Dossier d’œuvre architecture IA02010948 | Réalisé par
Fournier Bertrand (Rédacteur)
Fournier Bertrand

Chercheur de l'Inventaire du patrimoine - Région Hauts-de-France

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  • opération ponctuelle, canton du Nouvion-en-Thiérache
  • patrimoine industriel, Empreintes industrielles - patrimoine verrier de l'Avesnois-Thiérache
Verrerie, Courtonne & Cie, puis Verrerie hirsonnaise
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté de communes de la Thiérache du Centre - Hirson
  • Hydrographies
  • Commune Hirson
  • Lieu-dit
  • Adresse 38 avenue des Champs-Elysées , 1 rue de la Verrerie , 21-79 quartier de la Verrerie
  • Cadastre 2022 AV 428 à 439, 445, 651, 652, 685, 696, 752 à 754, 884, 885, 893, 895, 905-906, 958, 967, 970 à 975, 977 à 980, 982 à 994
  • Dénominations
    verrerie
  • Appellations
    Courtonne & Cie, Verrerie hirsonnaise
  • Parties constituantes non étudiées
    cité ouvrière, logement patronal, conciergerie, voie ferrée, cheminée d'usine, entrepôt industriel, aire de stockage du combustible

André Jean-Baptiste Courtonne, marchand de charbon à Anor, voit dans le développement du chemin de fer en Thiérache la promesse d'un développement lucratif pour l'industrie verrière. En 1869, il envisage de fonder une verrerie à l'arrière de la gare d'Hirson que l'on construit à la même époque. Il espère bénéficier de l'autorisation de relier son usine à la nouvelle ligne ferroviaire. À l'automne 1869, il fait l'acquisition de plusieurs parcelles de terrain aux lieudits Les Archamdiaux et Les Prés d'Archamdiaux. En février 1870, il demande officiellement de raccorder sa future usine à la gare d'Hirson. Peu après, il crée la société en nom collectif Verrerie Courtonne & Cie, qui réunit une vingtaine d'associés. La société est autorisée par le préfet le 16 juillet 1870 à condition que « la cheminée mesure au moins 22 mètres de hauteur, de manière que les fumées ne se répandent pas à l’intérieur de l’usine, ne nuisent pas à la santé des ouvriers et n’atteignent pas les récoltes voisines ».

Rapidement, les travaux de construction de la verrerie sont amorcés. Deux fours continus sont construits et un troisième est même envisagé afin de pouvoir répondre aux futures demandes de production de bouteilles champenoises. Courtonne est ambitieux et sa détermination est enfin récompensée en novembre 1871 lorsqu’il obtient l’autorisation de se relier à la gare d’Hirson par un embranchement ferroviaire particulier, moyennant la somme de 12 000 francs. En parallèle, Courtonne fait construire à l'arrière de l'usine un ensemble de 90 logements ouvriers disposés en U en cinq corps de bâtiments.

En 1872, le statut juridique de la société est modifié et passe en société anonyme. Elle prend alors le nom de Verrerie hirsonnaise. Ce changement de statut permet l'attrait de nouveaux actionnaires importants comme Saint-Gobain et permet surtout d'investir dans des équipements modernes, dont deux fours Siemens. À la veille de la Première Guerre mondiale, le capital de l'entreprise atteint 8,5 millions de francs.

Au cours de la Première Guerre mondiale, l'usine, qui est située à proximité immédiate de la gare, subit d'importants dégâts que décrit le rapport d'expertise de dommages de guerre réalisé en 1919 : "Les bâtiments industriels et les maisons d'habitation ont été soit partiellement endommagés soit totalement détruits par les explosions de bombes aériennes et des obus ou la répercussion des explosions provoquées par l'ennemi dans les bâtiments et dépendances de la Compagnie des Chemins de fer du Nord et de l'Est". L'ensemble des bâtiments endommagés est rapidement remis en état ou reconstruit, de sorte que les fours sont rallumés dès le mois de novembre 1919. La rapidité de cette reconstruction à l'identique n'a cependant pas permis de moderniser l'outil de production, et dans les années 1930, une fois la phase principale de la Reconstruction achevée, la verrerie apparaît comme l'une des moins performantes de la région. Malgré une recapitalisation de la société par Saint-Gobain en 1929 et 1937 qui lui permet de devenir actionnaire majoritaire, la fabrication est arrêtée en 1939. Elle ne reprend pas à l'issue de la Seconde Guerre mondiale.

