Dossier d’œuvre architecture IA80010687 | Réalisé par
Barbedor Isabelle
Barbedor Isabelle

Chercheur du service de l'Inventaire général du patrimoine culturel de Picardie, puis des Hauts-de-France, depuis 2002.

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
  • inventaire préliminaire, Val de Somme
  • enquête thématique régionale, La première Reconstruction
  • patrimoine de la Reconstruction
Ancienne demeure du négociant Edmond Outrequin-Dieu, devenue école primaire supérieure, puis école de filles (actuelles école Saint-Exupéry et école maternelle Le Petit-Prince)
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté de communes du Val de Somme - Corbie
  • Commune Villers-Bretonneux
  • Adresse 16 rue du Général-Leclerc , ancienne rue de la Mairie , ancienne rue de l'Eglise , rue Maréchal-Foch , ancienne rue de la Voirie
  • Cadastre 1828 F 763, 764
  • Dénominations
    demeure, école primaire
  • Précision dénomination
    école primaire supérieure
  • Destinations
    demeure, école primaire
  • Parties constituantes non étudiées
    cour, pensionnat, école maternelle, logement, jardin potager

L'école primaire supérieure de Villers-Bretonneux est l'une des trois premières écoles professionnelles de garçons créées dans le département. Ouverte le 1er janvier 1883, elle est la seule à accueillir des pensionnaires (Progrès de la Somme). Un article élogieux lui est consacré l'année suivante dans le Progrès de la Somme. En 1893, elle est transformée en cours complémentaire et agrandie d'un nouveau bâtiment construit et ouvert en 1913 (AD 80 ; 1T, p. 295).

L'école occupe initialement la propriété du fabricant Renaud Cressin-Lestienne, rue de la Mairie (F 765, 766), acquise par la commune en 1883 suite à la faillite du fabricant, qui comprend alors un bâtiment à usage d'habitation, grange, écuries, ateliers, magasins , bâtiment servant de séchoir, cour et jardin (Progrès de la Somme). Elle occupera ensuite la demeure habitée par le négociant Edmond Outrequin-Dieu (recensement de 1881), sans doute acquise au cultivateur Elie Fortuné Creté-Letierce, qui la possédait en 1868 (matrices cadastrales).

Dès 1909, Hareux (2007) cite deux articles du Signal dénonçant la nécessité de réaliser des travaux de réparation ou de reconstruction de l'école, "l'immeuble dans lequel [elle] est installée depuis son origine, qui date d'un quart de siècle, ne peut subir de transformation, aucun terrain avoisinant ne pouvant être acquis pour permettre des aménagements répondant aux nécessités d'une installation saine et pratique". L'architecte Cuvillier est chargé d'un projet de restauration de la première école supérieure (99O 3737) consistant en : 1° construction de 3 classes avec dortoir en aile avec sous-sol, bains douches waters closets et lavabos au 1er étage ; 2° construction d'une salle de dessin avec atelier fer à la suite ; 3° aménagement dans un ancien bâtiment d'une salle de dépôt des collections d'une bibliothèque et bureau ; 4° construction d'une cage d'escalier conduisant au 1er étage de ce bâtiment ; 5° construction d'un logement pour le directeur ; 6° aménagement dans les classes actuelles d'un escalier conduisant au logement du directeur à la suite d'une cuisine, office et réfectoire ; 7° construction d'un 1er étage sur les classes actuelles consistant en chambre d'isolement, lingerie, waters closets, chambre d'infirmier et infirmerie ; 8° construction d'un préau gymnase ; 9° construction de waters closets. Ce programme, dont les plans conservés aux archives départementales datent de 1911, n'est pas réalisé à cet emplacement trop exigu.

Projet de reconstruction de la première école primaire. A. Cuvillier architecte, 12 juin 1912 (AD somme ; 99O 3737).Projet de reconstruction de la première école primaire. A. Cuvillier architecte, 12 juin 1912 (AD somme ; 99O 3737).

En 1912, Cuvillier livre un second projet de reconstruction (ill. 3), avec quatre bâtiments conservés (A, B, C, D), qui porte cette fois sur l'ancienne propriété Outrequin : "grande habitation et dépendances agricoles" avec cour, jardin potager et pâture plantée, acquise en juin 1912. Ces plans en donnent la disposition et la distribution des bâtiments.

