Dossier d’œuvre architecture IA62005139 | Réalisé par
Girard Karine (Rédacteur)
Girard Karine

Chercheuse de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, Région Hauts-de-France.

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
  • patrimoine de la Reconstruction
  • enquête thématique régionale, La première Reconstruction
Boulangerie, anciennement boulangerie Mérienne-Flament
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté de communes du Sud-Artois - Bapaume
  • Commune Bapaume
  • Adresse 33 rue de Péronne
  • Cadastre 2017 000 AE 01 56
  • Dénominations
    maison, boutique
  • Parties constituantes non étudiées
    boulangerie

La chronologie du projet de reconstruction

La reconstruction de la boulangerie est bien documentée par le dossier des dommages de guerre conservé aux Archives départementales du Pas-de-Calais (AD Pas-de-Calais, 10R9/11, dossier n°143).

Le dossier est validé par la commission cantonale en novembre 1923 et la clôture administrative a lieu en mai 1925. La construction est confiée à Eugène Rousseau, qui travaille pour la coopérative n°3 L’Amicale. La reconstruction a couté 65 000 francs.

La boulangerie est édifiée rue de Péronne en mitoyenneté avec ses deux voisines, "sur le lieu du dommage" ainsi que cela est spécifié dans le devis descriptif (précision absente de la majorité des documents des dossiers de dommages de guerre). En longueur et très étroite, elle occupe toute la largeur de la parcelle et vient buter contre le mur de la salle paroissiale.

Elle accueille à la fois les fonctions de production et de vente du pain et d’habitation. Mais le dossier de reconstruction précise que le boulanger et sa famille habitent rue de la République.

Le projet de l’architecte : les plans

Édifiée sur cave, c’est une construction de deux niveaux sur rez-de-chaussée. Au rez-de-chaussée, en enfilade se succèdent le magasin, la salle à manger, une cour et au fond de cette cour, le fournil. À l’étage, auquel on accède par un escalier à volées droites situé entre l’espace magasin et la salle à manger, il n’y a que deux chambres, situées de part et d’autre de l’escalier. L’étage du fournil est occupé par un "magasin de farine", desservi par un escalier en colimaçon situé dans un angle. Le second étage de la maison est occupé par un vaste grenier.

Le projet de l’architecte : les élévations

La façade sur la rue est très largement percée d’ouvertures. Le premier niveau est entièrement vitré et accueille dans un encadrement rectangulaire achevé par un entablement qui porte le nom du magasin, la vitrine et la porte d’entrée de la boulangerie, simplement séparées par un meneau en chêne. Les baies du second niveau sont de hautes fenêtres aux angles supérieurs arrondis. Elles sont complétées par un garde-corps en fer forgé alternant barreaux et motifs en spirale, reposant sur un balcon. La partie haute de la baie est reliée à la corniche par une haute agrafe. Enfin, l’étage de comble est percé d’une grande lucarne rectangulaire que sa haute agrafe relie aux rampants d’un gâble aveugle. Toutes les baies portent en partie haute deux rangées de petits carreaux. Enfin, la façade est ornée au niveau du haut des fenêtres du second niveau d’un bandeau sculpté de fleurs et d’une large corniche portant un décor de tiges de blés.

L’architecte prend également la peine de dessiner la façade du fournil. Ce dernier ne compte que deux niveaux. Le premier est largement percé d’un triplet de hautes baies rectangulaires et d’une petite porte. Le second ne porte qu’une fenêtre de service placée sous une lucarne-pignon accompagnée d’une poulie pour monte-charge qui permet d’accéder depuis l’extérieur à l’espace de stockage de la farine.

L’aspect de la façade sur rue est très soigné : le soubassement est "enduit en ciment lissé teinté gris-bleu imitant la pierre de Soignies", tout comme les linteaux des baies ou les souches de cheminées ; le bandeau et la frise décorative de la corniche sont exécutés "avec le plus grand soin en ciment moulé" ; enfin toute la façade est passée au "silexore ton pierre deux couches". Une attention particulière est portée à la devanture, qui doit être en chêne de première qualité pour rester apparente et à vernir, avec vitrine et tablette d’étalage. En revanche, la façade arrière du magasin et celle du fournil laissent les matériaux de construction apparents.

Les matériaux préconisés dans le devis descriptif

Le devis descriptif apporte des informations quant aux matériaux utilisés. Les fondations sont en brique brute : murs, dallage du sol en béton et voutains entre les poutrelles métalliques, marches de l’escalier. Pour l’élévation, les murs et cloisons sont en brique brute enduits au plâtre puis peints à l’huile pour ceux intérieurs du magasin. Les linteaux extérieurs des baies sont en béton armé mais ces dernières sont fermées par des arcs en brique. Les seuils et marches sont en béton enduit ciment. Les murs du fournil sont construits avec un dallage en béton avec badigeon à la chaux grasse et tous les planchers sont en béton armé pour pouvoir recevoir une surcharge de 500 kg par mètre carré et enduits en ciment. Les sols du magasin et de la salle à manger sont carrelés "en carreaux de céramique à dessins" et les sanitaires reçoivent des carreaux Beauvais rouges. Le sapin sert au parquetage des pièces des étages, aux huisseries intérieures et à la charpente. Le chêne est utilisé pour toutes les huisseries extérieures de la façade côté rue. L’escalier de l’habitation, tournant à volées droites, est en orme avec "rampe à balustres tournées" tandis que celui du fournil est entièrement en fer. Les murs de la salle à manger, de l’escalier et des pièces des étages sont recouverts de papier de tenture. La couverture est en ardoise d’Angers.

