Dossier d’œuvre architecture IA00066975 | Réalisé par
Riboulleau Christiane
Riboulleau Christiane

Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France jusqu'en 2022.

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
  • inventaire topographique, canton de Villers-Cotterêts
L'église paroissiale Saint-Alban de Corcy
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Soissonnais - Villers-Cotterêts
  • Commune Corcy
  • Adresse rue des Prés-à-Regain , rue de l' Étang
  • Cadastre 1987 A2 147

Le site de Corcy étant mentionné dans un acte (peut-être faux) de Charles le Chauve en faveur de l'abbaye bénédictine Notre-Dame de Soissons - ce que rappelle Ghislain Brunel en faisant le point sur le peuplement de ce territoire au Moyen Âge -, il est vraisemblable qu'une paroisse existait en ce lieu à l'époque carolingienne ou au moins vers la fin du premier millénaire. Toutefois, rien n'est connu sur les bâtiments à usage religieux qui ont précédé l'actuelle église paroissiale Saint-Alban.

La présence d'une corniche à modillons à l'extérieur du sanctuaire incite à en placer la construction dans la seconde moitié du 12e siècle et à y reconnaître la partie la plus ancienne du monument. Au vu de la forme de sa baie, la chapelle nord doit être contemporaine ou avoir suivi de très peu l'édification du sanctuaire. En revanche, la chapelle sud, plus vaste et plus haute, paraît contemporaine de la nef et avoir été comme elle bâtie dans le premier quart du 13e siècle, datation en accord avec la composition des fenêtres, le feuillage des chapiteaux et le décor de la corniche de la nef. Après cette date, plus rien n'est connu sur l'histoire de l'église jusqu'à la fin de l'Ancien Régime. Et si l'observation de l'édifice permet de remarquer sur plusieurs de ses élévations - en particulier celles de la nef et de la chapelle sud - la présence d'arcs brisés qui pourraient être les témoins d'anciens bas-côtés de la nef, aucun document n'en atteste la présence ni ne fait état de leur destruction.

L'église souffre sans doute d'un défaut d'entretien pendant l'époque révolutionnaire, car en 1805, le desservant signale qu'elle exige des réparations au clocher et à la couverture, ainsi qu'aux murs. Elle profite d'embellissements et de restaurations dans la seconde moitié du 19e siècle. Leclercq de Laprairie mentionne en particulier vers 1860 la réfection intérieure de la chapelle sud ou chapelle de la Vierge, qui reçoit alors un nouveau carrelage, ainsi qu'un décor mural peint qui subsiste encore en partie. Le 15 juillet 1860, la vicomtesse de Montbreton - devenue veuve le 9 mars de la même année - acquiert de la commune de Corcy un terrain de 14,85 m2 attenant au côté nord de la nef, dans le but d'y installer un caveau et d'y faire construire une chapelle funéraire privée, dont l'architecte n'est pas connu.

Le dessin réalisé par Amédée Piette en mai 1874 semble être la plus ancienne représentation connue de l'église et témoigne de quelques différences par comparaison avec la silhouette actuelle de l'édifice. Le clocher coiffe alors la chapelle sud ; la maçonnerie de la sacristie - bien plus élevée qu'aujourd'hui - est couverte d'un appentis ; un porche abrite la porte occidentale ; enfin un escalier qui monte contre l'élévation sud de la nef semble donner accès à une tribune intérieure. La plupart de ces particularités ont perduré jusqu'à la Première Guerre mondiale, à l'exception du porche occidental, sans doute supprimé lors d'une restauration de la façade et de la construction de ses puissants contreforts latéraux.

Les combats de 1918, qui anéantissent le village, détruisent en grande partie l'église. À l'issue du conflit, il n'en subsiste plus que le chœur, les deux chapelles (chapelle Saint-Alban au nord et chapelle de la Vierge au sud) et les parties attenantes de la nef, dépourvus de toiture et aux maçonneries disloquées. Les travées occidentales de la nef et la façade ont presque entièrement disparu, comme le montrent diverses photographies et cartes postales de l'époque. L'édifice est néanmoins classé le 20 février 1920, cette mesure permettant sa réparation sous l'égide du service des Monuments historiques. Les dossiers relatifs à la restauration du monument, conservés à la Médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine, permettent de suivre l'avance des travaux. La première moitié des années 1920 est consacrée à la réparation du chœur et des deux chapelles qui l'encadrent, l'ouvrage progressant d'est en ouest. Puis, la seconde moitié de la même décennie est occupée par la réfection de la nef, l'installation d'un clocher en ciment armé sur la croisée et l'achèvement de la toiture. L'édifice, dont le gros-œuvre est alors restauré, est inauguré le 6 septembre 1931 par l'évêque de Soissons (d'après l'hebdomadaire diocésain). L'intervention du service des Monuments historiques s'est néanmoins prolongée jusqu'en 1933-1934. Elle a porté en ces années-là sur la remise en état et l'installation du mobilier, comprenant la pose d'un nouveau chemin de croix en ciment vers 1932 et celle de verrières figuratives dans le sanctuaire en 1934.

