Dossier d’œuvre architecture IA60005289 | Réalisé par
  • inventaire topographique, Communauté de communes Oise Picarde
Le village de Campremy
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté de communes de l'Oise Picarde - Saint-Just-en-Chaussée
  • Commune Campremy
  • Dénominations
    village
  • Parties constituantes non étudiées
    mairie, école, abreuvoir, place, presbytère, monument aux morts, puits, croix de chemin, chapelle

Village situé dans une plaine proche de l’ancienne route royale Amiens-Saint-Just, Campremy tire son origine de l’implantation d’un domaine agricole, probablement d’origine romaine. Comme dans la plupart des villages du plateau picard, les seigneurs qui se partagent les terres du finage sont principalement ecclésiastiques (abbaye Saint-Lucien de Beauvais, abbaye de Breteuil, abbaye cistercienne de Froidmont).

Dans la seconde moitié du 19e siècle, au moment où la population commence à diminuer, une gare et une briqueterie s’installent dans le village, lui permettant de développer son activité économique. Il faut toutefois attendre les années 1980 pour que, une fois l’exode rural terminé, le nombre d’habitants augmente à nouveau, grâce à l’attraction de Breteuil et de Beauvais. En 2019, Campremy compte 480 habitants, répartis dans 203 logements. La part de résidences principales est de 88,7% (données INSEE).

Dès le début du 19e siècle, les activités des habitants se sont surtout tournées vers l’agriculture et, si très peu de fermes sont encore en activité aujourd'hui, les bâtiments de certaines d'entre elles sont encore en place, en particulier dans la rue Neuve et la rue Jeannette. Elles prennent la forme de la ferme picarde traditionnelle comprenant une grange percée d’une entrée charretière et alignée sur la rue tandis que le logis est relégué en fond de cour.

Origines

 

Des fouilles archéologiques sur le territoire de la commune ont attesté la présence de villas romaines, en particulier près de la ferme de Grandmesnil. Louis Graves (1832) évoque même la présence d’un camp romain. Quoi qu’il en soit, la première forme sous laquelle Campremy est connue est "Campus Remigii", relevé dans un acte du cartulaire de l’abbaye de Froidmont daté de 1035 (É. Lambert, 1982). Ce nom renverrait à un domaine agricole ("campus" signifie "champ") propriété d’un certain "Rémy".

Les biens et revenus des terres de Campremy sont partagés entre les seigneurs ecclésiastiques de l’abbaye de Froidmont qui possèdent la grange cistercienne de Grandmesnil, l’abbaye Saint-Lucien de Beauvais et l’abbaye de Breteuil, dont l’abbé est patron de la cure et lève dîmes et redevances dans le village. Au 14e siècle, un seigneur laïc, Jean de Bacquencourt, tient un fief à Campremy. Louis Graves évoque également la présence de souterrains et de fondations d’un ouvrage fortifié dans un enclos au nord de l’église. Ces vestiges pourraient renvoyer à l’existence d’une ancienne forteresse médiévale.

D'après les recensements de population, la démographie du village est à son maximum dans les années 1820 (466 habitants) avant de baisser dans la seconde moitié du 19e siècle. C’est pourtant à cette époque qu’une gare (dans l’actuelle rue de la Gare) et une briqueterie s’installent.

 

Évolution de la morphologie et du parcellaire

 

D’après la carte de Cassini (1757), Campremy est situé à une intersection en T de deux anciennes et importantes routes (l’une menant à Thieux, l’autre à Noyers-Saint-Martin). L’ancienne route royale de Paris à Amiens se trouve à environ 1, 8 kilomètres du village. Le bâti s’organise donc sur ce carrefour comprenant aujourd’hui la rue de la Gare, la rue Jean et la rue Neuve (vers Noyers-Saint-Martin et route d’Amiens) et la rue de l’Argilière (vers Thieux). L’habitat se développe particulièrement le long du premier axe. À l’intersection des deux routes, une chapelle dédiée à la Vierge est construite (au 16e siècle ?). Elle conserve aujourd’hui une piétà en pierre. Enfin, une route devait relier Campremy à l’écart de Bois Renault dès l’Ancien Régime ("Boisrenaut" est figuré sur la carte de Cassini). Cet axe se développe au 19e siècle et la route est bien établie sur le plan d’état-major (milieu du 19e siècle).

