Dossier d’œuvre architecture IA80009628 | Réalisé par
Fournier Bertrand
Fournier Bertrand

Chercheur de l'Inventaire du patrimoine - Région Hauts-de-France

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Barbedor Isabelle
Barbedor Isabelle

Chercheur du service de l'Inventaire général du patrimoine culturel de Picardie, puis des Hauts-de-France, depuis 2002.

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  • inventaire topographique, Val-de-Nièvre
Le village de Ville-le-Marclet
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Grand Amiénois - Picquigny
  • Commune Ville-le-Marclet
  • Dénominations
    village
  • Appellations
    Bout-de-Ville, Ville-sous-Flixecourt, Ville-Saint-Ouin
  • Parties constituantes non étudiées
    monument aux morts

Introduction

Le territoire de la commune de Ville-le-Marclet s'étend sur une superficie de 8,93 km2 et présente une densité de 53 habitants au km2, représentative des communes non industrialisées de l'aire d'étude. Il est structuré par un réseau de voies secondaires reliant le village aux deux fermes isolées implantées sur le plateau, et aux villages voisins de Flixecourt et de Saint-Ouen (RD 159), par la rivière de la Nièvre et par la voie ferrée Frévent - Gamaches. Deux routes (anciennes voies de grande communication) constituent ses limites ouest (R.D. 1001) et est (V.C. 301 dite chaussée Brunehaut). L'autoroute A16 traverse également le territoire.

L'atlas Trudaine, la carte de Cassini et le tableau d'assemblage de 1834 montrent une topographie contrastée avec le village et les tourbières, dans la vallée de la Nièvre, et les plateaux creusés de nombreuses vallées sèches. Quelques bois semblent subsister au milieu du 18e siècle, aux abords immédiats des deux fermes isolées (Bois-Riquier et Réderie) et à l'emplacement du nouveau château.

Le tableau d'assemblage de 1834 met en évidence la rareté des chemins irriguant un territoire qui ne compte que deux fermes isolées. Ces chemins, très à l'écart du village pour certains, reliaient l'ancienne abbaye de Berteaucourt-les-Dames à celle de Moreaucourt et à leurs différentes métairies. Avant la Révolution, l'abbaye de Moreaucourt possédait la plus grande partie du territoire de la commune.

L'habitat est regroupé dans le village et dans deux fermes isolées de Bois-Riquier, située à 2 Km au nord du village, et de Rèderie (point culminant de la commune), située à 4 Km du village, à la limite du territoire communal.

Les deux réseaux de communication parallèles à la rivière, qui relient le village à Flixecourt et à Saint-Ouen, sont contemporains.

Le village

Historique

Attesté au milieu du 14e siècle, le village de Ville est représenté sur la carte de Cassini de 1757 sous le nom de Ville-sous-Flixecourt. Le plan de l'atlas Trudaine, légèrement antérieur, donne une représentation du village, nommé Bout-de-Ville, qui s'étend dans la vallée au nord de la Nièvre.

On observe une implantation du village au bord de la Nièvre, à la confluence d'une vallée sèche. Il est relié à Flixecourt par un chemin longeant la rivière qui rejoint le Bout-de-Ville et la nouvelle route de grande communication. L'ancien manoir est visible, au sud-est du village, près de la rivière.

Malgré sa proximité avec la rivière, il est moins touché que d'autres villages par les inondations du milieu du 18e et du début du 19e siècle, ou encore par celle de 1891.

Le cadastre napoléonien, levé en 1834, en donne une représentation plus précise. Il atteste d'un développement vers le château, à la fin du 18e siècle (ancienne rue de la Chapelle). La construction du nouveau château au milieu du 18e siècle, entraîne l'abandon de l'ancien manoir, situé à proximité de la rivière. La ferme, visible sur le cadastre napoléonien, en est un vestige.

Le développement du village, à partir du milieu du 19e siècle, est lié à la construction d'un habitat ouvrier, au sud, vers l'usine, dite de Flixecourt, à l'est vers Saint-Ouen, enfin au nord, le long de la rue Jean-Catelas où sont construites plusieurs maisons de rapport. Vers Flixecourt et Saint-Ouen, il est conduit par le nouveau réseau viaire (création de la route 159 et élargissement du chemin, en 1870).