  • Période(s)
    • Principale : 2e moitié 12e siècle, 1er quart 13e siècle, 1ère moitié 20e siècle
    • Secondaire : 3e quart 19e siècle, 2e moitié 19e siècle
  • Dates
    • 1860, daté par source

Le plan original de l'église n'est pas connu. L'église de Corcy possède actuellement un plan en croix latine, formé d'une nef de trois travées, sans collatéraux, d'un faux-transept et d'un sanctuaire à chevet plat. On peut ici parler de faux-transept, car le bras gauche ou bras nord - de bien moindre hauteur que la "croisée" et le bras sud - semble plutôt une chapelle greffée sur le vaisseau central. L'église se complète d'un espace réservé aux fonts baptismaux, donnant dans la première travée nord de la nef, d'une chapelle funéraire, accessible par la troisième travée nord, et d'une sacristie, bâtie dans l'angle rentrant que forment le bras sud du faux-transept et l'élévation sud de la nef. Le clocher surmonte la "croisée".

L'édifice est entièrement construit en pierre de taille calcaire, à l'exception du clocher, recouvert d'un essentage en ardoise. Le décor sculpté est peu étendu et n'affecte surtout que les corniches, les chapiteaux et l'archivolte des baies.

La couverture est réalisée en tuile plate, sauf la flèche du clocher couverte en ardoise. Un toit à longs pans et pignons découverts recouvre la travée centrale. Des toits à deux pans et pignon découvert protègent les deux bras ou chapelles du faux-transept. Un appentis couvre l'espace réservé aux fonts baptismaux, tandis qu'une terrasse surmonte la sacristie. Une flèche polygonale domine le clocher.

À l'intérieur, l'édifice est entièrement voûté d'ogives.

Le cimetière qui accompagnait autrefois l'église a totalement disparu, depuis l'implantation d'un nouveau cimetière en 1857. Aujourd'hui, une vaste place publique règne devant le monument.

  • Murs
    • calcaire moyen appareil essentage d'ardoise
  • Toits
    tuile plate, ardoise
  • Plans
    plan en croix latine
  • Étages
    1 vaisseau
  • Couvrements
    • voûte d'ogives
  • Élévations extérieures
    élévation ordonnancée sans travées
  • Couvertures
    • flèche polygonale
    • toit à longs pans pignon découvert
    • toit à deux pans
    • appentis
    • noue
    • terrasse
  • État de conservation
    restauré
  • Techniques
    • sculpture
    • vitrail
    • peinture
  • Précision représentations

    L'édifice comporte un modeste décor sculpté. Le pignon de la façade est surmonté d'une croix formant acrotère central. Un damier, une rosette, une tête de bovidé et une tête de moine se détachent sur les modillons du chevet. Des frises de rosaces et de pointes de diamant, terminés par des têtes humaines encadrent l'arc de plusieurs fenêtres de l'édifice. Des feuillages recouvrent la corniche des murs latéraux de la nef, les chapiteaux du porche et les chapiteaux intérieurs de l'église. Un écu aux armes de la famille de Montbreton occupe la clef de voûte de la chapelle funéraire familiale.

    On remarque encore les traces d'une litre funéraire peinte (bandeau noir et écus à fond d'or) sur les murs extérieurs de la chapelle sud. De nombreux éléments du décor peint à l'intérieur de la même chapelle dans la seconde moitié du 19e siècle subsistent également.

