Cette verrière n'occupe assurément pas sa place d'origine, la représentation d'apôtres ne correspondant pas aux sujets habituellement traités dans les baies axiales. On ignore à quelle période de l'Ancien Régime la première verrière, vraisemblablement consacrée au Christ ou à la Vierge, a été endommagée et remplacée par celle-ci. Cette dernière appartient à un ensemble d'apôtres et d'évangélistes, sur la datation duquel les historiens de l'art ne s'accordent pas. Louis Grodecki y distingue deux campagnes de travaux, qu'il situe dans les deuxième et troisième quarts du 13e siècle, tandis qu'Ellen Shortell y voit une seule campagne, réalisée conjointement par des artistes différents. Quoi qu'il en soit, cette verrière du 13e siècle ne peut provenir que des fenêtres hautes du choeur liturgique ou du petit transept, parties de l'édifice que l'on estime - peut-être à tort - achevées en 1257. Une datation vers le milieu du 13e siècle semble donc appropriée. Cette verrière est restaurée dans le deuxième quart du 19e siècle et, à nouveau en 1876. A cette date, c'est la plus détériorée des verrières de l'abside. Elle subit quelques dommages en 1916, puis est démontée par les Allemands au début de l'année 1917 et emportée à Maubeuge. Le retour de la paix permet sa restitution à son propriétaire, mais l'état de la basilique, dont commence la longue restauration, ne permet pas le remontage des verrières qui sont entreposées au Panthéon. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, alors que les travaux de la basilique touchent à leur fin, cette verrière est restaurée par l'atelier du peintre-verrier parisien Auguste Labouret, à partir de 1952. La rose détruite est recréée par le même atelier, en 1954 ou 1955, sur un carton d'Hector de Pétigny, artiste peintre et sculpteur. Le sujet traité reprend celui de la rose détruite, connu par des descriptions du 19e siècle.