Dossier d’œuvre architecture IA60005374 | Réalisé par
Chamignon Lucile (Rédacteur)
Chamignon Lucile

Chercheuse de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, Région Hauts-de-France (depuis 2020).

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  • inventaire topographique, Communauté de communes Oise Picarde
L'habitat du village de Sérévillers
Œuvre repérée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté de communes de l'Oise Picarde - Saint-Just-en-Chaussée
  • Commune Sérévillers
  • Dénominations
    maison, ferme

Les types d’habitat : deux types de ferme              

 

Comme dans les villages environnants du plateau picard où l’activité artisanale (corderie, filage…) était nécessairement couplée à une activité agricole, les formes de l’habitat à Sérévillers sont principalement constituées de fermes. Deux types principaux peuvent être dégagés.

 

                Les fermes picardes, siège des petits exploitants et des paysans-artisans

 

Comme dans les villages avoisinants, le type de la ferme avec grange sur rue est la forme majoritaire du cœur du plateau picard. Des rues bordées de véritables fronts de granges sont par exemple visibles au Mesnil-Saint-Firmin ou à Rocquencourt. À Sérévillers, la partie occidentale de la rue de la Mairie comprend ce type d’habitat, déjà visible sur la carte d’état-major de 1866. La section de rue entre les n°38 à 48 présente encore l’apparence de cette succession de granges sur rue. Derrière les portes charretières à deux battants, une cour séparait la grange du logis, disposé parallèlement à elle.

Les granges isolées des n°17 (ill.) et 16 (ill.) de la rue de la Mairie offrent de beaux spécimens de granges sur rue, parties constituantes d’une ancienne ferme picarde dont les autres bâtiments ont disparu (logis, remise, poulailler…). De même, les n°16 et 16bis rue de la Mairie montrent des cas inverses où seuls les logis en fond de cour sont conservés. Au n°40-42, la "grand porte" charretière est encadrée par deux portes à engranger le grain directement depuis la rue (ill.).

Une variante, davantage présente au cœur du village, se compose d’un logis sur rue percé par une entrée charretière fermée d'une "grand’porte". Les n°34 et 31 rue de la Mairie en sont des exemples. Le logis sur rue est surtout associé au logement du petit artisan. Au n°34, le cadastre actuel atteste de la présence d’un bâtiment en fond de cour, l’ancien logis. La grange a été percée de fenêtres afin d’être transformée en résidence.

 

                Les fermes à cour, siège des cultivateurs les plus importants

 

Sérévillers compte plusieurs exploitations agricoles importantes, organisées autour d’une vaste cour fermée. L’entrée donne sur la rue.

La ferme n°15 rue de la Mairie offre un beau témoignage de ce type. Le logis (ill.), dont la vaste façade est visible sur la rue, est flanqué de deux bâtiments de part et d’autre, distribués perpendiculairement à la rue. Le premier comprend les étables et les écuries, tandis que le second semble être une grange. Visible sur le cadastre de 1957, cette exploitation pourrait dater de la première décennie du XXe siècle ou de la période de reconstruction postérieure à la Première Guerre Mondiale. Le traitement soigné des ouvertures, la disposition ornementale des briques, la présence d’un bandeau de céramique, le caractère recherché des formes du toit, reflètent la richesse du cultivateur propriétaire. Le parti pris de placer la façade du logis sur rue montre le souci de rendre visible la prospérité de l’exploitation.

D’époque plus ancienne, la ferme au n°7 rue de l’Église (ill.) s’apparente au type de la ferme picarde avec grange sur rue, mais dans des proportions beaucoup plus massives. En effet, une longue grange borde la rue, percée de deux portes (l’une est l’entrée charretière ; l’autre l’entrée de la grange). Dans la cour, à droite, des bâtiments d’écurie et d’étable sont disposés perpendiculairement à la rue. D’autres leur font face. En fond de cour, l’imposant logis. Les fers d’ancrage de la façade arrière donnent la date de construction : 1875.