Le noyau du village s'est constitué autour de l’église et de l’imposante ferme attenante qui devait constituer un ancien domaine seigneurial. Au 19e siècle, une place publique, une mare et la mairie-école se greffent à ce pôle d’Ancien Régime.

Le parcellaire s'organise en lanières qui s'étendent de la rue au tour de ville, à l'arrière. Ce type d'occupation des sols correspond à la structure économique des exploitations agricoles et à la forme des fermes : de taille moyenne voire petite, elles comprennent la grange sur la rue et le logis en fond de cour. L'arrière de la parcelle accueille le potager, le verger et parfois une petite pâture pour quelques animaux.

La baisse démographique intervenue à partir de la seconde moitié du 19e siècle entraîne une chute du nombre de maisons dans le village (128 maisons en 1891, 88 seulement en 1921). Le cadastre rénové de 1934 permet d’observer que plusieurs parcelles se vident et le bâti devient plus clairsemé (en particulier dans la rue Jean et la rue Neuve). Il faut attendre les années 1980 et la reprise démographique pour que les parcelles soient à nouveaux loties par l’installation de pavillons modernes. Ces implantations sont particulièrement visibles aux sorties du village (rue de la Gare, rue des Cailloux) mais également dans les zones plus au centre (création de la rue Aline, réinvestissement de parcelles de la rue Neuve et de la rue des Cailloux).

 

Lieux partagés et structurants

 

Gérer et partager l’eau

 

Comme dans tous les villages du plateau picard, la collecte et la gestion de l’eau constituent des enjeux forts pour les habitants. En effet, la nature sèche et poreuse des sols font des puits et des mares des aménagements indispensables pour la population. À Campremy, quatre anciens puits (1 rue de la Gare, 1 sur la place et un rue des Cailloux) et 4 mares (1 sur la place, 2 rue Neuve, 1 rue de la Gare) ont pu être relevés. D’après la Statistique de 1902, le village comptait alors 12 puits et 8 mares. Parmi ces dernières, celle de la place et celle qui se trouve à l’intersection de la rue Neuve et de la rue des Belles Dames sont les plus anciennes.

Les puits, bien que comblés avec des briques, conservent leur forme d’origine avec leurs épaisses dalles de pierre pour les murs et la toiture. La petite porte en fer toujours en place sur certains d'entre eux permettait de fermer le puits à clé. Seuls les habitants du village qui payaient l’entretien du puits pouvaient ainsi l’utiliser.

 

Les limites du village : croix de chemin et tour de ville

 

Les croix de chemin visibles dans les villages sont le plus souvent implantées à des intersections importantes ou des emplacements significatifs en lien avec l’histoire de leurs commanditaires. Elles marquaient souvent l’entrée des agglomérations. À Campremy, une seule croix se situe dans le village. Elle est installée à son entrée est, au croisement de la route menant à Grandmesnil et du tour de ville. D’après l’étude de l’association pour la connaissance et la conservation des croix et calvaires du Beauvaisis, elle aurait été élevée par la famille Blery au cours du 19e siècle. La seconde croix est implantée dans la plaine, sur la route menant à l’ancien cimetière commun à Thieux et Campremy. La famille Mahieux-Bucquet l’aurait financée vers 1885. Elle a été restaurée dans les années 1980.

Le sentier du tour de ville est un élément typique des villages du plateau picard. Il délimitait la zone habitée de la zone cultivée et ceinturait l’arrière des parcelles des habitations. La section sud de celui de Campremy (allant de la rue Neuve à la rue de l’Argilière) est particulièrement bien conservée. Le chemin est accessible au bout de la rue Neuve et à partir de la rue de l’Argilière, entre le cimetière et les premières habitations du village.

