Dossier d’œuvre architecture IA02001636 | Réalisé par
  • patrimoine mémoriel, Chemin des Dames
Carrière dite creutte du Caïd à Aizy-Jouy
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Ministère de la culture

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Soissonnais - Vailly-sur-Aisne
  • Commune Aizy-Jouy
  • Lieu-dit la Grande-Pièce, le Fond-de-Boulancourt
  • Cadastre 1987 ZA 68

Nommée carrière à deux gueules (en raison de ses deux entrées) ou carrière Régnier (du nom de son exploitant), la creutte du Caïd est appelée ainsi depuis la Première Guerre mondiale. Cette carrière composée de vergelé et banc royal exploitée depuis le 19e siècle jusqu´au début des années 1950, constitue un témoin essentiel de la succession des occupations alliées et ennemies entre 1914 et 1918, ainsi que de l'évolution des modes d'extraction des blocs de pierre (en piliers tournés). Rachetée au début du 20e siècle, elle fut alors agrandie par son nouveau propriétaire qui en poursuivit l'exploitation (extraction à la lance et l'aiguille). Occupé par les Allemands de septembre 1914 au 21 avril 1917, le secteur se situait alors à 400 mètres en arrière de la première ligne française et servait de dépôt de munitions et d´abri pour les compagnies de soutien. La carrière fit l'objet de combats incessants jusqu'au 6 mai 1917, date à laquelle elle fut regagnée par la 127e Division d'Infanterie française, puis par le 5e bataillon du 4e zouave (fait qui pourrait expliquer le nom donné au site), puis par le 6e bataillon des chasseurs alpins. Elle fut alors utilisée comme base pour l'attaque du 23 octobre 1917 en direction du fort de la Malmaison. Les ennemis la recouvrèrent le 27 mai 1918 et l´occupèrent jusqu´au 28 septembre de la même année. L'exploitation de la carrière reprit entre 1920 et 1935 (à la dynamite pour en extraire rapidement les moellons nécessaires à la reconstruction), puis vers 1949 pendant quelques années avant d'être convertie en champignonnière ; elle subit alors quelques aménagements (on y creusa une cheminée d'aération).

  • Période(s)
    • Principale : 1er quart 20e siècle
  • Dates
    • 1917, daté par travaux historiques

Située à un kilomètre au nord-est de la commune, au lieu-dit le Fond de Boulancourt ou la Grande Pièce ou encore Mont sans Pain, cette carrière souterraine constitue l'un des sept ravins qui entourent Aizy-Jouy. A 151 mètres d'altitude et à un kilomètre du Chemin des Dames, elle possède treize traces rupestres, véritables témoignages français de la Grande Guerre ainsi qu'un graffito de 1871 signé René Chalon (alors propriétaire). Les Allemands ne semblent pas avoir laissé de traces de leur passage (ou peut-être un bas-relief inachevé). D´un parfait état de conservation, huit d´entre elles sont réunies sur la même paroi, à l'entrée de la creute (un écu suisse portant l´inscription "Dieu Patrie", deux rouleaux de parchemin déployés avec inscription, un bas-relief représentant les principaux monuments de Paris, un crucifix avec la muraille de Jérusalem, une ancre accompagnée d´un rouleau de parchemin déployé, un médaillon avec anneau contenant le Sacré-Coeur, les drapeaux français et américain entrecroisés). Un autel était attenant à la paroi.

  • Murs
    • pierre
  • Techniques
    • gravure rupestre
  • Représentations
    • drapeau français
    • symbole patriotique
    • Sacré Coeur
  • Statut de la propriété
    propriété privée
  • Intérêt de l'œuvre
    vestiges de guerre
  • Protections
    inscrit MH, 1999/04/09
    classé MH partiellement, 1999/09/27
  • Précisions sur la protection

    Carrière : inscrite en totalité : par décret du 9 avril 1999 ; paroi aux motifs : classement par décret du 27 septembre 1999. La carrière, inscrite sous l'appellation creute du Caïd serait en fait la carrière du Projecteur, celle du Caïd étant plus au sud (renseignement à vérifier).

Seule la paroi ayant reçu les motifs a fait l'objet du classement. Cette carrière représente du point de vue de l'histoire et de l'art, un intérêt public en raison du caractère particulièrement représentatif de ce lieu de mémoire où Allemands et Français se sont succédé et de la présence de traces rupestres sculptées d'une qualité remarquable et d'une grande diversité réalisées par les Français. Le site est inscrit à l´Inventaire des MH depuis le 9 avril 1999. Il doit son classement, le 27 septembre 1999, à la variété et à la qualité des traces rupestres qui l'ornent, réalisées entre le 21 avril 1917 et le 27 mai 1918. Deux thèmes majeurs président à ces représentations : le patriotisme et la religion. Mais une faille importante dans le plafond de la carrière interdit au visiteur d´investir les lieux, présentant désormais un réel danger. Les bas-reliefs sont particulièrement bien conservés et n'ont subi aucun pillage, contrairement aux autres carrières à traces rupestres de la région. Plusieurs de ces motifs sont similaires à ceux de la chapelle souterraine de Rouge Maison (à trois kilomètres vers Vailly-sur-Aisne) : le visiteur peut y retrouver l'ancre marine, le christ en croix, le Sacré-Coeur, l'écusson à fleur de lys.

Documents d'archives

  • AD Aisne. Série Fi ; 3 Fi 10083. Fonds Piette.

  • DRAC de Picardie, Service des Monuments Historiques. Note de synthèse sur la creute du Caïd, commune d'Aizy-Jouy.

Bibliographie

  • HARDIER, Thierry. Pré-inventaire des sites 1914-1918 en Picardie. Amiens : DRAC Picardie, Service des Monuments historiques, 1992.

Date(s) d'enquête : 2003; Date(s) de rédaction : 2003
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
(c) Département de l'Aisne
(c) AGIR-Pic