Dossier d’œuvre architecture IA62005173 | Réalisé par
Girard Karine (Rédacteur)
Girard Karine

Chercheuse de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, Région Hauts-de-France.

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  • patrimoine de la Reconstruction
  • enquête thématique régionale, La première Reconstruction
École primaire supérieure (détruite)
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté de communes du Sud-Artois - Bapaume
  • Commune Bapaume
  • Adresse rue de Péronne

Les dossiers conservés aux AD du Pas de Calais (2 o 612. 1 et 2) permettent de documenter l'histoire de la construction de l'école primaire supérieure dont il ne reste plus une trace aujourd'hui. C'est une des six écoles primaires supérieures du département.

Les discussions au conseil municipal pour envisager sa construction commencent dès 1905, en remplacement de l'école de garçons dont, ainsi que le souligne un courrier l'inspecteur d'académie au recteur d'Arras de juin 1907 le bâtiment "menace ruine et est déplorablement installé". Dans ce même courrier, l'inspecteur insiste sur la nécessité de cette construction devant laquelle "la municipalité ne saurait reculer plus longtemps sans faillir à son devoir". La décision n'est cependant définitivement arrêtée qu'en janvier 1909 !

Le programme est une école avec internat, qui doit accueillir 50 enfants minimum, répartis dans trois niveaux d'étude, avec les salles de classe et d'études afférentes, ainsi qu'une école élémentaire de quatre classes pour 200 enfants environ ("Questionnaire pour la construction d'une école", rempli par l'inspecteur d'académie en mars 1909). Ce document précise aussi que l'école sera construite sur un terrain "plan, de 40 40 ares, appartenant à la commune", loin du cimetière et de tout voisinage malsain ou bruyant... Le Conseil Départemental de l'Enseignement Primaire, lors de sa réunion d'avril 1909, valide le projet. Le compte-rendu de la réunion détaille les principales contraintes techniques que doit respecter le nouveau bâtiment : pour l'école primaire supérieure, comme pour celle élémentaire, les classes doivent faire 4 mètres de hauteur et 9 mètres de longueur, pour une largeur de 6 ou 7 mètres. Le bâtiment doit compter trois salles pour l'école primaire supérieure et quatre pour celle élémentaire, une salle de dessin, un atelier de travail manuel, ainsi qu'un dortoir "d'un volume suffisant pour accueillir 50 internes", un réfectoire, une cuisine, un parloir, une infirmerie avec deux chambres d'isolement et une salle de bains-douches. Il doit être accompagné d'une cour de récréation de "18 ares", de "6 water-closets et 10 urinoirs faciles à surveiller", et d'un préau couvert. Il est également prévu un logement pour le directeur, installé dans le presbytère, qui appartient à la commune et n'est plus occupé par le curé depuis 1907 (courrier de l'inspecteur d'académie référence ci-dessus), ainsi que des logements pour les adjoints, dont l'emplacement n'est pas précisé. Enfin, "L'école sera installée avec tout le confort moderne et abondamment pourvue d'eau potable ; elle sera chauffée par des radiateurs où circulera de la vapeur d'eau à basse pression". Le budget prévisionnel de 127 400 francs, dont 6 500 francs pour le mobilier scolaire, est jugé tout à fait raisonnable.

Les travaux de construction de l'école sont financés par un emprunt de la ville de 93 000 francs, complété par des subventions de l’État et du département.

La construction est confiée à l'architecte arrageois Ludovic Roussel qui, à la demande du maire Gaston Stenne avait, dès octobre 1908, proposé à la commune des plans, des élévations et un devis estimatif. Le choix de l'architecte est celui du maire, et non du conseil municipal, qui avait à l’unanimité choisi le projet porté par un autre architecte.

L'adjudication des lots a lieu en mars 1910.

En 1911, la commune vote un budget supplémentaire pour compléter l'école avec un laboratoire de physique accompagné du matériel nécessaire aux expériences.

