Dossier d’œuvre architecture IA80011064 | Réalisé par
Chamignon Lucile (Rédacteur)
Chamignon Lucile

Chercheuse de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, Région Hauts-de-France (depuis 2020).

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  • opération ponctuelle, Amiens métropole
Grand ensemble dit "Parc de Beauvillé"
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté d'agglomération Amiens Métropole
  • Commune Amiens
  • Adresse Résidence Parc de Beauvillé
  • Cadastre 2019 BY 130, 159
  • Dénominations
    grand ensemble
  • Appellations
    Parc de Beauvillé
  • Parties constituantes non étudiées
    restaurant, magasin de commerce, immeuble de bureaux, école maternelle, immeuble

Résumé historique

 

Le projet de construire un ensemble immobilier de plus de 600 logements à l’embouchure des hortillonnages date du milieu des années 1950. À l’initiative du maire Camille Goret, il est d’abord confié à l’Office HLM et dirigé par l’architecte Marcel Gogois. Après un changement de mandature, le nouveau maire, Maurice Vast, transforme l’opération : elle est alors confiée à la SEMCA (Société d’Économie Mixte de Construction d’Amiens) et les logements ouverts à l’accession à la propriété. C’est Bernard Gogois, architecte au sein de l’agence GGK, avec Claude Guislain et René Le Van Kim, qui reprend le projet en s’appuyant sur les plans de son père.

Afin de composer avec cet environnement naturel exigeant, un chantier de grande ampleur est mené. La forte déclivité du terrain a poussé les architectes à réaliser une "véritable sculpture du sol" (livret des architectes, 10 juillet 1967) au service de la composition de l’ensemble qui doit prendre en compte la distribution, les connexions et l’alignement des bâtiments. De plus, le sol marécageux, constitué de dépôts de déchets et décombres des guerres, a été stabilisé par des centaines de pieux en béton armé. Le travail de terrassement et de fondation a donc été considérable. La nature du terrain a également empêché l’emploi en préfabriqué des éléments porteurs en béton armé qui ont tous été réalisés sur place (béton banché).

Le chantier a été mené de décembre 1968 (autorisation préfectorale le 16 décembre) à décembre 1972 (réception des bâtiments D et E le 20 décembre). En raison des difficultés financières rencontrées par la SEMCA (ampleur du chantier, ventes insuffisantes lenteurs, malfaçons), seuls 288 logements sont réalisés sur les 603.

Résidence de standing destinée à la classe moyenne amiénoise, elle s’inscrit au cœur d’un projet tant urbanistique qu’architectural, formant un véritable quartier, petite ville dans la ville. En plus des bâtiments résidentiels, l’ensemble comprend également un restaurant, des commerces, des bureaux et une école maternelle. Leurs usages respectifs ont évolué au fil du temps mais les bâtiments sont toujours en place. Sorte d’utopie sociale plaçant l’individu au cœur d’un ensemble collectif plus large, le projet correspond aux politiques socialistes des maires amiénois au sortir de la Seconde Guerre mondiale. Il reprend également les grands principes de l'architecture moderne, définis notamment par Le Corbusier (pilotis, toit-terrasse, plan libre, façade libre). Il convient également de noter que l'agence GGK a largement travaillé sur le logement collectif à partir des années 1960 et a même conçu le premier exemple connu d'habitat participatif "Les Jardies" à Meudon en 1975.

 

Un patrimoine à sauvegarder et valoriser

 

L’un des principaux intérêts de cet ensemble tient au dialogue établi par les architectes entre l’architecture et l’environnement naturel privilégié. L’importance des espaces verts traduit le soin apporté au traitement paysager. Cette intégration du bâti dans le paysage s’illustre également par le souci constant de brouiller les limites entre intérieur et extérieur. Ainsi, les façades intégralement couvertes de verre ondulé ("Profilit") jouent avec la transparence des espaces intérieurs tout autant qu’elles reflètent le paysage, les niveaux en rez-de-chaussée sont en partie ou intégralement ouverts (exemple de la coursive du bâtiment G2) et les halls traversants sont largement vitrés. Les cheminements piétonniers sont pensés comme une véritable promenade architecturale où "dehors" et "dedans" se succèdent (passages couverts et passerelle entre les bâtiments G), architecture et nature se confondent (aménagement paysager des toits-terrasses des garages et du restaurant).

De plus, le traitement architectural est intéressant tant du point de vue de l’animation des formes que de l’emploi des matériaux. Lignes (verticales, horizontales, obliques), cylindre et pyramide sont les principaux motifs employés. Ces formes sont simples et peu nombreuses mais elles sont agencées et combinées de multiples manières que ce soit dans les cheminements, les coursives, les passerelles, les escaliers (exemple du rez-de-chaussée ouvert du G2), le traitement des façades (lignes des balcons, jeux de retraits et saillies…), les édicules des garages, ou dans les puits de lumière des toitures. Ce vocabulaire s'inspire du style "paquebot" né dans les années 1930 et reprenant les formes arrondies des grands navires de croisière. La volonté des architectes d'organiser le site autour d'un étang et d'activités nautiques les a peut-être orientés vers cette esthétique qui met en avant le thème balnéaire (dessin des portes d'entrée des halls, entrées des garages semblables à des cheminées de paquebots, parapet le long des terrasses avec vue sur l'étang).

Les matériaux sont traités de manière pure. Béton, verre et brique sont employés de manière égale et sans rupture entre l’intérieur et l’extérieur. L’utilisation du "Profilit" en bardage sur l’ensemble des façades est inédit pour des immeubles résidentiels. L’ensemble a ainsi des affinités avec l’architecture "brutaliste" en partageant certaines de ses caractéristiques : forme brute des matériaux valorisée, éléments fonctionnels habituellement dissimulés mis en évidence (chaufferies sur les toits, sorties des garages), agencement des bâtiments sur la base de cellules d’habitat, formes architecturales simples.

Surtout, après la destruction des tours Daudet (rue Victorine Autier) et la requalification du quartier Étouvie (dont la démolition de l’immeuble des Coursives qui aura lieu en 2029), le parc de Beauvillé sera le seul ensemble de l’agence GGK parfaitement conservé à Amiens.

