Dossier d’œuvre architecture IA80009684 | Réalisé par
Fournis Frédéric
Fournis Frédéric

Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France.

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  • inventaire topographique, Val-de-Nièvre
Ancien manoir de Houdencourt
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Grand Amiénois - Domart-en-Ponthieu
  • Commune Fransu
  • Lieu-dit Houdencourt
  • Adresse V. C. 4
  • Cadastre 1833 B 428 à 433  ; 1983 B 149 à 154, 219
  • Dénominations
    manoir
  • Parties constituantes non étudiées
    communs, ferme, colombier, jardin d'agrément, allée irrégulière, clôture de jardin, étang, cour, mur de clôture, portail

La seigneurie de Houdencourt, probablement d'origine ancienne, formait une pairie de la châtellenie de Domart. Il s'agit probablement d'un important domaine agricole issu du défrichement, et devenu propriété seigneuriale. Le nivellement formé par le chemin de Fransu qui le traverse, qui a contribué au terrassement de l'emplacement du logis, témoigne de l'ancienneté de cette voie de communication et de l'occupation du site.

En 1407, la seigneurie appartient à Jean d'Embreville, écuyer, puis à la famille de Brucamps de 1430 à 1550. À cette date, elle passe par alliance à la famille de Boubers, qui tient également les seigneuries des Bouleaux et de Ribeaucourt. Le domaine est alors formé d'une maison seigneuriale avec un enclos de 8 journaux, 70 journaux de terre et 25 journaux de bois. Pierre de Boubers, écuyer, cède la terre en 1603 à François de Croze, également écuyer, que sa fille Marguerite apporte par alliance à Jean de Gaude, seigneur de Martainneville et de Saint-Élier, capitaine au régiment de Soyecourt. Celui-ci achète en 1656 la seigneurie voisine de Franqueville, ainsi que la moitié sud de la forêt de Goyaval, qui prend alors le nom de forêt de Martaineville.

Marie-Thérèse de Gaude, marquise de Boudeville, comtesse de Martainneville et baronne de Cotigny, hérite des domaines familiaux en 1749 et épouse la même année Philippe-Charles Vogt, comte de Hunolstein et d'Ottange, chambellan de Stanislas Leszczynski, ancien roi de Pologne puis duc de Lorraine et de Bar, et capitaine au régiment royal allemand de cavalerie.

Elle transmet dès 1770 à leur second fils Jean-François Léonor Vogt, baron de Hunolstein, futur major au régiment de Chartres-Dragons, les seigneuries de Houdencourt et de Franqueville (avec le bois de Martaineville), les seigneuries de Harondel et de Rouvroy en partie, et les droits formant la vicomté de Domart (dont le Bois-Vicomte). C'est probablement lui qui fait reconstruire le logis, caractéristique des petits châteaux de plaisance du milieu du 18e siècle, ainsi que la ferme dont le portail en calcaire, rehaussé de brique au 19e siècle, porte la date de 1772. Les communs et dépendances, que l'on distingue sur le plan cadastral de 1833, semblent former un ensemble compact et homogène. Les d'Hunolstein émigrent dès 1789 et le domaine de Houdencourt, saisi comme bien national, est acquis en 1793 par son ancien fermier, Jean-Baptiste Roussel. La partie nord du bois de Martaineville est acquise dans les années 1820 par Jean-Charles Deberny, nouveau propriétaire du château et du domaine de Ribeaucourt, qui lui donnera son nom.

Jean-Baptiste Roussel fils est maire de Fransu dans les années 1830-1840. Il fait agrandir le logis d'un pavillon à un étage carré et étage de comble, dans le style du corps de logis initial, et agrémenter la toiture d’œils-de-bœuf et de lucarnes ornés et d'une crête. Les bâtiments de la ferme sont restaurés et complétés d'un colombier portant la date de 1870, par son fils, Jules qui a repris l'exploitation avant 1851. L'ensemble de ces travaux porte la marque du Second Empire.

Les recensements de population attestent de l'importance de l'exploitation dans la première moitié du 19e siècle. En 1836, deux domestiques de ferme, une servante, une vachère et un berger y travaillent et y vivent ; en 1851, deux domestiques et une servante y sont encore recensés.

