Dossier d’œuvre architecture IA80002530 | Réalisé par
Barbedor Isabelle
Barbedor Isabelle

Chercheur du service de l'Inventaire général du patrimoine culturel de Picardie, puis des Hauts-de-France, depuis 2002.

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  • inventaire topographique, Amiens métropole
Ancien château d'Allonville (vestiges)
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Département de la Somme

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté d'agglomération Amiens Métropole - Amiens
  • Commune Allonville
  • Cadastre 1810 A 131 à 137
  • Dénominations
    château
  • Parties constituantes non étudiées
    cour, parc, ferme, haras

L´édifice, dont il ne subsiste aujourd'hui que des dépendances agricoles des 18e et 19e siècles transformées en logements, n´est connu que par des représentations partielles qui ne permettent pas de déterminer avec précision la distribution de l´édifice. La représentation pittoresque d´Oswald Macqueron semble assez juste, si on la compare aux cartes postales du début du siècle, à l´exception du lanternon qui couronne le corps central, figurant sur l´aquarelle d´Oswald Macqueron, qui n´est pas visible sur ces cartes postales du début du siècle. Peut-être n´a-t-il jamais été réalisé ou a-t-il été supprimé entre 1870 et 1908.

La datation, fixée au milieu du 17e siècle par l´auteur du Dictionnaire historique et archéologique et reprise par Josiane Sartre, pourrait être un peu plus tardive comme permettent de le supposer l'acquisition du domaine par Jean de Longueval en 1662, auquel François Ansart attribue la reconstruction du château. Les chaînages harpés comparables à ceux du château de Clairy-Saulchoix (1679), la forme des toitures à pans brisés, celle des linteaux des fenêtres de l´étage de comble ou encore les portes du corps principal cintrées, enfin la présence même d´un étage de comble et non d´un étage carré, confirmeraient cette hypothèse. La disposition irrégulière des ouvertures constitue cependant un archaïsme par rapport aux châteaux contemporains, tout comme le parti général qui rappelle les châteaux du 16e siècle. Des travaux de rénovation ont vraisemblablement eu lieu au 19e siècle : les lucarnes de l'étage de comble et les travées axiales du corps principal peuvent dater du 2e quart du 19e siècle, alors que les frontons qui couronnent les portes des ailes sont postérieures à la représentation d'Oswald Macqueron sur laquelle elles n'apparaissent pas. Les dépendances agricoles peuvent être datées du 18e siècle (corps central en brique et pierre à assises alternées), de la fin des années 1830 (corps ouest) et de la fin des années 1850 (corps est), s'il s'agit bien des constructions neuves déclarées en 1842 et 1862.

Malgré l´absence de plan, on peut déduire de la position des ouvertures et des souches de cheminée une distribution simple en profondeur à quatre pièces par niveau (corps central) et trois pièces par niveau (ailes), auxquelles s´ajoutent les pavillons.

L´emplacement du château diffère de celui de Bertangles, tout proche, qui est lui aussi à l´origine de la formation du village. Vraisemblablement reconstruit au sud de l´emplacement d´origine, comme le suggère la forme de la parcelle, il est ici orienté sur le village, comme c´était le cas du château de Cagny (détruit). Il dispose cependant, comme celui de Bertangles, d´un portail et d´une avenue ouverte depuis la route départementale. L´aménagement en demi-cercle, qui juxtapose l´entrée du château et l´entrée du village, est vraisemblablement réalisé au 19e siècle (il n´apparaît pas sur le cadastre napoléonien).

Au sud du château, la rue du Haras (doc. 9) semble ouverte pour offrir une perspective à l´édifice qui n´est séparé des maisons du village que par un simple mur bahut mais également pour établir une relation avec le haras, agrandi en 1882.

S´il ne subsiste aucune trace de la fabrique de sucre, vraisemblablement aménagée dans les dépendances agricoles du château au début du 19e siècle, les dépendances aujourd'hui très transformées, constituent sans doute les vestiges de la ferme-école, un des trois établissements ouverts en Picardie au milieu du 19e siècle, avec celle de Guizancourt (Aisne) créée en 1847 et également fermée en 1852, et celle de Hétomesnil (Oise), créée en 1863.

Documents figurés :

Le cadastre napoléonien (doc. 1) figure un édifice composé d´un corps de logis de plan en U, flanqué de quatre pavillons, une cour antérieure à hémicycle en anse de panier au sud, un jardin, au nord, bordé par un chemin, dit de Saint-Gratien, une basse-cour et des communs à l´ouest, ainsi qu´un petit corps de logis de plan rectangulaire. Une mare est représentée immédiatement au sud-ouest du château.

Les pavillons sud sont en saillie sur la voie publique (rue de l´Argilière).

