Dossier d’œuvre architecture IA60005294 | Réalisé par
  • inventaire topographique, Communauté de communes Oise Picarde
Le village de Puits-la-Vallée
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté de communes de l'Oise Picarde - Saint-Just-en-Chaussée
  • Commune Puits-la-Vallée
  • Dénominations
    village

Puits-la-Vallée est un village de 207 habitants (2019), situé entre Francastel et Maisoncelle-Tuilerie, dans la partie ouest de l'ancien canton de Froissy. Implanté au bord d'une ancienne voie romaine (actuelle D150), il est le résultat de la fusion de "Puy" et "La Vallée", deux agglomérations qui dépendaient de la paroisse d'Oursel-Maison sous l'Ancien Régime. Malgré une forte présence ecclésiastique parmi les possesseurs des terres du village (abbaye de Breteuil, abbaye Saint-Lucien de Beauvais, commanderie de Fontaine-sous-Montdidier), un château, dont l'église a pu être la chapelle (des membres de la famille de Rouvroy y sont inhumés), indique la présence d'une petite seigneurie comme il est fréquent d'en rencontrer dans les villages voisins.

L'histoire des activités des habitants de Puits-la-Vallée est semblable à celle des villages environnants : si la population travaille principalement la laine (filage et tissage) au 19e siècle, l'exode rural particulièrement marqué à partir des années 1880 entraîne un repli des activités sur la seule activité agricole. Quelques fermes anciennes sont encore en place, plus particulièrement derrière l'église. Il faut attendre la reprise démographique des années 1990 en lien avec la périurbanisation pour que de nouveaux logements soient construits (voir le dossier sur l'habitat). En 2019, Puits-la-Vallée compte 85 habitations dont 96,5% de résidences principales.

Origines

 

La première occurrence connue du nom du village dans les sources écrites a pu être relevée par É. Lambert (1982) dans le cartulaire de l’abbaye de Breteuil. Daté de 1164, l’acte cite "puteus villaris". "Puits" est alors employé seul. En effet, "La Vallée" n’est dans un premier temps qu’un hameau, structuré à une date indéterminée, situé à l’écart de Puits, dans un fond de vallée. À partir de 1469, "Puits" et "La Vallée" sont associés dans la documentation écrite, mais encore séparés. Ce n’est en effet qu’à partir du 16e siècle que "Puits" absorbe "La Vallée". Ce hameau devait comprendre la partie est du village (voir le plan du terroir de Froissy levé en 1690).

Sous l’Ancien Régime, les principaux seigneurs possessionnés à Puits-la-Vallée étaient ecclésiastiques. L’abbaye de Saint-Lucien de Beauvais jouissait de droits et terres aliénés au 16e siècle (É. Lambert, 1982). L’abbaye de Breteuil y détenait également des biens. Louis Graves (1832) mentionne même le don d’Hugues de Fransures en 1238 qui lui cède un serf, Wallérius de Puits avec ses héritiers et ses terres. Enfin, la commanderie de Fontaine-sous-Montdidier avait également des possessions à Puits-la-Vallée.

Louis Graves mentionne également l’existence d’un château en face de l’église dont les fossés étaient encore visibles dans le premier tiers du 19e siècle. Le manoir dit "Le Château", visible sur une carte postale du début du 20e siècle et dont le style indique plutôt une construction du 18e siècle lui était-il lié ? La carte de Cassini (1757) figure bien un château au milieu d’un parc clos. Il aurait pu appartenir à la famille de Rouvroy, dont certaines sépultures sont installées dans l’église, ancienne chapelle du château. Une copie du plan d'assemblage du cadastre de 1809 (AD Oise ; série O) figure bien un complexe de bâtiments organisés autour d'une vaste cour carré. Enfin, un ancien pressoir communal, peut-être lié au manoir, se trouve toujours en face de la mairie (D. Delattre, 2020).

