Dossier d’œuvre architecture IA80007373 | Réalisé par
  • inventaire préliminaire, arrière-pays maritime picard
  • patrimoine de la villégiature
Ancien pavillon de chasse dit Pavillon Pérache
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
  • (c) SMACOPI

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté d'agglomération de la Baie de Somme - Saint-Valery-sur-Somme
  • Commune Estrébœuf
  • Lieu-dit Neuville
  • Adresse 311 rue d' Estraine
  • Cadastre 1832 C 65  ; 1983 C2 105
  • Précisions oeuvre située en partie sur la commune Boismont
  • Dénominations
    rendez-vous de chasse
  • Appellations
    Pavillon Pérache
  • Parties constituantes non étudiées
    cour, conciergerie, colombier, abreuvoir, étable à chevaux, logement d'ouvriers, four à pain

Une grande ferme de plan rectangulaire figure sur le cadastre napoléonien, dans l'ancienne rue de l'Eglise. Le logis occupe le fond de la cour. Il se poursuit à l'est par une annexe relativement longue. Le côté ouest de la propriété est occupé par un bâtiment agricole. La partie nord dispose de deux petits éléments peu larges, dont l´un se poursuit en équerre au sud, encore en place aujourd'hui. Il s'agissait d'une ferme de 140 hectares dont cent étaient loués. L´exploitation appartenait à la famille Pérache puis Tillette de Buigny.

D'après les recherches en archives, le propriétaire des lieux pratiquait l'élevage des moutons. En effet, dans un document intitulé "Statistiques sur les ressources du département" (A.D. 80 : 6 M 2058), on peut lire : "Les moutons produisent une laine fort grossière propre qu´aux étoffes communes d´Amiens, telles que les serges. On a beau chercher à améliorer : des cultivateurs ont introduit dans leurs troupeaux des béliers étrangers. Des troupeaux dans l´arrondissement d´Abbeville ont introduit des béliers espagnols achetés à Rambouillet : Tillette Mautore de Cambron et Perrache de Neuville. Ce dernier est arrivé au troisième degré du croisement et a vendu sa laine à 2.7 francs la livre alors que les autres la vendent à seulement 1.80 francs ! Une nourriture saine et abondante, des étables bien aérées sont le succès de cela". Le document indique plus bas que les mérinos ont été mis à disposition des propriétaires (surtout Pérache à Neuville) par Madame l´Impératrice, afin d'améliorer la race.

Après la destruction de ce qui était la ferme d'origine, le pavillon de chasse (encore sous nos yeux aujourd'hui) a été construit. D'après le propriétaire, le colonel Pérache possédait des huttes entre Saint-Valery et Noyelles. L'édifice ici étudié était donc une maison secondaire, puisque le propriétaire résidait à l'année à Abbeville. Décédé le 5 novembre 1860, Jean François Gustave Pérache donna le domaine en usufruit à son ami Lherminier, qui lui-même (mort le 8 avril 1872) fit un testament en faveur d'Alfred de Buigny. Sa fille devint ensuite la vicomtesse d'Aplaincourt. En 1920, la propriété fut donnée au mariage des parents du propriétaire, M. de Thézy. Tous étaient rentiers.