La réception des travaux pour l'ensemble de l'école a lieu en octobre 1912. Les protestations émises par l’Évêché, il est vrai après le démarrage du chantier, "car le mur de derrière de l'école [devant] avoir 9 mètres de haut et [étant] surmonté d'un toit de 4 mètres environ (...) à deux mètres 25 seulement du contrefort de l'église, les sacristies et chapelle Notre Dame seront absolument privées de soleil" n'auront pas empêché la construction de l'école.

En juillet 1914, sur décision du conseil municipal, l'école est rebaptisée "Institut Faidherbe".

Détruite pendant la Première Guerre mondiale, elle n'est pas reconstruite. Le terrain laissé libre sera partiellement utilisé pour ériger le monument aux morts de Bapaume ; on y aménage également un jardin public, "le square des mères".

L'école occupait le côté le plus proche de l'église de l'actuel square des Mères, dont l'espace servait de cour à l'école. La façade était donc perpendiculaire à l'actuelle avenue Abel-Guidet.

Les plans et dessins fournis par l'architecte et conservés aux AD du Pas de Calais (2O612.1) ainsi que les cartes postales anciennes permettent de se faire une idée de ce à quoi ressemblait l'école.

Un grand bâtiment rectangulaire, l'école proprement dite, occupe tout le côté de la parcelle longeant l'église. En avant de celui-ci se trouve l'espace de la cour, bordé à droite et à gauche par deux constructions plus petites. Il s'agit de la maison du directeur près de la rue Abel Guidet et, à l'opposé, de la maison accueillant les deux logements pour les adjoints et professeurs mariés. Les parties non construites de la parcelle sont ceinturées par un mur.

Le rez-de-chaussée accueille les salles de classes des deux écoles, l'atelier, la salle de dessin, le laboratoire de physique, les cuisines et le réfectoire. L'étage est réservé à l'internat, à l'infirmerie et aux logements de fonction des professeurs et adjoints célibataires.

Le bâtiment de l'école présente un grand corps de deux niveaux ordonnancé à travées. La partie centrale, qui s'achève par un fronton triangulaire, et les pavillons d'angle couverts par une toiture en pavillon, rythment la façade qui par ailleurs ne compte aucun avant-corps. Sur les trois frontons brisés accueillant une baie couverte par un fronton en plein cintre prévus par l'architecte pour marquer le centre de la façade et les pavillons d'angle, seul celui central a été réalisé, et de manière simplifiée puisqu'il ne comporte qu'un fronton brisé par un second fronton, percé au centre d'un oculus accueillant une horloge.

Dans le prolongement de ce premier bâtiment et en léger retrait, on aperçoit un second corps de bâtiment qui présente la même élévation, le même ordonnancement de travées et la même couverture à double pente et croupe. Une photographie ancienne (in Archéo n°63) montre que ce corps de bâtiment vient buter contre l'ancien corps de garde de la porte de Péronne. Sur les plans de l'architecte, ces parties devaient être plus basses que les pavillons d'angles et ainsi accentuer la sensation d'acmé du centre du bâtiment.

Il semble être construit en briques. Les chainages d'angle, entourages de certaines baies et faux pas de moineaux du fronton central sont en briques blanches, de même que la partie centrale des trumeaux, qui traversent toute la hauteur de la façade. Les linteaux des baies, ainsi que le bandeau séparant le premier et le second niveau et la corniche, montrent un jeu de damier obtenu en associant briques blanches et rouges. Cependant, aucun détail relatif aux matériaux et permettant de confirmer la lecture des cartes postales anciennes ne figure dans le devis estimatif fourni par l'architecte ou dans l'avis du Conseil Départemental de l'Enseignement Primaire.

