Dossier d’œuvre architecture IA60001180 | Réalisé par
Fournier Bertrand
Fournier Bertrand

Chercheur de l'Inventaire du patrimoine - Région Hauts-de-France

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  • patrimoine industriel, arrondissement de Senlis
Ancienne filature de laine Lefèvre, puis Hindenbourg, puis Seillière, devenue usine d'isolateurs électriques en porcelaine Parvillée
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté d'agglomération Creil Sud Oise - Montataire
  • Hydrographies le Thérain
  • Commune Cramoisy
  • Adresse 4 rue du Moulin
  • Cadastre 2001 AC 22
  • Dénominations
    filature, usine de porcelaine
  • Précision dénomination
    filature de laine, usine d'isolateurs électriques en porcelaine

En 1810, deux moulins, établis en vis-à-vis, sont mentionnés comme existants "de temps immémoriaux". Ils dépendaient tous deux de la baronnie de Mello, qui possédait sous l'Ancien Régime le fief, dit du "Château Sarazin", aujourd'hui dénommé "Le château". Le premier moulin, établi au nord de la dérivation du Thérain est à l'origine un moulin blé, converti en 1819 en moulin à huile. Celui qui lui fait face est également à usage de mouture de blé et porte l'appellation de Petit Moulin. A partir de 1825, une partie de la force hydraulique est louée à un certain Lecer qui installe une fabrique de broches pour l'industrie textile. Malheureusement, le décès de l'industriel l'année suivante provoque l'arrêt brutal de la production. L'activité est remplacée en mai 1828 par un atelier de coutellerie, spécialisé dans la fabrication de rasoirs et de couteaux de table, dirigé par Pradier. En 1833, Jean-Baptiste Lefèvre achète les bâtiments du Petit Moulin pour y installer une filature de laine peignée. A partir du mois d'octobre 1833, il fait construire un bâtiment de 33 m de long sur 10 m de large, destiné à abriter son activité. Le développement industriel par l'énergie hydraulique provoque de vives contestations de la part de Jeanty, propriétaire de l'autre moulin, dont la force est réduite. Empêché de poursuivre son activité avec une énergie suffisante, Jeanty décide de vendre son moulin à Lefèvre en 1834. Ce dernier dispose ainsi de possibilités supplémentaires d'extensions. Toutefois, l'industriel fait faillite en 1838. Joseph Ulrich Hindenbourg, industriel parisien, rachète la filature de Cramoisy en décembre 1838 et la complète en 1841 d'un nouvel atelier, construit dans le prolongement du précédant. Après le décès d'Hindenbourg, le 22 novembre 1853, l'usine est rachetée par Achille Seillières, membre du Conseil général des Manufactures et baron de Mello, suivant l'acte de vente du 26 septembre 1854. Son fils, Alexandre Seillière prendra la succession de la filature à partir de 1888. Il sera, entre autre l'artisan du raccordement du site industriel au réseau ferroviaire en 1892. En 1899, Seillières vend l'usine à la Société des Anciens établissements Parvillée frères, créée pour l'occasion quelques mois plus tôt. Cette entreprise est spécialisée dans la fabrication de porcelaines industrielles et s'inscrit dans l'héritage de l'entreprise constituée à Paris (rue de Caulaincourt) dans la première moitié du 19e siècle par l'architecte céramiste parisien Léon Parvillée, et poursuivie par ses deux fils, Achille et Louis. Si le site parisien conserve la fabrication de porcelaine architecturale décorative, à Cramoisy, l'entreprise se lance dans le marché prometteur de la diffusion électrique, avec la fabrication d'isolateurs électriques en porcelaine. Le site de Cramoisy n'est pas choisi au hasard, puisque c'est à Creil, ville voisine, que fut réalisée l'une des premières expériences françaises de transport à distance de l'électricité en 1884 et 1885. Les bâtiments de l'ancienne filature ne sont pas adaptés aux nouvelles exigences techniques et fonctionnelles de la nouvelle activité, mais Jacquet, président, et son collaborateur Labecque rachètent pour la société le domaine de l'ancien château sur lequel ils développent plusieurs autres bâtiments, dont les grands fours de cuisson à seize fours à feu tournants alimentés par gazogène et abrités par un vaste bâtiment à structure métallique. En 1926, le grand atelier de montage est allongé de quatorze travées supplémentaires et un second four de cuisson est installé à l'arrière sous une grande halle. L'activité de l'usine cesse en 1957, les bâtiments sont rachetés en l'année suivante par Adrien Claude, fabricant de cloisons stratifiées. La société Adclo, qu'il dirige, utilise les bâtiments mais n'apporte pas de modifications notables. Elle dépose le bilan en 1986 et abandonne le site. Le site, laissé en friche jusqu'en 2000, est racheté par une société immobilière, qui envisage de réhabiliter le site en vue d'une réaffectation mixte. En 1825, le Petit Moulin est équipé d'une roue hydraulique verticale de 5,49 m de diamètre. En 1841, Hindenbourg fait installer une machine à vapeur Cavé de 12 ch. provenant de son usine parisienne pour compléter l'énergie fournie par la roue hydraulique. Cette machine est remplacée par une machine à vapeur Farcot de 50 ch en 1865. Après 1900, la roue hydraulique est remplacée par deux turbines, en place. Par ailleurs, en 1901 est installée une chaudière verticale à tubes Fields de 1,021 mètres cubes de capacité et de 13,30 mètres carrés de surface de chauffe, fabriquée par Fichet et Heurtey, ingénieurs constructeurs à Paris (7 rue de Saint-Pétersbourg). Elle est destinée à alimenter un moteur à gaz pauvre. En 1925, l'usine Parvillée emploie 350 ouvriers ; en 1939, 298 ouvriers, et 46 en 1940.