               

Les matériaux de construction

 

                Une forte présence de la brique

 

La brique est le matériau de construction le plus visible dans les rues de Sérévillers aujourd’hui. Les plus anciennes constructions datées sont celles de la ferme au n°7 rue de l’Église dont le logis porte la date de 1875. Le bâtiment agricole du n°22 rue de la Mairie, orné de corniches décoratives, semble dater de la même période. Sur le pignon visible sur rue, les rampants du toit sont soulignés par les fameux "couteaux picards", briques disposées en dent de scie. L’imposant édifice agricole contenant étables et écuries du n°52 rue de la Mairie fait également partie des plus anciens du village. Les fers d’ancrage indiquent la date de 18[…], signalant certainement une reconstruction en brique de la seconde moitié du XIXe siècle.

Les maçonneries de nombreuses granges sur rue sont entièrement en brique (par exemple celles en face du n°1 rue de l’Église). Dans d’autres cas, elle est utilisée avec le pan de bois (grange sur rue du n°48 rue de la Mairie).

D’autre part, les solins des édifices en pan de bois et torchis sont presque systématiquement en brique. L’édifice contigu au n°1 rue de l’Église, est construit sur un solin en brique. Les assises de briques sont montées en pose à plat, sauf la dernière assise qui présente une pose à chant. Le mur de pignon est également en brique. Des pierres de taille calcaire renforcent les maçonneries aux chaînages d’angle. De même, la grange du n°17 rue de la Mairie présente un solin en brique, renforcé par des pierres de taille calcaire aux retombées des poteaux du pan de bois.

Si la brique semble déjà généralisée dès le milieu du XIXe siècle, ce matériau est encore majoritairement employé au XXe siècle. Tel est le cas de la ferme du n°15 rue de la Mairie ou celui du logis avec façade sur rue au n°11 rue de l’Église. Quant à la résidence située au n°9 rue de l’Église, elle date de la seconde moitié du XXe siècle. Les pavillons construits dans la période suivante emploient le béton.

 

                Une permanence des maçonneries en pan de bois et torchis

 

Cette mise en œuvre majoritaire dans les villages du plateau picard est moins présente à Sérévillers. Toutefois, plusieurs spécimens peuvent être relevés. L’édifice au n°1 rue de l’Église présente une façade en pan de bois et torchis (ill.). L’état de l’édifice permet de mieux en étudier sa composition. Une armature principale est faite de poteaux horizontaux, les sablières, fixées dans des poteaux verticaux. Cette ossature orthogonale est renforcée par des décharges obliques. Elles sont elles-mêmes soulagées par des potelets coupés en biseau. Le torchis, constitué de paille et d’argile, est ensuite appliqué sur le clayonnage (treillage de fines lattes horizontales en bois fixées aux poteaux).

D’autres édifices en pan de bois et torchis sont repérables derrière les enduits ou les essentages en bois qui les protègent des vents et de la pluie : les granges des n°17, 18 et 20 rue de la Mairie. Toutefois, les pignons de ces édifices sont souvent en brique afin de servir de coupe-feu en cas d’incendie et de protéger les côtés les plus sensibles aux vents et aux intempéries.

 

                Des tuiles et des pannes pour les couvertures

 

Contrairement aux autres villages du plateau picard, les toits des maisons de Sérévillers étaient majoritairement couverts de tuiles dès les années 1840. En effet, sur les 64 maisons du village, 35 ont des couvertures en tuiles, contre 21 en chaume.

Aujourd’hui, l’ardoise semble avoir regagné du terrain et semble aussi répandue que la tuile et la panne réunies. De plus, elle est utilisée en essentage sur certains pignons afin de protéger des intempéries, pratique répandue sur tout le plateau picard.

  • Période(s)
    • Principale : 19e siècle, 4e quart 19e siècle
    • Principale : 20e siècle
  • Dates
    • 1875, porte la date

Documents figurés

  • Sérévillers. Cadastre rénové, section AB, 1957 (AD Oise ; 1964 W 162).

Date(s) d'enquête : 2021; Date(s) de rédaction : 2023
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Chamignon Lucile
Chamignon Lucile

Chercheuse de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, Région Hauts-de-France (depuis 2020).

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