Dossier d’œuvre architecture IA60005316 | Réalisé par
  • inventaire topographique, Communauté de communes Oise Picarde
Ancienne ferme de l'abbaye Saint-Lucien de Beauvais, puis ferme dite de Thieux, aujourd'hui ferme du Tilloy
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté de communes de l'Oise Picarde - Saint-Just-en-Chaussée
  • Commune Thieux
  • Lieu-dit
  • Adresse 40 rue des Hayes
  • Cadastre 1937 E 58, 59, 60 Exploitation agricole. ; 1937 A 24, 25, 26 Demeure du propriétaire.  ; 2016 A 100 Demeure du propriétaire.  ; 2020 E 621-622 Exploitation agricole.
  • Dénominations
    ferme
  • Genre
    de bénédictins
  • Précision dénomination
    ferme d'abbaye
  • Appellations
    ferme de Thieux, ferme du Tilloy

La ferme de l’abbaye Saint-Lucien de Beauvais

 

D’après la monographie de la ferme réalisée en 1900 par René Martin, ancien propriétaire, les moines de l’abbaye de Saint-Lucien de Beauvais entrent en possession d’une partie des terres de Thieux au milieu du 13e siècle à la suite du legs de Jean de Thieux. Même s’il n’en reste pas de trace aujourd’hui, une ferme avec ses bâtiments d’exploitation existait peut-être déjà. René Martin cite un bail de 1570 concédé à un fermier de l’abbaye. Le domaine consiste alors en « une maison, lieu et pourprys dedans lequel pourprys est l’église paroissiale de Thieux, avec le domaine et droits en dépendant ». Le pourpris désigne l’enceinte renvoyant aux limites de la ferme dans laquelle se trouve l’église même.

Un plan terrier de l’abbaye de Saint-Lucien établi en 1686 (AD Oise ; H 1264) offre une représentation schématique de la ferme au 17e siècle. Close de murs et ouverte sur l’extérieur grâce à un porche en pierre, elle comprend quatre bâtiments qu’il est possible d’identifier comme le logis du fermier, la grange, une écurie et une étable. Cette représentation pourrait correspondre à la première cour de la ferme actuelle.

 

La ferme à la limite des 18e et 19e siècles

 

En l’absence du cadastre du début du 19e siècle, il n’a pas été possible de comparer les dispositions ancienne et actuelle des bâtiments. Toutefois, d’après les témoignages des propriétaires et l’analyse architecturale, le logis aligné sur la rue des Hayes (côté ouest de la parcelle) pourrait remonter au 18e siècle (avec reprises postérieures). Le bâtiment en retour côté sud de la parcelle qui abritait les logements des bonnes, le bûcher et l’écurie pour les poulains (R. Martin, 1900) n’est pas postérieur au 2e quart du 19e siècle, bien que la brique ait en partie remplacé le torchis entre les pans de bois.

Enfin, d’après la monographie de René Martin qui précise les fonctions de chaque bâtiment vers 1900 (voir en ill.), la cour était fermée du côté oriental par un groupe de bâtiments comprenant une grange, un puits et enfin, la zone de stockage des pailles. Cet ensemble était relié à celui des veaux juste au nord par une arche en pierre qui fermait l’angle nord-est de la ferme. D’après les propriétaires actuels, il comprenait également un pigeonnier. Enfin, le « hangar » où étaient également soignés les « moutons malades » à l’est des bergeries est toujours en place. Comme les bâtiments cités ci-dessus, il est antérieur au milieu du 19e siècle.

 

Des fermiers rachètent le domaine : les constructions du 3e quart du 19e siècle

 

Toutefois, la plupart des bâtiments visibles aujourd’hui sont postérieurs au milieu du 19e siècle. Il semble qu'ils soient issus d'une même campagne de constructions à l’initiative des époux Dhardiviller-Labitte, les anciens fermiers qui ont racheté en 1855 le domaine qu’ils exploitaient. Le pavillon en brique où logeait le régisseur de la ferme porte d’ailleurs la date de 1855. Les étables et les écuries qui bordent respectivement les côtés nord et sud de la cour sont édifiées à cette époque. Les fers d’ancrage de l’ancienne étable portent la date de 1867. C’est également à cette époque que la maison du propriétaire est construite sur une parcelle au nord de la ferme, de l’autre côté de la rue Notre-Dame. Elle était reliée par le téléphone au logement du régisseur (René Martin, 1900).

