Dossier d’œuvre objet IM02005641 | Réalisé par ;
Rat-Morris Viviane (Rédacteur)
Rat-Morris Viviane

Chercheuse de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, Région Hauts-de-France.

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Riboulleau Christiane (Rédacteur)
Riboulleau Christiane

Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France jusqu'en 2022.

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  • mobilier et objets religieux
Calice, dit de Foigny
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté de communes de la Thiérache du Centre - Vervins
  • Commune La Bouteille
  • Adresse

Depuis la séparation des Églises et de l’État en décembre 1905, la commune de La Bouteille est propriétaire d'un calice du 16e siècle, réputé provenir de l'abbaye cistercienne Notre-Dame de Foigny, implantée sur le territoire de cette paroisse avant la Révolution. Toutefois, peu d'informations contrôlables sont connues sur cet objet, qui n'apparaît dans la documentation locale qu'au milieu du 19e siècle.

Le poinçon de maître insculpé au bord de la coupe désigne la ville de Reims comme lieu de fabrication de cette œuvre d'art. Mais en l'absence d'un dictionnaire des orfèvres rémois et d'une liste fiable des poinçons de jurande (ou lettres-dates), il n'est pas encore possible de connaître l'auteur de cet objet, ni de mieux cerner sa période de création. Néanmoins, cette pièce d'orfèvrerie pourrait dater du milieu, voire du troisième quart du 16e siècle, par le traitement de son décor d'arabesques. Une inscription courait autrefois sous le pied du calice, complétée - semble-t-il - par un écu armorié gravé. Ces informations historiques ont été volontairement rendues illisibles, peut-être à la Révolution, sous un réseau dense de rayures. En se basant sur les rares lettres à peine déchiffrables, ce calice pourrait néanmoins avoir appartenu jadis à un chanoine de Reims (?) nommé Le Besgue.

D'après l'abbé Viéville, ce calice aurait été soustrait aux objets précieux de l'abbaye de Foigny en 1793, dissimulé ensuite dans un mur, puis cédé au 19e siècle à l'église de La Bouteille, sans sa patène. Ce don est postérieur au début du 19e siècle puisqu'un état de la paroisse dressé en 1805 ne mentionne dans l'église que des vases sacrés en métal argenté. L'abbé Viéville signale que le calice est redoré en 1867 par l'orfèvre parisien Trioullier. C'est sans doute en cette occasion qu'une inscription rappelant la provenance de l'objet est gravée sous le pied. Par la suite, ce calice prestigieux est utilisé à l'occasion des grandes fêtes religieuses, précision rapportée par l'abbé Gavet dans l'état de sa paroisse, rédigé dans le courant des années 1890. Sa qualité artistique lui permet en outre d'être classé Monument historique en 1899.

Le calice disparaît vers 1945, comme l'écrit l'abbé Rabec dans son ouvrage consacré à l'église de La Bouteille (1993). Cette absence a été trop hâtivement qualifiée de vol car le déplacement du calice pendant la Seconde Guerre mondiale a sans doute eu pour unique raison le désir de soustraire une œuvre d'art remarquable à la convoitise de l'occupant. Quelques années plus tard, le service des Archives de l'Aisne restitue le calice au desservant de Vaux-sous-Laon - avec un autre objet -, ce dont témoigne un accusé de réception signé par ce prêtre le 25 novembre 1952. On ne sait pour quelle raison l’œuvre n'a pu regagner son église d'origine. C'est donc dans l'église de Vaux-sous-Laon que l'objet est identifié en 1985 par le conservateur du Patrimoine historique et mobilier de l'Aisne, à l'occasion d'un inventaire. D'abord mis en dépôt pour sa protection, et peut-être restauré, le calice est rendu, le 29 mars 2004, à l'administration communale de La Bouteille qui, depuis, fait le nécessaire pour sa sauvegarde.