La taille imposante du bâtiment sied à l'importance de l’école, à la fois pour la commune et dans le cadre plus général du département. Le choix d'une élévation ordonnancée à travées, de la présence des frontons... rattachent le bâtiment au style classique. Son l'apparence est ainsi une illustration de la qualité et du sérieux de l'enseignement qui y est dispensé. L'organisation des salles, desservies par un couloir longeant la façade, dans un bâtiment en simple épaisseur correspond à l'application des règles régissant l'architecture scolaire, tout comme le choix de la brique comme matériau (exclusif ?), puisque l'utilisation des matériaux locaux, mieux adaptés au climat et moins coûteux, relève de ces mêmes règlements. La mise en œuvre des briques est classique pour ce type de construction à l'orée de la première guerre mondiale. La part accordée aux décors, et en particulier aux jeux de calepinage et de couleurs de briques sera beaucoup moins important ensuite.

  • État de conservation
    détruit
  • Statut de la propriété
    propriété de la commune, Bâtiment détruit en 1918.

Documents d'archives

  • AD Pas de Calais. Série 2o - Dossier d'administration communale. 20612/1 : Commune de Bapaume. Construction et aménagement d'une école primaire supérieure de garçons : délibérations, devis, plans.

    Liste des documents figurés utilisés dans la notice :

    - Ville de Bapaume, École de garçons - projet. Dessin aquarellé de la façade principale. Signé et daté L. Roussel, 15 décembre 1908 et 8 mars 1909.

    - Ville de Bapaume, École de garçons - projet. Dessin aquarellé : élévation de la façade principale ; plan de situation. Signé et daté L. Roussel, 15 décembre 1908 et 8 mars 1909.

    - Ville de Bapaume, École de garçons - projet. Dessin aquarellé plan du sous-sol. Signé et daté L. Roussel, 15 décembre 1908 et 8 mars 1909.

    - Ville de Bapaume, École de garçons - projet. Dessin aquarellé plan du rez-de-chaussée. Signé et daté L. Roussel, 15 décembre 1908 et 8 mars 1909.

    - Ville de Bapaume, École de garçons - projet. Dessin aquarellé plan du premier étage. Signé et daté L. Roussel, 15 décembre 1908 et 8 mars 1909.

    Délibérations, devis, plans.
  • AD Pas de Calais. Série 2o - Dossier d'administration communale. 2O612/2 : Bapaume. Protestation de l'abbé Fournier concernant la construction de l'école supérieure des garçons proche de l'église : courriers, photographies.

    Liste des documents figurés utilisés dans la notice :

    - Chantier de construction de l’École primaire supérieure : ouvriers devant les bas-côtés est de l'église Saint-Nicolas.

    - Chantier de construction de l’École primaire supérieure : ouvriers sur le chantier.

    Courriers, photographies.

Bibliographie

  • DÉGARDIN, Gaston. Rues et monuments de Bapaume. Arras : Presses de l'imprimerie centrale de l'Artois, 1945.

    p. 173
  • ROUSSEL, Olivier. Bapaume et son canton - Mémoire en images. Saint-Cyr-sur Loire : Éditions Alan Sutton 2005.

    p. 76
  • Archéo - bulletin de la société archéologique et historique de Bapaume et sa région. n° 78, octobre 2005

  • CHATELET, Anne-Marie. La naissance de l'architecture scolaire. Les écoles élémentaires parisiennes de 1870 à 1914. Honoré Champion éditeur, 1999.

Documents figurés

  • Bapaume. Ecole supérieure et professionnelle. Vue générale. Carte postale avant 1914 (coll.part.).

  • Bapaume. Ecole primaire supérieure de garçons inaugurée le 20 août 1911. Imprimerie-librairie Fernet, place Faidherbe.Carte postale, avant 1914 (coll. part.).

  • Bapaume. Ecole primaire supérieure de garçons. Maison du directeur. Imprimerie-Librairie Fernet, place Faidherbe. Carte postale, avant 1914 (coll. part.).

  • Souvenons-nous. 2729. La France reconquise. Bapaume (P.-de-C.) Ecole dont la cour fut transformée en camp de prisonniers Anglais. Editions La pensée. Carte postale, 1918 (coll. part.).

Date(s) d'enquête : 2018; Date(s) de rédaction : 2019
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Girard Karine
Girard Karine

Chercheuse de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, Région Hauts-de-France.

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