Les communs sont composés de trois corps de bâtiment, dont deux disposés en retour d´équerre (l´un aligné sur rue) ; le troisième est situé au nord de la cour. Les cartes postales du début du 20e siècle conservées aux archives départementales montrent que l´édifice de plan en U, à 2 étages de comble sur rez-de-chaussée surélevé, est flanqué de quatre pavillons à étage carré et étage de comble. Construit en briques avec des chaînages en pierre calcaire, il est couvert d´ardoises. Le corps principal et les ailes sont couverts de toits à pans brisés, alors que les pavillons sont coiffés de toits à quatre pans avec balustrade de couronnement en fer forgé.

La cour d´honneur est fermée au sud par un mur bahut en hémicycle.

A l´ouest du château se situe une basse-cour, fermée au sud par des dépendances partiellement visibles (doc. 12).

Au sud du château, la rue du Haras (doc. 10) semble ouverte pour offrir une perspective à l´édifice qui n´est séparé des maisons du village que par un simple mur bahut (doc. 3 et 4).

L´église est reconstruite au sud, dans la proximité immédiate du château.

Le corps central est situé au nord de la cour. La façade nord, sur le parc (doc. 9), compte 9 travées ; à l´ouest de la travée centrale appuyée par un traitement en pierre calcaire et un fronton semi-circulaire, on peut voir quatre fenêtres groupées par deux, alors qu´à l´est trois d´entre elles sont groupées, laissant une travée latérale isolée. La division du corps en quatre pièces est également visible par l´emplacement des cheminées. La façade sud, sur cour (doc. 6), compte 7 travées ; à l´est de la travée centrale, qui fait l´objet du même traitement que la façade sur le parc, se trouvent trois fenêtres groupées, alors qu´à l´ouest, deux fenêtres sont groupées laissant une travée latérale isolée.

Les corps latéraux présentent une même disposition irrégulière des travées. Leur face externe présente 9 travées (doc. 8) ; la face interne (sur cour) compte 6 travées, deux groupées au nord de la porte secondaire, trois au sud, dont deux groupées et une isolée. Sources :

Les matrices cadastrales conservées aux archives départementales ne donnent pas d´indication sur la fonction de chaque bâtiment mais Alphonse Vaysse de Raineville déclare la construction d´un nouveau bâtiment de ferme, en 1842, et d´un châlet, en 1858 ; une nouvelle déclaration est faite par sa veuve, en 1862. Travaux historiques :

Selon le Dictionnaire historique et archéologique (1909), le château est reconstruit au milieu du 17e siècle, à l´emplacement d´un édifice plus l´ancien, brûlé par les Espagnols à cette époque. La base d´une ancienne tour, puits et souterrains conduisant à Cardonnette et vers Querrieu ont été mis à jour au début du 20e siècle. Construit en briques et en pierre calcaire, l´édifice à étage carré et étage de comble est couvert d´un toit à pans brisés. Son plan en U est formé d´un corps principal flanqué de deux pavillons carrés, comme les deux ailes en retour d´équerre. Pour Josiane Sartre (1973), qui reprend la datation proposée dans le Dictionnaire historique et archéologique, l´ancien château d´Allonville constitue un exemple de château "brique et pierre" du type de plan en U, suivant une variante flanquée de quatre pavillons. Sa monographie succincte est illustrée par une aquarelle d´Oswald Macqueron (doc. 2), qui en donne une représentation de la fin du 19e siècle. François Ansart (2000) attribue la construction du château à Jean de Longueval (1620-1692), commandant de la citadelle d´Amiens en 1682, qui fait l´acquisition des terres d´Allonville en 1662. Il y fait construire un château résidentiel à l´emplacement d´une ancienne forteresse.

Louis Charles Alphonse Vaysse de Longueval (1775-1857), devenu de Rainneville, membre du conseil municipal en 1807 et préfet du département de la Somme en 1817, se consacre au développement de l´agriculture (développement de la culture de la pomme de terre et de la betterave, amélioration des méthodes de culture) après une expérience malheureuse dans le domaine de l´industrie. En octobre 1812, il confie à un pharmacien amiénois la direction d´une fabrique de sucre installée dans les dépendances du château qui emploie 44 personnes ; elle cesse son activité peu après 1815.

En 1849 il fonde la ferme-école du Petit-Mettray, à laquelle il affecte un tiers de son domaine labourable, soit 130 hectares, en s'inspirant de la colonie agricole de jeunes détenus de Mettray (Indre-et-Loire). En 1851, l´école compte 14 élèves de 10 à 24 ans.

L´ouvrage sur les fermes écoles publié en 1872 indique que la ferme-école d´Allonville, fondée en 1849, ferme ses portes en 1852.

François Ansart indique encore que vers 1830, Alphonse Vaysse s´équipe de nouveaux matériels et fait construire de nouvelles dépendances agricoles (écuries, étables à vaches, bergerie, granges, etc.) ; il crée une bergerie de 500 bêtes et développe l´élevage de moutons mérinos dont la laine est destinée aux manufactures de laine peignée.

