Dossier d’œuvre architecture IA00067122 | Réalisé par
Riboulleau Christiane
Riboulleau Christiane

Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France jusqu'en 2022.

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Plouvier Martine
Plouvier Martine

Historienne, Martine Plouvier a été conservateur régional de l'Inventaire général de Picardie, conservateur en chef aux Archives nationales et directrice du Centre d'études et de recherches prémontrées.

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  • inventaire topographique, canton de Villers-Cotterêts
Ancienne église prieurale de Joannistes, puis église paroissiale Saint-Martin de Soucy
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Ministère de la culture - Inventaire général
  • (c) Département de l'Aisne
  • (c) AGIR-Pic

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Soissonnais - Villers-Cotterêts
  • Commune Soucy
  • Adresse rue de l' Église
  • Cadastre 1835 B 472, 473  ; 1984 AB 99, 100
  • Dénominations
    église, église paroissiale
  • Genre
    de chanoines réguliers de saint Augustin
  • Précision dénomination
    église prieurale
  • Vocables
    Saint-Martin
  • Parties constituantes non étudiées
    cimetière

D'après Charles-Antoine de Louen, la paroisse de Soucy est donnée à l'abbaye Saint-Jean-des-Vignes de Soissons vers 1100 par l'évêque de Soissons Hugues de Pierrefonds (1093-1103). Un prieuré-cure y est sans doute rapidement implanté. L'abbé Houllier précise en effet qu'au 12e siècle, cette cure est desservie par trois chanoines de Saint-Jean - observant la règle de Saint-Augustin - qui y célèbrent les mêmes offices qu'à l'abbaye chef d'ordre. Si ce nombre de chanoines n'est plus attesté dans les derniers siècles de l'Ancien Régime, la cure reste néanmoins régulière jusqu'à la Révolution, étant toujours desservie par un chanoine joanniste qui, au 18e siècle, fait suivre sa signature de "prieur-curé de Soucy et de Puiseux". Ce religieux loge dans le presbytère voisin de l'église. Il est décimateur en partie et seigneur en partie de ce village, ayant toute justice sur le presbytère et ses dépendances et sur une grande place où se trouvait auparavant la grange dîmeresse, dans le voisinage de la ferme de Saint-Médard.

Aucune pièce d'archives n'est connue sur la construction de l'église Saint-Martin. L'analyse de la maçonnerie et de son décor permet d'en placer la construction à la limite des 12e et 13e siècles, le style des chapiteaux de la nef et du portail s'accordant avec la production artistique du tout début du 13e siècle. La construction a probablement débuté par le chœur, en intégrant peut-être une partie des fondations, voire des maçonneries du précédent lieu de culte. Ceci pourrait expliquer la rupture qui existe entre l'axe de la nef et celui du chœur, ainsi que la présence de trois fenêtres à arc en plein cintre dans le mur oriental du sanctuaire, fenêtres plus "romanes" que "gothiques". Le clocher, quant à lui, semble de peu postérieur à la nef, ce que suggèrent la composition de la grande fenêtre à meneau, le profil des contreforts ou encore le décor de la corniche. À l'origine, la nef était éclairée par des fenêtres percées dans ses murs nord et sud, au-dessus de chaque arcade. Chaque bas-côté, moins haut qu'aujourd'hui, disposait donc sans doute d'un couvrement de charpente sous une toiture individuelle en appentis.

Ces bas-côtés profitent de travaux dans la première moitié du 16e siècle et sont alors dotés de voûtes en maçonnerie et de fenêtres au goût du jour. Aucune autre intervention n'est connue pendant l'Ancien Régime.

L'édifice souffre vraisemblablement d'un défaut d'entretien pendant l'époque révolutionnaire car, en dressant l'état de sa paroisse en 1805, le desservant signale qu'il vient d'être fait à la charpente et à la couverture des réparations très urgentes. Néanmoins, son ancienneté - jointe sans doute à son implantation sur un terrain en pente - a fragilisé le bâtiment dont la maçonnerie se fissure, plusieurs piliers tombent en ruine et la tour du clocher menace de s'écrouler. L'architecte d'arrondissement Émile-Antoine Gencourt (1795-1854) dirige la consolidation du monument de 1848 à 1852. À cette date, il reste encore à enduire les murs, faire le plafond de la nef, réparer les planchers, les bancs et les boiseries pour pouvoir rendre au culte une église fermée depuis plusieurs années. Un important effort financier supporté par la commune permet d'achever ce programme vers 1855-1856. Si l'église retrouve donc sa solidité au milieu du 19e siècle, elle perd en revanche la partie la plus occidentale de son cimetière quelques années plus tard, à la suite du percement de l'actuelle rue de l’Église (d'après les délibérations du Conseil municipal).