Juliette Roussel, fille de Jules et héritière du domaine, épouse en 1884 Hippolyte Jérosme, héritier de la ferme du Bois-Riquier à Ville-le-Marclet. Le couple fait reconstruire ou remanier les bâtiments d'exploitation de la ferme qui, selon Patrick Longuet, portent sur une pierre la date de 1890 surmontée des initiales J. et R. (Jérosme et Roussel). La lucarne principale du nouveau pavillon est ornée d'une agrafe sculptée en très haut relief d'armoiries de fantaisie (écu écartelé tenu par deux soldats en armure tenant hallebarde, blasonné en en 1 et 4 « d'argent au cerisier de sinople fruité de gueules, au chef au même chargé d'une étoile à six raies d'or », et en 2 et 3 « d'azur à la tour d'argent crénelée »), surmontées des mêmes initiales J. et R. Les premières sont les armoiries de Duranty, fameuse famille de la noblesse de robe provençale dont les Jérosme prétendaient descendre, tandis que les secondes sont les nouvelles armoiries de la famille Jérosme, rappelant l'origine féodale du domaine. L'état de la propriété au début du 20e siècle est bien connu par des cartes postales anciennes.

Elle passe ensuite à leur fille Eugénie, qui a épousé après la Première Guerre mondiale l'officier britannique Arthur Grace en cantonnement au manoir. La famille Grace vend la propriété en 1973 à un entrepreneur, qui fait creuser deux étangs artificiels derrière la ferme mais laisse le domaine se dégrader. L'agrafe armoriée est dérobée. En 1987, un incendie détruit la toiture et l'intérieur du logis. Après la faillite du propriétaire en 1993, le manoir est vendu par adjudication à la famille Douville de Franssu, propriétaire du château de Fransu. Une restauration complète et scrupuleuse est menée de 1994 à 1997, avec des lucarnes plus simples mais fidèles au modèle du 18e siècle, mais sans toutefois restituer le pavillon du 19e siècle.

Étendu au-delà de son emprise initiale, le manoir de Houdencourt est aujourd'hui entouré d'un jardin paysager et forme un domaine d'une surface de 6,5 hectares, bordé au sud-est par la V.C. n° 4 de Franqueville à Houdencourt et au sud-ouest par un chemin rural. Il est désormais situé à la lisière ouest du bois Monsieur-de-Berny, qui forme la partie nord du bois de Martaineville et qui a absorbé le site de l'ancien hameau. Le mur de clôture de l'enclos initial subsiste en partie au nord autour de la parcelle 154 (jardin initial), et son tracé est rappelé par la disposition des bâtiments des communs (à l'ouest du logis) et de la ferme (au sud). L'allée principale qui traverse le domaine forme un tronçon du chemin qui relie le village de Fransu au hameau de Houdencourt. Elle sépare le logis des communs à l'ouest, puis de la ferme au sud. Le nivellement produit par le passage de l'allée à cet endroit a contribué à séparer le logis de la ferme. Le domaine ouvre sur le chemin de Fransu par un portail moderne à piliers de brique avec pierre en remplissage, tandis que le portail ouvrant sur l'ancien hameau, au droit de l'ancienne ferme, est formé de piliers de pierre et couvert d'un arc en brique avec clef de pierre et corniche appareillée. Cette porte est couverte d'un petit toit à longs pans et croupes en ardoise. Au centre du domaine, le logis est établi sur un surplomb aménagé en terrasse bordée de haie. Le mur de soutènement en brique qui maintient cette terrasse est interrompu par un degré qui relie le logis à l'allée en contrebas et à la ferme, et que ponctue en partie supérieure un portail avec vantaux de fer forgé, dans le style du 18e siècle. Le corps de logis est construit en rez-de-chaussée surélevé, en brique et pierre sur soubassement de grès. Les façades sont en brique avec éléments saillants en pierre (chaînes d'angle, bandeaux, encadrements de baies), les pignons sont à assises alternées. Les façades ordonnancées sont marquées par un léger avant-corps central de quatre travées. Un pavage de grès marque le pourtour du bâtiment. Le toit à longs pans et croupes brisés et les lucarnes ont été restitués selon le modèle ancien. Le corps de logis, simple en profondeur, n'a conservé aucun aménagement ancien, hormis le dallage d'ardoise du vestibule. Au nord du château se déploie toujours l'emprise de l'ancien jardin clos de mur (parcelle 154). Les communs et les dépendances sont pour la plupart construits en brique et pierre à assises alternées, complétés de pignons à pan de bois, et couverts de tuile. L'actuel garage est probablement une ancienne remise dont le torchis a été remplacé par un enduit. À proximité se trouve l'ancienne écurie. La ferme est située en contrebas du logis dont elle est séparée par l'allée principale. La cour est aujourd'hui enherbée et délimitée par une allée sinueuse, et la plupart des bâtiments qui l'entouraient au sud-est ont disparu, comme l'attestent les fondations d'un bâtiment à assises alternées de brique et pierre exhumées lors des travaux de réaménagement. L'ancien logement jouxtant une ancienne étable demeure toutefois sur le côté ouest, au droit du portail ouvrant sur l'ancien hameau, et face à un autre bâtiment qui était peut-être une étable à l'origine, mais a été transformé en logement. Au milieu de la cour s'élève le colombier hexagonal en brique avec pierre en remplissage. Les encadrements de pierre des deux baies superposées sont couvertes d'un arc en anse-de-panier avec agrafe et impostes. Le colombier est couvert d'un toit polygonal en ardoise. Deux étangs ont été creusés au sud-est de l'ancienne ferme.