Une nouvelle route

Dans sa monographie sur Ville-le-Marclet (1897-1899), l'instituteur du village écrit : "on a peine à s'expliquer comment on a pu se passer de cette voie".

Le projet de tracé du chemin reliant Flixecourt à Domart, par Ville est établi en 1865, la partie comprise entre la limite du terroir de Ville Saint-Ouen (Ville-le-Marclet) et la chaussée Brunehaut est dressée par l'agent voyer cantonal, M. Boulonnais.

En mars 1866, le conseil municipal s'oppose, à la majorité d'une seule voix, non seulement au tracé mais à la création même du chemin, malgré l'arrêté de classement et le commencement d'exécution des travaux. "Le nouveau projet côtoie la limite gauche du marais de Saint-Ouen et en suit toutes les sinuosités qui sont nombreuses et souvent très prononcées. Ce nouveau projet a été approuvé par le conseiller d’État, préfet de la Somme, le 16 février dernier.

L'adoption de ce dernier projet est une chose regrettable et fâcheuse, au point de vue de l'intérêt général, et même de l'intérêt particulier de la commune de Saint-Ouen.

Le nouveau chemin d'intérêt commun était dans le cas d'assurer les facilités nécessaires pour l'exploitation de trois usines importantes situées à Flixecourt, Saint-Ouen et Harondel. Ces usines appartiennent à MM. Saint frères, dont l'industrie occupant un très grand nombre de bras, assure des moyens d'existences et une augmentation de bien être aux ouvriers du pays. MM. Saint Frères, propriétaires des usines précitées avaient manifesté l'intention de concourir à la création du chemin si elle était poursuivie dans des conditions de nature à permettre l'établissement d'une voie ferrée à traction animée, dite américaine pour le service de leur usine."

En 1870, le conseil municipal reconnait l'utilité du chemin de Ville à Flixecourt, par le haut, à cause de la fréquentation par un grand nombre ouvriers qui se rendant de Ville à la fabrique de M. Saint et propose de lui donner une largeur de 6 mètres y compris fossés et talus.

Une place publique

En 1889, le conseil municipal souhaite faire aménager une place publique "attendu que la fête locale attire un grand nombre de visiteurs et de marchands, qu'on ne sait où installer ces derniers et qu'on les laisse habituellement s'établir sur la voie publique, où ils gênent la circulation et où il peut arriver des accidents. Considérant que le seul endroit de la commune où une place publique puisse être créée est précisément en face de la maison de M. Bordeux. [...] Le conseil s'engage, si sa demande est prise en considération, à faire disparaitre le bâtiment qui se trouve au milieu de la place projetée et qui sert à loger la pompe à incendie qu'il sera facile de remiser ailleurs". L'alignement de la rue de l’Église est modifié l'année suivante.

L'habitat

Dans les années 1840, le nombre des habitants du village a déjà beaucoup augmenté (+ de 50 % entre 1804 et 1840), cette augmentation est "due à une industrie agricole remarquable qui renferme tous les éléments de prospérité et d'accroissement progressif de population" (2V34). Le nombre des maisons passe lui aussi de 63 maisons en 1831 à 82 en 1841, soit une augmentation de 30 %.

L'analyse des matrices cadastrales permet de distinguer deux principales phases d'accroissement ; l'une liée à la rénovation du bâti résultant de la prospérité agricole de la 1ère moitié du 19e siècle : ces constructions s'élèvent dans les terrains disponibles au centre du village et rue de Bas ; la seconde liée à la proximité des usines Saint de Flixecourt et de Saint-Ouen, qui stimule la construction de nombreuses maisons de rapport, à partir de 1860.

Un pôle d'habitat s'est également développé dans la continuité du village de Saint-Ouen, au lieu-dit Le Marclet, distant de 3 Km du village de Ville-le-Marclet.

Vers Flixecourt, quelques maisons appartenant à des journaliers sont visibles sur le cadastre napoléonien, en bordure du chemin de Bout-de-Ville. C'est au sud du chemin qu'est construite la corderie (achevée en 1851), qui sera acquise par Charles Saint vers 1859. Le directeur de l'usine y fera construire un ensemble de dix maisons de rapport, en 1863. Ces maisons seront détruites à la fin du 19e siècle.