L'histoire du monument au cours du 20e siècle paraît encore concerner des réparations, inévitables après la Première Guerre mondiale. Une restauration de la toiture, du plafond de la nef et des contreforts du clocher a pu être réalisée vers 1985, grâce à l'aide de la Sauvegarde de l'Art français. Plusieurs inondations et coulées de boue successives (1994, 1999 et 2001) sont à l'origine d'une nouvelle remise en état qui a permis la réouverture de l'église à la fin de l'année 2001.

L'église Saint-Martin de Soucy, comme la plus grande partie du village, est bâtie sur un terrain pentu. Le sol de la nef, inférieur au niveau de la voie de circulation, est donc accessible depuis la rue par l'intermédiaire d'un escalier descendant de plusieurs marches. L'église a été construite suivant un plan allongé. Elle est composée d'un chœur à chevet plat, de deux travées - accompagné au sud d'une chapelle latérale - et d'une nef de trois travées. Cette nef, légèrement désaxée par rapport au chœur, est flanquée de deux collatéraux. Des cloisons isolent la première travée occidentale des collatéraux du reste de ces deux vaisseaux, délimitant au nord-ouest une place réservée aux fonts baptismaux, et au sud-ouest l'espace où voisinent la sacristie et l'escalier tournant en maçonnerie qui donne accès aux parties hautes du monument. Le clocher surmonte la chapelle sud du chœur.

L'église est bâtie en pierre de taille calcaire, de moyen appareil, et protégée par la tuile plate. La nef est recouverte d'un toit à longs pans et pignons découvert, et le chœur, d'un appentis massé à pignon découvert. Le clocher est surmonté d'un toit en bâtière.

Le chœur, sa chapelle sud et le collatéral nord de la nef sont voûtés d'ogives. Le collatéral sud de la nef possède une voûte en berceau en anse de panier. L'enlèvement du plafond qui recouvrait jadis la nef laisse voir maintenant les poutres qui portent le plancher du comble.

Jusqu'à la création d'un nouveau cimetière en 1898, le cimetière communal était contigu à l'église. Il est actuellement désaffecté, mais une partie de son terrain s'allonge encore à l'est de l'édifice.

  • Murs
    • calcaire moyen appareil
  • Toits
    tuile plate
  • Plans
    plan allongé
  • Étages
    3 vaisseaux
  • Couvrements
    • voûte en berceau en anse-de-panier
    • voûte d'ogives
  • Couvertures
    • toit à longs pans pignon découvert
    • appentis massé
    • toit en bâtière
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier tournant en maçonnerie
  • Techniques
    • peinture
    • sculpture
    • vitrail
  • Précision représentations

    Les travaux de restauration effectués vers 2001 ont permis de découvrir des traces de peinture murale sur le mur oriental du collatéral nord de la nef. Les restes d'une litre funéraire peinte se remarquent également sur la façade de l'église et sur l'élévation extérieure sud de la nef. Un vitrail représentant la croix du Saint-Esprit occupe la rose de la baie 4 (chapelle sud du chœur).

    Le décor principal a été confié à la sculpture et, à l'exception des deux croix-acrotères qui surplombent la façade ouest et le gable du portail, ou encore de petites têtes humaines (décor extérieur de la fenêtre orientale de la chapelle sud), il consiste surtout en feuillages. Ces feuillages variés recouvrent principalement les chapiteaux de l'église et se développent aussi sur la corniche qui sépare à l'extérieur la chapelle sud du clocher qui la domine.

  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Protections
    inscrit MH, 1927/06/03
  • Référence MH

Documents d'archives

  • AD Aisne. Série E-dépôt (Archives communales déposées) ; sous-série E-dépôt 0346 (Soucy) : D 2 (Registre des délibérations du Conseil municipal : 7 octobre 1839-15 mai 1859).