  • Période(s)
    • Principale : 2e quart 19e siècle, 3e quart 19e siècle, 1er quart 20e siècle, 2e quart 20e siècle
  • Dates
    • 1833, daté par source
    • 1841, daté par source
    • 1900, daté par source
    • 1926, daté par source

Site de près de cinq hectares, desservi par un embranchement ferroviaire et traversé par la rivière du Thérain. Il est formé de deux parties bien distinctes correspondant aux deux principales campagnes de constructions et d'usage qu'il connut. La première est composée de la filature, avec ses deux corps de bâtiments, et ceux à l´ouest, formant d´un côté de l´entrée, la conciergerie, et de l´autre, les bureaux et le logement de direction. Ces édifices sont construits en pierre calcaire, issue des carrières locales. L'élévation de ces bâtiments donnant sur la rue, est à un étage carré et étage de comble, rythmé par quinze ouvertures, dont certaines ont été obturées ou élargies. Chaque niveau d´élévation est souligné par un bandeau de pierre, doublé à la base des fenêtres du premier étage, et rehaussé sur la moitié de la longueur de la façade est, d´un enduit ocre foncé. La toiture en tuile plate est à longs pans avec pignons couverts. Elle est percée, à l´est, de cinq lucarnes. La conciergerie, développée sur cinq travées, reprend plus sobrement les caractéristiques de l´édifice précédent. Par l´absence de bandeau de séparation de niveaux, son élévation ordonnancée est plus massive. Sa couverture en longs pans et croupe a été refaite en tuile mécanique. Le premier étage de ce bâtiment est desservi par un escalier extérieur en béton, construit tardivement. Il s'appuie sur la travée centrale de la façade ouest. A l´arrière de ces bâtiments, les ateliers de la filature, réutilisés ensuite en atelier de préparation des pâtes, associent le caractère noble de la pierre, présente sur place, à l´élévation fonctionnelle, parfaitement éclairée sur les façade longitudinales d´une dizaine de baies. Malgré les remaniements importants dont elle a fait l´objet, notamment dans les percements, cette partie ancienne très allongée présente encore les traces archéologiques très nettes de ses quatre niveaux, dont un sous comble. La couverture à longs pans et croupe au nord, qui, à l´origine, était percées de lucarnes de toits, est aujourd´hui entièrement couverte de tuiles mécaniques. Dans cette partie, les dispositions intérieures ont conservées l´état des transformations effectuées en 1900 pour l´industrie céramique, avec notamment les bacs à caolin, les dévidoirs ainsi que certains éléments destinés au séchage des porcelaines avant cuisson. Formant une légère saillie par rapport au bâtiment qu´il prolonge, l´extension de la filature réalisée vers 1841 présente une élévation à sept travées ordonnancées, avec, dans l´axe de la façade ouest, une lucarne à fronton triangulaire interrompant l´avant-toit. La grande halle, établie à l'arrière, abritait le four de cuisson des porcelaines. Elle est construite en brique avec une charpente métallique apparente, entièrement rivetée, et lancée au-dessus de ce volume unique. Elle est ouverte dans sa partie centrale par un lanterneau de verre qui procure un éclairage zénithal, relégué latéralement par l´ouverture continue de la partie nord de l´élévation. Cet élément circulaire est entièrement ouvert vers l´extérieur pour permettre l´évacuation des fumées du four. En face, le petit bâtiment des turbines est en brique, simplement couvert à longs pans et pignons couverts. Dans son prolongement, s'étendent les deux magasins en brique, séparé par le raccordement ferroviaire, qui traverse la rivière pour rejoindre la ligne de chemin de fer. Leurs quais sont protégés d'un auvent en zinc. De l'autre côté, vers le village, se développe le grand atelier de montage, en brique, à un étage carré et étage de comble, long de vingt-cinq travées. Onze travées comportent une charpente métallique apparente, semblable à celle de la grande halle de cuisson, tandis que les travées suivantes sont bâties avec une charpente en béton armé, avec remplissage de brique pour l'élévation, et charpente métallique no rivetée pour le toit.

