Dossier d’œuvre objet IM02005369 | Réalisé par
Riboulleau Christiane
Riboulleau Christiane

Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France jusqu'en 2022.

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Plouvier Martine
Plouvier Martine

Historienne, Martine Plouvier a été conservateur régional de l'Inventaire général de Picardie, conservateur en chef aux Archives nationales et directrice du Centre d'études et de recherches prémontrées.

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  • mobilier et objets religieux, la cathédrale de Soissons
Ensemble de six statues (grandeur nature) : saint Gervais et saint Protais, saint Rufin et saint Valère, saint Pierre et saint Paul
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Grand Soissons Agglomération - Soissons-Sud
  • Commune Soissons
  • Adresse Cathédrale Saint-Gervais-Saint-Protais , place Cardinal-Binet
  • Emplacement dans l'édifice autels des collatéraux du chœur et du déambulatoire
  • Dénominations
    statue
  • Titres
    • saint Gervais et saint Protais
    • saint Rufin et saint Valère
    • saint Pierre et saint Paul
  • Dossier dont ce dossier est partie constituante

Les statues de saints qui dominent aujourd'hui les autels de six des chapelles entourant le chœur et le sanctuaire de la cathédrale forment un ensemble, destiné à l'origine au deuxième jubé de l'édifice. Cet ensemble consiste en trois "couples" de saints, toujours associés : saint Pierre et saint Paul, les deux piliers de l'Église, les deux jumeaux Gervais et Protais, saints patrons de la cathédrale, enfin saint Rufin et saint Valère, évangélisateurs du Soissonnais vers la fin du 3e siècle.

En 1663, le chapitre prend la résolution de remplacer le jubé médiéval, mutilé pendant les guerres de Religion, par un nouveau jubé au goût du jour. La première pierre est posée en janvier 1664 par le prévôt du chapitre. Une plaque commémorative, encore visible au 19e siècle dans une resserre de la cathédrale, place le parachèvement de cette clôture en 1666. Le décor du jubé comprend alors six statues de pierre, qui sont réalisées par le sculpteur parisien Gilles Guérin, membre de l'Académie royale de peinture et de sculpture. Ces œuvres, ainsi que d'autres figures destinées à l'abbaye Notre-Dame et à celle de Saint-Jean-des-Vignes, sont probablement sculptées à Soissons, car Guillet de Saint-Georges - historiographe de l'Académie - précise que des ouvrages à réaliser au Louvre rappelèrent ensuite Gilles Guérin à Paris.

Une gravure, insérée dans le Bréviaire de Soissons publié en 1742, montre la façade occidentale du jubé de la cathédrale, contre laquelle s'appuient deux autels encadrés par les statues posées sur un haut piédestal. La gravure n'est pas assez précise pour qu'on puisse identifier les saints représentés, et l'on ignore comment les statues avaient été réparties. L'autel de Saint-Pierre, au nord, était sans doute encadré par les statues de saint Pierre et saint Paul. Mais rien ne permet de savoir laquelle des deux autres associations de saints cantonnait l'autel de la Vierge, au sud.

L'aménagement et la décoration du chœur et de son environnement sont entièrement renouvelés à partir de 1767. Un troisième jubé est alors construit à la place du précédent. Les statues de saint Pierre, de saint Paul, de saint Rufin et de saint Valère gagnent de nouveaux autels installés dans les chapelles du déambulatoire, tandis que les statues des jumeaux Gervais et Protais sont placées dans des niches au-dessus des deux autels du jubé. Elles y restent jusqu'en 1866, date à laquelle le jubé est définitivement supprimé. Les deux autels qui s'y adossaient sont conservés et sont remontés avec les statues des saints patrons de la cathédrale, dans deux chapelles en vis-à-vis, situées dans les collatéraux du chœur. Cette disposition des statues a été conservée jusqu'à nos jours.

D'après l'architecte Émile Brunet, ces statues ont peu souffert des opérations militaires de la Première Guerre mondiale. On ne sait donc à quelle occasion ni quand (milieu du 20e siècle ?), la statue de saint Gervais (autel nord) a été brisée en deux dans le sens de la hauteur, dommage ayant entraîné sa dépose, puis sa restauration. Deux photographies relatives à cet incident, conservées à la Médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine, sont consultables dans la base "Images" du ministère de la Culture.

  • Période(s)
    • Principale : 3e quart 17e siècle
  • Dates
    • 1664, daté par source
  • Stade de création
    • pièce originale de sculpture
  • Lieu d'exécution
    Commune : Soissons
  • Auteur(s)
    • Auteur :
      Guérin Gilles
      Guérin Gilles

      Sculpteur né et mort à Paris. Membre de l'Académie royale de peinture et de sculpture. En plus de ses travaux à la cathédrale, il réalisa pour l'abbaye bénédictine Notre-Dame de Soissons une statue de saint Benoît et une autre de sainte Scholastique, en pierre de Tonnerre, ainsi que les ornements en marbre qui sont aux côtés de la grille. Pour l'abbaye Saint-Jean-des-Vignes, il travailla à quatre figures d'anges et à plusieurs autres figures.

