Dossier d’œuvre architecture IA60005268 | Réalisé par
  • inventaire topographique, Communauté de communes Oise Picarde
L'habitat du village de Bucamps
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté de communes de l'Oise Picarde - Saint-Just-en-Chaussée
  • Commune Bucamps
  • Dénominations
    maison, ferme

Entre activité agricole et artisanat textile à domicile

Si les recensements de population montrent une forte présence des activités textiles à domicile jusque dans le dernier quart du 19e siècle, les activités agricoles ont toujours été présentes à Bucamps. Comme dans les autres villages du plateau picard, deux formes de fermes sont identifiables dans le village. La ferme à grange sur rue est le type le plus fréquent, siège de la petite et moyenne exploitation agricole. Elle peut être habitée par des ménagers, journaliers ou ouvriers agricoles. La particularité du plateau picard est qu’elle est souvent tenue par de petits artisans textiles comme les mulquiniers, tisserands ou calicotiers à Bucamps.

La ferme à cour est organisée autour d’une vaste cour fermée dont l’accès se fait par un portail ouvert sur la rue. Elle est le siège d’importantes exploitations agricoles tenues par de riches propriétaires cultivateurs.

            Les fermes à grange sur rue

Dans cette forme, la grange, percée d’une entrée charretière, est alignée sur la rue, tandis que le logis se trouve en fond de cour. Ce type d’habitat est le plus représenté sur le cadastre napoléonien (1808) formant de véritables fronts de granges le long des rues.

Si la grande majorité de ces fermettes vivrières a aujourd’hui disparu, on en trouve encore des exemples comme aux numéros 3 et 5 rue Saint-Pierre (ill.), dont l’emprise est reconnaissable sur le cadastre napoléonien (1808). Ces deux anciennes granges contiguës sont seulement séparées par un mur coupe-feu en brique qui évitait la propagation des incendies. La brique est employée dans les épais soubassements. Si celui du n°3 semble avoir été repris plus récemment, celui du n°5, plus ancien, est renforcé, comme souvent, par des pierres de taille calcaires aux angles du bâtiment. Les murs des édifices s’élèvent ensuite en torchis et pan de bois. Un essentage de bois protège la grange du n°3. Les couvertures ont été refaites récemment. La grange du n°5 a toujours sa grand-porte charretière, percée d’une porte piétonne sur le battant gauche. Celle du n°3 possède encore deux portes à engranger dont une au niveau du comble, permettant de rentrer directement les récoltes depuis la rue.

D’autres exemples de ces granges sur rue sont visibles rue des Fresnes aux n°7, 13 (ill., reconstruite en brique en 1868) et 15 (ill.). Au n°12 rue du Chauffour (ill.), l’importance de l’édifice laisse supposer l’existence d’une plus grosse exploitation.

            Les fermes à cour

D’importantes exploitations agricoles organisées autour d’une vaste cour sont présentes au cœur du village. Tel est le cas de la ferme située au n°8 rue du Chauffour (ill.), dont les dépendances agricoles en brique (étables et écuries) ont été construites dans les années 1920 (date de 1926 portée sur la façade côté rue). Les granges perpendiculaires à la rue, avec leur soubassement de calcaire alternant sections en pierre de taille et en moellons, semblent plus anciennes (elles sont présentes sur le cadastre napoléonien). Enfin, le logis en fond de cour se présente comme une longère de plain-pied en torchis et pan de bois, couverte d’un enduit et coiffée d’ardoise.

La ferme entièrement construite en brique aux n°2 rue Saint-Pierre (ill.) offre également un bon exemple de ces grandes exploitations agricoles alliant la polyculture à l’élevage. Les bâtiments agricoles et le logis s’organisent là aussi autour d’une vaste cour. L’ensemble des bâtiments est matérialisé sur le cadastre de 1936. Le bâtiment en brique dont la façade sur rue est ornée de deux bandeaux de briques saillantes est visible sur le cadastre napoléonien (1808) mais cette mise en œuvre laisse penser à une reconstruction postérieure. De même, les bâtiments qui lui sont contigus sont certainement construits sur des soubassements plus anciens, appartenant aux édifices visibles à cet emplacement sur le cadastre napoléonien.

Les matériaux de construction

Comme dans tous les villages du plateau picard, la mise en œuvre en torchis et pan de bois est la plus ancienne utilisée. L'imposante grange au n°28 rue des Fresnes (ill.) est datable du début du 19e siècle (mais peut-être antérieure) d'après le cadastre napoléonien (1808). Elle offre un remarquable exemple de maçonneries en pan de bois et torchis. Celles-ci reposent sur une structure composée des poutres sablières et de décharge, renforcée par la présence de tournisses. Les lacunes de torchis à certains endroits laissent apparaitre le clayonnage. Cette mise en œuvre est également visible sur l’habitation donnant sur la place de l’ancienne mare, à l’angle de la rue du Chauffour et de la rue des Fresnes. En outre, le traitement décoratif des portes (piétonne et charretière) du passage couvert du n°12 (ill.) construit dans l'angle de la rue du Chauffour et de l'impasse des Ruches offre un remarquable exemple de l'art des menuisiers et charpentiers de la région.

Si le pan de bois torchis est largement répandu dans les maçonneries, la brique est tout aussi présente. On la trouve tout d’abord dans la majorité des soubassements des granges sur rue, le plus souvent combinée au calcaire (par exemple aux n°8 et 12 rue du Chauffour (ill.)). De plus, de nombreux édifices sont reconstruits avec ce matériau à partir de la 2e moitié du 19e siècle (grange n°13 (ill.) et maison n°29 rue des Fresnes (ill.), logis n°3 rue Saint-Pierre reconstruit en 1854, ancienne grange construite en 1869 par le maçon Sélame et réaménagée en maison au n°19 rue du Chauffour (ill.)). La brique est également privilégiée dans les constructions du village à partir du 20e siècle comme le montre le bâtiment agricole portant la date de 1926 au 8 rue du Chauffour (ill.), ou encore l’habitation datée de 1955 au 28 rue des Fresnes (ill.).

Pour les couvertures, si le chaume a été longtemps majoritaire (sur 95 maisons en 1831, 84 sont en chaume), il est remplacé comme dans tous les villages du plateau picard par les pannes ou l’ardoise au cours du 19e siècle, avec une accélération dans les années 1860 (en 1866, sur 93, seules 9 sont couvertes de chaume).

  • Statut de la propriété
    propriété privée

Documents figurés

  • Bucamps. Cadastre napoléonien, section A, feuille unique, 1808 (AD Oise ; EDT 343/1 G 1).

  • Bucamps. Cadastre napoléonien, section C, feuille unique, 1808 (AD Oise ; EDT 343/1 G 1).

  • Bucamps. Cadastre rénové, section A, feuille 5, 1936 (AD Oise ; 1964 W 28).

Date(s) d'enquête : 2022; Date(s) de rédaction : 2022
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
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