 

Évolution de la morphologie et du parcellaire

 

Le cœur du village se constitue dès le Moyen Âge par l’implantation du manoir seigneurial et de sa chapelle plus tard devenue église. C’est autour de ce premier pôle que l’habitat s’est développé, de manière plus ou moins concentrique (le profil courbe des rues du centre du village l’atteste). Le plan terrier de l’abbaye de Saint-Lucien de Beauvais (1690) montre ainsi que la morphologie du village est déjà constituée à cette époque. La rue du Sacq (actuelle impasse Charles Mesnard), la ruelle Rousset (actuelle rue des Peupliers) et la rue aux Dames (actuelle rue du Midi) étaient déjà tracées. Le nom de cette dernière renvoie probablement aux moniales du prieuré de Wariville qui possédaient des revenus ainsi qu’un droit de nomination à la cure de Puits-la-Vallée.

Au 18e siècle le village atteint une sorte d’optimum démographique selon Louis Graves qui indique qu’en 1832, la population a diminué de moitié. L’habitat est particulièrement dense autour du pôle église-château, ainsi que dans l’actuelle rue Marcel Dassault (qui correspond à l’ancien emplacement du hameau « La Vallée »). Le village se développe également le long de la rue du Pré qui conduit à l’ancienne voie romaine (actuelle route départementale 625).

La morphologie actuelle de Puits-la-Vallée est fidèle à sa forme ancienne, même si la diminution du nombre de maisons à partir du milieu du 19e siècle et jusqu’aux années 1980 a rendu le parcellaire plus clairsemé. Depuis les années 1990, de nombreux pavillons s’installent sur d’anciennes parcelles habitées (rue des Peupliers, impasse Charles Mesnard) ou lotissent de nouvelles zones (rue du Clos du Pré, côté nord de la rue Marcel Dassault).

Les parcelles du centre du village sont larges et rectangulaires et correspondent à l’implantation d’anciennes exploitations agricoles, bien visibles sur le cadastre de 1933. En revanche, les rues Marcel Dassault et du Pré étaient bordées de « trinquettes », fines parcelles en lanières juxtaposées et accueillant de petites habitations du type ferme picarde (grange sur rue et logis en fond de cour).

 

Lieux partagés et structurants

 

Croix de chemin et tour de ville : limiter et borner le village

 

Les croix de chemin ou de station sont situées à des endroits stratégiques des villages picards. Elles marquaient souvent une intersection ou une entrée de village. Elles en structurent ainsi l’espace. Les recherches réalisées par l’association pour la connaissance et la conservation des croix et calvaires du Beauvaisis permettent de documenter les croix des villages du plateau picard (archives conservées aux AD Oise). À Puits-la-Vallée, les deux croix relevées sont implantées au centre de l'agglomération. La première se trouve à l’intersection des rues Marcel Dassault et des Peupliers. Une première croix financée par la famille Desesquelle-Languedocq dans les années 1860 s’y trouvait. Elle a été remplacée en 1996 par une croix en fer provenant de l’ancien cimetière situé autour de l’église. La seconde croix se trouve dans le virage de la rue aux Dames. Elle a été érigée par la famille Rayez-Casset en 1886. Elle a été repeinte en 1995.

Les sentiers du tour de ville ceinturent la plupart des villages du plateau picard et marquent les limites entre la zone habitée et la zone cultivée. À Puits-la-Vallée, plusieurs sections de ces sentiers sont toujours conservées. L’une se trouve derrière la rue du Pré (visible sur le cadastre de 1934). Le sentier est toujours accessible par la rue des Peupliers. Une seconde section se situe derrière la section sud de la rue Marcel Dassault (sentier du Bois de la Citerne). Ce chemin était rejoint par un sentier qui débutait à côté du cimetière actuel et se développait parallèlement à l’actuelle rue du Midi. Visible sur les plans du 19e siècle, il a déjà disparu sur le cadastre de 1934.

