Dossier d’œuvre architecture IA60005326 | Réalisé par
Chamignon Lucile (Rédacteur)
Chamignon Lucile

Chercheuse de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, Région Hauts-de-France (depuis 2020).

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  • inventaire topographique, Communauté de communes Oise Picarde
L'habitat du village de Montreuil-sur-Brêche
Œuvre repérée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté de communes de l'Oise Picarde - Saint-Just-en-Chaussée
  • Commune Montreuil-sur-Brêche
  • Dénominations
    maison, ferme, magasin de commerce

Les types d'habitat

Comme dans tous les villages du plateau picard, deux types d’habitation se distinguent : la plus fréquente à Montreuil est la maison d’artisan ou de commerçant qui présente un logis aligné sur la rue et percé ou prolongé d’une entrée charretière ; le second type est celui de la ferme, de taille variable, dont il est possible de détacher deux groupes : la ferme dite "picarde" et la ferme à cour. Toutefois, l’analyse est souvent rendue difficile car les usages de ces deux types se confondent, activités artisanales et activités agricoles étant souvent liées.

 

Logis aligné sur la rue avec entrée charretière : une majorité de maisons d’artisans, de commerçants et d’ouvriers 

 

La présence d’un logis aligné directement sur la rue et prolongé par une entrée charretière, peut souvent permettre d’identifier la maison de l’artisan. L’absence de bâtiments agricoles directement ouverts sur la rue indique en effet que cet usage n’est pas le principal. Tel est par exemple le cas du n°134 rue de Clermont (ill.) doté d’un grenier à deux lucarnes. Était-ce un ancien lieu de stockage du lin directement apporté depuis la rue ?

Le fait d’avoir son logis ouvert sur la rue renvoie souvent à un usage commercial permettant la vente des produits (rue Bulnoise, un ancien boulanger était installé au n°467 (ill.)). La rue de Grandvilliers est bordée de nombreuses maisons sur rue le plus souvent prolongées d’une entrée charretière pouvant renvoyer à d’anciens commerces (n°284, n°285, n°299 qui était un ancien relais de poste (ill.), n°349, n°447 (ill.)). Au n°479 devait se trouver un magasin si l'on considère la forme allongée de la baie à droite (ill.). L’existence d’un étage laisse également penser à un plan consistant en une boutique au rez-de-chaussée et une habitation à l’étage. Cette configuration se retrouve par exemple au n°232 de la rue qui abritait un autre café-épicerie au début du XXe siècle (ill.). Juste à côté, au n°224, se trouvait une boutique de vélos, visible sur les cartes postales du début du XXe siècle (ill.).

 

Les fermes

 

Comme dans tous les villages du plateau picard, deux types de ferme ont été identifiés : la ferme dite "picarde", le plus souvent de petite taille ou de taille moyenne ; la ferme à cour, de taille plus importante.

 

                Les fermes dites picardes : habitat du petit cultivateur, de l’artisan ou de l’ouvrier

 

Au XIXe siècle, les activités étant principalement tournées vers la fabrication textile à domicile (toiles de lin et de coton), il faut considérer que l’habitat ancien est essentiellement composé de maisons d’artisans et d’ouvriers. Celles-ci prennent souvent la forme de petites fermes vivrières : une basse-cour et un lopin de terre viennent ainsi compléter les revenus du mulquinier ou de l’ouvrier en sangles, métiers bien représentés à Montreuil au XIXe siècle. 

Aussi, ce sont autant d’ouvriers, d’artisans que de petits cultivateurs qui peuvent loger dans la ferme dite "picarde". Son plan consiste en une grange alignée sur la rue et percée d’une porte charretière. Le logis est rejeté en fond de cour. L'ensemble est installé sur une parcelle longue et étroite perpendiculaire à la rue. Les outils de l’ouvrier ou du mulquinier se trouvent soit dans le bâtiment aligné sur la rue (dans un petit atelier à côté de la grange) soit dans le logis lui-même. Le plus ancien exemple relevé se trouve au n°17 de la rue de la Vallée de Crême (ill.). Le logis, daté du XVIIIe siècle (date gravée dans une pierre du pignon sur rue) est toutefois implanté en retour de l'entrée charretière avec atelier. Au n°154 de la rue de Clermont (ill.), la présence de deux petites ouvertures dans le mur sur la rue peut renvoyer à un ancien atelier d’artisan. L’ensemble des bâtiments alignés sur la rue existent déjà au début du XIXe siècle.

