Dossier d’œuvre architecture IA80007339 | Réalisé par
  • inventaire préliminaire, arrière-pays maritime picard
Église paroissiale Notre-Dame-de-l'Assomption de Noyelles-sur-Mer et son cimetière
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
  • (c) SMACOPI

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté de communes Ponthieu-Marquenterre - Nouvion
  • Commune Noyelles-sur-Mer
  • Adresse place de l' Eglise
  • Cadastre 1833 A2 102, 103 ; 1971 A3 264, 265

Rodière estime la construction de cette église, dédiée à l´Assomption de la sainte Vierge, aux alentours des 13e et 14e siècles. D´autres auteurs indiquent qu´elle daterait approximativement de la fondation de la collégiale par le comte Guillaume III en 1217. Son plan comprenait primitivement trois nefs (dont la principale avait pour dimensions 31.5 mètres de long sur 7.5 mètres de large), plusieurs chapelles ainsi que le choeur. L´édifice était composé de pierres blanches du pays, craie très friable, relativement sensible aux intempéries, remplacée par endroit par la brique. Le clocher, de 15 mètres de haut, était composé d´une maçonnerie de moellon hourdée au mortier de chaux grasse tiercé et de sable aigre et de brique. Les murs est et ouest de la chapelle nord étaient jadis percés d´arcades communiquant, l´une avec le bas-côté, l´autre avec une autre chapelle voisine, aujourd’hui détruite. L´édifice fut défiguré en grande partie par les restaurations maladroites qui lui firent perdre quasiment toutes les nervures ogivales de ses fenêtres. Le mur nord présentait un gable, terminé par un clocher, aujourd’hui effondré. La corniche extérieure du choeur avait été refaite au 16e siècle. L'église comptait alors onze chapelles richement décorées. Il n'en restait plus qu'une, convertie en sacristie, en 1844. Sur la clé pendante de sa voûte en ogive trônaient les armes des Comtes de Ponthieu. L´édifice resta longtemps à l'abandon au 15e siècle, après que le village eut été détruit lors des invasions successives des Armagnacs (1402), des Bourguignons (1422 et 1428) et finalement, des Anglo-Bourguignons en 1435. Au 17e siècle, l´église était donc presque en ruine. D´après lecture d´un document daté du 8 août 1677 (transaction), il apparaît, d´après Rodière, que « l´église avait encore ses trois nefs, mais que les bas-côtés menaçaient une ruine imminente. La paroisse était installée dans le bas-côté nord (la carolle de paroisse : le bas-côté réservé à la paroisse) et avait pour choeur la chapelle, encore existante, qui est aujourd’hui la partie la mieux conservée de l´église. [...] Par sentence de l´officialité d´Amiens et par la transaction ci-dessus, l´autel de paroisse fut transféré dans la nef et la chapelle reçut alors la destination de sacristie à laquelle elle est encore affectée aujourd’hui. En outre, elle servait de salle de chapitre aux chanoines ; ce qui indique que l´ancienne salle capitulaire était ruinée ». Par ce document, le chapitre et les habitants renoncèrent à l´entretien des bas-côtés. « Quand ils tomberont, on fermera les arcades au frais des paroissiens. C´est ce qui a été fait et ce que nous voyons encore. Cet acte important nous donne donc la date approximative de ces travaux fâcheux mais devenus nécessaires qui ont dénaturé l´église ». Le pignon occidental s´écroula au début du 19e siècle, sa partie supérieure n´ayant pas été rétablie. Les maçons se contentèrent d´établir un mur bas en brique avec toit en appentis. Au début du 20e siècle, il ne restait que le choeur, la nef centrale et une seule chapelle au nord, servant de sacristie. D´après l´état général des édifices servant à l´exercice du culte dans l´arrondissement d´Abbeville (1801), l´église de Noyelles pouvait contenir 850 individus, alors que la population totale était de 660 personnes. Le bâtiment était alors en mauvais état. Les réparations étaient urgentes en 1802 (« Biens communaux avant 1869 »). En 1823, la situation n´avait pas évolué et les fonds de la Fabrique ne pouvaient faire face aux dépenses nécessaires. Les maisons canoniales, d´une grande simplicité, annonçaient l´appauvrissement de la fondation du comte Guillaume. Au début du 20e siècle, Rodière précise que « ces maisons sont encore debout pour la plupart : il s´agit de simples demeures de paysans, rangées tout autour de la grande place rectangulaire plantée d´arbres qui avoisine l´église ». Le chapitre, n´ayant pas émigré à Abbeville, dut tant bien que mal restaurer son église. Les projets de reconstruction se multiplièrent alors. Le premier, concernant le clocher, fut dressé par l´architecte Delefortrie, le 19 avril 1862. Le dossier indique encore qu´en 1868, l´église