Le motif décoratif des trois tissus utilisés pour le fond de la chasuble (feuillages, grosses fleurs et dentelles) est caractéristique de la fin du règne de Louis XIV et du règne de Louis XV. La taille importante des sujets décoratifs permet ici d'en placer la création vers le milieu du 18e siècle. Il pourrait donc s'agir d'un damas broché de cette époque, plutôt que d'une imitation tissée dans le courant du 19e siècle. En effet, la teinte de fond ne correspond à aucune couleur liturgique (entorse tolérée jusqu'à l'adoption de la liturgie romaine vers le milieu du 19e siècle), et les sujets décoratifs n'intègrent aucun symbole religieux.

La croix et la colonne, qui sont formées d'un assemblage de plusieurs petites pièces de soie brodée à la main, ont été taillées dans un tissu civil de la seconde moitié du 18e siècle, plus précisément d'époque Louis XVI (quatrième quart du 18e siècle).

En l'absence d'archives de fabrique, qui permettraient peut-être de connaître la date d'acquisition de l'objet, trois possibilités se présentent en ce qui concerne l'époque de sa confection. La chasuble peut avoir été taillée au milieu du 18e siècle, et avoir profité de l'ajout ou du remplacement des orfrois à la fin du 18e siècle ou au début du 19e siècle. La chasuble peut avoir été confectionnée peu avant la Révolution, en réutilisant un tissu contemporain pour les orfrois et des tissus plus anciens pour le fond. Enfin, ce vêtement liturgique peut avoir été confectionné au début du 19e siècle - lors de la reconstitution du mobilier et du vestiaire des églises après la tourmente révolutionnaire - à l'aide de différents tissus du 18e siècle.