Dossier d’œuvre objet IM02005432 | Réalisé par
Riboulleau Christiane
Riboulleau Christiane

Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France jusqu'en 2022.

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Plouvier Martine
Plouvier Martine

Historienne, Martine Plouvier a été conservateur régional de l'Inventaire général de Picardie, conservateur en chef aux Archives nationales et directrice du Centre d'études et de recherches prémontrées.

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  • mobilier et objets religieux, la cathédrale de Soissons
Ensemble de l'autel secondaire Saint-Crépin et Saint-Crépinien (plate-forme d'autel, autel-tombeau, gradin d'autel, retable architecturé à niche)
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Grand Soissons Agglomération - Soissons-Sud
  • Vol
  • Commune Soissons
  • Adresse Cathédrale Saint-Gervais-Saint-Protais , place Cardinal-Binet
  • Emplacement dans l'édifice première chapelle du collatéral nord du chœur

Le chanoine Cabaret place en 1650 la construction de la chapelle Sainte-Geneviève dans le bras nord du transept. Malheureusement, il ne rapporte pas les circonstances qui ont présidé à cette création, se contentant de signaler que son décor a été financé par un groupe de chanoines. Il est impossible également de se représenter l'aspect de l'œuvre à cette époque, le retable ayant été modifié à plusieurs reprises depuis, et l'autel, remplacé.

C'est à l'occasion du renouvellement complet du décor du chœur et de son environnement immédiat (1767-1775), que la chapelle Sainte-Geneviève fait l'objet de plusieurs interventions. En 1774, elle est dotée d'une plateforme, d'un autel-tombeau et d'un gradin d'autel en marbre, pour la rendre semblable aux chapelles modernisées du déambulatoire. La sculpture foisonnante du retable est alors allégée et la pierre est blanchie. Quoique le chanoine Cabaret ne le mentionne pas, il est possible que le nouvel autel ait été livré par le marbrier hennuyer Thomas, fournisseur des marbres employés au cours des travaux de rénovation du chœur.

Le retable perd au moins son tableau d'autel pendant la Révolution, car, en septembre 1803, le conseil de Fabrique décide d'y installer la Remise des clés à saint Pierre, toile de Philippe de Champaigne peinte pour le deuxième jubé de la cathédrale. Ce tableau change d'emplacement, sans doute après sa restauration de 1826-1828, et une autre toile lui succède au-dessus de l'ancien autel Sainte-Geneviève. Une lithographie, d'après un dessin de François Bonhommé réalisé vers 1840, représente l'intérieur du transept, avec cet ensemble mobilier au premier plan. L'autel et son retable se dressent alors dans un entrecolonnement, à l'est du croisillon nord du transept. Le retable est doté d'ailes, qui étaient ornées à l'origine de statues comme en témoignent deux socles vides. À cette époque, l'autel ne porte plus le vocable de Sainte-Geneviève, mais celui de Saint-Nicolas dont la statue orne la niche supérieure du retable. La provenance du tableau d'autel, entré à la cathédrale en 1803, n'est pas connue. Il représenterait la Sainte Famille guidée par un ange pendant la fuite en Égypte, sujet sur lequel concordent autant le dessin de Bonhommé que l'inventaire du mobilier de 1836 (l'Ange conducteur) et le baron de Guilhermy (la Fuite en Égypte). Le dessin n'est pas assez précis pour qu'on puisse retrouver le modèle exact de l'œuvre, qui paraît néanmoins dater du 17e ou du 18e siècle et s'inspirer d'une composition de Nicolas Poussin (1594-1665), exposée actuellement au musée de Lyon, ou de François Verdier (1651-1730), conservée au musée d'Orléans.

Le réaménagement du transept au milieu du 19e siècle provoque en 1866 le déplacement de l'autel et de son retable dans une étroite chapelle du collatéral nord du chœur. Le retable est alors amputé de ses ailes pour pouvoir tenir dans cet espace restreint. L'ensemble y traverse la Première Guerre mondiale sans dommage excessif, protégé dès 1915 par un amoncellement de sacs de plâtre ou de ciment. Le 20 octobre 1935, Monseigneur Mennechet bénit l'autel restauré, consacré cette fois aux saints Crépin et Crépinien, et orné d'un tableau et d'une statue en rapport avec le nouveau et dernier vocable de ce mobilier.

