La volonté d´ériger une lanterne des morts sur le Chemin des Dames semble avoir été émise par Blondel, architecte à Bourg-et-Comin, en 1933. Le projet fut abandonné puisque l'auteur souhaitait y voir participer l'Allemagne. La proposition émise en 1939 présentait une chapelle surmontée d'une tour-clocher ainsi qu´un monument aux morts reliés par un sentier. Mais la Seconde Guerre mondiale vint anéantir cette entreprise. En 1942, une autre maquette fut présentée mais immédiatement classée sans suite. En 1949 fut créé le comité du mémorial du Chemin des Dames par l'abbé Herlem et les anciens combattants de l'Aisne (Union Nationale des Combattants). Son but était de "favoriser la réconciliation des peuples par le souvenir de leurs fils morts en s'opposant sur ce champ de bataille". Un nouveau projet fut alors soumis, prévoyant la construction d'une chapelle, d'un gisant et d'un péristyle. Seule la chapelle fut exécutée. Une souscription publique et des dons en nature (la cloche et le terrain) permirent la construction de l´édifice actuel ainsi que celle de la lanterne des morts, visible depuis les cathédrales de Laon, Soissons et Reims. La première pierre de l´oratoire fut posée le 16 Juillet 1950. L´inauguration eut lieu le 22 avril 1951. La lanterne des morts fut établie simultanément à celles de Douaumont et de Lorette à la fin des années 1960, constituant ainsi un relais du souvenir. L´édification de ce complexe mémorial atteste la reconnaissance tardive du rôle historique du Chemin des Dames dans la Première Guerre mondiale. Considérée comme un échec, longtemps passée sous silence, l'offensive Nivelle en avril 1917 occulta le souvenir, c´est pourquoi le Chemin des Dames ne bénéficia pendant longtemps d'aucune reconnaissance, témoignant ainsi en partie de la lenteur des projets de commémoration. Cerny-en-Laonnois occupe donc aujourd´hui une place majeure dans le circuit de mémoire du Chemin des Dames. Le site symbolise l'ensemble des sacrifices accomplis par les soldats de la Première Guerre mondiale dans l'Aisne. Les troupes coloniales sont ici honorées pour la première fois.