Dossier d’œuvre architecture IA60005390 | Réalisé par
Chamignon Lucile (Rédacteur)
Chamignon Lucile

Chercheuse de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, Région Hauts-de-France (depuis 2020).

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  • inventaire topographique, Communauté de communes Oise Picarde
Ancienne colonie agricole d'orphelins de la congrégation de Saint-Joseph de Cluny, aujourd'hui foyer dit Maison d'enfants Anne-Marie Javouhey
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté de communes de l'Oise Picarde - Saint-Just-en-Chaussée
  • Commune Le Mesnil-Saint-Firmin
  • Adresse 30 rue Anne-Marie Javouhey
  • Cadastre 2020 AB 115, 116, 124, 235, 237
  • Dénominations
    orphelinat, foyer
  • Genre
    de soeurs de la congrégation de saint Joseph de Cluny
  • Précision dénomination
    Colonie agricole d'orphelins
  • Appellations
    Maison d'enfants Anne-Marie Javouhey
  • Destinations
    orphelinat

Cet historique a été réalisé à partir d’une visite sur site et des recherches menées par G. Ledoux, compilées dans un article de la revue Quadrilobe (2019). Tous les bâtiments évoqués sont toujours en place aujourd’hui.

 

Origine de la colonie d’orphelins et première installation dans le domaine de la famille Bazin

 

Dès 1823, Gabriel Bazin conçoit le double projet d’un institut agronomique destiné à la formation d’une jeunesse aisée et d’une colonie d’orphelins à vocation d’hébergement et d’éducation. Si le premier projet ne se développe pas (l’institut ferme en 1848), le second s’épanouit rapidement.

Dans un premier temps, l’encadrement des enfants est assuré par l’Association des frères agronomes de Saint-Vincent-de-Paul. En 1840, l’établissement se structure autour d’un conseil d’administration et d’un directeur, l’abbé Caulle. En 1845, la Société d’Adoption pour les enfants trouvés prend en charge la direction de la colonie. À cette époque, le site est divisé en deux : une partie est dans le hameau de Merles (Rouvroy-les-Merles, Oise) et la seconde, considérée comme une succursale, est au Mesnil, dans une partie des communs du domaine de la famille Bazin. Cette dernière accueille les plus jeunes enfants. À cette époque, la colonie est réservée aux garçons. En 1843, 30 enfants sont accueillis puis de 1845 à 1852 c’est une centaine de pensionnaires qui y vit.

C’est en 1845 que des religieuses de la congrégation des sœurs de Saint-Joseph de Cluny s’installent au Mesnil-Saint-Firmin à l’initiative d’Anne-Marie Javouhey, fondatrice de la communauté. Elles accompagnent les Frères agronomes de Saint-Vincent-de-Paul et se chargent des plus jeunes enfants, du linge et de l’infirmerie.

En 1859, Gabriel Bazin donne aux religieuses une école de filles avec crèche, une salle d’asile et un atelier de charité (AD Oise ; série O). Ce premier ensemble est complété par l’achat d’une maison rue d’En-Haut, dont le terrain est mitoyen du premier ensemble. Ce sont ces deux propriétés qui forment l’emprise du site actuel.   

 

1860-1900 : les premières constructions des religieuses de la communauté de Cluny  

 

À partir des années 1860 les religieuses de la communauté de Cluny, alors propriétaires et seules administratrices du site, entreprennent la construction de plusieurs bâtiments, toujours en place. Les premiers se trouvent au sud du site, rue Anne-Marie-Javouhey et sont réservés aux filles ; tandis qu’un second site est élevé dans la cour pour héberger les garçons (réfectoire et classe au rez-de-chaussée, dortoirs à l’étage). Entre 1877 et 1878, les religieuses construisent trois ailes dont la chapelle pour fermer le côté sud aligné sur la rue Anne-Marie-Javouhey. Des plaques indiquant la date de construction ont été trouvées lors de travaux en 1965 puis en 2007. Les ailes sud et ouest implantées autour de cette cour abritent deux dortoirs, un réfectoire et une classe-atelier de couture.

Outre ces bâtiments, une exploitation agricole est créée entre 1880 et 1900 côté ouest, rue d’En-Haut. Elle comprend des potagers, des ruches et des bâtiments agricoles (étables, laiterie, granges, poulailler, clapiers à lapin) et des logements pour le personnel. Des cours d’enseignement ménager sont donnés aux filles et des cours élémentaires sont assurés. Les enfants du village peuvent ainsi suivre leur scolarité dans l’établissement. Le nombre d’enfants ne cesse d’augmenter : entre 1890 et 1900 ils sont 150 ; entre 1900 et 1910 ils passent de 160 à 180. Quant aux religieuses, elles sont 13 en 1893 et 18 en 1897.