  • Période(s)
    • Principale : milieu 17e siècle, 3e quart 18e siècle
    • Secondaire : 2e quart 20e siècle
  • Dates
    • 1650, daté par travaux historiques
    • 1774, daté par source, daté par travaux historiques
    • 1935, daté par source
  • Auteur(s)
    • Auteur :
      Thomas
      Thomas

      Famille de marbriers, basée principalement à Beaumont-en-Hainaut, connue pour les 17e et 18e siècles. Un membre de cette famille aurait fait le pavement de chœur de Saint-Nicaise de Reims. Le même ou un autre Thomas a réalisé le pavement du chœur de la cathédrale de Soissons, le lutrin, le maître-autel et des autels secondaires en marbre. En 1776-1777, il allait exécuter le pavement du chœur de la cathédrale de Laon, et les supports de marbre destinés à recevoir les grilles.

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      marbrier (incertitude), attribution par source, attribution par travaux historiques

Tel qu'il se présente aujourd'hui, l'autel de Saint-Crépin et Saint-Crépinien se compose de quatre éléments : une plate-forme d'autel, un autel-tombeau, un gradin d'autel et un grand retable architecturé à niche.

L'autel adopte un plan rectangulaire horizontal, arrondi aux extrémités antérieures. Son élévation est droite. Il possède une structure en marbre rouge veiné (marbre de Rance), qui sert de cadre à des panneaux en brèche du Tholonet, ou brèche d'Alep. Le devant de l'autel est orné d'un décor rapporté en marbre. Cet autel repose sur une plate-forme, elle-aussi incurvée aux deux extrémités antérieures, constituée d'une bordure en marbre rouge veiné et d'un panneau central en marbre gris veiné de blanc. L'autel est surmonté d'un unique gradin, en marbre gris veiné de blanc.

La plate-forme, l'autel et le gradin s'appuient contre un retable architecturé à une seule travée centrale, mais à deux niveaux superposés, dont la structure en calcaire blanc est enrichie de fûts de colonnes, tables et éléments décoratifs en marbre noir poli. L'un de ces éléments comporte un monogramme gravé. Le marbre rouge veiné n'intervient ponctuellement que dans la constitution du cadre du tableau d'autel, et lui sert également d'entourage.

Le niveau inférieur du retable, dont la partie centrale est réservée au tableau d'autel, est cantonné de chaque côté par deux colonnes juxtaposées qui se dressent sur de hauts socles à l'avant de pilastres. Les chapiteaux en calcaire des colonnes portent un entablement à ressauts orné d'un décor en relief dans sa partie médiane.

Le niveau supérieur, de plus faible volume, comporte une niche centrale, environnée d'un décor sculpté dans la masse en moyen et haut reliefs, et surmontée d'un fronton triangulaire. Cette travée est cantonnée de chaque côté par une colonne, un pilastre, enfin par un aileron ornemental. Une croix en ronde-bosse domine l'ensemble.

  • Catégories
    taille de pierre, marbrerie
  • Structures
    • plan, rectangulaire horizontal
    • élévation, droit
    • niveau, 2, superposé
    • travée, 1
    • colonne, 6, juxtaposé, superposé
  • Matériaux
    • calcaire, blanc, en plusieurs éléments taillé, décor en relief, décor en ronde bosse, décor dans la masse, décor rapporté
    • marbre veiné, rouge, gris, en plusieurs éléments taillé, poli
    • brèche, en plusieurs éléments taillé, poli
    • marbre uni, noir (incertitude), taillé, poli, gravé
  • Précision dimensions

    Mesures approximatives de l'ensemble, plate-forme d'autel comprise : h = 750 ; la = 380 ; pr = 235. Le retable seul mesure 88 cm de profondeur.

  • Iconographies
  • Précision représentations

    La croix du Saint-Esprit se détache à l'avant de l'autel. Le retable est cantonné par des colonnes lisses agrémentées d'un chapiteau corinthien. Le cadre du tableau est surmonté d'une agrafe, puis d'un cartouche dont l'élément central comporte le monogramme AM gravé. Une tête d'ange ailé se détache de l'entablement et surplombe le premier niveau du retable.

    La travée centrale du second niveau est ornée, autour de la niche, d'une représentation de Dieu le Père à mi-corps et de chérubins dans des nuées. Un fronton triangulaire, dont les rampants sont bordés de fruits, est dominé par une croix sommitale. Cette travée est encadrée par des colonnes et pilastres corinthiens, puis par des ailerons décoratifs en forme de volutes.

