Dossier d’œuvre architecture IA80010123 | Réalisé par
Fournier Bertrand
Fournier Bertrand

Chercheur de l'Inventaire du patrimoine - Région Hauts-de-France

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
  • opération ponctuelle, Beauval
Ancienne église paroissiale Saint-Nicolas (détruite) et cimetière
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Grand Amiénois - Doullens
  • Commune Beauval
  • Lieu-dit
  • Adresse route Nationale
  • Cadastre 1989 ZK 92
  • Dénominations
    église paroissiale
  • Vocables
    Saint-Nicolas

L'église de Beauval était située sur les hauteurs du bourg de Beauval, à proximité du château également détruit. L'église paroissiale Saint-Nicolas de Beauval était placée sous la présentation du chapitre Saint-Nicolas d'Amiens et sous la double dépendance de ce même chapitre et de l'abbaye de Corbie, désignés gros décimateurs.

Selon Dusevel, la nef présentait un certain nombre de caractères architectoniques de l'époque romane et remontait donc au milieu du 11e siècle. Cette datation a cependant été remise en cause par Georges Durand, (P. 5), qui a analysé plus finement les différents éléments de décor et de modénature. Par comparaison avec les premières travées de la cathédrale d'Amiens élevées à partir de 1220, Georges Durant arrivait à la conclusion que la nef de l'église de Beauval devait avoir été construite dans le dernier quart du 12e siècle. La construction du chœur, plus tardive, remontait au premier quart du 13e siècle. Le clocher aurait, quant à lui, été construit au 16e siècle, et repris dans sa partie supérieure et sa flèche en 1662 grâce au financement de Philippe Seré, seigneur du lieu. C'est en tout cas ce qu'attestait une inscription gravée sur l'un des tympans des baies du beffroi : Les réparations de ceste / tour avec lesguille et / la gallerie ont esté / faites de deniers de / Philippe Seré Sr de la / forest escuier de monse/fouquet surintendant / des finances et ministre d'estat en l'année 1662.

Il semble que dans les décennies qui ont suivi, des défauts de construction de l'arc diaphragme séparant la nef du chœur aient entrainé des problèmes de stabilité que relatent diverses sources de la seconde moitié de 17e siècle. Elles évoquent à plusieurs reprises la mention de travaux urgents. En 1664, un procès verbal d'experts dépêchés par les moines de l'abbaye de Corbie signale que "les deux principaux piliers ou arcs boutant du chœur de l'église sont tombés à cinq pieds du rez-de-chaussée, ce qui est près d'entrainer la ruine totale du chœur". En 1693, d'importants travaux de consolidation sont entrepris "aux murs et voûtes du chœur" (BM Amiens, Ms 513, f° 61). D'autres désordres de maçonnerie se manifestent également au clocher, dont le contrebutement est renforcé par l'obturation de l'arcade de la première travée de la nef. La date de 1755 qui était portée au sommet du pignon de la nef (?) atteste de nouveaux travaux de reprises opérés à cette époque, et visibles sur les photographies de la fin du 19e siècle. Toutes ces reprises effectuées en brique ou en sliex ont altéré le caractère homogène de l'édifice.

Au début du 19e siècle, l'état de l'église ne fait qu'empirer et les travaux nécessaires ne peuvent pas être engagés : la fabrique et la commune ne disposent pas des ressources suffisantes pour faire face à cette dépense estimée à 12000 francs. Le détail des travaux mentionne la restauration des remplages et des verrières, la réfection complète de la toiture en ardoise du chœur et de la nef, ainsi que des reprises de maçonnerie du mur du chœur. D'autres travaux urgents sont signalés en 1840 au cloche qui se fissure. Seule une partie ne peut être réparée. En 1860, l'église dont l'accès est considéré comme dangereux nécessite toujours d'importants d'importants. Elle est portée sur la liste des Monuments historiques de 1862, mais en parallèle la commune évoque clairement sa démolition. En 1869, malgré quelques travaux complémentaires de consolidation du clocher rendus possibles l'année précédente, par une subvention de 700 francs du Conseil général de la Somme, l'architecte Antoine propose d'interdire l'accès du chœur dont l'état est jugé incompatible avec l'exercice du culte. Le maire de Beauval, l'évêque et le préfet s'accordent sur l'impossibilité de restaurer cette partie de l'édifice et envisagent sérieusement la construction d'un nouvel édifice, dont la taille pourrait ainsi être mieux adaptée à l'actuelle population du bourg. Il semble que l'abbé Morelle, ancien curé de Beauval, ait été particulièrement influent dans la décision prise par l'évêque d'Amiens. En contrepartie, le curé se montre également actif auprès de la famille Saint, qui finalement va financer intégralement la construction d'une nouvelle église, dont le chantier est lancé en 1883. L'ancienne église est finalement démolie en 1896, huit ans après l'inauguration de la nouvelle église.

