Dans la dernière décennie du XIXe siècle, Henri-Philippe Delgery installe aux numéros 71-73 de la rue d'Arras un atelier de forge à l'arrière de deux maisons réunies datant des XVIIIe et XIXe siècles. Trois générations lui succèdent, illustrant à l'échelle de la petite ville d'Aire-sur-la-Lys l'histoire de la voiture dans la première moitié du XXe siècle.

Suite au démantèlement des fortifications (1893-1897), de nouvelles parcelles de terrain sont acquises et un bâtiment de fabrication de voitures attelées est érigé en 1913. D'une architecture nouvelle et fonctionnelle, ce bâtiment associe le béton armé et la brique. Il est éclairé par une verrière centrale à deux versants et est couvert d'un toit en terrasse orné d'une balustrade. Il abritait originellement les ateliers de forge, de bourrellerie, de sellerie, de menuiserie et de peinture. La carrosserie produit jusqu'en 1935 berlines, charrettes en tous genres et corbillards à un rythme de quatre véhicules hippomobiles par semaine. En 1921, un nouveau bâtiment est construit à l'angle du boulevard Foch et de la place Jehan d'Aire, en lien avec le développement de l'entreprise et sa diversification (réparation de véhicules automobiles).

En 1945, la carrosserie Delgery cesse définitivement de produire des carrosseries en bois (d'autobus et de camions) et livre sa dernière voiture attelée. À partir de 1965, l'entreprise familiale devient un garage pour poids lourds et véhicules de tourisme.

Dans l'entre-deux-guerres, le logement aux numéros 71-73 de la rue d'Arras fait fonction de magasin de vente et d'exposition. Au-dessus de son passage couvert est installé le réfectoire. Aujourd'hui [2025], son rez-de-chaussée est désaffecté et ses étages convertis en logements.