Nouveau projet de reconstruction de l'école. A. Cuvillier architecte, 29 juin 1912 (AD somme ; 99O 3737).Nouveau projet de reconstruction de l'école. A. Cuvillier architecte, 29 juin 1912 (AD somme ; 99O 3737).

Dans le bâtiment principal, entre cour et jardin, l'architecte prévoit l'installation des salles de classes et d'un dortoir à l'étage pour les élèves et le logement du directeur (à l'est). La cour de récréation pour les élèves est placée dans l'ancienne cour antérieure, dans laquelle se trouvent deux bâtiments : un préau (bâtiment C) et deux pavillons abritant buanderie et bûcher (bâtiments D). Le bâtiment principal est prolongé au nord d'une aile en retour d'équerre (bâtiment B), simple en profondeur, destinée à abriter la cuisine, l'office et le réfectoire (au rez-de-chaussée) et l'infirmerie (à l'étage). Un bâtiment indépendant (bâtiment A), simple en profondeur, est adossé au mur est de la propriété. Cuvillier propose de le transformer en bains douches au rez-de-chaussée et infirmerie (à l'étage). Ce bâtiment est prolongé au nord par une construction abritant les ateliers de fer. Ces différents bâtiments sont construits en briques.

Les cartes postales du début du 20e siècle montrent le long bâtiment à 13 travées et deux accès.

Fortement endommagée durant la Première Guerre mondiale, l'école en ruine accueille le club créé par Miss Rout, Australienne de Sydney aidée par la Croix-Rouge américaine, pour les Australiens qui ont à s’occuper des tombes et plus largement les soldats de passage et « déjà, d’Australie, d’Amérique et d’Angleterre de vieilles dames en deuil […] venues pour accomplir, au milieu des tombes, un douloureux pèlerinage ».  Ce club est installé dans l’école supérieure, dont le rez-de-chaussée est remis en état. Pendant la journée, on y distribue du lait aux mamans et aux bébés, des vêtements et des approvisionnements aux familles réfugiées (Progrès de la Somme, 18 septembre 1919).

L'école est reconstruite sous la direction de l'architecte Guilbert, de 1922 à 1924. Le projet soumis en 1920 reçoit un avis favorable de l'inspecteur d'académie (cf. annexe).

Dans sa séance du 24 mars 1925 (99O 3737), le Conseil municipal déclare : "Le 2e avant projet de l'Ecole supérieure, en ce qui concerne les ailes restant à reconstruite, présente une économie sensible sur le projet complet établi en 1920. Le Conseil l'accepte tel mais il n'envisage sa réalisation que pour 1926 lorsque les autres écoles seront achevées. Toutefois, il demande instamment l'autorisation de faire construire les W. C. prévus en aile ouest dans la limite des 30 000 frs de travaux que la Commune désire traiter le plus tôt possible de gré à gré avec les entrepreneurs et la Coopérative et ce, dans le but de doter le bâtiment principal restauré (qui sert provisoirement d'école de filles) de cabinets d'aisances qui lui sont nécessaires si on veut éviter d'engager une dépense spéciale pour en aménager de nouveaux provisoires".

En 1927 (plans datés du 14 novembre 1927), Guilbert est chargé du projet d'aménagement de l'édifice en école de filles.

L'aile nord (ancien réfectoire et infirmerie) n'est pas reconstruite mais l'école est agrandie d'une école maternelle, sur les plans de l'architecte Godefroy Teisseire, en 1932 et 1934, dates de l'adjudication des travaux (Progrès de la Somme).

Une carte postale des années 1930 montre la cour de récréation depuis l'est, le préau accolé en retour d'équerre au bâtiment principal et un second bâtiment à l'est de la cour. La parcelle a été divisée en deux pour permettre, au nord, la construction d'un bâtiment abritant des salles de classe, une cour de récréation et un jardin potager. Un portail donne un accès depuis la rue au nord. Cette disposition, visible sur le cadastre de 1933, est toujours visible sur les vues aériennes de 1952. Le pavillon a étage à l'extrémité nord de l'école maternelle apparaît sur une vue aérienne de 1965, l'aile perpendiculaire qui délimite la cour au nord est construite en 1970.

L'édifice occupe une parcelle traversante ouvrant au sud rue du Général-Leclerc et au nord rue du Maréchal-Foch.