L'ancien cimetière qui entourait l'église est prolongé en 1861 puis à nouveau en 1886 d'une superficie de quatorze ares. Seuls 22 corps sont inhumés dans cette partie, avant que la décision ne soit prise de créer un nouveau cimetière, plus proche de la nouvelle église ne soit prise. Le dernier corps est inhumé dans cette partie en mai 1887. Suivant l'arrêté préfectoral en date du 18 octobre 1890, le cimetière est supprimé. Avec l'accord des familles, les corps sont alors exhumés et déplacés dans le nouveau cimetière. Ils sont rassemblés au sein d'un ossuaire marqué par une croix spécifique, à la base de laquelle est également transférée une petite plaque de marbre datée de 1662, qui se trouvait sur le mur extérieur du chœur de l'église. A partir de 1891, après plusieurs sondages financés par la commune elle-même, une partie de l'ancien cimetière qui n'avait été utilisée est exploitée pour ses terres phosphatées et marque une première étape qui, une fois les sépultures transférées dans le nouveau cimetière, abouti en 1900 à l'exploitation complète du terrain. Grâce aux revenus générés par l'exploitation des phosphates de l'ancien cimetière, la commune peut envisager la construction de la mairie.

En 1930, la municipalité décide d'utiliser ce terrain pour le transformer en stade municipal. Le projet est confié à l'architecte amiénois Pierre Herdebaut. Validé en préfecture le 29 juin 1932, l'aménagement du terrain de sport de Beauval est réalisé par l'entrepreneur Gaston Candas. Les travaux sont achevés en 1934.

L'ancienne église est connue par des photographies et des descriptions antérieures à 1900. L'église orientée présentait un plan en croix latine, composée d'une nef de trois travées, flanquée de bas-côtés, d'un transept peu saillant, et d'un chœur à deux travées droites et chevet plat. Le clocher occupait la première travée du bas-côté sud.L'élévation de la nef se composait grandes arcades en plein cintre retombant sur des piliers cruciformes cantonnés de colonnettes monocylindriques. Au dessus, les fenêtres hautes, étroites et ébrasées, en plein cintre et sur un glacis à degrés, avaient été obturées lorsque la nef et ses bas-cotés avaient été couverts d'une toiture unique rassemblant les trois vaisseaux.La nef était couverte d'une charpente en bois en carène de bateau renversé, tandis que le chœur était voûté d'ogives en pierre. Les ogives nervurées retombaient sur des chapiteaux à crochets. Le clocher présentait un plan carré et une élévation à quatre niveaux, surmonté d'une flèche octogonale en pierre, ajourée et montée sur trompes

  • Période(s)
    • Principale : 4e quart 12e siècle, 1ère moitié 13e siècle
    • Secondaire : 3e quart 18e siècle, 2e quart 20e siècle
  • Dates
    • 1662, porte la date
    • 1755, porte la date
    • 1934, daté par source
  • Auteur(s)

  • Typologies
    clocher à flèche de pierre ; clocher latéral bas nef
  • État de conservation
    détruit
  • Mesures
    • l : 30 m (dans oeuvre)
    • la : 15,17 m (dans oeuvre)
    • h : 25 m
  • Précision dimensions

    La longueur de l'édifice était de 30 m dans œuvre, et la largeur totale de 15,17 m. La hauteur de la nef était de 12,75 m pour la nef et de 8,15 dans le chœur voûté. La flèche du clocher culminait à 25 m.

  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
  • Protections
    classé MH, 1840
  • Précisions sur la protection

    Classé MH sur la liste de 1840.

La tour-clocher à flèche de pierre, caractéristqiue de l'architecture religieuse picarde du 16e siècle, semblait comparable à celle des églises de Bouchon et de Franqueville.

Documents d'archives

  • AD Somme. Série O ; 99 O 584. Beauval. Administration communale. Biens et travaux communaux, avant 1869.

  • AD Somme. Série O ; 99 O 586. Beauval, administration communale, aliénations et acquisitions, 1870-1939.

  • AMH (Médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine). Dossier 81/080, carton 42. Eglise de Beauval. Travaux et financement, projet de démolition et sécurité (1845-1869).

Bibliographie

  • DUSEVEL, Hyacinthe. Bulletin de la Société des Antiquaires de Picardie, 1861. t. VII.

    p. 60.
  • DUSEVEL, Hyacinthe. Lettre à M. le comte de B. sur les antiquités de l'arrondissement de Doullens. In. La Picardie, t. XIII, 1867

    p. 99-100.
  • DUSEVEL. Hyacinthe. L'église de Beauval. La Picardie, t. XV, 1869.

    p. 1-11.
  • LEFEVRE. Histoire des communes rurales du canton de Doullens, Mémoire de la Société des Antiquaires de Picardie. t. IX, 1887.

    p. 123.
  • DURAND, Georges. L'église de Beauval. Amiens : Société des Antiquaires de Picardie, 1890.

Date(s) d'enquête : 2012; Date(s) de rédaction : 2013
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Fournier Bertrand
Fournier Bertrand

Chercheur de l'Inventaire du patrimoine - Région Hauts-de-France

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.