Dossier d’œuvre architecture IA60005350 | Réalisé par
Chamignon Lucile (Rédacteur)
Chamignon Lucile

Chercheuse de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, Région Hauts-de-France (depuis 2020).

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  • inventaire topographique, Communauté de communes Oise Picarde
Ancien village, aujourd'hui hameau de Farivillers
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté de communes de l'Oise Picarde - Saint-Just-en-Chaussée
  • Commune Saint-André-Farivillers
  • Lieu-dit Farivillers
  • Dénominations
    village
  • Parties constituantes non étudiées
    école, abreuvoir, puits, remise de matériel d'incendie, croix de chemin

Chaque hameau de la commune de Saint-André-Farivillers a une histoire propre et fait donc l’objet d’un dossier à part entière.

L’implantation d’une villa (domaine agricole) avant le Ve siècle serait à l’origine de la constitution de Farivillers, hameau relevant de la commune de Saint-André-Farivillers. Situé au bord de l’ancienne route d’Amiens à Paris (aujourd’hui Départementale 916), Farivillers se développe au cours du Moyen Âge et une tour fortifiée avec une chapelle y sont édifiés. Un important domaine agricole se trouve encore aujourd’hui dans la partie sud du hameau. Une école a existé entre le dernier quart du XIXe siècle et la première moitié du XXe siècle.

Si le nombre d’habitants est au plus bas dans la première moitié du XXe siècle à la suite de l’exode rural, il remonte à partir des années 1980 au moment où de nouveaux pavillons s’implantent dans de nouvelles zones (rue du Bout de la Ville, rue du Grand Cour).

Origines

 

La première mention de ce hameau a été repérée dans une charte de 1037 émise par Henri Ier, évêque de Beauvais (LAMBERT, 1982). Faradovilla semble alors désigner la villa (ou domaine) de Farado, un nom d’origine germanique indiquant son existence dès le haut Moyen Âge.

Les terres de Farivillers appartiennent sous l’Ancien Régime au couvent de la Visitation de Sainte-Marie à Amiens (GRAVES, 1832). L’abbaye Saint-Lucien de Beauvais détient également des biens en ce lieu.

Sur le cadastre napoléonien (début du XIXe siècle), une tour fortifiée (implantée au lieu-dit "Jardin de la Tour", sous le marronnier de la placette du hameau d’après Germain Commelin) et une chapelle sous le vocable de saint Pierre étaient visibles. L’abbé de Breteuil avait le droit de nomination du desservant de cette dernière. Elle aurait été reconstruite vers 1600 puis démolie au cours de la période révolutionnaire, certainement en même temps que la tour fortifiée. Un document paroissial retrouvé dans les archives municipales par un bénévole de l’Association pour la Connaissance et la Conservation des Calvaires et des Croix du Beauvaisis (ACCCCB) signale qu’elle a été bénie ainsi que sa cloche par le curé de Saint-André-Farivillers en 1731. La carte de Cassini (1757) figure bien sa présence et elle est visible sur le Plan de la route des Flandres levé dans la seconde moitié du XVIIIe siècle (AD Oise). Elle se trouvait au cœur du village, sur le carrefour devant la ferme du chemin de la ruelle Lambert.

L’existence d’un important domaine agricole au sud de Farivillers pourrait renvoyer à une ancienne présence seigneuriale autour de la possession d’un fief. Le Plan de la route de Flandres (op. cit.) montre déjà cet important site organisé autour d’une large cour carrée au centre de laquelle se dresse un pigeonnier. La tour fortifiée détruite se trouvait-elle à cet emplacement ?

En 1832, le hameau compte une cinquantaine de feux. Il se dépeuple toutefois de manière importante dans la première moitié du XXe siècle en raison de l’exode rural. Il faut attendre les années 1980 pour qu’une reprise démographique entraîne un nouvel accroissement de la population.

