"A la requête de sur réquisition de Monsieur E Rousseau, administrateur délégué de la société de la sucrerie de Froyères, commune de Choisy-la-Victoire (Oise), dont le siège est dans ladite localité, y demeurant,

Lequel m'a exposé

Le dimanche 24 mars dernier, vers neuf heures du soir, au cours d'un raid nocturne sur la région, les avions ennemis ont lancé des engins explosifs et incendiaires qui tombèrent sur l'usine de Froyères et ses dépendances et y causèrent de graves dégâts, tant par suite des explosions qui détruisirent une partie des bâtiments que par l'incendie qu'elles provoquèrent aussitôt. [...]

Dans ces conditions, et pour parer au plus pressé, le requerant se voit contraint de procéder immédiatement et tant bien que mal, par des moyens de fortune et à grands frais, à la remise en etat de son usine, afin d'assurer son fonctionnement provisoire. [...]

La partie du bâtiment de la diffusion, qui abritait le laboratoire et l'atelier des densités a été complètement détruite. Les trois baies en façade et les deux en pignon, bâties en briques et remplies en fenêtre métalliques n'existent plus. Le rez-de-chaussée où se trouvait l'atelier des densités et tous les accessoires (poussoires mécaniques, râpes, dynamos, transmissions, presses, etc.) a disparu, de même que l'étage où se trouvaient installés le laboratoire proprement dit, le bureau, une pharmacie complète, etc.

Sur le sol de la cour sont entassés les décombres des matériaux et armatures métalliques enchevêtrées, bâtis de portes, couvertures en zinc, pannes, baies et fermes en fer tordues et disjointes, débris de transmission de la râperie presse à copier, coussinets brisés.

La maison d'habitation du directeur a ses vitres brisées ; à l'intérieur une glace sans tain, quelques bibelots et objets divers sont cassés ou détruits. Les baies de la façade de l'usine sont détruites ainsi qu'une partie de celle de l'atelier des turbines et du magasin de pièces mécaniques, toutes les vitres sont brisées.[...] Les bureaux du contremaître, du comptable ont subi de graves atteintes, les grilles extérieures en fer sont tordues, mâchées ou déchiquetées. Dans le bureau du directeur, le plafond est defoncé, les vitres brisées ; dans les pièces adjacentes, les plafonds crevassés laissent voir les lattis sous les platres arrachés ; les fenêtres, les baies vitrées, les murs et les toitures sont brisés, déteriorés ou percés. Dans l'atzelier de menuiserie, sont entassés des débris de charpente, de boiseries, menuiseries, tables, chaises, fenêtres, bureaux, une porte arrachée dans l'usine a a été transporté pour réparation si possible.

Bascule : La toiture de la bascule et du logement du basculeur doit être refaite entièrement, toutes les vitres sauf une sont a remplacer.

Ecole et logement institutrice : ces bâtiments son égalements atteints. Toutes les vitres ont été brisées, les ardoises de la toiture sont soulevées en maints endroits. "

Extrait de : AD Oise ; 10 Rp 1852.

[...] "La sucrerie de Froyères occupe à ce lieudit qui est une dépendance de la commune de Choisy-la-Victoire, de grandes étendue de terrain, au centre desquels s'élèvent les bâtiments de la sucrerie, face à la route nationale n°31, de Rouen à Reims, ce sont précisément ceux-ci qui ont été touchés. Ils ont reçu une torpille, cause principale de tout le dommage. De plus plusieurs bombes sont tombées aux alentours et une tombée sur la route y a également contribué.

Les bâtiments principaux se groupent autour d'une cour centrale, ouvrant sur la route nationale. Au fond de cette cour : l'usine, avec derrière les chaufferies, salle des machines, etc. A droite deux ailes s'avancent jusqu'à la cloture de la route et, dans les angles, deux bâtiments annexes. Ces derniers, du reste, de construction plus récente. L'aile gauche renferme, en avant, l'habitation suivie de magasins. Celle à droite, en avant des logements d'employés avec, à la suite, des resserres et la salle des laveurs.

Les annexes sont affectées : celle de gauche au laboratoire et à la diffusion (un des services primordiaux), celle de droite à la salle des turbines. Près de la grille d'entrée se trouvent les bâtiments des bureaux. Une cour latérale s'étend contre l'aile gauche, et est bordée sur sa face opposée par des bâtiments qui sont : en tête le pavillon du Basculeur, à la suite des ateliers et des écuries. A son entrée les ponts à bascule avec guiérite de pesage.

C'est sur le bâtiment de la diffusion qu'est tombée la torpille et, après l'avoir traversé, elle est venue, défonçant un dallage en ciment bétonné, s'enfouir dans le sol, à 1,80 m de profondeur, au point indiqué sur le croquis. Les ravages furent énormes. Le bâtiment a été absolument sectionné et la partie en avant, dans toute la largeur et sur 6 m de profondeur a été complètement ruinée. La toiture et le plancher du premier étage effondrés tandis que la façade et le pignon étaient abattus du coup. [...]Rien n'a subsisté, ni comme bâtiments ni comme machinerie et appareil. Pourtant cet ensemble est construit très solidement, et même avec soin et une science que l'on onserve très rarement dans les constructuions industrielles. Un incendie s'est ensuite déclaré, mais a été sous le crépitement des mitrailleuses éteint rapidement par le personnel de la sucrerie. Les projectiles et les débris de matériaux lancés de tous cotés atteingnirent tous les bâtiments environnants, leur causant des dégradations plus ou moins importantes. Mais les les effets les plus curieux dans ces bâtiments et les non moins graves, sont dus à la compression violente de l'air. Pour les bâtimlents de la diffusion, les dégâts sont de toutes nature.[...]Il est certain que, dans l'ensemble, les dégâts et par suite le dommage, sont très importants.[...]."

Extrait de : AD Oise ; 10 Rp 1852.