Ce tabernacle n'est pas, semble-t-il, celui qui ornait primitivement le maître-autel de l'église Notre-Dame de Vervins, même s'il est stylistiquement datable de la même période, la 2e moitié du 18e siècle. De style rocaille il proviendrait en effet de l'abbaye de prémontrés Saint-Pierre de Bucilly (canton d'Hirson), dont le mobilier fut dispersé lors de la vente des bâtiments abbatiaux comme biens nationaux. Il est alors décrit comme revêtu de lames d'argent et d'or. Le tabernacle avait été mis en dépôt à Vervins en 1791, alors que le maître-autel qui le supportait venait d'être acquis par la fabrique de l'église Notre-Dame d'Aubenton, commune qui devait recueillir, outre l'autel, la chaire, l'orgue, le confessionnal, des lambris de revêtement et des tableaux provenant de l'abbaye. La fabrique de Vervins devait tenter alors de procéder à l'échange du maître-autel de Vervins contre celui d'Aubenton, afin de reconstituer l’œuvre dans son intégrité. Le 11 décembre 1791, la fabrique décide en effet de faire toutes les démarches possibles () afin qu'il ne soit pas mis en lambeaux et envoyé à la Monnaie car la matière d'or et d'argent dont il est revêtu n'est rien ou peu de chose dans le travail d'ensemble, () et décide de postuler auprès de la fabrique de l'église d'Aubenton l'échange de l'autel de Vervins contre celui que la dite fabrique a acheté provenant de l'abbaye de Bucilly et sur lequel était auparavant le tabernacle en question. Si l'échange échoua, un arrêté du Directoire du département en date du 15 avril 1792 autorise la fabrique de Vervins à garder l’œuvre en échange de pièces d'orfèvrerie. Le 22 juillet 1792 il est fait mention des travaux entrepris pour placer le tabernacle sur le maître-autel avec l'installation de deux pilastres de marbre. La structure de l’œuvre a été de nouveau modifiée lors des travaux de 1870-72. Le tabernacle paraît en effet avoir été transformé, avec l'ajout sur l'arrière d'un élément de corniche placé à l'envers, de même son couronnement formant exposition paraît ne pas être à sa place originelle.