  • Murs
    • calcaire
    • brique
    • bois
    • enduit
    • pierre de taille
    • brique et pierre à assises alternées
    • brique avec pierre en remplissage
    • pan de bois
  • Toits
    ardoise
  • Plans
    plan rectangulaire régulier
  • Étages
    en rez-de-chaussée, comble à surcroît
  • Élévations extérieures
    élévation ordonnancée
  • Couvertures
    • toit à longs pans brisés
    • toit à longs pans
    • toit polygonal
    • croupe brisée
  • Escaliers
  • Jardins
    bois de jardin, bosquet, groupe d'arbres, pelouse
  • État de conservation
    restauré
  • Statut de la propriété
    propriété privée

Bibliographie

  • LONGUET, Patrick. Fransu. La mémoire d'un village picard. Tapuscrit, 2000 (non paginé).

  • INVENTAIRE GENERAL DU PATRIMOINE CULTUREL. Région PICARDIE. Le Val de Nièvre, un territoire à l'épreuve de l'industrie. Réd. Frédéric Fournis, Bertrand Fournier, et al. ; photogr. Marie-Laure Monnehay-Vulliet, Thierry Lefébure. Lyon : Lieux Dits, 2013. (Images du patrimoine ; 278).

    p. 75
  • SEYDOUX, Philippe. Gentilhommières en Picardie. Ponthieu et Vimeu. Paris : Editions de la Morande, 2003.

    p. 54-55, 231-232

Documents figurés

  • Fransu. Plan cadastral : section B (Houdencourt) , dessin à l'encre, à l'aquarelle et au lavis sur papier, Mercheret Fauvel géomètres, 1833 (AD Somme ; 3 P 1362/4).

  • Fransu. Château de Houdencourt, carte postale, Santos éditeur, début du 20e siècle (coll. part.).

  • Fransu. Château d'Houdencourt, carte postale, Santos éditeur, avant 1914 (coll. part.).

  • Houdencourt. Le château, carte postale, Santos éditeur, avant 1914 (coll. part.).

  • Houdencourt. Le château, carte postale, Santos éditeur, avant 1914 (coll. part.).

  • Vue partielle du château de Houdencourt avec le pavillon, photographie par Patrick Longuet, 1980 (archives privées).

  • Château de Houdencourt. Lucarne centrale du gros pavillon portant les armoiries de la famille Jérosme de Duranty, photographie, par Patrick Longuet, 1980 (archives privées).

  • Château de Houdencourt. Lucarne du pavillon timbrée aux chiffres J et R entrelacés et couronnés, photographie par Patrick Longuet, 1980 (archives privées).

Date(s) d'enquête : 2010; Date(s) de rédaction : 2010
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Fournis Frédéric
Fournis Frédéric

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