Depuis le 12e siècle jusqu´à la Révolution, la seigneurie de Crandelain appartenait aux religieux de Saint-Jean de Laon. 1128 y vit la fondation d'un cloître et d'une église. Colligis, placé sous le patronage de saint Nicolas, était mentionné dans les textes sous la forme Curtlegis dès 1136. Le territoire appartenait pour moitié à la grosse tour de Laon et au comté de Roucy. D´origine plus récente que Crandelain, Colligis n´était qu´un hameau au 12e siècle, dépourvu de chapelle ; elle lui est adjointe en 1196. Un château occupait l'entrée latérale droite du village en venant de Crandelain. Les villages de Colligis et de Crandelain présentaient en 1914 des maisons bourgeoises appelées vendangeoirs. Les 49 habitations, dont l´orientation divergeait selon leur emplacement, donnaient au village un aspect désordonné. D'après Maxime de Sars et Lucien Broche, les deux communes eurent à souffrir des invasions ennemies successives. La plus destructrice fut celle qui toucha la France au début du 20e siècle. Chassés de la Marne, les Allemands s´installèrent dans la vallée de l´Ailette dès le 6 septembre 1914. Le 8, Crandelain, déjà touché par les bombardements, fut évacué. Au début de l´année 1917, les troupes adverses fortifièrent leurs positions. Les habitants quittèrent Colligis au milieu du mois de mars. Une fois maître de la vallée, l´armée allemande décida d´aménager la carrière afin d´assurer une guerre de position. Colligis, moins touché que son voisin, se releva en premier. Crandelain fut quasiment condamné à mort par l´Etat : par décision ministérielle du 10 juillet 1922, 41 % de la surface du village de Crandelain-et-Malval furent classés en Zone Rouge, soit 171 hectares sur 415. Mais la ténacité des habitants permit sa remise en état. Une coopérative de reconstruction fut constituée entre les propriétaires de Crandelain, Colligis, et Pancy. Les travaux débutèrent en 1921 pour s´achever dix ans plus tard. La municipalité de Haguenau en Alsace aida à la reconstitution de Colligis ; une rue porte d'ailleurs son nom. En 1920, Colligis et Crandelain-et-Malval pouvait être adoptés par le Puy-de-Dôme dans le cadre de l'adoption des communes dévastées par les régions non sinistrées. Le plan d´alignement de Colligis établi en février 1922 respectait la disposition des bâtiments communaux tels qu'ils étaient disposés avant la guerre : la poste était située au bas de la rue des Carrières, alors que la mairie bordait la rue, faisant face à l'église. Le décret présidentiel du 9 septembre 1923 supprima la commune de Crandelain, anciennement Crandelain-et-Malval, pour la relier à Colligis sous le nom qu´on leur connaît désormais. La fontaine située au coeur de la place de Colligis (construite au 18e siècle grâce à la générosité de M. Sallandre, notaire à Fère-en-Tardenois) et la porte d´entrée de l´ancien cimetière constituent aujourd'hui les deux seuls témoins du village d´avant-guerre. D'après les cartes postales anciennes, l'arrière de l'actuel hôtel de ville était occupé par une bâtisse imposante en pierre de taille, munie d'un fronton en façade, qui ne semble avoir été reconstruite. L'étude du bâti se répartit ainsi : 63 bâti INSEE ; 15 repérées ; 7 étudiées.