Le plan de René Martin établi en 1900 indique également qu’à l’est de cette première cour se trouvent les bergeries, implantées en équerre autour d’une mare. Au bout de celles-ci côté sud, les porcheries sont décrites dans la monographie comme une construction à la pointe du progrès agricole dans le dernier quart du 19e siècle : à l’intérieur, les cases des porcs sont distribuées de part et d’autre d’un couloir central assurant une évacuation saine du fumier. Les auges sont en partie à l’intérieur des cases et en partie dans le couloir. Surtout, la cuisine où la nourriture des porcs était préparée bénéficie d’une évacuation par le toit, matérialisée par une surélévation de la toiture.

René Martin évoque également le rôle du moteur à pétrole installé près de la grange et du puits qui actionnait, outre la citerne de ce dernier, la batteuse et diverses machines agricoles.

L'ancien fermier vante enfin la modernité du vaste hangar ou gerbier construit juste au nord de l’église, certainement dans le dernier quart du 19e siècle. Il évite aux ouvriers de former des meules car les gerbes sont directement stockées. De lourds cadenas fixés aux portes permettent de protéger les récoltes des vols. En face du gerbier, le long du chemin se trouvaient les logements des « ouvriers belges » et, dans son prolongement, le pressoir à cidre. La ferme était en effet dotée d’un vaste potager (à l’est du gerbier) et d’un verger (à l’est des bergeries).  

 

Évolutions de la ferme au 20e et au début du 21e siècle

 

Depuis le plan dressé par René Martin en 1900, la ferme a connu plusieurs évolutions : certains bâtiments ont changé de fonction, d’autres ont été reconstruits, certains ont disparu ou de nouveaux ont été édifiés. La bouverie qui abritait les bœufs est par exemple transformée en fournil dans la première moitié du 20e siècle. Le pressoir disparait entre 1937 et 1963 (dates des cadastres disponibles pour le 20e siècle).

L’exploitation a peu à peu abandonné l’élevage au profit des cultures et les étables, écuries et bergeries ont perdu leurs fonctions initiales. Le tas de fumier qui était situé dans la cour principale a disparu. La longère qui abritait le logement des bonnes, le bûcher et les poulains est reconvertie en bureau. Au début des années 1960, l’ensemble de bâtiments à l’est de la cour principale (grange, pailles, moteur à pétrole, puits, machines, pigeonnier) est démoli et est remplacé par un hangar de stockage et une remise agricole (comparaison des cadastres de 1937 et 1963 et témoignage oral). La tempête de 1999 a détruit les anciennes bergeries.

Un vaste hangar de stockage couvert de panneaux solaires a récemment été construit. L'exploitant actuel s'est orienté vers une activité brassicole (production de malt et de bière). Les anciennes écuries sont reconverties en cave et lieu de vente.

  • Période(s)
    • Principale : Moyen Age , (incertitude)
    • Principale : Temps modernes
    • Principale : 3e quart 19e siècle
  • Dates
    • 1855, porte la date
    • 1867, porte la date

La première cour

 

La ferme proprement dite est située juste au sud de l’église. Elle s’organise autour d’une première cour dont l’entrée s’effectue côté nord par un porche en bois couvert de tuile accompagné d’une porte piétonne aménagée dans des maçonneries en brique. En entrant à droite se dresse l’ancien pavillon du régisseur, en brique, édifié en 1855 (date portée à l’intérieur). Il est couvert d’un toit en pavillon habillé d’ardoise. De plan carré, il comprend trois niveaux d’élévation (cave, deux étages carrés) sur deux travées. En retour d’équerre, sur le côté ouest de la parcelle, se trouve l’ancien logis de la ferme. Il est composé d’une cave, d’un étage carré et d’un comble aménagé. Ses maçonneries sont en pierre pour les solins, chambranles des baies et corniche, et en brique pour les murs pignons. Côté cour, les murs sont en pans de bois et brique tandis que ceux côté rue sont recouverts d’un crépi. Les toits, à longs pans et croupes, sont en tuile.

Le bâtiment en retour d’équerre du logis (côté sud), comprend un rez-de-chaussée surmonté d’un ancien grenier. Ses maçonneries sont à pans de bois avec remplissage de brique. Le surcroit du comble est en torchis. Les toitures sont en tuile.

Dans son prolongement est établie l’ancienne écurie, en brique et couverte d’ardoise. Suivent deux anciennes constructions couvertes aujourd’hui en tôle. En retour et fermant cette première cour côté est, se tient un hangar servant de stockage et de remise pour le matériel. Enfin, le côté nord de la cour est occupé par les anciennes étables en brique avec la date portée de 1867. Sur le mur pignon est de celle-ci, un départ d’arcade en pierre est encore visible. Leur toiture est en ardoise. Enfin, dans le prolongement ouest des anciennes étables se trouve l’ancien fournil également en brique et couvert d’ardoise.