Si la forme de la ferme picarde reste immuable, sa taille varie selon l’importance de l’exploitation. Ainsi, d’anciennes fermes de petite taille ont pu être relevées. Elles comprennent seulement une entrée charretière et une grange sur la rue de petite dimension (n°50 rue d’En Haut (ill.)) ou bien plus grande (n°176 rue Bulnoise). Au contraire, d’autres sont le sièges d’exploitations plus vastes comme l’indique la taille de la grange. Au n°85 de la rue du Prieuré (ill.) et au n°74 de la rue d’En Haut se trouvent deux anciennes fermes comprenant une grange sur rue percée d’une porte à deux battants et d’une entrée charretière. La ferme du n°85 rue du Prieuré est déjà présente sur le cadastre du début du XIXe siècle.

Enfin, un remarquable exemple de ferme picarde se situe au n°184 de la rue de l’Église (ill.). Elle se structure autour d’une vaste grange percée de portes à engranger, d’une porte charretière accompagnée d’une porte piétonne à imposte ajourée et d’un atelier dans la partie droite du bâtiment.

 

Les fermes à cour

 

À Montreuil-sur-Brêche, elles ont souvent une origine seigneuriale ou antérieure au XIXe siècle et se situent principalement dans le quartier dit "du Prieuré", à l’est du village, ainsi qu’à la sortie nord, vers le cimetière. Elles sont moins nombreuses que dans les villages de plateau qui comptent de vastes fermes céréalières.

Au n°96 de la rue de Clermont (ill.) se trouve par exemple une vaste ferme à cour qui était déjà figurée sur le cadastre napoléonien au début du XIXe siècle. Un pigeonnier était même implanté dans la cour, indiquant la qualité seigneuriale de la ferme. Était-elle liée à la ferme de Ponceaux ? Toujours en activité, la grange alignée sur la rue et percée d’une entrée charretière ainsi que le bâtiment implanté perpendiculairement à la rue (aujourd’hui le logis) sont encore en place et pourraient remonter à la seconde moitié du XVIIIe siècle (analyse stylistique notamment de la forme de la corniche de la façade occidentale du logis actuel).

Au n°16 (ill.), le bâtiment implanté perpendiculairement à la rue de Clermont présente la même mise en œuvre que celui du n°96. Faisait-il partie du même domaine agricole dépendant de la ferme de Ponceaux ?

D’autres fermes à cour plus récentes ont été reconstruites en brique dans la seconde moitié du XIXe siècle comme au n°108 de la rue du Prieuré (ill.).

 

Les matériaux de construction

 

L’habitat ancien de Montreuil-sur-Brêche se caractérise par un emploi important de la pierre dans les maçonneries, tant dans les solins (qui peuvent être très hauts comme au n°184 rue de l’Église ou au n°154 rue de Clermont (ill.)) que dans les murs-pignons et les murs gouttereaux (ancien relais de poste au n°299 de la rue de Grandvilliers, fermes en face de la place publique rue de Clermont, logis de la ferme à la sortie nord du village, au n°496 de la rue de Grandvilliers).

Le torchis pan de bois a été privilégié dans la construction des fermes picardes dont les granges sont visibles depuis la rue (exemples aux n°184 rue de l’Église (ill.), n°74 rue d’En Haut, n°85 rue du Prieuré (ill.)).

L’habitat ancien du village se distingue par le nombre important de portes charretières anciennes qui comprennent deux battants surmontés de tiges pointues sculptées. D’éloquents exemples sont visibles dans le quartier de Couvremont (n°149 de la rue de l’Abreuvoir (ill.), nos 1, 197 (ill.) et 227 (ill.) de la rue de Couvremont). Elles sont parfois accompagnées d’une porte piétonne surmontée d’une imposte ajourée décorée de motifs géométriques (n°184 rue de l’Église, n°154 rue de Clermont, n°149 rue de l’Abreuvoir, n°17 de la rue de la Vallée Crême, exemples tous illustrés).