  • Statut de la propriété
    propriété publique
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Protections
    classé MH, 1920/02/20
  • Référence MH

Bien que la chapelle funéraire de la famille de Montbreton soit intégrée au plan cadastral actuel de l'église, il s'agissait néanmoins à l'origine d'une chapelle privée. La vicomtesse de Montbreton avait en effet acquis en 1860 la pleine propriété et jouissance du terrain concédé. La chapelle était d'ailleurs séparée de la nef par un mur, visible sur une photographie intérieure de l'église prise par Étienne Moreau-Nélaton en 1909, mur qui a été remplacé par une grille après la Première Guerre mondiale. Aucun document se rapportant à un éventuel changement de propriété de cet espace n'a pu être consulté.

Documents d'archives

  • AD Aisne. Série E (archives notariales) ; minutier 312 E : 312 E 60 (notaire Jean François Léon Senart, à Villers-Cotterêts ; juillet-septembre 1860).

    Acte du 15 juillet 1860 : vente par la commune de Corcy à Mme la vicomtesse de Montbreton, d'un terrain attenant à l'église.
  • AD Aisne. Série T (Enseignement, affaires culturelles, sports) ; Sous-série 13 T : 13 T 123 (PARIS, Désiré. Commune de Corcy. Monographie communale. 22 avril 1888, non paginé).

  • AMH (Médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine). Série 81 : 81/02, carton 44. Corcy, église : dommages de guerre (1920) ; restauration chevet (1921), transept (1921-1924), abside (1923-1924), clocher, croisée du transept (1924), nef (1926).

  • AMH (Médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine). Série 81 : 81/02, carton 45. Corcy, église ; dossier travaux. Reconstruction de la façade (1929) ; restauration de la nef (1929), divers (1932-1933), transept et autel (1933) ; projet de vitraux (1933).

  • A Évêché Soissons. Série F (discipline diocésaine) ; sous-série 3 F : Questionnaire préparatoire à la visite des paroisses (1805). État de la paroisse de Corcy.

Bibliographie

  • BRUNEL, Ghislain. L'implantation des ordres religieux de Prémontré, Cîteaux et Fontevraud dans la région de Villers-Cotterêts au XIIe siècle : une réponse à de nouveaux besoins ? Mémoires de la Fédération des Sociétés d'Histoire et d'Archéologie de l'Aisne, tome XXXII, 1987, p. 197-224.

    p. 200.
  • LECLERCQ DE LAPRAIRIE, Jules-Henri. Répertoire archéologique de l'arrondissement de Soissons. Canton de Villers-Cotterêts. Bulletin de la société archéologique, historique et scientifique de Soissons, 1862, t. 16, 9e séance, lundi 6 Octobre 1862, p. 178-203.

    p. 179-180.
  • MOREAU-NÉLATON, Étienne. Les Églises de chez nous. Arrondissement de Soissons. 3 volumes. Paris : H. Laurens, 1914.

    T. 1, p. 311.
  • La Vie Diocésaine ou l'activité catholique dans le diocèse de Soissons, Laon & Saint-Quentin.

    1931, 2e année, n° 39, samedi 26 septembre 1931, p. 528.

Documents figurés

  • Église de Corcy, dessin au crayon et à l'encre, par Amédée Piette, dessinateur, 11 mai 1874 (AD Aisne : 8 Fi Corcy 1).

  • [L'église de Corcy], détail d'une vue panoramique du village, carte postale, Risse, libraire-éditeur à Villers-Cotterêts, [vers 1900] (coll. part.).

  • CORCY (Aisne). - L’Église (XIIIe siècle), carte postale, Godet, éditeur à Longpont, Imprimeries réunies de Nancy, [ca 1910] (coll. part.).

  • CORCY (Aisne). - L'Eglise. (Vue prise avant l'invasion 1914), carte postale, Maquin, éditeur, [vers 1914] (coll. part.).

  • CORCY. La nef et le chœur, impr. photoméc., par Étienne Moreau-Nélaton, photographe, 6 octobre 1909. In : MOREAU-NÉLATON, Étienne. Les Églises de chez nous. Arrondissement de Soissons. Paris : H. Laurens, 1914, t. 1, fig. 231.

  • Corcy-par-Longpont - Aisne - L'Eglise en ruine, carte postale, Maquin, éditeur, [vers 1925] (coll. part.).

Date(s) d'enquête : 1985; Date(s) de rédaction : 1988, 2016
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
(c) Département de l'Aisne
(c) AGIR-Pic
Riboulleau Christiane
Riboulleau Christiane

Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France jusqu'en 2022.

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
Articulation des dossiers