 

Mares et puits : gérer et partager l’eau

 

Les sols secs et poreux du plateau picard supposent une gestion rigoureuse de l’eau dans les villages. En 1902, 14 puits et 5 mares ont été relevés à Puits-la-Vallée dans la Notice statistique du département de l’Oise. Aujourd'hui, un seul puits a été recensé dans le village, rue Marcel Dassault (n°22). Il conserve son état ancien et traditionnel formant un édicule en pierre couvert d’un toit à deux pans.

Sur les cinq mares répertoriées dans la Notice statistique de 1902, trois sont encore visibles aujourd’hui dont une seule en eau. L’emplacement de la première est encore aisément identifiable au croisement de la rue des Peupliers et de la rue du Pré, tandis que la deuxième est implantée rue du Pré. Seuls ses murs de soutènement sont encore visibles. La dernière se trouve à l’intersection de la route et du chemin menant au cimetière. Les deux qui ont disparu se trouvaient au cœur du village : l'une à côté de l’élévation nord de l’église et la seconde rue des Dames, à côté de la croix Rayez-Casset, près du virage.

La mairie-école

La série O des archives départementales permet d’éclairer l’histoire de la construction de la mairie-école de Puits-la-Vallée.

À la suite de l’achat d’une maison aux époux Rayez, une première école est construite en 1849 à droite de la mairie actuelle. Toutefois, en raison de l’étroitesse des locaux et de la nécessité de disposer d’une salle de mairie, une nouvelle mairie-école est édifiée sur la parcelle adjacente (emplacement actuel). Dans ce but, la commune achète une maison aux époux Nervet-Leroy en 1868. Les bâtiments sont vendus pour démolition et les plans sont dressés par l’architecte Louis Étienne Vadier, actif à Noyers-Saint-Martin. Les travaux réalisés par Casimir Carpentier puis, après son décès, par son gendre Clément Dobrenelle, sont reçus en 1872.

  • Typologies
    vallée sèche

Documents d'archives

  • AD Oise. Série J ; sous-série 49 J : 49 Jp 10. Puits-la-Vallée. Inventaire des croix et calvaires. Archives de l'association pour la connaissance et la conservation des calvaires et croix du Beauvaisis, 2007.

  • AD Oise. Série M ; sous-série 6 M : 6 Mp 580. Puits-la-Vallée. Recensements de population (1820 à 1936).

  • AD Oise. Série O ; sous-série 2 O : 2 O 12178. Puits-la-Vallée. Mairie et écoles (1855-1937).

Bibliographie

  • DELATTRE, Daniel. Le canton de Saint-Just-en-Chaussée : 84 communes, 84 lieux incontournables. Grandvilliers : éditions Delattre, 2020.

    p. 438.
  • GRAVES, Louis. Précis statistique sur le canton de Froissy, arrondissement de Clermont (Oise). Annuaire de l'Oise. Beauvais : Achille Desjardins, 1832.

    p. 41.
  • LAMBERT, Émile. Dictionnaire topographique du département de l'Oise. Amiens (Musée de Picardie) : Société de linguistique picarde, 1982 (tome 23).

    p. 458.
  • Notice descriptive et statistique sur le département de l'Oise. Paris : Imprimerie du du service géographique, 1902.

    p. 241.

Documents figurés

  • Plan général présentant Puits-la-Vallée et sept autres villages, [19e siècle] (AD Oise ; plan 1316 / 1).

  • Plan du terroir de Froissy relevant de l'abbaye de Saint-Lucien de Beauvais, 1690 (AD Oise ; plan 730).

  • Puits-la-Vallée. Copie du plan d'assemblage du cadastre de 1809, 1867 (AD Oise ; 2 O 12178).

  • Puits-la-Vallée. Cadastre rénové, section B, feuille 2, 1934 (AD Oise ; 916 W 343).

Annexes

  • Les activités anciennes des habitants et habitantes de Puits-la-Vallée
Date(s) d'enquête : 2022; Date(s) de rédaction : 2022
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général