Évolution de la morphologie et du parcellaire

 

La carte de Cassini (1757) indique bien l’existence de "Fariviller" représenté comme un hameau associé à une petite chapelle. Le noyau d’habitat semble s’être développé à partir de l’implantation d’un domaine agricole au bord de la route menant de Campremy à Bonvillers et permettant de rejoindre la voie royale d’Amiens à Paris. Il s’est ensuite étendu un peu plus au nord autour d’un carrefour à quatre branches au centre duquel a été construite une chapelle. La route s’éloignant à l’ouest conduisait à deux moulins : celui de Bois Renault (une habitation y est toujours établie) et un second juste au-dessus du premier (figuré sur la carte de la seconde moitié du XVIIIe siècle).

Le nombre de rues et leur forme n’a pas évolué depuis le plan de la seconde moitié du XVIIIe siècle. Une ramification a été créée dans la seconde moitié du XXe siècle avec l’installation de l’entreprise Steel Form dans la partie ouest du hameau.

Le parcellaire ancien (visible sur le plan de la seconde moitié du XVIIIe siècle) est principalement constitué de fines lanières juxtaposées et régulières sur lesquelles étaient bâties de petites fermes vivrières (dans l’actuelle rue des Charrons par exemple). Ce type de parcelle disparait peu à peu au cours de l’exode rural survenu à partir du dernier quart du XIXe siècle. En effet, les terrains sont remembrés, les fermes qui restent en place s’agrandissent tandis que d’autres disparaissent. Sur le cadastre de 1940, les parcelles sont ainsi plus irrégulières et le bâti beaucoup moins dense. Il faut attendre la reprise démographique des années 1980 pour que des pavillons soient construits sur les parcelles vides mais également dans des zones qui n’étaient jusqu’alors pas habitées (le long de la rue du Bout de la Ville et dans la partie ouest de la rue du Grand Cour).

 

Lieux partagés et structurants

 

                Une forme de village n’impliquant pas de sentier du tour de ville

 

Les sentiers du tour de ville sont des aménagements typiques des villages du plateau picard. Ils permettaient de délimiter la zone habitée (avec ses vergers, potagers et pâtures) de la zone cultivée. Sur le cadastre de 1940, une parcelle de pré prolonge souvent celle des potagers de l’habitation (exemple dans les rues du Grand Cour ou du Pressoir). Cette zone de courtil (espace arboré constitué de prés et vergers) est ainsi nettement séparée des terres labourables.

Les chemins ont souvent disparu avec les remembrements ruraux des années 1960. La structure du village organisée autour d’un carrefour n’a toutefois pas entraîné l’aménagement d’un tour de ville complet ceinturant strictement les habitations (aucun n’est visible sur les extraits de cadastre napoléonien fournis par Gérard Commelin dans son ouvrage). Deux sentiers sont toutefois semblables à un tour de ville. Le premier n’est pas conservé en intégralité mais se trouve à l’arrière de la rue du Grand Cour, accessible depuis la rue du Fossé. Le second relie le chemin des Postes au chemin de la ruelle Lambert. Il ne peut pas être qualifié de tour de ville proprement dit (car il est situé trop en arrière des parcelles des habitations) mais fait toutefois partie de ces voies facilitant la conduite des troupeaux ou des instruments agricoles sur les terres localisées dans l’environnement immédiat du village.

 

                Les croix de chemin

 

Deux croix ont pu être localisées aux abords de Farivillers mais aucune n’est implantée au cœur du village. La croix dite "Croix Bailly" se trouve sur le chemin de Farivillers depuis la route entre Hédencourt et Bois Renault. Son origine est inconnue. Elle est rénovée par la commune autour de 2000.

La seconde dite "Calvaire Lecomte-Hamot" est érigée vers 1900 à la sortie ouest du hameau, dans la fourche créée par les deux routes menant aux deux anciens moulins (Bois Renault et Bois du Hariaux). Restaurée dans les années 1980, un bénévole de l’Association pour la Connaissance et la Conservation des Calvaires et des Croix du Beauvaisis (ACCCCB) a relevé l’inscription "O CRUX AVE SPES UNICA / HOC PASSIONIS TEMPORE / [...] gratiam / Reisque dete crumina".