L'augmentation du nombre de maisons est surtout sensible dans la 2e moitié du 19e siècle, on passe de 84 maisons en 1851 à 121 en 1872, puis de 134 maisons en 1881 à 213 en 1906

Les derniers lotissements ont été réalisés dans les années 1970, sur les terrains du château (rue du 8-Mai-1945 et rue Jean-Catelas), avec Les Maisons Familiales de la Somme.

Édicules et équipements

Le cadastre napoléonien indique la présence d'une croix de chemin, à la sortie du village (ancienne rue du Calvaire).

Les sources de la série O signalent également la présence d'un abreuvoir qui a rendu inutile l'aménagement d'une mare communale dans le village.

La reconstruction de l'église et de la première école primaire mixte, dans les années 1860, puis la construction d'une nouvelle école de garçons et mairie, en 1883, attestent également de la croissance du village, dans la 2e moitié du 19e siècle.

La voie ferrée

Le décret du 16 mai 1869 autorise l'exécution du chemin de fer de Frévent à Gamaches. Le tracé depuis Flixecourt jusqu'à Bouquemaison est approuvé en août 1870. La superficie totale à exproprier sur la commune s'élève à un hectare, sept ares trente quatre centiares. Le projet ne prévoit pas de station sur la commune. Un passage à niveau pour les piétons avec tourniquets doit être aménagé à l'extrémité de la rue de la Cense. Il sera placé au croisement du chemin des Vaches, par arrêté préfectoral du 14 mars 1873 et fixé à une largeur de 4 m. En 1882, le Conseil municipal de Ville Saint-Ouen se plaint que l'ouverture du passage à niveau n° 43, situé à la rencontre du chemin des Vaches ait été ramené de 7,10 à 4,70 m et demande le rétablissement de l'ancien état des choses.

En 1886, la compagnie du Chemin de fer du Nord propose l'établissement de clôtures des deux côtés de la ligne Frévent - Gamaches, dans la traversée du marais communal de Ville-Saint-Ouen, afin de satisfaire aux prescriptions de la décision ministérielle du 16 août 1886. Le marais communal sera clos sur toute la longueur traversée par le chemin de fer, par un treillage de 1,10 m de hauteur, fourni de lames en bois pointues à la partie supérieure espacés de 0,125 m d'axe en axe, reliés par trois cours de lisses clouées à des piquants espacés de 1,20 m.

La monographie communale sur Ville-le-Marclet indique la présence d'une station de chemin de fer à Flixecourt et d'une halte au Marclet mais aucune au niveau du village de Ville-le-Marclet.

En 1905, la Compagnie du chemin de fer du Nord fait construire une maison de garde-barrière (fig.), à la hauteur du passage à niveau, dans une parcelle de 8 ha à acquérir entre la voie ferrée et la rivière, et dont le surplus doit servir de jardin potager. Cette maison doit permettre de loger la garde-barrière qui "n'a pu trouver à se loger convenablement dans le pays". L'habitation sans étage dispose également d'un cellier isolé, qui tient lieu de cave, et d'une annexe pour le four, l'étable et les clapiers. Un puits foré, surmonté d'une pompe devait assurer l'alimentation en eau potable.

Population et activités

Ville-le-Marclet était une des communes les moins peuplées du canton. La population, qui s'élevait à 200 habitants en 1793, a atteint son maximum (776 habitants), en 1911. Ville-le-Marclet compte 479 habitants au dernier recensement (2006).

Les recensements de 1809 (AD Somme ; 6M) signalent la présence de 41 travailleurs exécutant à domicile la filature de chanvre et de lin et le tissage de toile ; ce qui représente alors 17,90% de la population de la commune.

Les activités textiles sont attestées tout au long du 19e siècle dans les états de sections et les matrices cadastrales.

L'activité agricole reste cependant dominante. A la fin du 19e siècle, plus de 95% du territoire communal sont utilisées pour l'agriculture, dont plus de 85% de terres labourables. La commune compte 67 exploitations agricoles, dont près des trois quarts sont inférieures à 5 ha. Les deux-tiers sont cultivés en céréales mais on y signale aussi la culture de betterave à sucre, l'élevage de chevaux mais surtout de bovins, de moutons et de cochons production écoulée localement population ouvrière du village.