    L'iconographie de la partie supérieure incite à se demander si l'ensemble n'était pas à l'origine consacré à la Vierge ou ne comportait pas sa statue. Les représentations de Dieu le Père, à mi-corps et entouré de chérubins, surmontent très souvent les représentations de la Vierge environnée de ses emblèmes, ou de la Vierge sur le croissant de lune (Immaculée Conception), ou encore de l'Assomption. En témoigne par exemple le décor du maître-autel de l'église d'Aubepierre-sur-Aube (Haute-Marne) où un relief de pierre, représentant la Vierge entourée de ses emblèmes, est dominé par Dieu le Père à mi-corps. La présence du monogramme AM sur le retable de Soissons renforce cette hypothèse.

  • État de conservation
    • changement de forme
    • remaniement
    • partie remplacée
    • oeuvre restaurée
  • Précision état de conservation

    L'ensemble, tel qu'il s'offre à la vue aujourd'hui, a subi plusieurs modifications depuis sa création au 17e siècle. Dans le cadre de la réfection complète du chœur à la fin du 18e siècle, il a reçu un nouvel autel, une plate-forme et un gradin de marbre, pour s'harmoniser avec les autels de marbre qui venaient d'être installés dans les chapelles du déambulatoire et sur la façade occidentale du jubé. Le chanoine Cabaret précise que l'ensemble a été, en même temps, allégé de sculptures. Une lithographie des frères Thierry d'après un dessin de Bonhommé, montre l'apparence de l'autel et de son retable, vers 1840. Le retable a été encore amputé sur les côtés, lors de son installation dans la première chapelle nord du chœur en 1866.

  • Statut de la propriété
    propriété de l'Etat
  • Intérêt de l'œuvre
    À signaler

Documents d'archives

  • AD Aisne. Sous-série 4 J : 4 J 2 (copie des "Mémoires pour servir à l'histoire de Soissons et du Soissonnais" d'Antoine-Pierre Cabaret, seconde partie).

    p. 320, 329, 337-338.
  • A Évêché Soissons. Série P (paroisses) : P Soissons-Cathédrale, 1 C 5. Bulletin paroissial de l'église cathédrale de Soissons.

    Octobre 1935.
  • A Évêché Soissons. Série P (paroisses) : P Soissons-Cathédrale, 2 D. Inventaires.

    Inventaire de 1836, n° 37.
  • A Évêché Soissons. Série P (paroisses) : P Soissons-Cathédrale. 1 E 3. Délibérations de la Fabrique (1802-1804).

    Séance du 15 septembre 1803.
  • BnF (Cabinet des Manuscrits) : naf 6109 (collection Guilhermy, 16). Description des localités de la France (Soissons).

    Folio 259 r°-v°.

Bibliographie

  • DELORME. Notes sur le mobilier artistique de la cathédrale de Soissons. Bulletin de la Société archéologique, historique et scientifique de Soissons, 3e série, t. 12, 1903-1904, 8e séance, lundi 1er août 1904, p. 265-292.

    p. 278.

Documents figurés

  • [Plan du croisillon nord du transept, comportant l'emplacement du mobilier], dessin à l'encre sur papier, [milieu du 19e siècle] (A Évêché Soissons. Série P (paroisses) : P Soissons-Cathédrale, 3 D plans).

  • Cathédrale de Soissons. Picardie, dessin par François Bonhommé, lithographie Thierry frères, [vers 1840]. In : TAYLOR, Justin, NODIER, Charles, CAILLEUX, Alphonse de. Voyages pittoresques et romantiques dans l'ancienne France. Picardie. Paris : Firmin Didot frères, 3 volumes, 1835-1845.

    T. 2, 1840.
  • Soissons - Le peintre militaire G. Boucart achevant un tableau des ruines de la Cathédrale près d'un obus tombé sans éclater, carte postale, G. Nougarède, éditeur à Soissons, [vers 1915] (A Évêché Soissons : Série Y, Soissons-Cathédrale).

  • Soissons. - Le Chœur de la Cathédrale. Soissons : Nougarède éditeur [ca 1916]. Carte postale (A Évêché Soissons : série Y).

Date(s) d'enquête : 2004; Date(s) de rédaction : 2013
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Riboulleau Christiane
Riboulleau Christiane

Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France jusqu'en 2022.

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Plouvier Martine
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Historienne, Martine Plouvier a été conservateur régional de l'Inventaire général de Picardie, conservateur en chef aux Archives nationales et directrice du Centre d'études et de recherches prémontrées.

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