I- L’élaboration du projet immobilier (1957-1966)

 

Un projet HLM avorté

 

Dans les années 1950, les programmes de reconstructions de logements après les destructions de la Seconde Guerre mondiale sont toujours en cours à Amiens. Outre le nombre d’habitations détruites pendant le conflit, la ville fait face à une croissance démographique importante. Le programme d’Habitations à Loyers Modérés (HLM) lancé par le maire Camille Goret à l’emplacement des anciens marais de Rivery (cadastre du XIXe siècle) concourt à enrayer cette crise du logement. Ce terrain vague est alors une zone de dépôt des déchets de la ville et des décombres des guerres successives. Il est encore occupé par des baraquements provisoires dans lesquels logent les populations en attente de la reconstruction de leurs logements. La description du projet HLM en janvier 1957 stipule que les résidences provisoires sont si nombreuses "qu’on ne voit pas l’étang depuis le boulevard".  

Des sondages sont réalisés avec la crainte que le sol marécageux ne soit impropre à la construction. Il est finalement "moins mauvais qu’on pouvait le supposer". Un lit de calcaire dur est détecté à environ 14 m sous le niveau du terrain en bordure de l’étang de Rivery. La construction sur pieux est donc nécessaire. C’est l’architecte Marcel Gogois, associé à Jacques Sagherian, qui est sélectionné pour la réalisation du programme HLM qui doit compter 628 logements. Les plans et dessins du projet établis en 1953 envisagent l’élévation de six tours de quatorze étages qui se font face de part et d’autre du boulevard de Beauvillé. Deux barres sont implantées en face de l’étang : l’une au nord, l’autre à l’est. Afin de chauffer les immeubles, Marcel Gogois imagine une chaufferie alimentée par les ordures ménagères de la ville.

Toutefois, le projet finalisé par l’architecte en janvier 1957 est rejeté par l’ingénieur urbaniste en chef le 26 février. En effet, il ne respecte pas le Plan d'Aménagement et de Reconstruction (PRA) défini après les destructions de la Seconde Guerre mondiale car, à l’endroit où les tours de 14 étages sont prévues, le terrain est réservé à l’espace public libre. Le projet est revu, envoyé au Ministère de la Reconstruction et du Logement mais en 1958, le maire d’Amiens Camille Goret n’a toujours pas de réponse.

 

Un nouveau programme confié à la SEMCA et repris par l’agence GGK

 

Le projet est mis entre parenthèses quelques années et c’est le nouveau conseil municipal élu en 1959, conduit par Maurice Vast, qui le reprend au début des années 1960. Le projet HLM est finalement remplacé par la construction d’une résidence ouverte à l’accession à la propriété. La Société d’Économie Mixte de Construction d’Amiens (SEMCA) doit alors être créée pour mettre en œuvre ce programme parmi d’autres, notamment les résidences Berlioz et Québec au nord de la ville.

Au début de l'année 1964, Marcel Gogois, sans nouvelles de son projet, est mécontent d’apprendre dans les colonnes du Courrier Picard qu’un nouveau programme confié à une agence parisienne dirigée par les architectes V. H. Luu et J. Grobois reprend l’opération du Parc de Beauvillé. Le maire Maurice Vast considère alors qu’il n’est pas possible d’abandonner Marcel Gogois en vertu du contrat signé avec la municipalité en 1957, et décide de l’associer à la nouvelle opération. Le 31 mars 1964 l’architecte livre son projet : l’ensemble immobilier doit être traité comme un véritable quartier dans la ville. Quelques mois plus tard, le 11 septembre, la SEMCA est créée afin de mener les travaux et la promotion de la nouvelle résidence.

Bien que les documents d’archives ne permettent pas de comprendre comment et pourquoi l’agence V. H. Luu et J. Grobois est écartée, le projet est repris par l’agence GGK où travaille Bernard, le fils de Marcel Gogois. Ce dernier alors âgé de 65 ans, trop occupé peut-être à d’autres projets, a pu négocier avec la mairie pour que son fils, jeune architecte de 33 ans, récupère l’opération. Les premiers plans de situation dressés par l’agence GGK où René Le Van Kim et Claude Guislain travaillent aux côtés de Bernard Gogois, sont datés du 7 octobre 1965.

L’ensemble résidentiel que la SEMCA est en charge d’édifier doit alors comprendre 603 logements. Dès cette époque, il est prévu de donner une grande place aux jardins, aux allées piétonnes et d’installer un petit centre commercial et un centre médico-social. Les habitants pourront profiter d’une vue dégagée sur l’étang. Des équipements de loisirs sont projetés : un club nautique, un terrain de pétanque. Bernard Gogois et l’ingénieur conseil Piot se chargent de faire l’étude d’aménagement du terrain.

 

II- La conception d’un programme immobilier à l’entrée des Hortillonnages (1966-1968)

 

Le parti pris général : la création d’un quartier autonome

 

                              Créer "Un promontoire urbain en zone rural" (livret descriptif du 10 juillet 1967)

 

En 1966, un descriptif des travaux rédigé par l’agence GGK parvient à la mairie. Le terrassement et les fondations feront l’objet d’un travail conséquent car le terrain présente des différences de niveaux importantes, atteignant parfois les 10 m. Le sol est constitué de remblai et de terres marécageuses. Les bâtiments seront construits sur des pieux en béton armé de 55 à 75 cm de diamètre et mesurant entre 14 et 20 m de long. Ils seront "battus" sur place, c’est-à-dire plantés dans le sol avec un mouton. À titre d’exemple, le bâtiment F (aujourd’hui situé au nord-ouest sur le plan) repose sur 110 pieux. Le procédé de construction par préfabrication n’est pas possible pour l’édification de la résidence car la circulation est trop difficile pour les engins en raison des forts dénivelés du terrain.

Amiens. Parc de Beauvillé. Implantation des pieux en béton armé, photographie noir et blanc, [vers 1970] (AC Amiens ; 6Fi 900).Amiens. Parc de Beauvillé. Implantation des pieux en béton armé, photographie noir et blanc, [vers 1970] (AC Amiens ; 6Fi 900).

Un nouveau livret descriptif du projet est envoyé à la mairie par l’agence GGK le 10 juillet 1967. L’emplacement du programme est considéré comme "une porte principale du centre-ville" : "il faut donner aux automobilistes du boulevard quelque chose à voir dans cette vallée vide afin de marquer l’entrée de la ville". Le projet immobilier a pour but d’offrir une continuité dans le tissu urbain car cette zone était jusqu’à présent un no man’s land. Dès cette époque il est prévu de créer une liaison urbaine soignée entre les deux rives de la Somme "avec une promenade pour piétons à l’écart du bruit des voitures, se ramifiant par endroits en cheminements situés sous les immeubles". Ce quartier doit être un "contact entre zone rurale et urbaine". Ainsi, donner naissance à "une sorte de promontoire urbain en zone rurale" est l’une des préoccupations principales des architectes. Le quartier sera également doté "d’une supérette, d’un centre-relais, de magasins et de bureaux".