était toujours dans un état de vétusté alarmant. Un deuxième projet de reconstruction du clocher, de construction d´une sacristie et de réfection du toit de l´église, dressé par l´architecte soussigné E. Garbe à Régnière-Ecluse, fut émis le 15 juillet 1872 car l´édifice était dans un grave état d´humidité et d´insalubrité. La couverture était alors en ardoise d´un côté et en tuile de l´autre, mais la commune manquait toujours de financement. Le projet prévoyait également la démolition de la flèche du clocher. Un troisième plan présentant la restauration et la construction d´un clocher fut dressé par l´architecte Dingeon, le 2 mai 1874. Il avait pour projet le déplacement du clocher flèche (qui reposait au centre de l´église sur deux poutres en bois) sur une tour en maçonnerie formant portail. « Le clocher placé au milieu du toit, occasionne à chaque instant des dégâts à la toiture. L´église actuelle est basse et étroite. Avec ce projet, il ne sera pas possible d´élever les murailles. Le Conseil Municipal veut plus tard ouvrir les arcades pour créer deux bas-côtés : le peu d´élévation des murailles et la pente de la toiture feront obstacle ». Le quatrième projet (de reconstruction cette fois) fut émis le 17 juillet 1875 par Delefortrie. La commune préféra finalement une restauration, par manque de moyen. La toiture en tuile fut enfin réparée en 1896 : « du côté nord surtout, la toiture est dans un état de vétusté tel que les ouvriers ne peuvent plus la réparer. Et que par suite, l´eau des pluies endommage la voûte ». Il semble donc qu´aucun de ces projets n´ait été réalisé au 19e siècle et que la restauration se concentra uniquement à la toiture. Au début du 20e siècle, l´état de l´église de Noyelles était lamentable. Rodière indique que « les murs, surtout ceux du choeur, semblent être sur le point de s´écrouler. Partout la pierre tendre et friable, creusée et rongée par le vent de mer, s´effrite. Le pourtour des fenêtres est informe : les moulures, les archivoltes ne sont plus visibles. Les blocs de moellons, dont on a muré plusieurs fenêtres, s´effritent comme les murs. La largeur de cinq ou six pieds des murs les empêchent de tomber. La première couche de pierre est exfoliée partout. Le mur nord est tant bien que mal étayé par des contreforts en brique. Celui du sud a été revêtu et réparé des mêmes matériaux. Mais la maçonnerie se disjoint. Il est trop tard pour y faire des réparations. Les contreforts du chevet sont les seuls anciens, avec ceux de la chapelle ». L'auteur précise encore que, en 1903, « la toiture de l´église en ardoise est refaite en ardoise d´Angers grand modèle sur voliges en sapin rouges sur une surface de 379 m². L´ancien pavage, mélange de gré et de brique, en aussi mauvais état que les murs, a été remplacé grâce au zèle du curé de Noyelles par un dallage en marbre (en partie offert par la famille de J. de Hédouville, décédé en 1909 pour la nef ; dans le sanctuaire et le choeur, il a été effectué avec les sommes recueillies par l´abbé Diruy). Un certain nombre de vitraux ont été remplacé ». En 1908, les pilastres extérieurs de l´église étaient réparés. Le 31 octobre 1918, l´église subit quelques dégâts, suite aux bombardements du village. Le camp anglais, situé à la limite sud-ouest du territoire, fut bombardé à 50 mètres de là les 20 et 21 mars 1918. Le clocher ainsi que le plafond furent touchés. Les vitraux de l´Assomption, de saint Joseph, saint Jean-Baptiste, saint Henri, saint Antoine, saint Hubert, le bon Pasteur ainsi que quatre autres étaient à réparer, plus cinq fenêtres à verre blanc et un fauteuil brisé. D´après le dossier intitulé « Biens communaux 1870-1939 », les artisans intervenant à la restauration de l´église en mai 1921 étaient Collinet, maître verrier à Paris, Henri Bodart, plafonneur au Crotoy, Francis Christophe, maçon à Noyelles et Dufrancatel, couvreur au Titre. Le plafonnage fut refait à la grande nef, aux pignons, aux raccords, au plafond sous le clocher et au choeur. Des réparations complémentaires furent appliquées aux vitraux en mars 1923 par Aubert Legris, entrepreneur à Abbeville en 1939. L´église semble avoir encore été touchée lors de la Seconde Guerre mondiale, mais les dossiers de dommages de guerre édités en 1957 ne stipulent pas dans quelle mesure. Elle était alors en importante restauration par des ouvriers italiens. Dans les années 1960, les murs se désagrégeaient encore sous l´action des vents marins. Les contreforts qui soutenaient le clocher étaient à reprendre de toute urgence. D´après les Archives Communales, la restauration des cloches eut lieu en 1973, celle des vitraux géométriques en grisaille en 1983.