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      sculpteur attribution par travaux historiques

Les statues et leur base sont réalisées dans un bloc unique de calcaire blanc. Peut-être s'agit-il de pierre de Tonnerre, matériau que Gilles Guérin semble avoir volontiers travaillé. Ces statues sont scellées à un socle. Elles sont entièrement sculptées, et certaines (comme celle de saint Pierre) conservent en partie une patine ou une couche de peinture claire qui a foncé avec le temps.

  • Catégories
    sculpture
  • Structures
    • revers sculpté
  • Matériaux
    • calcaire, blanc, monolithe taillé, patine
  • Précision dimensions

    Mesures approximatives à quelques cm près, avec la base, mais sans le socle. Saint Gervais (nord) : h = 180 ; la = 80 ; pr = 65. Saint Protais (sud) : h = 180 ; la = 80 ; pr = 70. Leur socle mesure 16,5 cm de hauteur. Saint Rufin (nord) : h = 178 ; la = 75 ; pr = 50. Saint Valère (sud) : h = 173 ; la = 80 ; pr = 45. Le socle de ces deux statues mesure 33 cm de hauteur. Saint Pierre : h = 174 ; la = 72 ; pr = 53. Saint Paul : h = 173 ; la = 75 ; pr = 60. Leur socle mesure 40 cm de hauteur.

  • Précision représentations

    Les six personnages sont représentés debout et de face. Ils forment trois associations de deux personnages conçus en pendant, les têtes inclinées ou tournées l'une vers l'autre. Si les costumes se ressemblent à l'intérieur de chacun des couples de saints (habit de diacre pour Gervais et Protais, vêtement gaulois pour Rufin et Valère, grands drapés à l'Antique pour Pierre et Paul, le sculpteur a néanmoins su introduire quelques nuances et variations dans la position des corps et des attributs : emplacement du livre et de la palme pour les saints Gervais et Protais, emplacement de la palme, fixation du manteau et position des mains pour les saints Rufin et Valère, enfin position des attributs et du livre tenus par les saints Pierre et Paul.

    Saint Gervais et saint Protais, étant jumeaux, se ressemblent parfaitement. Ils sont vêtus d'une tunique, puis d'une dalmatique qui laisse entrevoir une longue étole portée en diagonale. Le manipule pend à leur avant-bras gauche. Ils lisent dans un livre ouvert et tiennent la palme symbolique du martyre. Le décor des deux dalmatiques, traité en bas-relief, est particulièrement remarquable. Les orfrois sont occupés par des sujets décoratifs et par plusieurs figures d'apôtres séparées par des scènes de martyre ou par des angelots en vol qui tendent des couronnes. Sur la statue de saint Gervais (au nord), on reconnaît saint Jean avec le calice et l'aigle, saint André et sa croix, saint Pierre avec les clefs et saint Paul avec l'épée, enfin un apôtre tenant un bâton (peut-être saint Jacques le Majeur). Ces apôtres sont séparés par des scènes de décollation ou de crucifixion. Sur la dalmatique de saint Protais, on reconnaît probablement saint Jacques le Mineur avec une massue, saint Mathias tenant la hallebarde, saint Jude (?), l'équerre à la main, enfin saint Thomas appuyé sur une lance. Des angelots en vol semblent tendre la couronne du martyre à chacun des apôtres.

    Saint Rufin et saint Valère portent des cheveux longs et bouclés, ainsi que la barbe. Ils sont vêtus de braies, d'une tunique serrée à la taille par une ceinture, et d'un manteau que saint Rufin porte boutonné sous le cou, tandis que saint Valère le porte attaché sur l'épaule gauche. Chacun porte la palme du martyre. Le traitement du drapé est particulièrement remarquable chez saint Valère et donne l'impression que le personnage vient de se tourner soudainement sur sa gauche, ou s'apprête à s'élancer en avant. Leur socle est entouré d'une frise de feuilles d'acanthe.

    Saint Pierre et saint Paul, tous deux barbus, sont vêtus d'une longue tunique, drapés dans des manteaux et chaussés de sandales. Saint Pierre tient à la main droite les clés du Royaume des Cieux et serre sur sa poitrine un livre fermé, sur la couverture duquel on distingue l'Agneau de Dieu couché sur le livre aux sept sceaux. Saint Paul, qui appuie son avant-bras gauche sur la garde de l'épée de son supplice, tient contre lui un livre ouvert dont il désigne une phrase. Le socle de ces deux statues est orné de moulures et cannelures.

  • Inscriptions & marques
    • inscription donnant l'identité du modèle, gravé, sur l'oeuvre, latin
  • Précision inscriptions

    Deux inscriptions latines, empruntées aux Épîtres de saint Paul, sont gravées sur le livre ouvert que tient le saint : Mihi absit / Gloriari nisi / in Cruce D[omi]ni / nostri Iesu / Christi. / Nos autem / Praedicamus / Christum / crucifixum.

    La première phrase se trouve dans la Lettre aux Galates 6 : 14 (Quant à moi, je ne veux me vanter que de la croix de notre Seigneur Jésus-Christ). La seconde provient de la 1ère Lettre aux Corinthiens 1 : 23 (Quant à nous, nous prêchons le Christ crucifié).