Les bâtiments sont revendus en 1947 à Fernand Fonné, fromager à Montcornet, qui y installe plusieurs salles d'affinage de maroilles. Les fours, ainsi que les magasins à bouteilles sont démontés au cours de cette période. En 1983, la société Fonné est rachetée par Paul Fauquet des Fromageries de Thiérache. En 1985, ce dernier regroupe ses différentes unités d'affinage au Nouvion-en-Thiérache. L'usine d'Hirson cesse alors son activité. Les bâtiments de production sont alors détruits vers 1996. Aujourd'hui, le site est abandonné et en friche. Seule une partie des bâtiments d'habitation a été conservée.

Équipement industriel et machines

En 1880, l'usine adopte le système de soufflage Tronchet. En 1914, la verrerie dispose d'un four à bassin à fusion continue de type Siemens, d'une capacité de 25 tonnes de verre par jour et de 40 fours à recuire. La production atteint alors 4 millions de bouteilles par an. Les fours sont détruits dans les années 1950.

Approche sociale et évolution des effectifs

En 1914, la Verrerie hirsonnaise emploie 220 ouvriers.

  • Période(s)
    • Principale : 3e quart 19e siècle
    • Secondaire : 1er quart 20e siècle
  • Dates
    • 1870, daté par travaux historiques
    • 1919, daté par source

L'ancienne verrerie est située à l'arrière de la gare d'Hirson et des voies ferrées à laquelle elle était raccordée. Elle formait un vaste ensemble regroupant à la fois le site de production de bouteilles de champagne et un quartier situé au nord destiné au logement d'une partie des ouvriers. La partie autrefois réservée à la production des bouteilles de champagne ne comprend plus aujourd'hui que des bâtiments secondaires tels que la conciergerie, les hangars, l'ancien entrepôt à charbon, la cheminée de l'usine ainsi que le logement du directeur. Les fours à verres, les ateliers de composition ainsi que le magasin principal ont été détruits, laissant la végétation envahir l'espace libéré par cette démolition. Quant au quartier des verriers, il est aujourd'hui séparé du site de production par l'Avenue de Verdun qui a été tracée dans les années 1930.

L'entrée principale de l'usine, située au sud de la gare, ouvre sur une cour pavée qui conserve quelques portions de l'ancien embranchement ferroviaire. La conciergerie, située à gauche de cette entrée, est construite en brique avec chaîne d'angle et linteau de baies à cintrées à bossage en ciment. Elle présente une élévation en rez-de-chaussée couverte d'un toit à longs pans et croupe d'un côté ; l'autre venant butter contre le pignon des bureaux attenants.

Ces bureaux, plus imposants, se développent dans le prolongement sur quatre travées et s'élèvent sur un étage et combles. Ils sont construits en brique avec un toit en ardoise, à longs pans brisés et croupes. L'accès se fait depuis l'extérieur par la porte située sur la dernière travée de droite. Comme souvent à l'époque, l'importance de l'édifice est souligné par la présence de l'enseigne qui se développe sur le fronton cintré en brique et rives de ciment et qui était visible depuis les voies et de la passerelle piétonne qui les enjambe. On y devine encore partiellement quelques lettres de la dernière activité qui a recouvert l'inscription initiale de verrerie.

Au nord des bureaux, se développent des hangars à charpente métallique apparente, couverts d'un appentis en tôle ondulée. Ils sont complétés au nord-ouest des réserves à charbon et d'un logement, attenant, construit en brique à un étage carré, et couvert d'un toit à longs pans et pignon couvert en ardoise.

Le logement de directeur est construit en brique avec encadrement de baies, cordon de séparation de niveau et corniche en briques à motifs denticulés plus saillants. L'ensemble est aujourd'hui entièrement peint en blanc. Cette habitation présente une élévation ordonnancée de cinq travées. Elle est couverte d'un toit à longs pans et croupes. L'étage de comble est éclairé d'une lucarne centrale.