Il faut noter que l'église de Cernay-en-Dormois (Marne) a été jadis destinataire d'un calice identique et vraisemblablement de même provenance rémoise (également classé Monument historique). D'après des spécialistes, ce type de calices pourrait avoir été réalisé à l'imitation d'un modèle-type.

  • Période(s)
    • Principale : milieu 16e siècle
  • Lieu d'exécution
    Commune : Reims
  • Lieu de provenance
    Commune : La Bouteille
    Édifice ou site : abbaye de cisterciens Notre-Dame de Foigny

Le calice est entièrement réalisé en argent doré. Il est composé de plusieurs éléments, qui paraissent emboîtés les uns dans les autres et dont la fixation semble assurée par des rivets. Il est formé d'un pied circulaire et polylobé à huit lobes, puis d'une tige de section circulaire, comportant un nœud sphérique aplati à huit bossettes, des collerettes et des bagues. La tige est surmontée d'un élément en forme de chapiteau, sur lequel repose la coupe, de plan circulaire, plutôt basse et large.

L'objet a été élaboré à l'aide de plaques d'argent découpées et repoussées. Il est presque entièrement orné d'un décor à relief gravé, poli, qui se détache sur un fond guilloché à la main, gravé ou ciselé. À l'exception de ce décor exécuté dans la masse, l'œuvre est enrichie de plusieurs éléments rapportés, sertis en bâte. Huit d'entre eux, de forme circulaire, ornent les bossettes du nœud. L'élément rapporté sur le pied, plus facile à observer, est serti en bâte à griffes. Le décor gravé qui occupe ces petits éléments, est rehaussé d'émaux peints.

  • Catégories
    orfèvrerie
  • Structures
    • plan, polylobé
  • Matériaux
    • argent, en plusieurs éléments fondu, découpé, repoussé, ciselé ou gravé, décor à relief gravé, décor dans la masse, poli, doré, guilloché, décor rapporté, peinture à l'émail
  • Précision dimensions

    h = 20,8 ; d = 9,8. Ce diamètre est celui de la coupe. Diamètre du pied : d = 14,1.

  • Précision représentations

    À l'exception de quelques frises d'oves, de bagues ou de tores à ornement cordé, et du chapiteau ionique aplati sur lequel repose la coupe, l'ensemble du calice est presque entièrement recouvert d'un motif d'arabesques ou de mauresques, composé d'un entrelacs de rubans et de feuillages découpés.

    Le décor figuré est réservé aux médaillons rapportés. Le nœud est orné de huit médaillons circulaires représentant le Christ et sept apôtres en buste, accostés d'un attribut. Le Christ est reconnaissable aux rayons qui partent de sa tête. En allant vers la droite, viennent saint Jean, accompagné d'un calice d'où dépasse la vague silhouette du petit dragon, puis saint Pierre avec une clef. À saint Paul, a été donnée l'épée de son martyre, à saint Philippe (ou saint Simon d'après l'abbé Viéville), une croix à long montant, et à saint Jacques le Majeur, son bourdon. Enfin, on identifie saint André à sa croix en forme d'X et saint Barthélemy, au couteau de son écorchement.

    Le pied comporte une pièce rapportée en forme d'écu, sur laquelle se reconnaissent les trois personnages principaux d'un Calvaire.

  • Inscriptions & marques
    • poinçon de maître, sur l'oeuvre (non identifié)
    • lettre-date, sur l'oeuvre (non identifié)
    • inscription, gravé, sur l'oeuvre, français, récent, latin, partiellement illisible, lecture incertaine
    • armoiries, gravé, sur partie rapportée, partiellement illisible (incertitude), (non identifié)
  • Précision inscriptions

    Deux poinçons non identifiés sont insculpés sur le bord de la coupe. Le poinçon de maître est formé d'une couronne, de la Sainte Ampoule (caractéristique de Reims) et d'un motif usé qui évoque une corolle de fleur, et qui est sans doute le symbole de l'orfèvre. Le second poinçon, qui est le poinçon de jurande ou lettre-date, pourrait être la lettre R couronnée.