 

                Gérer et partager l’eau : puits et mares

 

L’approvisionnement en eau des villages a toujours constitué un enjeu essentiel sur le plateau picard en raison de la nature sèche et poreuse des sols calcaires. Il est possible de distinguer deux mares sur le plan de la seconde moitié du XVIIIe siècle : la première se trouvait à côté de l’ancienne chapelle, en face de la ferme sur le carrefour au centre du hameau (plan cadastre napoléonien en ill.). Elle a été entièrement comblée mais ses anciens murs en brique sont toujours en place le long de la clôture du pré qui la jouxtait. La seconde, toujours en eau, se situe au bout de la rue du Pressoir, côté sud. Le cadastre de 1940 en signale trois autres. L’une est toujours conservée dans la rue des Charrons à la sortie nord. Une seconde se trouvait en face du n°17 rue du Grand Cour. La dernière, toujours repérable, est aménagée dans le périmètre du gros domaine du chemin des Postes.

Un seul puits est toujours en élévation à Farivillers. Il se trouve au centre du carrefour principal. Construit avec des dalles de pierres, il prend la forme d’un petit édicule couvert d’un toit à deux pans. Il a été bouché par des briques. Dernier équipement lié à l’eau, un bâtiment des pompes à incendie est installé sur la placette du carrefour en 1896 (COMMELIN, 2006).

 

                L’école de Farivillers

 

Une école est aménagée en 1875 dans la rue du Pressoir (aujourd’hui n°15) après l’achat par la commune d’un immeuble à la famille Lennuyer. Un logement pour l’instituteur ainsi qu’une salle d’école ont été construits par Valentin Devienne, couvreur en ardoise à Farivillers. En 1893, les anciens murs en pans de bois du logement de l’instituteur sont reconstruits en brique. En 1928, un réservoir d’eau est installé. L’école a fermé en 1977 (COMMELIN, 2006).

  • Typologies
    plateau
  • Farivillers. Extrait du cadastre dit napoléonien, détail, [premier quart du XIXe siècle] (2 O 13378 ; AD Oise).

  • Saint-André-Farivillers. Cadastre rénové, section B, feuille 2, 1940 (AD Oise ; 1964 W 154).

Documents d'archives

  • AD Oise. Série J ; sous-série 49 J : 49 Jp 10. Saint-André-Farivillers. Inventaire des croix et calvaires. Archives de l'association pour la connaissance et la conservation des calvaires et croix du Beauvaisis, 2007.

  • AD Oise. Série M ; sous-série 6 M : 6 Mp 624. Saint-André-Farivillers. Recensements de population (1820 à 1936).

  • AD Oise. Série O ; sous-série 2 O : 2 O 13378. Saint-André-Farivillers. Écoles (1832-1939).

Bibliographie

  • COMMELIN, Gérard. Saint-André-Farivillers : son histoire. [s. l.] : [s. ed.], 2006.

  • GRAVES, Louis. Précis statistique sur le canton de Froissy, arrondissement de Clermont (Oise). Annuaire de l'Oise. Beauvais : Achille Desjardins, 1832.

    pp. 44-45.
  • LAMBERT, Émile. Dictionnaire topographique du département de l'Oise. Amiens (Musée de Picardie) : Société de linguistique picarde, 1982 (tome 23).

    p.205.
  • Notice descriptive et statistique sur le département de l'Oise. Paris : Imprimerie du du service géographique, 1902.

    p. 241.

Documents figurés

  • Farivillers. Plan de la route de Flandre depuis Saint-Just jusqu'à la montagne aux Gallets, [seconde moitié du XVIIIe siècle] (AD Oise ; plan 1336/1).

    AD Oise : plan 1336/1

Annexes

  • Les anciennes activités des habitants et habitantes de Farivillers
Date(s) d'enquête : 2023; Date(s) de rédaction : 2023
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Chamignon Lucile
Chamignon Lucile

Chercheuse de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, Région Hauts-de-France (depuis 2020).

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