Macqueron présente, dans son fonds conservé à la Bibliothèque Municipale d'Abbeville, plusieurs aquarelles du Pavillon Pérache. Située à un kilomètre de la maison (sur le territoire de Boismont dans le hameau de Pinchefalise), l'entrée du pavillon, à l'origine symétrique, a subi quelques modifications d'après les documents figurés (18 octobre 1887) : en effet, après la Seconde Guerre mondiale, la partie droite de la maison du gardien a été entièrement détruite puis reconstruit. On y a ajouté la partie occidentale sur rue de l'actuel logis et le comble de la partie orientale n'a pas été restitué. La maison d'habitation, de style baroque, a conservé les mêmes dispositions et les mêmes proportions qu'à l'origine ; mais l'ensemble du décor a aujourd'hui disparu, dilapidé par les Allemands qui ont occupé et bombardé la propriété lors de la Seconde Guerre mondiale (d'après le propriétaire). Les parties latérales étaient agrémentées d'un balcon soutenu par des colonnes torses à chapiteau dorique (rappelant celles du pavillon d'entrée), sur les deux murs gouttereaux de la maison. La corniche était composée d'une frise à décor triangulaire. Les lucarnes des parties saillantes étaient munies de lambrequins. Les extrémités du toit avaient reçu épis de faîtage et grille au sommet. La toiture a été entièrement refaite après les hostilités. Le décor n'a pu être rétabli. D'après le propriétaire, le logis était composé de briques recouvertes de torchis. La maçonnerie intérieure était entièrement masquée par des panneaux de bois. Le parquet du salon fut totalement démonté.

La reproduction du pavillon contenant le billard annexé à la maison d'habitation est également fournie par Macqueron (18 avril 1887). Il s'agissait d'une petite construction de style historiciste, au décor très présent, mélangeant le gothique tardif, le style Renaissance ainsi que des éléments de l'architecture rustique (faux pans de bois). Il semble que des éléments de remploi y avaient été intégrés (statues de saints en façade, corniche moulurée, baies à arc brisé, chapiteaux pourvus de têtes de grotesque, panneaux décoratifs de la porte d'entrée ...). Cette pièce a aujourd'hui disparu suite aux destructions de la Seconde Guerre mondiale ; en effet, la maison semble avoir reçu trois obus fusants. Sous cette construction, il existait une cave en craie, aujourd'hui condamnée.

A l'est, le mur en silex et brique entourant le jardin a été conservé. Une porte, pratiquée dans la clôture, permettait d'atteindre directement la chapelle (aujourd'hui en face de la propriété). À cet endroit, une partie du mur en silex a été refait en brique uniquement. D'après le propriétaire, l'église était à cet emplacement, probablement entourée d'habitations ; il a d'ailleurs retrouvé quelques vestiges en grès, semblant provenir des fondations de l'édifice religieux.

D'après le recensement des parcs et jardins réalisé par le Ministère de la Culture (base de données Mérimée), le jardin d'agrément du château, composé d'un potager, d'une serre et d'un pavillon de jardin, fut constitué par un maître d'oeuvre inconnu.

La guerre a également fait disparaître la collection d'objets en bois et en pierre, ainsi qu'une collection d'oiseaux rassemblés par Pérache. Certains objets, sauvés des destructions, sont conservés à la chapelle de Thézy-Glimont.

La restauration du château a été effectuée par l'architecte amiénois Douillet, qui a élargi la construction (refaite en parpaing avec matelas d'air et tirants de fer). Le revêtement en ciment de pierre a été apposé en 1960. La maison du gardien, qui semble dater de la fin du 19e siècle, possédait, d'après le propriétaire, une horloge dans le pignon à oculus, un four à pain ainsi qu'un clocheton. Le colombier semble relativement récent (probablement fin 20e siècle). Le mur de clôture longeant la rue d'Estraine a été refait en 1998.

  • Période(s)
    • Principale : 4e quart 19e siècle
    • Principale : milieu 20e siècle

Ce rendez-vous de chasse communique avec le bois des Bruyères. Le corps de passage de Pinchefalise, de style rustique, indique le nom de la propriété, flanqué des initiales des deux amis P pour Pérache et L pour Lerminier. L'actuel logis est construit le long de la rue principale, à l'entrée du hameau. Composé d'une maçonnerie en brique, il comprend au départ une seule pièce. Des faux pans de bois ont été appliqués en façade. Le comble à surcroît est ajouré sur rue. Le toit à longs pans brisés est en tuiles plates. L'intérieur de la maison du gardien possède une grande cheminée picarde en brique. Une remise fait pendant au logis, de l'autre côté du corps de passage.