Des chasse-roues encore conservés étaient faits de grosses bornes en pierre de forme allongées et arrondies qui permettaient aux roues des charrettes de se redresser quand elles les percutaient. Ils sont encore conservés au n°184 de la rue de l’Église (ill.).

Les bâtiments en brique sont plus nombreux à Montreuil que dans les autres villages. L’implantation d’une briqueterie au milieu du XIXe siècle a en effet permis aux habitants de reconstruire leurs habitations. Ainsi, beaucoup de maisons portent la date de leur construction (n°189 rue de Grandvilliers en 1855 ; n°455 rue Bulnoise en 1868 ; n°191 rue de l’Église en 1855 ; n°141 de la rue de Clermont en 1877 ; rue du Cayen, le n°469 en 1897 et le n°523 en 1869, exemples tous illustrés dans ce dossier). Un type d’habitat semble se rattacher à cette période de reconstruction. Il comprend un logis aligné sur la rue et percé d’une entrée charretière inscrite dans un arc en plein cintre dont les claveaux sont en pierre ou en alternance brique et pierre. Les chambranles des baies sont travaillés en pierre tandis qu’un ou deux bandeaux décorent la façade (exemples illustrés : n°467 rue Bulnoise, n°108 rue du Prieuré, n°447 rue de Grandvilliers). Plusieurs fermes sont reconstruites en brique à cette époque comme la grange du n°544 de la rue de Grandvilliers (ill.).

Enfin, les matériaux employés en couverture ont également évolué au cours du temps. La plus grande rupture est celle de l’interdiction du chaume dans la première moitié du XIXe siècle en raison du risque d’incendie. Il recule alors peu à peu dans les décomptes des recensements de population. En effet, en 1831, sur les 226 maisons du village, 203 sont en chaume. En 1861, elles ne sont plus que 39 sur 223. Une habitation conserve encore aujourd’hui une forme de toit très basse qui laisse supposer la présence ancienne du chaume comme la petite grange sur rue au n°159 rue de Clermont (ill.).

  • Période(s)
    • Principale : 2e moitié 18e siècle
    • Principale : 2e moitié 19e siècle
    • Principale : 20e siècle

Documents figurés

  • Montreuil-sur-Brêche : cadastre napoléonien, section A, feuille 1, reproduction, [premier quart du XIXe siècle] (coll. part.).

  • Montreuil-sur-Brêche : cadastre napoléonien, section B, feuille 3, reproduction, [premier quart du XIXe siècle] (coll. part.).

  • Montreuil-sur-Brêche : cadastre napoléonien, section C, feuille 1, reproduction, [premier quart du XIXe siècle] (coll. part.).

  • Montreuil-sur-Brêche : cadastre napoléonien, section D, feuille 2, reproduction, [premier quart du XIXe siècle] (coll. part.).

  • Montreuil-sur-Brêche : cadastre rénové, section A, feuille 1, 1934 (AD Oise ; 1964 W 117).

  • Montreuil-sur-Brêche : cadastre rénové, section B, feuille 3, 1934 (AD Oise ; 1964 W 117).

  • Montreuil-sur-Brêche : cadastre rénové, section C, feuille 1, 1934 (AD Oise ; 1964 W 117).

  • Montreuil-sur-Brêche : cadastre rénové, section D, feuille 2, 1934 (AD Oise ; 1964 W 117).

  • Montreuil-sur-Brêche : cadastre rénové, section B, feuille 3, 1961 (AD Oise ; 1964 W 117).

  • Montreuil-sur-Brêche : cadastre rénové, section C, feuille 1, 1961 (AD Oise ; 1964 W 117).

    AD Oise : 1964W117
  • Montreuil-sur-Brêche : cadastre rénové, section D, feuille 2, 1961 (AD Oise ; 1964 W 117).

    AD Oise : 1964W117
Date(s) d'enquête : 2022; Date(s) de rédaction : 2023
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Chamignon Lucile
Chamignon Lucile

Chercheuse de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, Région Hauts-de-France (depuis 2020).

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