Comme l’indique la description du projet "la nature du terrain très complexe engendre une véritable sculpture du sol". C’est bien à cette image qu’a été créé le parc avec ses espaces verts. Les architectes ont proposé un projet de terrassement de grande ampleur en sculptant le sol grâce à des remblais dont la hauteur atteint environ 12 m de haut comme l'illustre le terre-plein aménagé pour l'ouverture de la rue François Genin. Il s'agissait d'atteindre le niveau du boulevard de Beauvillé. Les bâtiments d’habitation sont ainsi construits en surplomb par rapport à l'étang pour offrir aux logements une vue privilégiée sur le paysage.

Amiens. Parc de Beauvillé. Terrassement de la rue François Genin, photographie noir et blanc, [vers 1970] (AC Amiens ; 6Fi 2276).Amiens. Parc de Beauvillé. Terrassement de la rue François Genin, photographie noir et blanc, [vers 1970] (AC Amiens ; 6Fi 2276).

En tant que projet tout autant urbanistique qu’architectural, des réflexions se portent également sur le traitement de la voirie. Pour desservir l’ensemble depuis le boulevard de Beauvillé, la rue François Genin est donc ajoutée. Au sein de la résidence, des cheminements piétonniers sont pensés pour proposer une véritable promenade architecturale (niveaux en rez-de-chaussée ouverts, galeries, passerelle du bâtiment G, terrasse avec panorama sur l’étang, placette, allées avec emmarchement en pas d'âne). D'après le témoignage d'un ancien dessinateur de l'agence GGK, la société amiénoise Boidin a été chargée de l'aménagement paysager.

 

                              Les bâtiments résidentiels

 

Les premiers plans de masse du projet "Le parc de Beauvillé" conservés dans les archives communautaires d’Amiens Métropole datent du 16 janvier 1967. Ils reprennent le cœur du projet défini par Marcel Gogois en 1963 : des immeubles résidentiels répartis en arc de cercle autour de l’étang et en contrebas, au niveau des berges, des bâtiments annexes de services et de commerces.

Les plans définitifs sont établis le 9 novembre 1968. Ils décrivent le nombre, la forme et l’implantation des bâtiments, ainsi que l’aménagement des berges, des voieries et des parkings. Ainsi, dix bâtiments sont envisagés, implantés tout autour de l’étang de Rivery. La construction de bâtiments de 6 à 14 niveaux d’élévation a été prévue afin de rentabiliser le coût élevé des fondations. Certains prennent la forme de tours (A, B, C à l’est et I, J à l’ouest) de neuf à quatorze étages ; d’autres la forme de barres (D, E, F, G, H) de 4 à 9 étages. Les architectes prennent le parti d'une implantation dictée par les contours de l’étang, tantôt oblique, tantôt rectiligne. En effet, les "bâtiments sont disposés en arc de cercle afin de profiter de la vue et du soleil" (livret descriptif du 10 juillet 1967). Des retraits et décrochements sont pratiqués entre les bâtiments (par exemple E1 et E2). Les architectes travaillent avec trois modules principaux qu’ils combinent afin d’obtenir cette diversité de formes (la tour, de forme hélicoïdale est par exemple reprise à l’extrémité du bâtiment D). D'un point de vue opérationnel, le découpage du chantier est divisé en quatre tranches : bâtiments H, I, J ; bâtiments F et G ; bâtiments D et E ; bâtiments A, B, C.

Plan de masse du projet, encre sur papier, GGK, 25 décembre 1968 (AM Amiens ; 3 O 4/1159).Plan de masse du projet, encre sur papier, GGK, 25 décembre 1968 (AM Amiens ; 3 O 4/1159).

Les équipements collectifs sont également détaillés. Dans le cadre d’une circulaire du Ministère de la Construction de 1965 qui oblige à prévoir des locaux collectifs dans les projets de plus de cinquante logements, chaque bâtiment de la résidence Beauvillé est doté d’au moins une salle commune en rez-de-chaussée. Lors d'une réunion le 24 février 1969 avec la municipalité, il est même prévu de recruter un animateur logé sur place, chargé d’organiser des activités avec les résidents. Selon l’idée de faire dialoguer l’intérieur et l’extérieur, les halls d'accès aux appartements prennent place dans les galeries couvertes sous les immeubles et sont fermés par de larges parois vitrées.

Plan de masse : équipement collectif et loisirs, encre sur papier, GGK, 9 novembre 1968 (AM Amiens ; 3 O 4/1159). Plan de masse : équipement collectif et loisirs, encre sur papier, GGK, 9 novembre 1968 (AM Amiens ; 3 O 4/1159).

En ce qui concerne le stationnement, en plus de parkings extérieurs, un garage semi-enterré est prévu. Dessiné en arc de cercle, il comprend des boxes et se développe sur trois niveaux. Il est surmonté d’une terrasse plantée de pelouses qui fait partie du cheminement piéton. Des jeux pour enfants (tunnels et parcours à billes) sont également prévus. Des locaux à vélos et à "voitures d’enfants" (poussettes) sont présents dans les halls de chaque bâtiment.

Lors d’une réunion le 3 octobre 1968, la SEMCA valide des dispositions relatives au chauffage et à l’alimentation en eau : les chaudières au gaz seront implantées sur les toits, "selon les vents dominants", des adoucisseurs avec un traitement anticorrosif seront installés pour l’eau.

Une Ventilation Mécanique Contrôlée est installée dans chaque immeuble. Ce procédé novateur se développe à partir des années 1960 et se généralise dans les années 1970. La mise en place d’une VMC impose la mutualisation des gaines d’aération et explique la nécessité de regrouper les pièces techniques (cuisine, cellier, WC et salle de bain). Elles sont alors placées en cœur d’immeuble, sans accès direct à la façade extérieure. Comme l’indique le devis descriptif :  "Les ventilateurs d’extraction seront situés en terrasse et seront doublés d’un groupe diésel de secours en cas de panne de courant".

 

                              Les annexes du site : bureaux, commerces, restaurant et école maternelle

 

Comme la ville d’Amiens l’annonce dès le début du projet, c’est un véritable quartier qui doit être créé. Aussi, la ville compte doter le site d’équipements collectifs comme une école maternelle, "quelques boutiques de moyenne importance (400 m2 utiles y compris réserves), un petit immeuble de bureaux affecté à l’exercice de professions libérales" mais également "un restaurant pour découvrir les hortillonnages, un petit club nautique, un jardin aquatique, une piscine, un embarcadère pour les promenades en barque et une zone réservée à la pêche à la ligne". L'ensemble prend des airs de petite station balnéaire.