De nouvelles écuries sont construites, au haras, en1882. Enfin, le château est détruit en 1944.

  • Période(s)
    • Principale : 2e moitié 17e siècle
    • Principale : 19e siècle

Il ne subsiste actuellement que le mur bahut fermant la cour d´honneur du château et une partie des dépendances agricoles. Ces dépendances sont formées de trois corps de bâtiment construits en alignement sur la voie. A l´est, un bâtiment à étage carré, formant corps de passage, est construit en briques et couvert de tuiles mécaniques et d´ardoises (fig. 13 et 16). Des lucarnes ont été aménagées dans le toit et des escaliers extérieurs ont été rajoutés en façade sur cour. Au centre, un bâtiment à étage de comble (fig. 14 et 17) est construit en briques et pierre calcaire appareillées en assises alternées, avec corniche en calcaire ; il est couvert de tuiles mécaniques. Il présente actuellement des dispositions liées à sa transformation en logements. Là encore les souches de cheminée confirment la distribution à 2 pièces par niveau. A l´ouest, un bâtiment à étage de comble, formant corps de passage, est construit en briques et couvert d´ardoises (fig. 14). Des traces de remaniement des ouvertures sont visibles en façade sur rue (fig. 15). Un escalier extérieur a également été rajouté en façade sur cour (fig. 18).

  • Murs
    • brique
    • calcaire
    • appareil à assises alternées
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    rez-de-chaussée surélevé, 2 étages de comble, rez-de-chaussée surélevé, 1 étage carré, étage de comble
  • État de conservation
    vestiges
  • Statut de la propriété
    propriété privée

Documents d'archives

  • AD Somme. Série P ; 3 P 20/3. Matrices cadastrales 1841-1881.

Bibliographie

  • Les fermes - écoles ou écoles professionnelles de l'agriculture. Paris : imprimerie nationale, 1872.

    p. 5, 7
  • SOCIETE DES ANTIQUAIRES DE PICARDIE. Dictionnaire historique et archéologique de la Picardie. Tome I : Arrondissement d'Amiens, cantons d'Amiens, Boves et Conty. Amiens : Société des antiquaires de Picardie, 1919. Réed. Bruxelles : Editions culture et civilisation, 1979.

    p. 125
  • ANSART, François. Seigneurs d'Allonville et Rainneville. Amiens : François Ansart édit., 2000.

    p. 9-11, 23-24, 28-32, 50
  • SARTRE, Josiane. Châteaux "brique et pierre" en Picardie. Paris : Nouvelles Editions Latines, 1973.

    p. 23, 25, 48, 115

Documents figurés

  • Allonville. Plan cadastral. Développement du bourg, [1810] (DGI).

  • Le château d'Allonville, aquarelle, par Oswald Macqueron, 3e quart 19e siècle ?, extrait de SARTRE, Josiane. Châteaux "brique et pierre" en Picardie. Nouvelles éditions latines, 1973.

    ill. 65
  • Le château d´Allonville (Somme) [vue depuis l´ouest], carte postale, phot. Georges Dalton, 1908 (AD Somme ; collection particulière).

  • Allonville (Somme). Rue du Haras, carte postale, phot. R. Lelong à Saint-Fuscien, édit. Delucheux-Fossé, 1er quart 20e siècle (AD Somme ; collection particulière).

  • Château d´Allonville (Somme). Vue sur le parc, carte postale, édit. Veuve Delacheux, 1er quart 20e siècle (AD Somme ; collection particulière).

  • Allonville (Somme). Le château [vue depuis le nord-ouest], carte postale, phot. L. Hacquart, édit. Lemaire-Delucheur, (AD Somme ; collection particulière).

  • Allonville. Le château [vue de situation depuis le sud], carte postale, 1er quart 20e siècle (AD Somme ; collection particulière).

  • Allonville (Somme). Le château [vue de situation depuis le sud-ouest], carte postale, phot. R. Lelong à Saint-Fuscien, édit. Delucheux-Fossé, 1er quart 20e siècle (AD Somme ; collection particulière).

  • Château d´Allonville (Somme) [vue de situation depuis le sud-ouest], carte postale, L. Caron phot. et édit., 1er quart 20e siècle (AD Somme ; collection particulière).

  • Allonville (Somme). Rue des Auges, carte postale, édit. Veuve Delacheux, 1er quart 20e siècle (AD Somme ; collection particulière).

  • Château d´Allonville (Somme). Cour d´honneur, carte postale, édit. Veuve Delacheux, 1911 (AD Somme ; collection particulière).

  • Allonville (Somme). Pavillon de chasse, carte postale, édit. Veuve Delacheux, 1er quart 20e siècle (AD Somme ; collection particulière).

Date(s) d'enquête : 2002; Date(s) de rédaction : 2002
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Barbedor Isabelle
Barbedor Isabelle

Chercheur du service de l'Inventaire général du patrimoine culturel de Picardie, puis des Hauts-de-France, depuis 2002.

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