La propriété de Neuville est entourée, dans la rue d'Estraine, d'un mur de clôture en silex et chaînes de brique et dans la rue de l'Eglise, d'un muret bas en brique et silex augmenté d'une grille. Le mur situé au bout de cette rue est entièrement en blocage de silex et galets. Les chaînes d'angle sont en pierre de taille. La corniche de ce dernier est en briques disposées en épis. Le faîtage à pan unique est en tuiles flamandes.

Le château occupe le fond de la cour. L'ensemble de la maçonnerie est recouvert d'un enduit, ce qui empêche de déterminer le matériau de construction. De plan rectangulaire, il est long de neuf travées (cinq pour le corps central et deux pour chaque partie latérale en saillie). La travée centrale est mise en avant par la présence d'un balcon au-dessus de la porte d'entrée. Le rez-de-chaussée est surmonté d'un étage et d'un comble à surcroît pour les deux ailes latérales, éclairé d'une lucarne. Le toit à longs pans pour le corps central et en pavillon pour les parties secondaires est en ardoise. Le balcon est orné des initiales de la famille de Witasse.

L'intérieur a conservé ses proportions et la distribution d'origine des pièces. Disposés les uns après les autres, en enfilade, les différents espaces de vie communiquent ensemble par une porte pratiquée contre le mur gouttereau occidental. L'entrée centrale est occupée par un escalier double avec balustrade en fer forgé.

Le colombier octogonal, situé dans le parc, est composé de pans de bois hourdés à la brique. Les dépendances occupent le coin de la rue de l'Eglise et de la rue de l'Estraine ; il s'agissait du logement du personnel ainsi que des écuries. La maçonnerie se confond avec celle du mur de clôture (silex et bandes de briques). Longue de trois travées, elles disposent d'un rez-de-chaussée et d'un comble à surcroît ajouré de trois lucarnes sur rue. Le pignon a été refait récemment en pans de bois et briques. Le mur gouttereau sur cour ainsi que l'intérieur ont été entièrement refaits.

La maison du gardien, dans le fond de la rue de l'Eglise, longe la voie publique. Il s'agit d'une construction en brique de cinq travées de long, pourvue d'un rez-de-chaussée et d'un comble à surcroît. Le pignon oriental dispose d'un essentage d'ardoises. Les ouvertures sont distribuées de manière relativement régulière. Le toit à longs pans brisés est percé de quatre baies. Des dépendances lui sont accolées. Entièrement refaites, elles ont conservé leur ossature en orme.

  • Murs
    • torchis
    • silex
    • brique
    • essentage d'ardoise
    • faux pan de bois
    • pan de bois
    • pierre de taille
  • Toits
    tuile plate, tuile, ardoise
  • Étages
    en rez-de-chaussée, 1 étage carré, comble à surcroît
  • Couvertures
    • toit à longs pans
    • toit à longs pans brisés
    • toit en pavillon
    • pignon couvert
  • État de conservation
    remanié
  • Statut de la propriété
    propriété privée

La présence de la salle du débotté au sud avec cheminée ostensible et sas, la distribution spécifique pour les chasseurs (se changer avec la chasse, nettoyer les armes), les invités et les domestiques, la présence de nombreuses chambres, de la grille et de la maison de garde témoignent de la fonction de pavillon de chasse de cet édifice, témoin de l'importance de ce loisir dans l'arrière-pays maritime et de la proportion que cette activité occupait au sein de la vie sociale de ces propriétaires. En effet, l'ostension était de mise (décor intérieur, salle de billard, entrée opulente...). Le portail est similaire à celui de la chapelle.

Documents d'archives

  • AD Somme. Série M ; 6 M 2058. Statistiques sur les ressources du département, 18e siècle].

Documents figurés

  • Estréboeuf. Plan cadastral, 1832 (AD Somme : 3 P 1345).

Date(s) d'enquête : 2004; Date(s) de rédaction : 2004
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
(c) SMACOPI