À l'est du site de production, le quartier de la Verrerie rassemble aujourd'hui un ensemble de 68 logements ouvriers sur les 90 que comptait la verrerie autrefois. Quatre des barreaux d'habitations regroupent deux rangées de huit logements au nord et au sud. Les autres logements en bande sont regroupés à l'est sous un même toit à longs pans et pignons couverts. Ces logements en brique se composent chacun d'un rez-de-chaussée qui accueille une pièce de vie accessible directement par porte sur rue. Elle est éclairée par une étroite fenêtre. A l'étage, les chambres sont éclairées par une ou deux fenêtres selon la typologie des logements.

  • Murs
    • brique
  • Toits
    tuile mécanique, ardoise, tôle ondulée
  • Étages
    1 étage carré, étage de comble
  • Couvrements
    • charpente métallique apparente
  • Élévations extérieures
    élévation ordonnancée
  • Couvertures
    • toit à longs pans pignon couvert
    • croupe
  • Énergies
    • énergie thermique produite sur place
  • État de conservation
    établissement industriel désaffecté, envahi par la végétation, état moyen
  • Statut de la propriété
    propriété privée

Documents d'archives

  • AP Société Saint-Gobain, Blois : CSG 00957/086. Inventaire de la verrerie d'Hirson, 30 juin 1875.

  • AD Aisne. Série M ; 10 M 52. Rapport sur la situation du commerce et de l'industrie établi par la Chambre de commerce et d'industrie, 8 janvier 1877.

  • AD Aisne. Série M ; 10 M 52. Verrerie d'Hirson. [S.d.]

  • AD Aisne. Série R ; 10 R 34 / 263. Dossier de dommages de guerre de la verrerie hirsonnaise, 1919.

Bibliographie

  • La Reconstitution des régions dévastées : L'Aisne (1918-1922). Le Monde illustré, Paris, Imprimerie E. Defossés, 1922, Tome 6.

    p. 162
  • PALAUDE, Stéphane. Verreries noires d’Avesnois-Thiérache- XIXe-XXe siècles. Lille : Atelier des thèses, 2009. Th. Doct. : 2009.

  • DAVIET, Jean-Pierre. De la première à la seconde industrialisation : les maîtres de verreries du département du Nord au XIXe siècle. Revue du Nord : Industrialisation de la France. Aspects et problèmes XVIIIe-XXe siècles, tome 67, n°265, Avril-juin 1985, p. 461-483.

  • ASSOCIATION VERRE ET HISTOIRE. ACTES DU COLLOQUE INTERNATIONAL. LES INNOVATIONS VERRIÈRES ET LEUR DEVENIR (2è colloque ; Nancy ; 26 au 28 mars 2009). L'innovation au service du souffleur en bouteilles dans le nord de la France au XIXe et au début du XXe siècle. [en ligne]. Réd. Stéphane PALAUDE, Gérard CAUDRELIER. 14 p.

  • [Exposition. Trélon, Atelier-Musée du verre, 1er juin-31 octobre 2009]. Bouteilles fortes pour vins de luxe : 200 ans de champenoises en Avesnois-Thiérache. Réd. Stéphane PALAUDE. [Fourmies] : Écomusée de l’Avesnois, 2009.

     

Documents figurés

  • Chemin de fer du Nord. Gare d'Hirson : agrandissement général et établissement d'un quai militaire, 20 octobre 1883, [s. éd].

  • Verreries d’Hirson, plan au 1/1000e, 1888 (AD Aisne : Série Fi ; 25 Fi 78 / Service géographique des armées : Plan directeur de la région de Laon, feuille 255).

  • Commissariat à la Reconstruction. Plan d'aménagement des quartiers sinistrés d'Hirson, dressé par L. Larousse, géomètre-expert à Hirson. Éch : 1/20000. 1942 (A.C. Hirson ; n.c.).

  • Plan de la fromagerie Fonné avec indication des bâtiments supprimés, échelle 1/500e, 29 octobre 1948 (AD Aisne. Série J ; 41 J 61)

Date(s) d'enquête : 2022; Date(s) de rédaction : 2022
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Fournier Bertrand
Fournier Bertrand

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