 

Équipements publics du 19e siècle

 

Un dossier de la série O des archives départementales de l'Oise permet de retracer l'histoire de la mairie-école de Campremy. En 1851, le conseil municipal décide d’acquérir une maison appartenant aux époux Labitte, pour en faire un presbytère avec salle de mairie. Ce bâtiment situé rue de Bois Renault (actuelle rue de l’Église) est toujours en place derrière la mairie actuelle. En 1872 cependant, le presbytère doit être déplacé dans une nouvelle propriété achetée par la commune aux époux Grare-Labitte et implantée dans l’actuelle rue des Belles Dames au n°12. Une école est alors installée dans l’ancien presbytère, tandis que celle qui existait précédemment (acquise en 1835) est vendue.

Après cette première période où il s’agissait de trouver des locaux déjà existant pour les transformer en équipements publics, le conseil municipal décide de construire ses propres bâtiments en 1877. C’est à cette date que la mairie-école actuelle est construite par Charles Gueudet, maçon-entrepreneur au Bois Renault. Les plans sont dessinés par l’architecte de l’arrondissement de Beauvais M. Auxcousteaux. La mairie est installée au-dessus de l’école. Ce bâtiment accueille toujours la mairie aujourd’hui.

Autre équipement public construit au 19e siècle, la remise des pompes à incendie est édifiée en 1844 au bout de la place publique. Elle est reconstruite en 1898 et se trouve toujours en place aujourd’hui.

Enfin, une gare est édifiée un peu avant 1900 à la sortie sud-ouest de Campremy, rue de la Gare. Elle se trouvait sur la ligne Estrées-Saint-Denis-Crèvecoeur-le-Grand ouverte en 1891 pour le tronçon Ravenel-Froissy. Il n’en reste plus de trace aujourd’hui.

  • Période(s)
    • Principale : Moyen Age
    • Principale : Temps modernes
    • Principale : Epoque contemporaine
  • Couvertures
  • Typologies
    vallée sèche

Documents d'archives

  • AD Oise. Série J ; sous-série 49 J : 49 Jp 9. Campremy. Inventaire des croix et calvaires. Archives de l'association pour la connaissance et la conservation des calvaires et croix du Beauvaisis, 2007.

  • AD Oise. Série M ; sous-série 6 M : 6 Mp 144. Campremy. Recensements de population (1820 à 1936).

  • AD Oise. Série O ; sous-série 2 O : 2 O 29530. Campremy : presbytère et mairie (1852-1879).

  • AD Oise. Série O ; sous-série 2 O : 2 O 29537. Campremy : cimetière (1882-1930).

Bibliographie

  • GRAVES, Louis. Précis statistique sur le canton de Froissy, arrondissement de Clermont (Oise). Annuaire de l'Oise. Beauvais : Achille Desjardins, 1832.

    p. 27-28
  • LAMBERT, Émile. Dictionnaire topographique du département de l'Oise. Amiens (Musée de Picardie) : Société de linguistique picarde, 1982 (tome 23).

    p. 109
  • Notice descriptive et statistique sur le département de l'Oise. Paris : Imprimerie du du service géographique, 1902.

    p. 239
  • OISE. Archives départementales. Répertoire méthodique détaillé de la sous-série 2 O. Administration communale. Établi par le bureau des archives modernes, archives départementales de l’Oise, 2019.

    p. 239-240

Documents figurés

  • Campremy. Cadastre rénové, section B, feuille 1, 1934 (AD Oise ; 1964 W 32).

  • Campremy. Cadastre rénové, section B, feuille 2, 1934 (AD Oise ; 1964 W 32).

  • Campremy. Cadastre rénové, section A, feuille 2, 1934 (AD Oise ; 1964 W 32).

  • Campremy. Cadastre rénové, section A, feuille 3, 1934 (AD Oise ; 1964 W 32).

  • Campremy. Cadastre rénové, section E, feuille unique, 1934 (AD Oise ; 1964 W 32).

  • Campremy (Oise). Rue de la Gare, carte postale, éd. Lesobre, [1er quart du 20e siècle] (coll. part.).

  • Campremy (Oise). La Gare, carte postale, éd. Lesobre, [1er quart du 20e siècle] (coll. part.).

  • Campremy (Oise). La place, carte postale, éd. Lesobre, [1er quart du 20e siècle] (coll. part.).

Annexes

  • Les activités anciennes des habitants et habitantes de Campremy
Date(s) d'enquête : 2022; Date(s) de rédaction : 2022
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général