Le 25 décembre 1968, de nouveaux plans sont envoyés en mairie par l’agence GGK : les architectes souhaitent installer leur cabinet d’architecture dans les hortillonnages, au bord de la rive sud de l’étang de Rivery. Le bâtiment, de forme irrégulière, se compose d’une juxtaposition d’hexagones. Les différents espaces s’organisent autour d’un hall central qui dessert deux étages. En plus des bureaux, un logement de fonction avec accès direct au rieu (ou ruisseau dans les hortillonnages) est prévu à l’est de la parcelle. En outre, un jardin d’hiver et un jardin d’été ainsi qu’un jardin aquatique et une zone de pêche agrémentent ce petit havre de paix que les architectes ont imaginé...mais qui ne verra jamais le jour.

              

Des appartements de standing

 

                              Le traitement des façades 

 

Les architectes ont pris soin de faire dialoguer le bâti avec l’environnement naturel. Ainsi, le traitement des façades participe au lien entre les immeubles et le paysage. Il rend également les appartements lumineux.

Le traitement des façades sur la maquette et le plan du 9 novembre 1968 est différent de celui qu’elles ont aujourd’hui : aucun élément porteur vertical ne devait être visible en façade, intégralement habillée de verre ondulé. De plus, le plan originel prévoyait des balcons en retrait de façade. Or, ils sont en saillie, construits par prolongement des dalles en béton. Ce choix évite une perte d’espace dans les appartements mais est plus coûteux. Les avancées créées par prolongement des dalles en béton permettent également l'aménagement de jardins d'hiver, de loggias ou bien de placards de rangement. Comme l’indique le plan des distributions intérieures du 9 novembre 1968, leur alternance varie selon les niveaux. Avancées et retraits permis par les saillies des dalles en béton participent à l'animation des façades

Élévations des façades, GGK, 9 novembre 1968 (AM Amiens ; 3 O 4/1159).Élévations des façades, GGK, 9 novembre 1968 (AM Amiens ; 3 O 4/1159).

Amiens. Parc de Beauvillé. Maquette d'un bâtiment, photographie noir et blanc, [vers 1968] (AC Amiens ; 6Fi 010).Amiens. Parc de Beauvillé. Maquette d'un bâtiment, photographie noir et blanc, [vers 1968] (AC Amiens ; 6Fi 010).

Comme la structure porteuse des bâtiments est composée d’un système de poteaux et de poutres en béton armé, les façades sont libres (sous-entendu : libérées de leur structure). Elles offrent de grandes possibilités de traitement et sont "à panneaux légers non porteurs". Le devis explicatif parvenu en mairie le 21 novembre 1968 indique que ces murs rideaux comprendront "une cloison sèche à parement intérieur fini, une isolation thermique en mousse de polyuréthane, un vide d’air, un revêtement extérieur auto-lavable en verre armé du type "Vérondulit", "Profilit" ou similaire". C’est le Profilit qui est choisi. Ces panneaux en verre armé profilé en U sont réalisés selon le procédé Pilkington venu d’Angleterre et commercialisé pour la première fois en France en 1963. Son emploi en bardage sur l’ensemble des bâtiments de la résidence permet un apport de lumière important dans les logements. D'un point de vue esthétique, les façades se comportent comme les miroirs du paysage environnant, particulièrement au crépuscule et à l’aube.

Coupes des façades, encre sur papier, GGK, 9 novembre 1968 (AM Amiens ; 3 O 4/1159).Coupes des façades, encre sur papier, GGK, 9 novembre 1968 (AM Amiens ; 3 O 4/1159).

De plus, les baies sont protégées par des stores en tissu de couleur jaune (blancs pour le bâtiment G1) qui participent à l’animation colorée des façades. Les trois couleurs primaires sont ainsi représentées : le rouge de la brique, le bleu métallique des menuiseries et le jaune vif des stores.

              

                              Plans des appartements et aménagements intérieurs

 

En novembre 1968, une nouvelle notice explicative du projet parvient à la mairie. Sur les 603 logements prévus, 39 seront des T2, 269 des T3, 239 des T4 et 56 des T5. Un palier dessert deux à quatre appartements selon le module architectural. Il y en a trois : "partie centrale et about", "partie de jonction" et "tour".

Les plans des appartements appelés "cellules" se répartissent selon ces trois modules. Dans les étages, chaque appartement profite d’une double exposition. La distribution des pièces varie (il existe par exemple 4 plans de T4 et 2 plans de T5) et offre un choix important aux futurs acheteurs. La séparation jour/nuit est l'un des partis pris des architectes, rappelé dans la brochure de vente. Toutefois à partir du T4, l'une des chambres peut être directement ouverte sur le salon selon un principe répandu dans les années 1960. Elle est alors parfois utilisée comme bureau ou prolongement du salon. La cuisine est de type "laboratoire" : de plan rectangulaire, elle est séparée du séjour par une cloison. En outre, l’introduction d’un "coin repas" qui se distingue clairement du séjour et de la cuisine qu’il prolonge, illustre le soin apporté au confort et à la séparation des fonctions.

Plan de masse des appartements (parties centrale et about), GGK, 9 novembre 1968 (AM Amiens ; 3 O 4/1159).Plan de masse des appartements (parties centrale et about), GGK, 9 novembre 1968 (AM Amiens ; 3 O 4/1159).

Plan de masse des appartements (bâtiments tours), GGK, 9 novembre 1968 (AM Amiens ; 3 O 4/1159).Plan de masse des appartements (bâtiments tours), GGK, 9 novembre 1968 (AM Amiens ; 3 O 4/1159).

Les pièces techniques sont implantées en cœur d’immeuble sans ouverture sur la façade. La brochure de vente à destination de potentiels acheteurs détaille les équipements fournis. Chaque appartement est doté d’un cellier avec un vide-ordure et d'un raccordement pour une armoire sèche-linge. La salle de bain comprend lavabo, bidet en porcelaine et baignoire en fonte émaillée. Des placards intégrés sont également prévus dans les chambres et les couloirs. La cuisine est livrée avec un évier en acier inoxydable à deux bacs incrustés dans un meuble en bois laqué à deux portes, un plan de travail rabattable pour installer une machine à laver et une cuisinière électrique quatre plaques avec four.