  • Période(s)
    • Principale : 13e siècle
    • Principale : 16e siècle
    • Principale : 17e siècle
    • Principale : 1ère moitié 20e siècle

L'église, est implantée au choeur du cimetière. Ce dernier est clos d'un mur composé d´une maçonnerie de brique avec remplissage de panneaux de silex. Haute de 2.15 mètres côté cimetière et 2.52 mètres, épaisse de 35 cm, cette clôture est surmontée d´un chaperon à deux pentes en brique. Il s'agit du mur d'origine, détruit par endroit (encore existant à l'ouest). Au nord, le cimetière est longé par une grange en brique de grande taille ; celle-ci tient lieu de clôture. Au sud, celui-ci fut agrandi d'une parcelle dans laquelle sont assemblées les tombes dernièrement implantées. Orienté, l´édifice est à plan unique. La façade ouest, ouverte d´un portail cintré, est flanquée de deux contreforts en brique. Le premier niveau en briques modernes, est surmonté d´un appareillage composé de bandeaux et de jambes en briques avec remplissage de silex hourdé au mortier de chaux, sable et ciment. La corniche, originellement composée de briques disposées en boutisses et panneresses, est consolidée par une rangée de parpaings. Le solin dispose, sur le pourtour de la construction, d'un appareillage en blocage de silex avec jambes en briques. La pierre de taille sert parfois à colmater les trous. Le nef, longue de quatre travées, est percée de fenêtres relativement petites. Chaque ouverture est séparée de sa voisine par un contrefort, originellement composé d'un appareillage en damier brique et pierre de taille en calcaire. Ceux-ci ont parfois été restaurés entièrement en brique ou seulement par endroit. Le transept nord, seul élément d´origine, est entièrement en pierre de taille. Le solin de cette partie de l'église est composé d'un appareillage mixte de silex, de grès et de briques, ce dernier matériau ayant été subsisté à la pierre de taille calcaire d'origine. Les lancettes l'éclairant ont été restaurées. Le transept est recouvert à l'est d'un enduit au ciment. Le prolongement du talus en glacis forme les contreforts latéraux qui encadrent la fenêtre. La croisée du transept est surmontée par le clocher couvert d´ardoise. Il contient une horloge et trois cloches. Le chevet à cinq pans, comprend deux travées. Dans la première au nord était située une chapelle latérale dont l´arcade est encore visible sur la muraille. Celle-ci, refaite en brique, encadre une petite baie murée. Elle communiquait également par une arcade gothique avec la chapelle conservée. La seconde travée, éclairée par une fenêtre en plein cintre, est sans archivolte ni moulure. L´abside est percée d´une fenêtre en tiers-point, plus large, aujourd´hui murée, tout comme les deux qui la flanquent. Le toit en ardoise à deux pans et croupe en façade est surmonté d'une flèche octogonale supportée par un bahut et un égout retroussé de plan carré également en ardoise. Le pignon du transept nord est découvert. L'entrée actuelle se fait par une porte située dans la première travée nord. Couverte d'une voûte en berceau brisé à poinçons et entraits de charpente apparents avec corbeaux, la nef est divisée en quatre travées par les arcades en tiers-point qui reposent sur des piliers carrés. Les arcades sont percées de fenêtres aigues, irrégulières. La quatrième est couverte d´une voûte d´ogives avec clef représentant l´agneau Pascal et culots ornés de quatre têtes humaines. Le carrelage est en damier de céramique. Le mur occidental est pourvu de deux renfoncements : le premier pour les fonts baptismaux, le second pour le confessionnal. L'ensemble de la maçonnerie intérieure est couvert d'un enduit moderne et le soubassement d'un enduit à faux-joints. Les fenêtres brisées sont insérées dans un second arc brisé aveugle, plus large. L'espace intérieur est recouvert d'un lambris de demi-revêtement moderne. Le transept nord est ajouré d´une fenêtre à quatre lancettes avec trois roses au tympan. La caisse du clocher, située à la croisée du transept, apparente, sépare le choeur de la nef. Une longue échelle avec rampe y conduit. Ajouré de trois fenêtres, le sanctuaire, surélevé, est long de deux travées. L'allée centrale est pourvue d'un carrelage de damier en marbre noir et blanc (19e siècle) et de céramique années 1970. La porte de l'ancienne sacristie est située dans la première travée nord. Celle-ci est surmontée d'une niche accueillant la statue de sainte Marguerite en bois polychrome du 16e siècle (classée au titre objet des Monuments Historiques par décret du 4 janvier 1915). Deux autres niches y sont visibles, dont une avec lavabo. Au pied du maître-autel, repose Alix, soeur de Philippe-Auguste (plaque funéraire).

