Dossier d’œuvre objet IM02000699 | Réalisé par
Riboulleau Christiane
Riboulleau Christiane

Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France jusqu'en 2022.

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
;
Plouvier Martine
Plouvier Martine

Historienne, Martine Plouvier a été conservateur régional de l'Inventaire général de Picardie, conservateur en chef aux Archives nationales et directrice du Centre d'études et de recherches prémontrées.

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
;
  • inventaire topographique, canton de Villers-Cotterêts
  • mobilier et objets religieux
Bas-relief : le Couronnement de la Vierge par l'Enfant Jésus
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Ministère de la culture - Inventaire général
  • (c) Département de l'Aisne
  • (c) AGIR-Pic

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Soissonnais - Villers-Cotterêts
  • Commune Puiseux-en-Retz
  • Adresse Église paroissiale Saint-Pierre , rue de l' Église
  • Emplacement dans l'édifice mur oriental du chœur
  • Dénominations
    bas-relief
  • Titres
    • Couronnement de la Vierge par l'Enfant Jésus (le)

Ce remarquable bas-relief en marbre représentant le Couronnement de la Vierge par l'Enfant Jésus a sans doute été réalisé dans la seconde moitié du 17e siècle. Aucune signature ne se lit sur la partie visible, mais l'auteur de cette œuvre est assurément un sculpteur de grand talent, comme en témoignent le traitement des tissus et le visage de la Vierge inspiré par les statues de l'Antiquité romaine. Ce relief est réputé avoir été offert à la commune de Puiseux vers 1970, par d'anciens habitants du village partis pour la région parisienne. Toutefois, ces donateurs n'ont pas précisé le lieu de provenance de l’œuvre.

Depuis le début du 19e siècle, l'église paroissiale Saint-Jean-Baptiste de Sceaux (Hauts-de-Seine) renferme un autel secondaire de la Vierge, qui meublait auparavant la chapelle Notre-Dame de Lorette du séminaire Saint-Sulpice d'Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine). Un médaillon ovale en marbre, incrusté dans le devant de cet autel, représente exactement la même composition que le relief de Puiseux, mais à plus petite échelle (48 cm de hauteur). Soit l'une des deux œuvres reproduit l'autre, soit elles sont toutes deux l'interprétation en relief d'une gravure qui n'a pas encore été identifiée.

Il est permis de se demander si la source d'inspiration initiale n'est pas l'une des trois statues sculptées par Philippe de Buyster (1595-1688) vers 1650-1655 pour orner la façade sur cour de l'ancien Grand Séminaire de Saint-Sulpice à Paris. Ce bâtiment, édifié entre 1648 et 1651 sur les plans de l'architecte Jacques Lemercier, a été détruit dans les premières années du 19e siècle pour dégager la façade de l'église Saint-Sulpice et permettre la création de l'actuelle place du même nom. Les statues ont ainsi disparu. Mais des descriptions rapportent que la statue du second étage représentait la Vierge, reine du clergé et reine de cet établissement. Assise, elle tenait de sa main gauche l'Enfant Jésus debout sur ses genoux, tandis que ce dernier, tourné de profil vers sa mère, lui posait une couronne sur la tête. Le sujet représenté est donc similaire, même si, sur le relief, la Vierge ne porte pas de sceptre à la main droite, attribut qui semble avoir été présent sur la statue. L'influence de l’œuvre de De Buyster paraît d'autant plus plausible que le relief identique conservé dans l'église de Sceaux provient du séminaire d'Issy, qui était vers la fin de l'Ancien Régime une " maison de campagne " ou une dépendance du Grand Séminaire de Paris.

  • Période(s)
    • Principale : 2e moitié 17e siècle
  • Stade de création

Le relief, en forme de médaillon ovale, est sculpté dans une seule pièce de marbre blanc veiné de gris - probablement du marbre de Carrare. Il est maintenu contre le mur par six pattes de fixation métalliques.