La brochure de vente décrit les revêtements des sols : trois coloris de moquette pour le séjour et les chambres (dont un jaune moutarde, d'après le témoignage d'un habitant), des tommettes rouges hexagonales dans la cuisine et le coin repas ; une mosaïque ronde en grès cérame couleur caramel dans les pièces humides. Des carreaux de faïence de couleur gris-bleu sont posés dans les salles de bain et dans la cuisine (carreaux "décorés").

Coin repas avec sol d'origine (tommettes hexagonales rouges).Coin repas avec sol d'origine (tommettes hexagonales rouges).

 

III- Un chantier laborieux (1968-1972)

 

Le chantier est autorisé par arrêté préfectoral le 16 décembre 1968. Son coût est estimé à 45 millions de francs (hors école, bureaux, restaurant et commerces). Les premiers travaux qui concernent le nettoyage et le déblaiement du terrain commencent dans le premier trimestre de l’année 1969.

En juillet, le procès-verbal d’un rendez-vous de chantier en présence de Bernard Gogois et René Le Van Kim révèle qu’il faut encore démolir les deux baraquements résidentiels provisoires le long du boulevard afin d’engager les travaux de terrassement. Ces derniers sont achevés environ un an plus tard, en juin 1970, un mois après l’acquisition par la SEMCA du terrain auprès de la ville d’Amiens (à l’exclusion de la surface qui accueillera l’école maternelle). 

D’après les archives disponibles, le projet prend du retard : de nombreuses malfaçons sont identifiées et doivent être reprises. Les appartements mis en vente à prix coûtant ne se vendent pas aussi vite qu’espéré. De plus, les entreprises sont sommées plusieurs fois d’enlever leurs détritus des allées pour rendre le chantier plus présentable. L’architecte urbaniste de la ville d’Amiens demande d’aménager rapidement les espaces verts du site. En mai 1972, les excavations pour la construction des garages souterrains ont commencé mais des couches importantes de verre cassé sont découvertes. Le chantier doit s’arrêter plusieurs semaines en raison du danger que ces gravats représentent pour les véhicules de travaux.

Face aux retards, aux travaux imprévus et à la faiblesse des ventes, la SEMCA est en difficulté financière et souhaite modifier les plans des architectes en densifiant l’espace afin de rentabiliser le chantier. Il s’agirait d’accroître la hauteur des tours d’étages supplémentaires et d’augmenter le nombre d’appartements des paliers qui n'en desservent que deux. Les architectes répondent qu’il n’est pas possible d’altérer le projet initial : élever les tours obstruerait la vue sur les hortillonnages, deux appartements par palier permet d’éviter la construction de couloirs, les dispositions intérieures doivent rester traversantes et ainsi permettre une différenciation jour/nuit. De plus, les pièces techniques sont groupées pour des raisons d’isolation phonique et de mutualisation des conduits. La cuisine, accessible depuis l’entrée, est disposée ainsi pour pouvoir y accéder sans déranger le séjour. Face aux réponses des architectes, la SEMCA envisage alors de ne pas construire les tranches restantes.

Parallèlement à l’édification des bâtiments, la rue François Genin n’est pas terminée et le chantier cause beaucoup de nuisances aux habitants de Rivery.

Malgré ces difficultés, le bâtiment F (72 logements) est le premier à être réceptionné et certifié conforme le 3 mars 1972. Suivent les bâtiments G1 (12 logements) le 29 juin et le G2 (60 logements) le 11 septembre. L’école maternelle est achevée en novembre 1972 mais quelques aménagements supplémentaires sont nécessaires pour l’ouvrir à la rentrée 1973. Le 20 décembre 1972 les bâtiments E et D sont réceptionnés.

Toutefois, tous les appartements ne sont pas vendus. Lors d’une réunion du Conseil d’Administration de la SEMCA en juin 1973, les membres se plaignent du faible nombre de réservations. Pour la première tranche de travaux, 174 logements sont réservés mais il en reste encore 113 de disponibles. Le prix moyen au m2 a été porté à 1500 francs (il était à 1060 francs au début de l’opération). Quelques propositions sont formulées afin de séduire les potentiels acheteurs : fleurir le parc jugé triste", repeindre les parois marron situées en retour des façades dans une couleur claire, ou encore tirer le feu d’artifice du 14 juillet depuis l’étang de Rivery pour mieux faire connaître la résidence. C’est lors de cette réunion que la SEMCA acte l’arrêt du programme en raison des problèmes de financements. Ainsi, seuls 288 logements sont réalisés sur les 603 prévus.

 

IV- Le parc de Beauvillé après 1972

 

Les bâtiments annexes du site : restaurant, bureaux, commerces

 

Si les premiers habitants aménagent au cours de l’année 1972, le site reste en chantier pendant plusieurs années. Par exemple, les ascenseurs ne sont pas encore réceptionnés et les espaces verts restent nus. Les bâtiments annexes prévus sur le site ne sont pas terminés en 1973. Au cours de l’année 1975, le restaurant qui était prévu dans le programme est acheté par le diocèse qui le transforme en bureaux et réfectoire.

Même si tous les bâtiments annexes projetés dans les plans du 9 novembre 1968 ne sont pas construits, la déclaration d’achèvement des travaux du "Parc de Beauvillé" est rédigée par Bernard Gogois le 16 janvier 1978.

Le 12 juin 1978, le bâtiment M est toujours en chantier comme l’indique le repérage photos avec les plans de distribution intérieure disponibles dans les archives. Il doit accueillir des bureaux.

Les architectes dressent les plans détaillés du bâtiment K (dans le prolongement du bâtiment résidentiel D) le 25 août 1980. Il doit accueillir des commerces et des bureaux (voir en ill. les photographies du chantier). Le permis de construire est accordé le 5 février 1981. Il est finalement transformé en centre de santé avec sauna l’année suivante selon les plans du cabinet d’architecture de la Monnaie à Lille (C. Cherix et J. J. Villette). Ce dernier ferme au début des années 2000.

 

Beauvillé 2

 

Malgré l’arrêt du programme Parc de Beauvillé, un nouveau projet immobilier est envisagé sur la partie orientale du terrain. Dénommé "Beauvillé 2", il est également conduit par l’architecte Bernard Gogois. En mai 1974, il propose la mise en œuvre des modèles innovation "Maille" ou "Alexandre" mais son projet est rejeté.

