Dossier d’œuvre architecture IA80007379 | Réalisé par
  • inventaire préliminaire, arrière-pays maritime picard
Château de Pinchefalise
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
  • (c) SMACOPI

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté d'agglomération de la Baie de Somme - Saint-Valery-sur-Somme
  • Commune Boismont
  • Lieu-dit Pinchefalise
  • Adresse 9, 11, 13 rue du Canal
  • Cadastre 1832 A2 189, 191 ; 1982 A3 611, 627 à 631, 640, 641
  • Dénominations
    château
  • Parties constituantes non étudiées
    cour, étable, étable à chevaux, écurie, grange, remise, jardin, colombier, pressoir, logement

La seigneurie de Pinchefalise appartient, en 1418, à Jean de Pinchefalise qui sert au Crotoy sous les ordres de Jacques d'Harcourt.

D'après le propriétaire, cette demeure appartenait à la famille Delegorgue-Ribeaucourt depuis 1718. Il s'agissait primitivement d'un rendez-vous de chasse. Mais la construction d'origine semble avoir été édifiée par Antoine de Saint-Blimond ou un de ses fils. Le château subit de multiples campagnes de restauration et de transformation.

La partie principale est datée par fers d'ancrage de 1610. Celle de droite, de style Louis Philippe, a été construite, toujours selon le propriétaire, entre 1832 et 1834. La partie occidentale a été ajoutée à la fin du 20e siècle. Derrière le château, le bois n´existait pas au 19e siècle : il s´agissait de joncs marins dans lesquels les moutons se réfugiaient au moment de la marée haute.

Datée du 21 août 1826 (A.D. Somme : 24 J 12), une convention stipulant la construction à Pinchefalise d´un bâtiment à l´emplacement du château propose sa description (il s'agit en fait de la ferme, contenant une cidrerie, que l'on voit encore aujourd'hui au nord de la propriété) : "faisant partie de la cour, bâtiment de 152 pieds de long, composé d´un pressoir, avec cellier, de deux écuries, le même nombre de fenêtres en façade qu´à l´arrière. Les lucarnes pour y mettre le fourrage seront fermées à clé. Le côté situé au levant est composé d´une maison pour une concierge divisé en trois appartements, deux chambres, une cuisine. Les solins du bâtiment seront en cailloux. Les portes seront peintes à l´huile, couleur vert bouteille, faites en sapin. Ils seront couverts avec les anciennes tuiles de la maison. Le colombier en bois à huit pans est couvert en ardoise. Sous le colombier, il y a une cabine en bois pour ranger les outils de jardin, fermée à clé. Une mare, du même côté que le colombier, sera maçonnée en brique et ciment, avec un petit mur d´appui. La cour sera isolée de la rue par une petite barrière qui se continuera après les bâtiments. La muraille des barrières sera en brique. Une cave sera présente. Le principal corps de logis sera changé, le salon sera diminué, la cheminée aussi. Le corridor, le fournil et le pignon du bout seront refaits à neuf, à la même hauteur que le bâtiment de la salle à manger. Le tout sera de plain pied. Il sera construit dans le fournil un four qui donnera sur le jardin du côté des noisetiers". La présence du pigeonnier permettait un complément de salaire non négligeable puisque les pigeons étaient vendus au marché de Saint-Valery le dimanche. La base de données Mérimée (recensement des jardins par le Ministère de la Culture) indique que le jardin d'agrément du château fut constitué par un maître d'oeuvre inconnu. Adrien Huguet indique dans son article que la manufacture de toiles peintes de Pinchefalise fut créée par Jean-Jacques Wulfran Delegorgue, seigneur de Pinchefalise, conseiller du roi. Nous ignorons si cette fabrique était située exactement sur la propriété du château mais l'article en donne une description complète.

En 1762, l'installation comprend le moulin, les outils de travail et les chaudières. Un procès-verbal de Saint Paul, qui inspecte la manufacture à la même époque, constate la présence de douze métiers battant : huit en mousseline et quatre en garas. La politique de Colbert, qui veillait à ne pas nécessiter de nouvelles importations, amena la venue à Abbeville de la famille Van Robais ; à ce moment là, les manufactures picardes étaient florissantes.

Ce dernier écrit le 28 mars 1762 à Saint-Paul : "Je ne me suis pas trompé, Monsieur, dans l'espoir que je fondais sur ce projet d'établissement, lorsque j'eus l'honneur de vous envoyer mon mémoire à ce sujet, du 12 mars 1761. Je dois même dire que les effets ont surpassé mon attente, et je ne doute nullement que cette manufacture deviendra un jour très florissante." En 1768, lors de son inventaire des industries cotonnières, l'intendant ne recense plus dans la province "qu'une manufacture de toiles que le sieur Delegorgue entretient au hameau de Pinchefalise". La manufacture de toiles peintes et de mousseline connait une grande prospérité jusqu'à la fin du 18e siècle. Dans les villages voisins, près de 250 ouvrières filent à domicile la matière première nécessaire à alimenter les douze métiers battants. Toute la famille Delegorgue était occupée à la fabrique : les trois fils, l´épouse et les deux filles. Nous ignorons pourtant quand l´industrie périclita.