  • Catégories
    sculpture
  • Structures
    • plan, ovale
  • Matériaux
    • marbre veiné, monolithe, blanc taillé, poli
  • Précision dimensions

    h = 63 ; la = 52 ; pr = 9.

  • Précision représentations

    La Vierge, assise de trois-quarts dans des nuées, tient l'Enfant Jésus debout sur ses genoux, tout en maintenant le pied gauche de l'Enfant qu'elle semble présenter. L'Enfant Jésus, la tête tournée vers un éventuel observateur, paraît le prendre pour témoin de l'action qu'il a entreprise. De la main gauche, il tient le menton de sa mère (ou le voile qui descend de ses cheveux sur le haut de son buste), et de la droite il s'apprête à poser une couronne sur sa tête. La Vierge est ainsi sacrée reine pour son rôle essentiel dans l'incarnation de Dieu et l'avènement du Salut de l'humanité.

    Cette iconographie est extrêmement rare. Il s'agit d'une variante d'un thème médiéval, dans lequel la Vierge est toujours couronnée par Dieu le Père, par le Christ adulte, par la Trinité, ou encore par des anges, mais jamais par l'Enfant Jésus. Les exemples connus traitant ce nouveau sujet ne semblent pas antérieurs au 17e siècle. Une gravure de François de Poilly (1623-1693) ou un tableau du peintre langrois Jean Tassel (1582-1660) interprètent ce thème comme une scène familiale intime où l'Enfant pose une couronne de fleurs sur la tête de sa Mère. Toutefois, les mots "Veni Coronaberis" (Viens, tu seras couronnée), qui servent de titre à la gravure de Poilly et sont empruntés au Cantique des Cantiques, montrent que la Vierge y est toujours identifiée à l'épouse du Cantique des Cantiques, et donc à l’Église immaculée, passionnément aimée du Christ.

    Le médaillon de Puiseux diffère de ces œuvres par la présence des nuées qui placent - sans erreur possible - la scène au Ciel. Quant à la couronne, elle n'est plus composée de fleurs fraîches ; il s'agit ici d'une couronne à fleurs de lys, comparable à l'ancienne couronne ouverte des rois de France. Même si le lys est l'une des fleurs associées à la Vierge, on peut se demander s'il n'est pas fait là une allusion au "Vœu" du roi Louis 13 qui, en 1638 et à la suite d'apparitions du Christ à une religieuse, a pris solennellement la Vierge comme protectrice du royaume de France et lui a consacré sa couronne. Ce vœu a été renouvelé en 1650 par une déclaration du jeune Louis 14. Le relief de Puiseux pourrait donc rappeler cette double consécration de la France à la Vierge, représentée ici non seulement comme reine du Ciel, mais aussi comme souveraine céleste et bienveillante de la France.

    Enfin, comme cela a été développé dans l'historique, il est fort possible que ce relief entretienne un étroit rapport artistique avec une statue créée vers 1650-1655 pour orner la façade du Grand Séminaire de Saint-Sulpice à Paris (statue disparue). À quelques détails près, la composition était identique et faisait de la Vierge la reine de cet établissement et, plus globalement, celle des prêtres.

    Mais en l'absence d'informations sur l'édifice dont provient ce relief et sur la qualité des personnes qui pouvaient le contempler, toute interprétation de ce Couronnement doit rester une hypothèse.

  • Précision état de conservation

    Le marbre a perdu quelques petits éclats. Le haut des fleurs de lys de la couronne est brisé.

  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
  • Intérêt de l'œuvre
    À signaler
  • Protections
    inscrit au titre objet, 2003/04/28
  • Référence MH
Date(s) d'enquête : 1992; Date(s) de rédaction : 1992, 2016
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
(c) Département de l'Aisne
(c) AGIR-Pic
Riboulleau Christiane
Riboulleau Christiane

Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France jusqu'en 2022.

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
Plouvier Martine
Plouvier Martine

Historienne, Martine Plouvier a été conservateur régional de l'Inventaire général de Picardie, conservateur en chef aux Archives nationales et directrice du Centre d'études et de recherches prémontrées.

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.