  • Murs
    • brique
    • bois
    • pierre de taille
    • moyen appareil
    • pan de bois
    • béton armé
    • pan de béton armé
  • Toits
    ardoise, tuile mécanique, verre en couverture, zinc en couverture
  • Étages
    2 étages carrés, comble à surcroît
  • Couvrements
    • charpente métallique apparente
  • Élévations extérieures
    élévation à travées, élévation ordonnancée
  • Couvertures
    • toit à longs pans
    • toit en pavillon
    • pignon couvert
    • croupe
    • lanterneau
  • Escaliers
  • Autres organes de circulation
    monte-charge
  • Énergies
    • énergie hydraulique
    • produite sur place
    • turbine hydraulique
  • État de conservation
    établissement industriel désaffecté
  • Statut de la propriété
    propriété privée
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Éléments remarquables
    atelier de fabrication
  • Protections
    inscrit MH partiellement, 2002/12/16
  • Précisions sur la protection

    L' ancienne usine, les façades et toitures des deux bâtiments en pierre de l' entrée de l' usine, rue du Moulin, de l' ancienne filature comprenant les deux bâtiments en pierre de taille, du grand hall de cuisson avec son lanterneau, de l' atelier de fabrication en rez-de-chaussée, ainsi que du grand atelier d' assemblage, y compris le prolongement postérieur à 1920 qui s' inscrit dans la continuité architecturale et visuelle de la partie élevée en 1900 (cad. AC 22) : inscription par arrêté du 16 décembre 2002.

  • Référence MH

Halle de cuisson à structure métalllique et lanternon.

Documents d'archives

  • AD Oise. Série M ; Mp 2453. Etablissements insalubres et dangereux. Clairoix.1922-1940.

    Cramoisy (1892-1937).
  • AD Oise. Série Q ; 4 Q 4 / 860. Acte de vente du 20 décembre 1838, n° 49.

  • AD Oise. Série Q ; 4 Q 4 / 928. Acte de vente du 19 novembre 1816, vol. 116, n° 17.

  • AD Oise. Série Q ; 4 Q 4/1181. Acte de vente du 13 mars 1838, vol. 369, n° 16.

  • AD Oise. Série Q ; 4 Q 4/1190. Acte de vente du 20 décembre 1838, vol. 378, n° 49.

  • AD Oise. Série Q ; 4 Q 4/1354. Acte de vente du 16 décembre 1854, n° 28.

  • AD Oise. Série S ; 7 Sp 231. Cours d'eau et usines. Cramoisy. An VIII-1937.

    Commune de Cramoisy (an VIII-1937).
  • AD Oise. Série S ; 9 S. Déclaration de machines à vapeur.

    Canton de Creil, communes A à G (1841-1902).
  • AD Oise. Série W ; 2 W 6557. Etat des entreprises industrielles (1940-1941).

Bibliographie

  • BOUFFLET, Evelyne, PRINCE, Marie-Claude. Société Anonyme des Anciens Etablissement Parvillée Frères et Cie. Les Cahiers de l'AMOI, décembre 2005, n° 8.

    p. 14-20
  • GRAVES, Louis. Précis statistique sur le canton de Creil, arrondissement de Senlis (Oise). In Annuaire de l'Oise. Beauvais : Achille Desjardins, 1828.

    p. 346
  • MAILLARD, Anne. La céramique architecturale à travers les catalogues de fabricants (1840-1940) . Paris : Septima, 1999.

    p. 147
  • [PARVILLÉE]. Société anonyme des Anciens établissements Parvillée Frères et Cie 1899 - 1949 [catalogue célébrant le 50e anniversaire de l'entreprise], 1949.

  • Statistique industrielle du canton de Creil à l'usage des manufactures de ce canton, 1826.

Annexes

  • Vente de l´usine de Cramoisy par Lefèvre, propriétaire demeurant à Cires-les-Mello à Hindenbourg, filateur, propriétaire, membre de la légion d´honneur, demeurant à Paris (15 rue des Vinaigrières), 20 décembre 1838.
  • Vente de l´usine à usage de filature de cachemire et de laine peignée, de Cramoisy et de ses machines par Joseph Ulrich Hindenbourg (bâtiments) et Léon Louis Lecarpentier (machines) à M. Seillière, 16 décembre 1854.
Date(s) d'enquête : 2004; Date(s) de rédaction : 2004
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Fournier Bertrand
Fournier Bertrand

Chercheur de l'Inventaire du patrimoine - Région Hauts-de-France

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