    Séances des 8 janvier 1847 (f° 56 v°), 6 mai 1847 (f° 61 v°-62 v°), 18 juillet 1847 -f° 63 v°-64 v°), 3 mai 1848 (f° 65 r°-v°), 3 décembre 1848 (f° 73 r°-v°), 10 mai 1850 (f° 83 v°-84 r°), 10 février 1851 (f° 86 r°-v°), 15 août 1853 (f° 104 v°-107 r°), 10 novembre 1853 (f° 107 v°-111 r°), 4 avril 1854 (f° 112 v°-113 r°), 9 mai 1854 (f° 113 v°-114 v°), 29 juin 1854 (f° 116 r°-117 r°), 18 novembre 1854 (f° 117 v°-118 r°), 4 janvier 1855 (f° 120 v°-121 r°), 14 mai 1857 (f° 136 v°-137 r°).
  • A Évêché Soissons. Série F (discipline diocésaine) ; sous-série 3 F : Questionnaire préparatoire à la visite des paroisses (1805). État de la paroisse de Soucy.

Bibliographie

  • BECQUET, Dom Jean. Abbayes et prieurés de l'ancienne France, tome XVII. Province ecclésiastique de Reims. Diocèse actuel de Soissons. Ligugé : abbaye Saint-Martin, 1985.

    p. 185.
  • HOULLIER, Abbé Pierre. État ecclésiastique et civil du diocèse de Soissons. Compiègne : Bertrand, Imprimeur du Roi ; Paris : Mérigot jeune, Libraire, 1783.

    p. 387-388.
  • LECLERCQ DE LAPRAIRIE, Jules-Henri. Répertoire archéologique de l'arrondissement de Soissons. Canton de Villers-Cotterêts. Bulletin de la société archéologique, historique et scientifique de Soissons, 1862, t. 16, 9e séance, lundi 6 Octobre 1862, p. 178-203.

    p. 195-196.
  • LOUEN, Charles-Antoine de. Histoire de l'abbaye royale de Saint-Jean-des-Vignes de Soissons. Paris : chez Jean de Nully, 1710.

    p. 25.
  • MOREAU-NÉLATON, Étienne. Les Églises de chez nous. Arrondissement de Soissons. 3 volumes. Paris : H. Laurens, 1914.

    t. 3, p. 261.
  • Soucy. La Sauvegarde de l'Art français, cahier 5, 1991, p. 350-351.

Documents figurés

  • Soucy, plan cadastral [cadastre napoléonien], section Bu, encre et lavis sur papier, 1835 (copie), 1/2500e (AD Aisne : 3P0915_03).

  • Eglise de Soucy, dessin au crayon et à l'encre, par Amédée Piette, dessinateur, 28 août 1871-1881 (AD Aisne : 8 Fi Soucy 1).

  • SOUCY. Plan, impr. photoméc., par Étienne Moreau-Nélaton, dessinateur, [vers 1914]. In : MOREAU-NÉLATON, Étienne. Les Églises de chez nous. Arrondissement de Soissons. Paris : H. Laurens, 1914, t. 3.

  • SOUCY. Clocher. Face Sud, impr. photoméc., par Étienne Moreau-Nélaton, photographe, 2 septembre 1910. In : MOREAU-NÉLATON, Étienne. Les Églises de chez nous. Arrondissement de Soissons. Paris : H. Laurens, 1914, t. 3, fig. 835.

  • SOUCY. Portail, impr. photoméc., par Étienne Moreau-Nélaton, photographe, 2 septembre 1910. In : MOREAU-NÉLATON, Étienne. Les Églises de chez nous. Arrondissement de Soissons. Paris : H. Laurens, 1914, t. 3, fig. 836.

  • SOUCY. Collatéral Sud, impr. photoméc., par Étienne Moreau-Nélaton, photographe, 1913. In : MOREAU-NÉLATON, Étienne. Les Églises de chez nous. Arrondissement de Soissons. Paris : H. Laurens, 1914, t. 3, fig. 837.

  • SOUCY. Chapiteau, impr. photoméc., par Étienne Moreau-Nélaton, photographe, 1913. In : MOREAU-NÉLATON, Étienne. Les Églises de chez nous. Arrondissement de Soissons. Paris : H. Laurens, 1914, t. 3, fig. 838.

Date(s) d'enquête : 1985; Date(s) de rédaction : 1989, 2016
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
(c) Département de l'Aisne
(c) AGIR-Pic
Riboulleau Christiane
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Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France jusqu'en 2022.

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Historienne, Martine Plouvier a été conservateur régional de l'Inventaire général de Picardie, conservateur en chef aux Archives nationales et directrice du Centre d'études et de recherches prémontrées.

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