Autour de 1900, les religieuses poursuivent la construction de l’aile est du bâtiment d’hébergement des filles avec l’aménagement de classes, d’une cuisine, d’une lingerie-buanderie et de salles de cours ménagers. Le site atteint une configuration qui ne changera pas jusque dans les années 1950.

 

Des années 1920 aux années 1960 : de nouvelles campagnes de constructions

 

Au cours de la Première Guerre mondiale, le Mesnil-Saint-Firmin a été un lieu de cantonnement pour les troupes américaines qui gagnent la bataille de Cantigny (Somme) à environ 7 km. L’orphelinat semble continuer son activité malgré le stationnement de ces troupes et la proximité de la ligne de front.

Après la guerre, les religieuses font élever un bâtiment dans le prolongement de l’aile est de la cour sud, rue Anne-Marie Javouhey. Une classe et un cours ménager sont installés au rez-de-chaussée tandis qu’un dortoir est aménagé à l’étage. L’installation du réseau de distribution d’eau potable et de salles d’eau avec bacs collectifs améliore le quotidien des pensionnaires.

La campagne de construction suivante est menée en 1953 et améliore les conditions d’hébergement des garçons. Un imposant bâtiment en brique et béton de deux étages est élevé dans la cour des garçons, accolé à celui datant des années 1860-1870. Au rez-de-chaussée se trouvent une salle de jeux et un vestiaire, au 1er étage une salle d’eau, une pièce d’isolement sanitaire, au 2e une salle d’eau et des pièces de rangement.

En 1955, les religieuses créent un centre ménager rural au sein de l’orphelinat afin d'officialiser une activité qu’elles assurent déjà depuis la fin du XIXe siècle.

Dans les années 1960, les effectifs augmentent avec 135 inscrits en 1968. Les religieuses font donc construire un nouveau bâtiment en brique dans le prolongement de l’aile est de la cour sud, rue Anne-Marie Javouhey. Deux vastes réfectoires sont aménagés. Elles transforment ensuite le grand potager en plateau d’éducation physique. Cet espace est mixte : garçons et filles sont pour la première fois réunis pour la pratique d’une activité.

 

De 1970 au début des années 2000 : adaptations et rénovations de l’établissement

 

En 1971, les religieuses mettent fin au Cours ménager rural et arrêtent l’exploitation agricole. L’établissement se concentre donc sur les missions d’accueil d’enfants en difficulté familiale. L’intérieur des bâtiments est peu à peu aménagé en Unités de vie semblables à de petits appartements avec salle à manger, salon, chambres, salle de bains et rangement. Sept Unités de vie sont ainsi ouvertes dans les anciens locaux : les grands dortoirs sont cloisonnés en boxes, les pièces avoisinantes sont agencées pour créer des salles à manger et de petites cuisines. Le Projet d’établissement évolue : les fratries ne sont plus séparées, les groupes deviennent mixtes et il n’y a plus de division entre grands et petits.

En 1981, la congrégation religieuse cède la gestion de l’établissement à l’Association Saint-Joseph créée pour l’occasion. Ce sont environ 70 enfants qui sont accueillis à cette époque.    

Des travaux de rénovation urgents sont réalisés au début des années 2000, notamment à la suite d’un avis défavorable de la Commission départementale de sécurité incendie. Le cabinet d’architectes Bellière-Manière à Pierrefonds (Oise) est chargé de construire trois bâtiments et de mettre en conformité tous les anciens locaux. Une salle polyvalente avec réfectoire, salle des fêtes et cuisine est créée dans la grande cour, ainsi que deux nouvelles Unités de vie dans une construction fermant la grande cour côté nord. Enfin, l’ancien dortoir des garçons est à nouveau agrandi vers le sud par la création d’une nouvelle Unité de vie.

Parallèlement, toutes les constructions anciennes sont réhabilitées pour accueillir quatre Unités de vie, la classe, les locaux d’activités, les bureaux de l’administration. L’ancienne chapelle est entresolée afin de respecter les normes d’accueil.

La classe unique interne ferme à la fin de l’année scolaire 2010 et le nombre de places d’accueil est progressivement réduit pour atteindre aujourd’hui une cinquantaine d’enfants. Les dernières religieuses sont parties en 2021.