Bernard Gogois revient quatre ans plus tard avec un nouveau projet. Si les nouveaux immeubles utilisent le Profilit pour rester en harmonie avec les anciens, les façades sont porteuses et constituées de murs en béton armé. Les façades rideaux sont donc abandonnées.

En 1980 une convention est établie entre la SEMCA et la ville d’Amiens engageant cette dernière à lui accorder la construction de 57 appartements dans le Parc de Beauvillé. Le terrain sera détaché du premier ensemble et formera une copropriété indépendante.

 

Les évolutions du site depuis les années 1990

 Amiens. Parc de Beauvillé. Vue depuis le toit-terrasse des garages avec jeux pour enfants, photographie noir et blanc, 26 novembre 1973 (AC Amiens ; 6Fi 1140).Amiens. Parc de Beauvillé. Vue depuis le toit-terrasse des garages avec jeux pour enfants, photographie noir et blanc, 26 novembre 1973 (AC Amiens ; 6Fi 1140).

L’ensemble n’a pas connu de modifications majeures depuis sa construction. Il convient de noter tout de même la suppression des jeux pour enfants (circuit à billes et tunnel en béton) sur les terrasses des garages pour des raisons d’étanchéité ainsi que le remplacement de la peinture murale d’origine sur le bâtiment G2 qui représentait un soleil dont les rayons transperçaient des nuages et avait été réalisée dans le cadre du 1% artistique. La nouvelle peinture murale est dessinée par Gérard Malbranche et réalisée par J. Le Berre de l’entreprise Foulon à la suite d’un concours proposé par le conseil syndical au début des années 2000.

Peinture murale du mur-pignon du bâtiment G1, signé Malbranche, Foulon, J. Le Berre, vue depuis le nord.Peinture murale du mur-pignon du bâtiment G1, signé Malbranche, Foulon, J. Le Berre, vue depuis le nord.

En 2003-2005, les bardages en verre Profilit ont intégralement été remplacés et les bétons en façade qui présentaient des désordres (éclatement, rouille de fers apparents, épaufrures) ont été restaurés.

Les locaux du diocèse dans le bâtiment prévu à usage de restaurant sont actuellement sans affectation. Diverses associations se trouvent aujourd’hui dans le bâtiment K, à côté de l’école maternelle. Le centre de santé a fermé et accueille actuellement l’association "Maisons Familiales et Rurales des Hauts-de-France".

L’école maternelle "Au bord de l’Eau" est fermée depuis 2015. Un projet de crèche porté par Amiens Métropole est actuellement à l’étude (2024).

Depuis la fin de l’année 2019, chaque copropriétaire est autorisé à installer des menuiseries double vitrage dans son logement à la suite d’un accord favorable de l’Architecte des Bâtiments de France après la définition d’un cahier des charges. Les anciennes huisseries en acier ont été remplacées par des fenêtres PVC et capotage extérieur en aluminium avec un respect de la forme et de la couleur bleue d’origine. À l’intérieur, des allèges en double vitrage sont placées contre les panneaux en verre Profilit. Cette évolution a supprimé les garde-corps métalliques intérieurs qui garantissaient la norme de sécurité pour les enfants. En contrepartie, l’allège des nouvelles menuiseries a été réhaussée. En 2024, les portes d’entrée des bâtiments doivent être remplacées à l’identique.

Le réseau de chaleur urbain géré par la ville d’Amiens doit être raccordé à la résidence à la fin de l’année 2024.

D’une manière générale, les évolutions suivantes ont pu être constatées dans les intérieurs :

-        certaines cloisons en carreaux de plâtre ont été abattues afin d’agrandir les espaces (par exemple entre la chambre et le séjour ou entre la cuisine et le séjour) ;

-        trois portes (l’une en verre, l’une en bois, la dernière en accordéon) ont souvent été supprimées : entre séjour et entrée, séjour et coin repas, coin repas et cuisine.

-        dans les salles de bains, les bidets ont été supprimés, tout comme la baignoire d’origine ;

-        afin d’améliorer l’isolation thermique, des jardins d’hiver ont été isolés (ce qui créé des désordres car ils possèdent des petites aérations) tout comme les renfoncements dans les parois des façades ;

-        l’électricité d’origine qui n’était plus aux normes a été revue avec l’installation de plafonniers dans les chambres et de nouvelles prises ;

-        les revêtements des sols ont été remplacés ;

-        les stores jaunes changés (ce qui rompt avec la composition chromatique de l’ensemble).

 

Cette partie traite de l’ensemble des bâtiments compris sur le site actuel. La Résidence des Hortillonnages, dont les bâtiments ont été prévus dans le projet initial mais construits quelques années plus tard (voir historique), appartiennent aujourd’hui à une copropriété distincte de la résidence "Parc de Beauvillé" et ne sont donc pas décrits. En ce qui concerne les bâtiments annexes, les intérieurs n’ont pas été visités mais une description sommaire leur est consacrée.

Pour consulter l'ensemble des photographies : https://images-inventaire.hautsdefrance.fr/images?q=IA80011064+

Situation de l’ensemble et nombre de bâtiments

 

La résidence se situe dans le quartier Saint-Pierre, au nord-est du centre-ville, le long de la rue François Genin au nord et du Boulevard de Beauvillé à l’ouest. De l’autre côté de ce dernier s’étend le parc Saint-Pierre. Juste à l’est commencent les Hortillonnages. L’ensemble est délimité au sud par l’étang de Rivery, et à l’est par le chemin du Malaquis.

Le parc de Beauvillé s’étend sur une surface de près de 3ha (hors école maternelle), lotie de 6 bâtiments résidentiels, d’un garage semi-enterré, de deux bâtiments à usage de commerces et bureaux et d’un dernier prévu pour accueillir un restaurant.

 

Les bâtiments résidentiels

              

Leur implantation en arc de cercle suit les contours de l’étang qu’ils surplombent.

Sur les six bâtiments résidentiels, un est en forme de tour (D), un en forme de plot (G1), quatre de type "barre" (E1, E2, F et G2).

Les niveaux d’élévation selon les bâtiments se répartissent comme suit :

R+6 : E1, E2, F, G2

R+4 : G1

R+9 : D

 

               Structure des bâtiments  

 

Chaque bâtiment repose sur un système porteur de poteaux et de poutres en béton armé. Les fondations et les murs de refend sont en béton banché. Les planchers séparant les niveaux sont en béton armé d’une épaisseur de 20 cm environ (16 cm d’après le devis descriptif). Les murs des espaces collectifs et des appartements des rez-de-chaussée sont en brique. Les bâtiments sont couverts par des toits-terrasse sur lesquels se trouvent les chaufferies.

