Dossier d’œuvre objet IM02005338 | Réalisé par
Riboulleau Christiane
Riboulleau Christiane

Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France jusqu'en 2022.

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Plouvier Martine
Plouvier Martine

Historienne, Martine Plouvier a été conservateur régional de l'Inventaire général de Picardie, conservateur en chef aux Archives nationales et directrice du Centre d'études et de recherches prémontrées.

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  • mobilier et objets religieux, la cathédrale de Soissons
Ensemble de deux verrières mixtes (verrières figurées, verrières abstraites) : allégories de Vertus ? (baies 107 et 108)
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Grand Soissons Agglomération - Soissons-Sud
  • Commune Soissons
  • Adresse Cathédrale Saint-Gervais-Saint-Protais , place Cardinal-Binet
  • Emplacement dans l'édifice chœur (baies 107 et 108)
  • Dénominations
    verrière
  • Titres
    • Allégories de Vertus ?
  • Dossier dont ce dossier est partie constituante

La plus ancienne mention de ces verrières n'est pas antérieure au milieu du 19e siècle. Elle est due au baron F. de Guilhermy qui, au cours de cette période, visite à plusieurs reprises la cathédrale de Soissons et la décrit en détails. À ce moment, le visiteur remarque dans trois baies du chœur, des têtes de femmes couronnées. À la baie 105, se trouve une femme (misericordia) voilée de brun et couronnée d'or, tandis qu'à la baie 107, l'oculus est occupé par une tête de femme voilée de blanc et couronnée d'or. Dans le bas de cette dernière verrière, ont été rapportés huit petits panneaux sur lesquels on distingue des martyrs emmenés au supplice. Une troisième femme, voilée de brun et couronnée, allégorie de la justice, domine le chœur depuis la baie 112. La baie 108 ne possède alors pour tout décor qu'un buste mutilé. La faible surface de verres anciens subsistant aujourd'hui dans les oculi ne facilite pas la datation des personnages féminins. Rien n'indique non plus l'emplacement d'origine de ces éléments de verrières (chœur ou nef ?), le vitrage de la cathédrale ayant été remanié à deux reprises au tout début du 19e siècle. Une datation dans le premier quart du 13e siècle est néanmoins tout à fait probable.

Ces verrières, comme toutes celles de la cathédrale, souffrent d'un manque d'entretien pendant la Révolution et profitent d'une restauration vers 1807. Endommagées par l'explosion de la poudrière du bastion Saint-Remy, le 13 octobre 1815, elles sont réparées en 1816 ou 1817, intégrant au besoin des panneaux ou des verres provenant de l'église abbatiale de Braine, alors en cours de démolition partielle. Il est possible que les panneaux légendaires que Guilhermy a vus dans les lancettes de la baie 107 proviennent de cet établissement religieux, à moins que leur présence ne résulte d'une repose désordonnée des vitraux de la cathédrale.

Quoi qu'il en soit, les verrières de la cathédrale sont réorganisées, restaurées et complétées dans la seconde moitié du 19e siècle. Au sein de ce grand chantier, bien documenté par les archives de l'administration des Cultes, la réfection des verrières du chœur est entreprise vers la fin des années 1860 et dans le courant des années 1870. Elle permet ainsi d'effacer les conséquences du bombardement de Soissons (12-15 octobre 1870) qui brise ou crible le vitrage de la partie sud de l'édifice. À l'issue de ces travaux, les lancettes du chœur sont munies de verre incolore, respectant un dessin de bâtons rompus, tandis que les oculi accueillent des personnages en buste du 13e siècle, remis en plomb. La vitrerie est alors réalisée par le peintre-vitrier soissonnais Jules Hermerie (ou Hermerie-Quatrevaux), tandis que la restauration des parties figurées est plutôt confiée au verrier Édouard Didron.

La Première Guerre mondiale détruit le résultat de ces nombreux efforts. Le chœur, moins atteint que la nef, est rapidement restauré. Les baies 107 et 108 reçoivent des lancettes constituées de losanges, tandis qu'une rosace polylobée, fort restaurée, reprend sa place dans chacun des oculi. Ce travail est exécuté par le peintre-verrier parisien Emmanuel Daumont-Tournel, en 1923-1924 semble-t-il (d'après les archives du service des Monuments historiques).

Le programme de restauration et de création a été poursuivi tout au long du 20e siècle, destiné à remettre en place les éléments anciens conservés, ou à poser des verrières de complément qui respectent l'unité chromatique générale. Il a abouti en 1982 à l'installation de compositions abstraites dans les lancettes de ces deux fenêtres, œuvres d'Anne Le Chevallier, de Fontenay-aux-Roses (la verrière 107 est signée).

Les baies 107 et 108, identiques, sont formées chacune de deux lancettes en arc brisé, surmontées d'un oculus à six lobes. Les deux oculi sont ornés d'un vitrail figuré, réalisé en verre antique rehaussé de grisaille. Les quatre lancettes (11 registres superposés) sont occupées par une composition abstraite, constituée à l'aide d'un assemblage de verres teintés dans la masse. Des dégradés de coloris, aisément visibles sur les verres rouges, proviennent probablement d'un travail de gravure à l'acide.

  • Catégories
    vitrail
  • Structures
    • lancette, 2, juxtaposé, en arc brisé
    • oculus de réseau, polylobé
  • Matériaux
    • verre transparent, soufflé, taillé, peint, grisaille sur verre
    • plomb, réseau
  • Précision dimensions

    Mesure approximative de la baie : la = 430. Une lancette mesure 790 cm de hauteur pour 190 cm de largeur. L'oculus doit avoisiner 193 cm de diamètre (d'après le mémoire des travaux de restauration).