  • Période(s)
    • Principale : 2e quart 19e siècle, 2e moitié 19e siècle
    • Principale : 1er quart 20e siècle, 3e quart 20e siècle
    • Secondaire : 3e quart 20e siècle
    • Secondaire : 1er quart 21e siècle
  • Dates
    • 1840, daté par travaux historiques
  • Auteur(s)

Le site peut être divisé en trois ensembles : le premier, anciennement réservé aux filles, se situe autour de la cour côté sud, rue Anne-Marie Javouhey ; le second côté nord, comprend le dortoir des garçons et l’ancienne ferme alignée sur la rue d’En-Haut. Ces deux ensembles sont séparés par une vaste cour qui comprenait les anciens potagers et dans laquelle ont été construits deux bâtiments au début des années 2000.

 

Les bâtiments côté sud le long de la rue Anne-Marie Javouhey

 

Cet ensemble comprend quatre bâtiments des années 1860-1870 dont l’ancienne chapelle des religieuses. La construction alignée sur la rue, en brique claire, est la plus ancienne. Elle comprend trois travées délimitées par des bandeaux en saillie et trois niveaux d’élévation : rez-de-chaussée, étage carré et comble aménagé. Les ouvertures, qui présentent des traces de reprises ultérieures, sont soulignées par des arcs en plein cintre en brique sur chant en saillie de la façade. Son toit en ardoise est à longs pans avec pignons découverts.

Trois bâtiments ferment la cour : la chapelle côté nord et deux autres côté est et ouest. Ils s’élèvent également sur trois niveaux, leurs façades sont rythmées par trois bandeaux horizontaux et une corniche avec pose sur chant des briques. Leurs toits en ardoise sont à longs pans et pignons découverts.

Deux bâtiments prolongent l’aile est : le premier construit vers 1900 est en brique, à deux niveaux d’élévation (rez-de-chaussée et étage). Ses travées sont séparées par des bandeaux verticaux. Le second, en brique et béton, ne comprend qu’un rez-de-chaussée et un comble aménagé. Son toit est à longs pans, pignon couvert et habillé de tuiles mécaniques.

 

Les deux bâtiments de la cour

 

Édifiés en 2008, ils font partie de la dernière campagne de construction. Celui qui se trouve au sud est une salle polyvalente. Construite en béton, elle est en rez-de-chaussée et fermée par un toit-terrasse. Ses parois extérieures sont largement vitrées.

Lui fait face de l’autre côté de la cour un lieu d’hébergement constitué de deux pavillons perpendiculaires à un corps central. L’ensemble est édifié en béton sur deux niveaux d’élévation. Les toits des deux pavillons sont en tuile mécanique et pignons couverts tandis que le corps central est couvert d’un toit-terrasse.

 

Les anciens dortoirs des garçons et la ferme rue d’En-Haut

 

Cet ensemble forme une cour fermée au nord-ouest du site. L’ancien dortoir des garçons ferme le côté est. Il compte un premier bâtiment - le plus ancien -, élevé en brique sur trois niveaux (rez-de-chaussée, un étage carré, un comble aménagé avec lucarnes), couvert d’ardoise et d’un toit à longs pans et pignons découverts.

Un second édifice s’inscrit dans son prolongement. Il est également en brique, à trois niveaux d’élévation et couvert d’un toit d’ardoise en pavillon. Un troisième bâtiment allonge cette aile au sud. En béton, il comprend d’une part une partie supplémentaire dans le prolongement des autres édifices, à deux niveaux d’élévation, couverte d’un toit à longs pans avec pignon couvert en tuile mécanique ; d’autre part une avancée en saillie de la façade à un niveau, couvert d’un toit-terrasse. Enfin, un bâtiment agricole percé d’un passage charretier donne accès à la cour fermée de l’ancienne ferme.

Cette cour est clôturée par des bâtiments agricoles au nord, une grange, des étables et un passage charretier alignés sur la rue côté ouest, et des soues à cochons/poulailler côté sud. Tous ces édifices agricoles sont en brique et couverts de toitures en ardoise à longs pans.

  • Murs
    • brique
    • béton
  • Toits
    ardoise, tuile mécanique
  • Étages
    rez-de-chaussée, 1 étage carré, étage de comble
  • Couvertures
    • toit à longs pans pignon découvert
    • pignon découvert
    • toit en pavillon
    • terrasse
  • Statut de la propriété
    propriété d'une association

Documents d'archives

  •  AD Oise. Série O ; sous-série 2 O : 2 O 8988. Le Mesnil-Saint-Firmin. Mairie et écoles (1833-1906).

Périodiques

  • LEDOUX, Gilbert. La ferme-école des Bazin au Mesnil-Saint-Firmin (Oise). De la colonie agricole d’orphelins à la Maison d’enfants Anne-Marie Javouhey. Quadrilobe, 2019, n°6.

Date(s) d'enquête : 2023; Date(s) de rédaction : 2023
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Chamignon Lucile
Chamignon Lucile

Chercheuse de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, Région Hauts-de-France (depuis 2020).

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