  • Période(s)
    • Principale : 1er quart 17e siècle
    • Principale : 2e quart 19e siècle
    • Principale : limite 20e siècle 21e siècle
  • Dates
    • 1610, daté par source, porte la date, daté par travaux historiques

Situé sur les versants de la vallée de Neuville, la demeure domine une partie de l'estuaire de la Somme. Depuis ces hauteurs, on pouvait apercevoir la forteresse de Saint-Valery.

La demeure est placée sur une terrasse artificielle abritant des caves. Le pavillon principal est flanqué de deux corps latéraux. La façade en moellons, orientée au sud-est, est entièrement enduite. L´étage carré, plus bas que le rez-de-chaussée, possède un comble ajouré de trois lucarnes. Un petit campanile en ardoise surmonte le toit à longs pans et croupe. La pièce d'entrée possède des solives décorées sculptées de style Renaissance. Le pavillon nord en briques liées au ciment rose, situé dans le prolongement du premier élément, bénéficie d´un étage carré et d´un comble à surcroît. Une bande horizontale en pierre de taille délimite le rez-de-chaussée de l´étage. Celle-ci se répète à la corniche. Le toit à longs pans et croupes est couvert en ardoise.

Les communs en torchis sont situés perpendiculairement au château, dans la partie nord-ouest de la propriété. Ce bâtiment a été transformé en logis. De plan allongé, il dispose d´un soubassement sur rue composé d'un blocage de silex et de jambes en briques afin de compenser le dénivellement de la voie. Le reste de l'élévation est en brique. Le rez-de-chaussée surélevé est accessible par un perron en blocage de silex. Une ancienne écurie complète le bâtiment au nord. Les combles aménagés sont éclairés par la présence de deux lucarnes à essentage en ardoise. L'une d'elles semble avoir été refaite ; elles pourraient dater des années 1910. Le toit à pans coupés est pourvu d'une couverture en pannes picardes.

Les écuries et garages à voitures, situés au sud de la cour, également en pans de bois et torchis, possèdent un sol en briques rouges. La partie centrale est ajourée et possède un léger décrochement du toit.

Un colombier octogonal occupe le coeur de la cour. Il possède une sablière basse assemblée à mi-bois. D'après les traces de clous sur les poteaux, il était auparavant recouvert de torchis. Le mât, perpendiculaire au faîte, permettait l'accès aux trous de boulins (200). Il peut contenir deux cents à trois cents pigeons. Il est pourvu d'un belvédère en charpente. Les deux portes sont superposées. On accède à l´étage au moyen d´une échelle extérieure. Un mur de clôture entoure la propriété.

  • Murs
    • brique
    • torchis
    • silex
    • terre
    • enduit
    • essentage d'ardoise
    • pan de bois
    • galet
  • Toits
    ardoise, tuile
  • Étages
    sous-sol, en rez-de-chaussée, 1 étage carré, comble à surcroît, étage de comble
  • Élévations extérieures
    élévation ordonnancée
  • Couvertures
    • toit à longs pans
    • toit à deux pans
    • toit en pavillon
    • croupe
  • Typologies
    rendez-vous de chasse
  • Statut de la propriété
    propriété privée

Les parcelles au nord-ouest du château semble, d'après le cadastre napoléonien, avoir composé une pâture ou les jardins de celui-ci. Elles sont aujourd'hui occupées par des maisons modernes (depuis une trentaine d'années d'après les habitants). Nous ignorons dans quel bâtiment la manufacture était installée. Ces bâtiments existent-il encore ?

Documents d'archives

  • AD Somme. Série C ; C 285. Rapport sur l'activité industriel des environs d'Abbeville.

  • AD Somme. Série J ; 24 J 12. Archives communales de Boismont, [19e siècle].

Bibliographie

  • HUGUET, Adrien. Les seigneurs de Pinchefalise 1416-1789. Bulletin de la Société d'Emulation d'Abbeville, 1925, t. XII.

    p. 356-369
  • SEYDOUX, Philippe. Gentilhommières en Picardie. Ponthieu et Vimeu. Paris : Editions de la Morande, 2003.

    p. 216-217.

Documents figurés

  • Boismont. Plan cadastral, 1832 (AD Somme : 3 P 1287).

  • Petit Châlet à Pinchefalise, encre de Chine sur papier, d'après Louis Gillard (historien), 1867 (Société des Antiquaires de Picardie : L. Gillard et C-H. Dehalaye : Dessins originaux concernant la Picardie 1864-1865, Vol. 3).

Date d'enquête 2006 ; Date(s) de rédaction 2006
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
(c) SMACOPI