 

La cour arrière

 

À l’est de cette première cour se trouve une seconde dont l'accès s'effectue par un passage juste au nord de l'église. Les anciennes porcheries se trouvent côté sud. Elles sont en brique et couvertes d’un toit de tuiles pannes. Au centre, une partie de la toiture est surélevée afin de faire office de hotte pour la cuisine située en-dessous. Juste au nord de celles-ci est implanté un vaste hangar de stockage couvert de panneaux solaires. En face de ce bâtiment une ancienne remise agricole construite en pans de bois et essentée en bois est encore en place.

Enfin au nord de l’église s'élève l’imposant hangar de stockage comprenant trois vaisseaux et six travées. Il est construit en bois, renforcé par de la tôle et couvert d’ardoise. En face de ce hangar deux bâtiments alignés sur le chemin ferment le côté ouest de la parcelle : un hangar tout d'abord, dont les maçonneries en béton s’appuient sur les anciens murs de clôture en brique et pierre ; l’ancien logement des ouvriers belges, en brique et couverts de tuile panne.

 

La demeure du propriétaire

 

Celle-ci est installée au nord de l’exploitation agricole, de l’autre côté de la rue Notre-Dame. Elle est implantée entre cour et jardin et comprend un corps principal organisé en quatre niveaux d’élévation (cave, rez-de-chaussée surélevé, étage carrée et comble) et rythmé par trois travées, ainsi qu’une aile gauche de même hauteur que le corps principal et large d’une travée. La demeure est construite en brique sur solin de pierre de taille. La pierre est également employée pour les chambranles des ouvertures, les faux pilastres de la travée centrale, les cartouches verticaux qui ornent la façade ainsi que le bandeau décoratif et la corniche qui le surmonte. Enfin, les lucarnes du comble sont également en pierre ; de forme ovale pour celle qui se trouve au centre et ronde pour les deux autres.

Le côté ouest de la parcelle est fermé par trois bâtiments. Ils sont construits en brique et couverts d’ardoise. Le second bâtiment, en retrait, est habillé d’une toiture à longs pans et croupes tandis que les deux bâtiments au nord et au sud de celui-ci ont des toits à longs pans avec pignons couverts.  

L’ensemble de la propriété comprenant un jardin à l’arrière, est clos de murs en brique qui sont percés au sud par un portail en fer finement ouvragé encadré par deux pilastres en pierre. De part et d’autre de cette entrée sont aménagées deux portes piétonnes surmontées par un linteau en pierre pour l’une, en métal pour l’autre.

 

  • Murs
    • pierre pierre de taille
    • torchis pan de bois
    • brique pan de bois
    • brique
    • bois pan de bois essentage
    • béton
    • essentage de tôle
  • Toits
    ardoise, tuile, tuile flamande, tôle ondulée
  • Étages
    sous-sol, en rez-de-chaussée surélevé, 1 étage carré, étage de comble
  • Couvertures
    • toit à longs pans croupe
    • toit en pavillon
    • toit à longs pans pignon couvert
    • toit à longs pans pignon découvert
    • toit à deux pans croupe
  • Précision représentations

    La façade est décorée de quatre cartouches verticaux aux extrémités circulaires.

    Les trois lucarnes sont richement ornées de motifs en spirale et accolade. Leur partie supérieure est enrichie d'une clé comportant un feuillage corinthien pour la lucarne centrale et un médaillon ovale pour les lucarnes latérales.

  • Statut de la propriété
    propriété privée

Bibliographie

  • MARTIN, René. Monographie de la ferme de Thieux. [document pour l’exposition universelle, 1900]. (coll. Part.)

Documents figurés

  • Thieux. Plan du village et territoire de Thieux relevant de l'abbaye de Saint-Lucien, 1686 (AD Oise ; plan 777).

  • Thieux. Cadastre rénové, section E, feuille unique, 1937 (AD Oise ; 1964 W 164).

  • Thieux. Cadastre rénové, section E, feuille unique, 1963 (AD Oise ; 1964 W 164).

  • Thieux. Cadastre rénové, section A, feuille unique, 1937 (AD Oise ; 1964 W 164).

  • La ferme de Thieux, photographie aérienne, [années 1970] (coll. part.).

  • La ferme de Thieux, photographie aérienne, [années 1960] (coll. part.).

Date(s) d'enquête : 2022; Date(s) de rédaction : 2022
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
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