  • Murs
    • brique
    • silex
    • grès
    • pierre de taille
    • appareil mixte
    • parpaing de béton
  • Toits
    ardoise
  • Plans
    plan en croix latine
  • Couvrements
    • voûte en berceau brisé
    • charpente en bois apparente
  • Couvertures
    • toit à longs pans
    • flèche polygonale
    • croupe
    • pignon découvert
  • Typologies
    cimetière d'enclos (churchyard)
  • Représentations
    • armoiries
    • tête humaine
    • agneau mystique
  • Statut de la propriété
    propriété de la commune

Rodière rapproche cette église de celle de Maintenay ; en effet, le plan du chevet est identique.

Documents d'archives

  • AD Somme. Série V ; 5 V 25. Fabrique de Port, [19e siècle].

  • AD Somme. Série O ; 99 O 2905. Biens communaux, avant 1939.

  • AD Somme. Série O ; 99 O 2903. Biens communaux de Noyelles-sur-Mer, 1870-1939.

  • AD Somme. Série O ; 99 O 2902. Travaux communaux, avant 1869.

  • AD Somme. Série O ; 99 O 2901. Biens communaux, avant 1869.

  • AC Noyelles-sur-Mer. Série M ; 2 M2. Réparations de l'église, [19e siècle].

Bibliographie

  • RODIERE, Roger. L'église collégiale de Notre-Dame à Noyelles sur Mer. Bulletin de la Société d'Emulation d´Abbeville, 1911, t. 8.

    p. 301-314
  • RODIERE, Roger. L'église de Noyelles-sur-Mer. Bulletin de la Société d'histoire et d'Archéologie du Vimeu, 1911-1913, tome III.

    p. 110-112
  • RODIERE, Roger. Notice archéologique sur l'église collégiale de Notre-Dame de Noyelles-sur-Mer. Bulletin de la Société d'Emulation d'Abbeville. 1904, t. 6.

    p. 139-143

Documents figurés

  • Commune de Noyelles-sur-Mer, plan du cimetière, encre et lavis sur papier, 29 février 1860 (Archives Communales : 1 M 2).

  • Commune de Noyelles-sur-Mer, projet de reconstruction du choeur de l'église, plan, coupe et élévations, encre et lavis sur simili calque, par Delefortrie architecte, 1862 (AD Somme : 99 O 2903).

  • Eglise de Noyelles, encre de Chine sur papier, d'après Louis Gillard (historien), 1867 (Société des Antiquaires de Picardie : L. Gillard et C-H. Dehalaye : Dessins originaux concernant la Picardie 1864-1865, Vol. 3).

  • Commune de Noyelles-sur-Mer, restauration de l'église et construction d'un clocher, plan, coupe et élévation, encre et lavis sur simili calque, par Dingeon architecte, 1874 (AD Somme : 99 O 2903).

  • Eglise de Noyelles-sur-Mer, carte postale en noir et blanc, collection du bureau de tabac de Noyelles-sur-Mer, F. Poidevin éditions, début 20e siècle.

  • Noyelles-sur-Mer, Intérieur de l'église, carte postale en noir et blanc, collection du bureau de tabac de Noyelles-sur-Mer, F. Poidevin éditions, début 20e siècle.

Annexes

  • Liste des objets de l'église de Noyelles-sur-Mer
  • Histoire de la collégiale
  • Histoire du cimetière de Noyelles-sur-Mer
Date(s) d'enquête : 2004; Date(s) de rédaction : 2004
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
(c) SMACOPI
Articulation des dossiers