  • Précision représentations

    La partie centrale de l'oculus est occupée par une femme en buste, représentée de face. Sa tête voilée est couronnée. Les six lobes de l'oculus sont réservés à des sujets décoratifs, basés sur des rosaces ou des combinaisons de feuillages. L'identité des figures féminines couronnées conserve un certain mystère, faute d'inscription ancienne complète. Toutefois, l'absence d'auréole révèle qu'il ne s'agit pas de saintes. Vers le milieu du 19e siècle, F. de Guilhermy avait noté la présence de trois femmes couronnées, et pu lire, près de deux visages, les mots IUSTICIA et MISERICORDIA. Si tel est bien le cas, il s'agissait à l'origine d'une représentation allégorique de quatre vertus : la miséricorde et la vérité, la justice et la paix. Ces vertus sont évoquées dans le psaume 84-85, et sont considérées comme une annonce de l'avènement du Christ, ou comme son cortège.

  • Inscriptions & marques
    • inscription donnant l'identité du modèle, peint, sur l'oeuvre, latin, incomplet, connu par document, récent
    • signature, peint, sur l'oeuvre
  • Précision inscriptions

    La femme couronnée qui orne l'oculus de la baie 107 était accompagnée d'un nom peint en réserve, dont il ne subsiste que la seconde partie : [...]ICIA. Vers le milieu du 19e siècle, le nom était complet et le baron de Guilhermy a pu lire IUSTICIA. À la baie 108, l'inscription moderne se lit : EGYDINAE. Dans l'état actuel des connaissances, il est impossible de dire si cette inscription reproduit une inscription originale détruite, ou relève de la fantaisie.

    La signature "Anne Le Chevallier" est peinte à la baie 107, dans l'angle inférieur droit de la lancette droite.

  • État de conservation
    • oeuvre restaurée
    • oeuvre complétée
    • plombs de casse
    • partie remplacée
  • Précision état de conservation

    Les deux rosaces anciennes ont été restaurées pour la dernière fois après la Première Guerre mondiale, et les parties manquantes ont alors été refaites. Les lancettes ont abandonné leur vitrage monochrome en faveur de créations abstraites et colorées, en 1982.

  • Statut de la propriété
    propriété de l'Etat
  • Intérêt de l'œuvre
    À signaler
  • Protections
    classé au titre immeuble partiellement, 1862
  • Référence MH

La cathédrale ayant été classée par liste de 1862, les objets qui, comme les verrières médiévales, étaient incorporés à l'édifice à cette date, profitent de la même protection. Les deux rosaces sont donc les seuls éléments classés de ces verrières.

Documents d'archives

  • AN. Série F ; Sous-série F 19 (Cultes) : F 19, carton 7889 (Travaux exécutés dans la cathédrale de Soissons au cours de la période concordataire ; 1884-1886).

    Rapport de l'architecte A. Lance (exercice 1869) ; soumissions du vitrier Jules Hermerie en date du 28 juillet 1872 et du 26 janvier 1874.
  • AMH (Médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine). Série 81 : 81/02, carton 193. Soissons, cathédrale Saint-Gervais et Saint-Protais, Correspondance : renseignements (1836-1975) ; Travaux, Subvention, mauvais état (1905-1994) ; Vitraux (1910-1992) ; Faits de guerre (1915-1918) ; Autres ; (1919-1941) ; Dégagement (1922-1930) ; Plaques commémoratives (1923-1984) ; Mobilier (1932-1941) ; Orgues (1934-1976) ; Aliénation d'un terrain (1936) ; Dégâts (1959) ; Fouilles (1970) ; Abords (1977) ; Dépôt lapidaire (1985-1993) ; Statue (1987) ; Mécénat (1994).

    Dossier vitraux (compte-rendu de visite, daté du 9 avril 1992).
  • AMH (Médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine). Série 81 : 81/02, carton 195. Réparations diverses (1923).

    Dossier Travaux 1923 (Mémoire des travaux de réparation de vitraux exécutés sous la direction de M. Brunet).
  • A Évêché Soissons. Série P (paroisses) : P Soissons-Cathédrale, 1 E 6. Délibérations de la Fabrique (1846-1876).

    Séances du 22 et du 26 octobre 1870.
  • BnF (Cabinet des Manuscrits) : naf 6109 (collection Guilhermy, 16). Description des localités de la France (Soissons).

    folios 256 r°-v°.

Bibliographie

  • ANCIEN, Jean. Vitraux de la cathédrale de Soissons. Réédition du livre du 24 juillet 1980. Neuilly-Saint-Front : imprimerie Lévêque, 2006.

    p. 178-180.
  • FRANCE. Corpus Vitrearum Medii Aevi. Les vitraux de Paris, de la Région parisienne, de la Picardie et du Nord-Pas-de-Calais. Recensement des vitraux anciens de la France, vol. 1. Paris : éditions du CNRS, 1978.

    p. 171.
Date(s) d'enquête : 2004; Date(s) de rédaction : 2012
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Riboulleau Christiane
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Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France jusqu'en 2022.

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Historienne, Martine Plouvier a été conservateur régional de l'Inventaire général de Picardie, conservateur en chef aux Archives nationales et directrice du Centre d'études et de recherches prémontrées.

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