    Les inscriptions se lisent toutes sous le pied du calice. L'une d'elles, gravée sous un lobe, a été rajoutée au 19e siècle et rappelle la provenance supposée de l'objet : ABBAYE DE FOIGNY.

    L'inscription principale court sur trois lignes concentriques, sous la partie circulaire du pied. Cette inscription gravée a été volontairement poncée, puis biffée, de telle sorte qu'elle est actuellement quasi illisible. D'après ce qu'il en subsiste, il s'agissait d'une inscription latine, sans doute postérieure à la création du calice - d'après la graphie des lettres -, et se rapportant vraisemblablement au propriétaire ou à un donateur. L'initiale de chaque mot est de plus grande taille que les lettres suivantes.

    Transcription très incertaine :

    1ère ligne : [...] D ou P ou R [...] T [....] I ou L [...] CVS F [...C] L [...] BE [...]V[.]C[.]R ou P[.] C[....]CVS /

    2e ligne : TE[...]TO D[...] DE[DIT ?] [...] LE BESGUE NE[POS] SVO EC[CLESIAE ? ] R[EM ? ]ENS[IS ? ] /

    3e ligne : CANONICO [...].

    Le revers de l'élément rapporté en forme d'écu semble comporter un chevron gravé et, en pointe, un motif rayonnant qui pourrait être un soleil ou un sujet religieux rayonnant (hostie, christogramme, etc.). Les autres composantes de l'écu ont été rendues indistinctes. Ces armoiries ne peuvent donc être identifiées.

  • État de conservation
    • oeuvre restaurée
    • bon état
  • Précision état de conservation

    L’œuvre a été restaurée et redorée, au moins en 1867, à l'exception de la peinture émaillée qui a été laissée dans son état lacunaire. La dorure est actuellement un peu usée sur certains points de frottement. Le calice est globalement en bon état, même si le métal souffre de quelques rares petites gerçures. L'effacement des inscriptions gravées sous le pied est le dommage le plus grave qui ait été subi par ce vase sacré.

  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
  • Intérêt de l'œuvre
    À signaler
  • Protections
    classé au titre objet, 1899/02/25
  • Précisions sur la protection

    Les bases du ministère de la Culture proposent comme date de l'arrêté de classement le 25/12/1899, jour de Noël, qui est pourtant un jour férié depuis le Concordat signé entre Napoléon Bonaparte, Premier Consul, et le pape Pie VII. Or, l'inventaire des biens de la fabrique de l'église de La Bouteille, rédigé en 1906, donne comme date de classement le 25 février 1899. Cette dernière date, reprise dans des fiches de récolement des objets classés, paraît donc plus exacte.

  • Référence MH

Le département de l'Aisne conserve une quantité infinitésimale de pièces d'orfèvrerie d'Ancien Régime. Ce calice en est d'autant plus remarquable, tant par son époque de création que par son décor.

Bibliographie

  • LEDOUBLE, abbé Joseph. État religieux ancien et moderne des pays qui forment aujourd'hui le diocèse de Soissons. Soissons : l'auteur, 1880.

    p. 529.
  • RABEC, Alfred. L'église fortifiée de La Bouteille (Aisne). Lemé : Université Picarde Libre de Thiérache, 1993.

    p. 18.
  • VIÉVILLE, Abbé Julien. Notes sur le village de La Bouteille. La Thiérache. Bulletin de la Société archéologique de Vervins (Aisne), t. 4, 1876, p. 152-164.

    p. 160.

Documents figurés

  • CALICE DE L'ABBAYE DE FOIGNY. ÉGLISE DE LA BOUTEILLE, lithographie, par Victor Bachy, [ca 1876]. In : La Thiérache. Bulletin de la Société archéologique de Vervins (Aisne), 1876, t. 4, pl. 11.

Date(s) d'enquête : 2000; Date(s) de rédaction : 2000, 2022
(c) AGIR-Pic
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Rat-Morris Viviane
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Riboulleau Christiane
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