  • État de conservation
    • oeuvre restaurée
    • salissure
  • Précision état de conservation

    Si l'on en croit l'architecte Émile Brunet, les statues ont très peu souffert de la Première Guerre mondiale. Pourtant, la statue de saint Gervais (nord) a été restaurée dans le courant du 20e siècle, à une date inconnue. Des photographies conservées à la Médiathèque du Patrimoine montrent l'œuvre brisée, en cours de dépose. Sur la statue de saint Protais (sud), on détecte des restaurations sur les bords de la dalmatique. La surface présente quelques épaufrures. La pierre du socle se desquame, sous l'effet de l'humidité. La surface des deux statues semble sale, ou avoir conservé des traces de patine.

    La statue de saint Valère semble sale, ou avoir conservé une patine. La surface présente également quelques épaufrures. La surface de la statue de saint Rufin paraît avoir été décapée avec quelque agressivité pour l'épiderme de la pierre. On constate quelques petites cassures sur les bords des plis.

    La partie inférieure de la statue de saint Pierre est couverte d'une couche brunâtre. L'anneau d'une clef est brisé, de même que la dernière phalange de l'index de la main gauche et un morceau du livre. Le socle de saint Pierre est rongé par l'humidité. L'index et le pouce de la main droite de saint Paul sont brisés, ainsi que quelques bords de de son manteau.

  • Statut de la propriété
    propriété de l'Etat
  • Intérêt de l'œuvre
    À signaler
  • Protections
    classé au titre objet, 1915/01/04
    classé au titre objet, 1965/06/14
    inscrit au titre objet, 2008/09/12
  • Référence MH

Les statues de saint Rufin et saint Valère ont été classées les premières en 1915. Elles ont été rejointes par les statues de saint Gervais et saint Protais en 1965. Les statues de saint Pierre et saint Paul ne bénéficient que de l'inscription, depuis 2008.

Documents d'archives

  • AD Aisne. Sous-série 4 J : 4 J 2 (copie des "Mémoires pour servir à l'histoire de Soissons et du Soissonnais" d'Antoine-Pierre Cabaret, seconde partie).

    p. 316, 328.
  • A Évêché Soissons. Série P (paroisses) : P Soissons-Cathédrale, 3 D. Travaux, aménagements liturgiques, mobilier de la cathédrale de Soissons.

    Transcription de l'inscription qui commémorait l'achèvement du deuxième jubé.
  • BnF (Cabinet des Manuscrits) : naf 6109 (collection Guilhermy, 16). Description des localités de la France (Soissons).

    folios 257 r°-258 r°, 259 r°, 266 r°.

Bibliographie

  • BRUNET, Émile. La restauration de la cathédrale de Soissons. Bulletin monumental, 87e volume, 1928.

    p. 89.
  • DORMAY, chanoine Claude. Histoire de la ville de Soissons, et de ses rois, ducs, comtes et gouverneurs. Avec une suitte des Evesques, & un Abbregé de leurs actions : diverses remarques sur le clergé, & particulierement sur l'Eglise Cathedrale ; et plusieurs recherches sur les vicomtez & les Maisons Illustres du Soissonnois. Soissons : Nicolas Asseline, 1663-1664, 2 vol.

    t. 2, p. 576.
  • GUILLET DE SAINT-GEORGES, Georges. Gilles Guérin. In Mémoires inédits sur la vie et les ouvrages des membres de l'Académie royale de peinture et de sculpture, Publiés d'après les manuscrits conservés à l'Ecole impériale des Beaux-Arts, par MM. L. Dussieux, E. Soulié, Ph. de Chennevières, Paul Mantz, A. de Montaiglon, Paris : J.-B. Dumoulin, 1854, t. 1, p. 259-268.

Documents figurés

  • Pavete ad Sanctuarium meum. Ego Dominus. Lev. 26. 2. [Représentation du vaisseau central vers l'abside], eau forte, [ca 1742]. In : Breviarium Suessionense, Illustrissimi & Reverendissimi in Christo Patris D. D. Francisci, Ducis de Fitz-James, Paris Franciae, Episcopi Suessionensis [...]. Suessione : Apud viduam Caroli Courtois, MDCCXLII, np.

  • Statue : saint Gervais ou saint Protais, pierre, 18e siècle {Vue de la statue brisée de saint Gervais], tirage photographique en noir et blanc, milieu du 20e siècle (Médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine : AP02W00488).

  • Statue : saint Gervais ou saint Protais, pierre, 18e siècle, en cours de dépose, tirage photographique en noir et blanc, milieu du 20e siècle (Médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine : AP02W00489).

Date(s) d'enquête : 2004; Date(s) de rédaction : 2012
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Riboulleau Christiane
Riboulleau Christiane

Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France jusqu'en 2022.

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Plouvier Martine
Plouvier Martine

Historienne, Martine Plouvier a été conservateur régional de l'Inventaire général de Picardie, conservateur en chef aux Archives nationales et directrice du Centre d'études et de recherches prémontrées.

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