Artisanat et industrie

Dans le village, les états de sections indiquent la présence d'un marchand et d'un extracteur de tourbe et d'une carrière, au nord du village, appartenant à Émile Racine. Cette carrière, signalée par la monographie communale, semble toujours en activité à la fin du 19e siècle.

L'importance des marais tourbeux, le long de la Nièvre, permet en partie à la commune de subvenir à l'entretien des biens communaux, durant la 1ère moitié du 19e siècle.

Mais comme le signale la monographie communale, "la petite industrie ne peut guère se développer à cause du voisinage de Flixecourt où travaillent la plupart des habitants qui profitent des perfectionnements que la Maison Saint apporte sans cesse à son outillage".

A partir de 1881, les recensements de population montrent que Ville-le-Marclet fournit une abondante main d'oeuvre aux usines Saint frères. Ce sont 142 ouvriers de fabrique en 1881 et plus de 229 ouvriers, tisseurs et employés, en 1906.

Conclusion

L'éthymologie du nom du village permet de supposer une origine ancienne du site, à proximité d'une voie romaine. Le déplacement du château et l'anbandon du dite du manoir primitif pourraient être contemporains des inondations qui frappent le village au milieu du 18e siècle. Le déclassement du manoir pourrait cependant être plus ancien

Ville-Saint-Ouen ne conserve que peu de vestiges de son histoire antérieure au 19e siècle. Bien que peu modifié dans sa structure, le village offre une illustration riche et bien documentée de l'influence du développement industriel, lié à sa proximité avec Flixecourt.

  • Période(s)
    • Principale : Moyen Age, 19e siècle, 20e siècle , (incertitude)
  • Sites de protection
    zone naturelle d'intérêt écologique faunistique et floristique
  • Précisions sur la protection

    La commune de Ville-le-Marclet fait partie de la zone naturelle d'intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF) de type 1 "Cours de la Nièvre, de la Domart et de la Fieffes".

Documents d'archives

  • AD Somme. Série O ; 99 O 3773. Ville-Saint-Ouen [Ville-le-Marclet] . Biens communaux avant 1869.

  • AD Somme. Série O ; 99 O 3774. Ville-Saint-Ouen [Ville-le-Marclet] . Travaux communaux avant 1869.

  • AD Somme. Série O ; 99 O 3775. Ville-Saint-Ouen [Ville-le-Marclet] . Biens et travaux communaux, 1870-1939.

  • AD Somme. Série M ; 6M 795. Ville-le-Marclet. Recensement de population.

  • AD Somme. Série P ; 3 P 795/3. Ville-le-Marclet. Etat des sections.

  • AD Somme. Série P ; 3 P 795/4. Ville-le-Marclet. Matrices des propriétés foncières (1830-1880).

  • AD Somme. Série P ; 3 P 795/6. Ville-le-Marclet. Matrices des propriétés bâties, 1880-1911.

  • AD Somme. Série S ; 99 S 795. Ville-le-Marclet.

Bibliographie

  • SOCIETE DES ANTIQUAIRES DE PICARDIE. Dictionnaire historique et archéologique de la Picardie, tome III : Arrondissement d'Amiens, cantons d'Oisemont, Picquigny, Poix et Villers-Bocage. Amiens : Société des antiquaires de Picardie, 1919. Réed. Bruxelles : Editions culture et civilisation, 1979.

    p. 328-331.

Documents figurés

  • Carte de Cassini. N°23 : Dieppe, gravure à l'eau-forte, Le Roy le Jeune géographe, 1757.

    détail
  • Portion de route au départ de Flixecourt passant par Mouflers, jusqu'à hauteur du bois Ratier. Atlas de Trudaine pour la Généralité d'Amiens. Grande route de Paris en Angleterre passant par Beauvais [barré, corrigé Amiens], Abbeville, Montreuil, Boulogne, Calais et Gravelines. Depuis Amiens jusqu'à Gravelines, 1745-1780 (AN F/14/*8453).

  • Ville-le-Marclet. Plan cadastral : tableau d'assemblage, dessin à l'encre, à l'aquarelle et au lavis sur papier, Fauvel arpenteur, 1834 (AD Somme ; 3 P 1772/1).

  • Plan du village de Ville-Saint-Ouen, dessin, 1881 (AD Somme ; 99 O 3775).

Date(s) d'enquête : 2008; Date(s) de rédaction : 2008
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Fournier Bertrand
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