Ces deux meubles de taille monumentale, formant une paire, sont de style rocaille et datent vraisemblablement de la 2e moitié du 18e siècle. Ils sont traditionnellement réputés comme provenant de la Chartreuse du Val-Saint-Pierre dont le mobilier fut partiellement transporté dans l'église Notre-Dame de Vervins au cours du mois de janvier 1791. On ignore leur fonction précise. La tradition locale et les nombreuses descriptions des commentateurs du 19e siècle et de la 1ère moitié du 20e siècle les décrivent toujours comme des reliquaires liés à saint Maurice et sainte Cécile, dont les portraits en buste semblent orner les deux médaillons couronnant la stèle pyramidale. Cependant, rien ne permet d'affirmer qu'il s'agisse de reliquaires car ils ne comportent aucune cavité, ouverture ou monstrance. On ne peut exclure qu'ils aient été transformés au cours du 19e siècle et que certaines transformations structurelles leur aient enlevé leur caractère de reliquaire. Lors de l'inventaire de 1906, ils sont décrits comme deux édicules en bois sculpté posés sur les deux buffets en bois peint. Il s'agit peut-être de deux meubles faisant office de cénotaphes, c'est l'hypothèse, en l'état actuel des recherches, qui semble la plus plausible et la plus à même de rendre compte de la fonction de ces deux œuvres exceptionnelles. Le fait que les médaillons couronnés de laurier portent sur leurs deux faces les bustes de saint Maurice et de sainte Cécile semble indiquer que les œuvres étaient visibles de tous les angles et non, comme aujourd'hui, placées contre un mur. Les dimensions monumentales de ces deux œuvres, la grande qualité plastique du décor architecturé désignent un menuisier-sculpteur d'un grand talent. La stèle pyramidale surmontée d'un médaillon double face orné de buste à l'antique évoque de semblables monuments funéraires de la 2e moitié du 18e siècle, dans un style néo-classique que l'on retrouve aussi dans le motif de la colonnade et des médaillons portant des représentations d'hommes non identifiés. Les pattes de lion formant les pieds de chaque cénotaphe sont peut-être des ajouts du 19e siècle.