postale, [s.n.], début 20e siècle (AP).

Date(s) d'enquête : 2003; Date(s) de rédaction : 2003
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
(c) Département de l'Aisne
(c) AGIR-Pic
Guérin Inès
Guérin Inès

Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France.

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