La réalisation et les évolutions ultérieures

Les photographies de la rue de Péronne prises dans les années 1930 sur lesquelles apparait la boulangerie laissent penser qu’elle a été réalisée conformément au projet de l’architecte, en particulier en ce qui concerne l’étage de comble et la lucarne-pignon.

Cependant, la toiture a été fortement modifiée à une date inconnue (dans les années 1980 selon le témoignage de l’actuel propriétaire) : elle a perdu son fronton-pignon, remplacé par une simple lucarne sur le versant, et la cheminée a été supprimée. À cette même période, la cour a été en partie occupée par une cuisine et recouverte par un préau.

Le bâtiment est construit sur une parcelle en longueur, dont l’arrière vient buter sur le mur de la salle paroissiale. Il occupe toute la largeur de la parcelle. L’accès au fournil, situé au fond de la cour, se fait donc en traversant la totalité du bâtiment.

Comme les autres constructions de la rue, avec lesquelles le bâtiment est aligné, il présente trois niveaux de façade dont un étage sous combles. Le faîte et la pente du toit sont dans la continuité de ceux de sa voisine de gauche, tout comme la taille et le dessin des ardoises de la couverture.

Le reste de l’élévation n’a pas été modifié depuis la construction.

Au rez-de-chaussée, la disposition initiale a aujourd'hui disparu : le fournil et a cour ont été réunis sous un même toit et remplacés par un four et une cuisine moderne. Les étages n’ont pas été étudiés. Il n’est donc pas possible de savoir si la construction s’est faite conformément aux plans de l’architecte ni si elle a fait l'objet de modifications par la suite.

La façade est peinte et les motifs du bandeau et de l’attique sous la corniche, en léger ressaut par rapport au droit du mur, sont rehaussés de couleurs primaires (rouge et vert). La partie haute des baies du rez-de-chaussée (vitrine et porte d’entrée) est occupée par une large enseigne portant le nom du magasin.

  • Murs
    • brique enduit
    • bois
    • verre
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    sous-sol, rez-de-chaussée, 1 étage carré, étage de comble
  • Couvrements
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre
  • Typologies
    emblème de profession
  • État de conservation
    mauvais état
  • Techniques
    • sculpture
  • Représentations
    • blé
  • Précision représentations

    Décor en ciment moulé peint. Les motifs d'épis de blé sont en rapport avec le thème du commerce.

  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée

La date de reconstruction (1923) est assez tardive par rapport aux autres constructions de commerces de la rue, qui ont plutôt lieu en 1921-22. Ceci est d’autant plus surprenant qu’il s’agit d’un commerce de bouche et que, étant donné leur rôle primordial dans la reconquête des villes détruites, ces derniers ont été les premiers à bénéficier des dommages de guerre.

Le plan de la boulangerie reprend celui classique d’une maison à boutique, avec le magasin sur rue et les parties d’habitation en enfilade sur l’arrière. L’intervention de l’architecte s’est donc surtout concentrée sur le choix des matériaux et sur le dessin projeté pour la façade. Ainsi, pour le fournil, construction technique non visible de la rue, l’architecte privilégie un matériau efficace et peu couteux : le béton (armé ou non) est utilisé pour les piliers des murs, les murs eux-mêmes, tous les linteaux des baies et les planchers. Pour la façade sur rue, l’architecte raisonne en termes d’apparence : c'est un commerce et il faut donc inspirer confiance. Bien que les matériaux restent pauvres, puisqu’il s’agit de briques et d’un enduit ciment moulé et peint, ce dernier est travaillé pour ressembler à de la pierre (soubassement) ou porter un décor (bandeau et corniche). À cela s’ajoute un fronton-pignon très imposant par rapport à la taille de la maison. Enfin, les décors portés sont suffisamment rares sur les façades des magasins de Bapaume pour faire sortir du lot un magasin que la toute petite largeur de façade sur rue rendrait autrement invisible, d’autant plus qu’il y a une parfaite adéquation entre les décors d’épis de blé et la destination de la boutique.

Une autre façade de maison à boutique portant un décor moulé de paniers de fruits, sans doute en lien avec l’activité du magasin, est situé un peu plus loin rue de Péronne (actuelle boucherie). Les recherches en archives n’ont malheureusement pas permis de trouver d’informations sur cet immeuble.

Depuis sa reconstruction, ce commerce n'a cessé d'être une boulangerie.

Documents d'archives

  • Dommages de guerre. Secteur de Bapaume. Dossier 143. Eugène Mérienne : commerce à Bapaume : devis descriptif, marché, convention d'acompte, contrôle du remploi, plans.

    Liste des documents figurés utilisés dans la notice :

    - Plans du sous-sol, du rez-de-chaussée, de l'étage, détail du solivage, façade du fournil. Ni signé, ni daté.

    - Dessin de la façade, coupe longitudinale. Signé Eugène Rousseau, 23 août 1923.

    Devis descriptif, marché, convention d'acompte, contrôle du remploi, plans.

Documents figurés

  • Bapaume, rue de Péronne, côté sud. Photographie de J. Souillard, Bapaume. Carte postale, vers 1925. Collection particulière. Entrée de la rue avec la boulangerie Mérienne (troisième immeuble sur la gauche).

Annexes

  • Les matériaux de la reconstruction à Bapaume
Date d'enquête 2018 ; Date(s) de rédaction 2019, 2023
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Girard Karine
Girard Karine

Chercheuse de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, Région Hauts-de-France.

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
Articulation des dossiers
Fait partie de