Le bâtiment principal, implanté en retrait d'une cour plantée, est construit en briques et couvert d'ardoises. Il compte un étage carré et étage de comble sur rez-de-chaussée surélevé et cave et présente une façade antérieure à 13 travées. L'organisation des travées et la taille des baies indiquent des fonctions juxtaposées et superposées (logement, dortoir et classes). On compte deux accès en façade antérieure, une porte secondaire à l'extrémité ouest et une porte plus large, au centre d'un pavillon est.

Au nord, un terrain de sport est aménagé entre deux bâtiments en rez-de-chaussée.

Enfin, au nord de la parcelle et ouvrant sur la rue du Maréchal-Foch, une seconde école composée d'un bâtiment en rez-de-chaussée attenant à un pavillon à étage couverts de tuiles mécaniques. Ces bâtiments perpendiculaires à la voie sont prolongés d'adjonctions ultérieures formant une composition en T délimitant une cour de récréation. Le premier bâtiment au nord de la cour a été doublé au sud.

Bâtiments construits ou reconstruits

  • Murs
    • brique
  • Toits
    ardoise, tuile mécanique
  • Étages
    sous-sol, rez-de-chaussée surélevé, 1 étage carré, étage de comble
  • Typologies
    logis entre cour et jardin (1ère moitié 19e siècle) ;
  • Statut de la propriété
    propriété publique

L'école occupe initialement la propriété du fabricant Renaud Cressin-Lestienne, rue de la Mairie, puis la demeure habitée par le négociant Edmond Outrequin-Dieu, aménagée en 1913 sur les plans de l'architecte Cuvillier. Restauré après la Première Guerre mondiale, sous la direction de l'architecte Guilbert, et affecté à l'école primaire de filles, l'édifice constitue un témoin précieux du passé industriel de Villers-Bretonneux. Il a également abrité le club des Australiens fondé en 1919 par Miss Rout, Autralienne de Sydney, quelques mois avant l'adoption de Villers-Bretonneux par Melbourne.

Documents d'archives

  • AD Somme. 2 NUM 80. Villers-Bretonneux. Monographie communale (1897-1899).

  • AD Somme. Série T ; 1T. Annexe établissements primaires publics.

    p. 295.
  • AD Somme. Série M ; 6M 799. Villers-Bretonneux. Recensements de population (1817-1939).

    1881.
  • AD Somme. Série O ; 99O 3737. Villers-Bretonneux. Administration communale.

  • Péronne. Le nouveau tribunal. Le Progrès de la Somme, 9 juillet 1931, p. 3.

    18 mars 1883, p. 3. 31 décembre 1884, p. 2. 18 septembre 1919, p. 2. 21 avril 1932, p. 6. 3 octobre 1934, p. 8.
  • "L'enseignement dans la Somme". Progrès de la Somme, septembre 1883, p. 2.

Bibliographie

  • HAREUX, Jean-Michel. Villers-Bretonneux. Société d'Etudes et de recherches Historiques et Archéologiques de Montdidier et sa région. Amiens, 2007.

    tome 2, p. 162, 184, 185, 187.

Documents figurés

  • Villers-Bretonneux. Plan cadastral. Section F, dite du Chef-lieu, 1828 (AD Somme ; 248_EDP).

  • Commune de Villers-Bretonneux. Somme. Nouveau projet de reconstruction de l’école supérieure avec 4 bâtiments conservés A. B. C. D. Plan à rez-de-chaussée. Dessin sur calque, A. Cuvillier architecte, 29 juin 1912 (AD somme ; 99O 3737).

  • Commune de Villers-Bretonneux. Somme. Nouveau projet de reconstruction de l’école supérieure avec 4 bâtiments conservés A. B. C. D. Etage du bâtiment principal et du bâtiment A. Tirage de plan, A. Cuvillier architecte, 29 juin 1912 (AD somme ; 99O 3737).

Annexes

  • "Enseignement professionnel". Progrès de la Somme, 31 décembre 1884
  • Avis de l'inspecteur d'académie de la Somme du 20 août 1920
Date(s) d'enquête : 2016; Date(s) de rédaction : 2016
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Barbedor Isabelle
Barbedor Isabelle

Chercheur du service de l'Inventaire général du patrimoine culturel de Picardie, puis des Hauts-de-France, depuis 2002.

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
Articulation des dossiers