Vue du bâtiment E depuis le sud (toit-terrasse des garages).Vue du bâtiment E depuis le sud (toit-terrasse des garages).

Les façades, non porteuses, forment des murs rideaux et sont intégralement bardées de panneaux en verre translucide armé et ondulé de type "Profilit". Viennent ensuite un vide d’air, une cloison en bois, un isolant et une cloison sèche. Les avancées en façades des planchers en béton armé marquent la présence de balcons, niches intérieures, loggias ou jardins d’hiver.

Il y a ainsi plusieurs niveaux d'échelles de décrochements/retraits des façades : jonction des bâtiments entre eux, composition des voiles de béton visibles en extérieur, jeu de saillie des dalles de béton des planchers.

Animation des façades : saillie des dalles de béton (jardins d'hiver, niches de rangement), retrait, voiles de béton des coins repas à gauche (bâtiment E).Animation des façades : saillie des dalles de béton (jardins d'hiver, niches de rangement), retrait, voiles de béton des coins repas à gauche (bâtiment E).

Le bâtiment G2 le long du boulevard de Beauvillé se démarque toutefois des autres. Il est en effet édifié sur un niveau de sol plus bas et a donc dû être surélevé grâce à des pilotis. L’espace ainsi libéré a permis l’aménagement d’une vaste galerie couverte, interrompue en son milieu par une coursive qui dessert les halls d’accès de chaque entrée. À l’extrémité sud du bâtiment, un large escalier permet d’accéder à la coursive depuis le niveau inférieur.

Vue du bâtiment G2 depuis le sud-ouest.Vue du bâtiment G2 depuis le sud-ouest.

Elle est en outre directement accessible à l’extrémité nord du bâtiment via un passage depuis le boulevard ou le reste du parc. Une passerelle, au même niveau que la coursive, relie le bâtiment G2 ou G1, lui-même connecté à la toiture-terrasse du restaurant.

Passage et passerelle entre les bâtiments G1 et G2, vue depuis le sud.Passage et passerelle entre les bâtiments G1 et G2, vue depuis le sud.

 

               Rez-de-chaussée et accès aux appartements

 

Pour tous les autres bâtiments, en dehors des espaces réservés aux appartements et aux équipements collectifs (locaux à vélos, salles communes), les niveaux en rez-de-chaussée forment des galeries dans lesquelles sont aménagés des halls délimités par des baies vitrées, enchâssées dans des menuiseries en bois. La brique, qui compose les murs des salles communes et des appartements, est également utilisée en parement sur les poteaux porteurs.

Hall vitré de l'entrée 5 (bâtiment E). Hall vitré de l'entrée 5 (bâtiment E).

À l’extérieur des halls d’entrée fermés, des adoucissements en brique de forme concave relient le sol aux baies. Des contours arrondis se retrouvent également dans le dessin des portes en pin (poignées, cadre des vantaux). À l’intérieur des halls, les poteaux porteurs sont habillés de brique disposées en alternance de manière circulaire. Les murs sont recouverts d’un simple crépi beige et de bois plaqué verni sur certaines parois. Les plafonds des passages couverts et des halls sont constitués d’un lambris en sapin. Les sols sont en brique rouge et en granito pour les galeries ouvertes et les halls.

Intérieur du hall traversant de l'entrée 6-7 (bâtiment E). Intérieur du hall traversant de l'entrée 6-7 (bâtiment E).

Le granito a aussi été choisi pour les revêtements des paliers et des escaliers d’accès aux appartements. Ces derniers sont constitués d’éléments préfabriqués en béton armé. Des garde-corps avec un placage en bois verni séparent les paliers.  

Palier, entrée 6.Palier, entrée 6.

 

               Distributions intérieures

 

Chaque entrée de bâtiment est accessible depuis un hall et comprend un escalier et un ascenseur. Les boites aux lettres sont en bois verni (noyer ?). Dans les étages, les modules de type "tour" et "about" sont pourvus d’un monte-charge et d’un escalier de secours. Les armoires électriques métalliques sont reconnaissables à leurs motifs triangulaires. Deux appartements sont desservis par palier dans les modules type barre et "partie de jonction", quatre dans les "tours". La hauteur sous plafond des appartements est de 2,47 m.

Les distributions intérieures des appartements varient selon plusieurs types. Il existe ainsi 1 modèle de T2, 4 modèles de T3 et T4, 2 modèles de T5. Les caractéristiques suivantes sont partagées par les appartements :

-        Double exposition (sauf certains T2 en rez-de-chaussée) ;

-        Pièces techniques aveugles en cœur d’immeuble (salle de bains, WC, cellier et cuisine) ;

-        Accès au cellier ("rangement" sur les plans) depuis l’entrée ;

-        Séparation entre séjour et cuisine et accès séparé à chacune de ces pièces depuis l’entrée ;

Exemple d'un appartement (T4 type C, entrée 6) : séjour (à droite) et cuisine (à gauche) depuis l'entrée.Exemple d'un appartement (T4 type C, entrée 6) : séjour (à droite) et cuisine (à gauche) depuis l'entrée.

-        Coin repas dans le prolongement de la cuisine, avec fenêtre vers l’extérieur ;

-        Chaque appartement dispose d’une salle de bain. Les T5 bénéficient d’une salle d’eau avec douche en plus ;

-        Présence d’un placard pour les T2 et T3, au moins deux pour les autres types.

 

Les bâtiments annexes

 

               Le restaurant

 

Ce bâtiment n’a jamais accueilli de restaurant même s’il était prévu pour cet usage. Édifié en béton armé banché et peint en rouge brique, il s’avance sur l’étang. De forme rectangulaire, il repose sur une plateforme en béton armé et des fondations plongeant dans l’eau. Une terrasse au-dessus de l’eau est accessible depuis le niveau de la salle de restaurant. Cette dernière est intégralement vitrée de menuiseries en aluminium rassemblées en groupes de quatre et séparés par des poteaux porteurs.

Local à usage de restaurant et bâtiments G1 et F. Local à usage de restaurant et bâtiments G1 et F.

Le restaurant est couvert par un toit-terrasse végétalisé, sécurisé par des murets en béton peints en blanc. Pensé comme une étape du cheminement piétonnier dans le parc, il a une fonction de belvédère, offrant un panorama dégagé sur l’étang.

 

               L’école maternelle

 

Elle se trouve au niveau des berges de l’étang et comprend un niveau en rez-de-chaussée. L’entrée se fait côté est par un passage entre les garages et le bâtiment d’associations conduisant à un local d’accueil. Un autre bâtiment en retour et perpendiculaire à l’étang s’étire vers le sud. Il compte deux niveaux : un premier en partie ouvert sur l’extérieur, un second où sont aménagées des salles. Il est surmonté d’un toit-terrasse.

Cour de l'ancienne école maternelle. Cour de l'ancienne école maternelle.

Toutes les constructions sont édifiées en béton et brique. Le bâtiment principal comprend quatre modules identiques de forme trapézoïdale répartis autour de la cour en arc de cercle face à l’étang. Des toits-terrasse en légère pente les couvrent. Les façades sont intégralement vitrées et descendent presque jusqu’au niveau du sol en suivant une pente oblique. Les menuiseries sont de couleur bleue identique à celle des bâtiments résidentiels.

 

               Les immeubles d’associations

 

Le premier (prévu pour des bureaux) est édifié contre l’école maternelle, côté est. Il a un plan à cinq côtés avec, du côté est, une face oblique et une autre concave. Il comprend trois niveaux côté étang : un rez-de-chaussée et deux étages carrées surmontés d’un toit-terrasse. Côté résidence, la déclivité supprime le rez-de-chaussée. Des baies parcourent l’ensemble des deux étages. Les bâtiments sont en béton armé et brique mais le second étage est couvert de panneaux de "Profilit".

Bâtiment L à usage de bureaux, entrée de l'ancienne école maternelle, garages.Bâtiment L à usage de bureaux, entrée de l'ancienne école maternelle, garages.

Le second édifice (nommé bâtiment K sur les plans et prévu pour des commerces) est implanté en face du premier, dans le prolongement du bâtiment D. Il comprend deux niveaux côté est, un seul côté ouest en raison de la déclivité. De forme irrégulière, deux de ses faces côté ouest forment une pointe, tandis que côté est ses angles sont droits. Le rez-de-chaussée côté est comprend une entrée intégralement vitrée et un garage. Le second niveau est en retrait par rapport au premier, libérant des terrasses. Plusieurs baies sont percées et l’une des faces est entièrement vitrée. Côté ouest, la façade est recouverte de baies vitrées. Les matériaux utilisés sont encore une fois le béton armé et la brique. Des toits-terrasses surmontent les constructions.

Bâtiment K à usage de commerces et bureaux (aujourd'hui MFR).Bâtiment K à usage de commerces et bureaux (aujourd'hui MFR).

 

Les espaces verts

 

Ils se répartissent autour des bâtiments résidentiels au gré de variations de niveaux du terrain. Le périmètre de la résidence est délimité le long des rues par des clôtures mêlant arbres, haies vives et grillage vert. Plusieurs espaces aux usages distincts marquent le parc :

-        Les parkings extérieurs : le premier, le plus vaste, se trouve dans l’angle des rues François Genin et du Boulevard de Beauvillé. En arc de cercle, il compte huit rangées de stationnement regroupées par deux et séparées par des allées et des haies. Un parking plus petit au plan rectangulaire se trouve juste au sud. Des places sont également aménagées au bord de l'étang. Enfin, un parking visiteurs est implanté à l’est, à l’angle de la rue François Genin et du chemin d’accès à l’ancienne école maternelle. 

-        Le terrain de foot : situé à l’extrémité du bâtiment G2 le long du boulevard de Beauvillé, il est accessible par la galerie couverte au niveau inférieur de ce bâtiment, qui forme une promenade agrémentée de bancs le long de l’étang.

-        Le toit-terrasse du restaurant : il est en grande partie planté de pelouses, interrompues par un cheminement en dalles gravillonnées et des bancs/jardinières en béton de style brutaliste. Il offre un panorama sur l’étang sur lequel il s’avance.

Jardinières-banc en béton sur le toit-terrasse du restaurant.Jardinières-banc en béton sur le toit-terrasse du restaurant.

-        Le toit-terrasse des garages : il est entièrement planté de pelouses. Le travail de terrassement a permis de rattraper le niveau du sol du bâtiment D tandis qu’un escalier a été aménagé pour descendre au niveau du bâtiment E.

Vue depuis la fenêtre du séjour.Vue depuis la fenêtre du séjour.

-        La placette : elle se trouve à l’est du site, en contrebas des bâtiments E et D. Un massif arbustif est planté en son centre, autour d’une bouche d’aération circulaire en brique alternées couverte d’une dalle en béton. Il est composé de plusieurs espèces. Juste au sud de la placette se trouve un petit jardin clôturé par une haie vive.

Le cheminement piétonnier joue avec les différences de niveaux et suit les vallonnements du terrain. La pente qui décline du toit-terrasse du garage vers les bâtiments E et D est représentative. Un escalier en pas d’âne est aménagé dans l’allée (grande profondeur et faible hauteur des marches).

Cheminement vers le bâtiment D (escaliers pas d'âne), vue prise depuis l'ouest.Cheminement vers le bâtiment D (escaliers pas d'âne), vue prise depuis l'ouest.

De plus, les galeries, escaliers ou rampes et passages que l’architecture permet enrichissent la promenade, à l’image de la passerelle reliant les bâtiments G2 à G1 et aboutissant au toit-terrasse du restaurant.

Passerelle entre les bâtiments G1 et G2.Passerelle entre les bâtiments G1 et G2.

Les essences d’arbres plantés dans le parc comprennent principalement des feuillus et quelques résineux. Les talus le long du boulevard sont couverts de plantes tapissantes. Quelques massifs de plantations vivaces ont été relevés en face des bâtiments E, F et dans les bacs en béton du toit-terrasse du restaurant.

 

  • Murs
    • béton béton armé
    • brique
  • Étages
    sous-sol, rez-de-chaussée, 9 étages carrés
  • Couvrements
  • Couvertures
    • terrasse
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier tournant en maçonnerie
    • escalier de distribution extérieur : escalier droit en maçonnerie
  • Autres organes de circulation
    ascenseur, monte-charge
  • Énergies
  • Jardins
    pelouse, parterre, palissade de verdure, arbre isolé, plate-bande
  • Typologies
    habitat collectif (3e quart 20e siècle) ;
  • État de conservation
    bon état
  • Précision représentations

    Une peinture murale décore la façade nord du bâtiment G1. Signée Gérard Malbranche et exécutée par J. Le Berre, elle représente de manière abstraite des installations portuaires en bordure littorale.

  • Statut de la propriété
    propriété privée