Dossier d’œuvre objet IM02001252 | Réalisé par
Riboulleau Christiane
Riboulleau Christiane

Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France jusqu'en 2022.

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Plouvier Martine
Plouvier Martine

Historienne, Martine Plouvier a été conservateur régional de l'Inventaire général de Picardie, conservateur en chef aux Archives nationales et directrice du Centre d'études et de recherches prémontrées.

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  • inventaire topographique, canton de Villers-Cotterêts
  • mobilier et objets religieux
Coffret, actuellement châsse du bienheureux Jean de Montmirail
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Ministère de la culture - Inventaire général
  • (c) Département de l'Aisne
  • (c) AGIR-Pic

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Soissonnais - Villers-Cotterêts
  • Commune Longpont
  • Adresse Ancienne abbaye de Cisterciens Notre-Dame, actuellement église paroissiale Saint-Sébastien , place de l' Abbaye
  • Emplacement dans l'édifice église paroissiale
  • Dénominations
    coffret, châsse
  • Appellations
    du bienheureux Jean de Montmirail

D'après l'étude d'Alain-Charles Dionnet, ce coffret aurait pu être réalisé vers la fin de l'année 1242, pour contenir l'hommage écrit de barons poitevins et aquitains à leur légitime seigneur, Alphonse comte de Poitiers, frère du roi Saint Louis, après la bataille de Taillebourg. L'objet porte en effet les armoiries de nombreux protagonistes de cette bataille, traitées en émaux champlevés. Toutefois, des analyses plus récentes, qui s'appuient sur la technique et le style de l'objet, repoussent sa réalisation vers la fin du règne de Saint Louis, en ne considérant les armoiries qui le recouvrent que comme une manifestation du goût de l'époque pour le décor héraldique. Quoi qu'il en soit, les circonstances et la date de son arrivée à Longpont sont inconnues. Mais son donateur doit être illustre puisque, par son origine, le coffret a été jugé digne de contenir les reliques du bienheureux Jean de Montmirail.

La présence de ce reliquaire à Longpont est attestée dans le courant du 17e siècle, époque à laquelle il est ouvert à plusieurs reprises afin d'authentifier les reliques. Le rapport de la visite effectuée le 10 juillet 1697 par Dom Louis Brulard, abbé de Vauclair - rapport conservé aux Archives diocésaines -, signale que la "cassette ou coffre de bois couvert de cuir peint [...] et chargé de tous costés d'anciens écussons emaillés" est alors placée dans une châsse de bois doré, suspendue sous la voûte du tombeau du bienheureux Jean de Montmirail, au-dessus du gisant du personnage.

Au moment de la fermeture de l'abbaye vers le début de la Révolution française, le reliquaire est caché dans un caveau du monument par des officiers municipaux. En 1802, lors du rétablissement du culte, le dépôt est remis à l'abbé Louis-Henri de Maussac, propriétaire de l'abbaye et premier curé de Longpont, puis réinstallé en 1804 dans l'église paroissiale aménagée dans les bâtiments abbatiaux. Le reliquaire est alors cerclé de fer et conserve cette fermeture jusqu'en 1839, comme le précise un courrier de l'instituteur de Longpont au milieu du 19e siècle. En 1855, les reliques sont retirées et le reliquaire remis aux propriétaires du monument - la famille de Montesquiou - pour être restauré. Une lettre du comte de Montesquiou, datée de 1895, rappelle que c'est en cette occasion qu'un anneau plat en cuivre émaillé a été retiré du coffret qui renfermait le chef du Bienheureux Jean de Montmirail, pour être placé sur la châsse armoriée autour des cachets des évêques de Soissons.

Les reliques sont retirées du coffret une nouvelle fois le 10 décembre 1906, lors de la séparation des Églises et de l’État, puis remises le 8 février 1908 dans leur coffret scellé du sceau de Mgr Péchenard, évêque de Soissons. Le reliquaire et son contenu, restés à Longpont pendant la majeure partie de la Première Guerre mondiale, sont retrouvés en juillet 1918 par le capitaine Dole, chef du service forestier de la 6e armée, dans l'intérieur de la chapelle bouleversé. Le coffret est emporté à Esbly (Seine-et-Marne) où, une fois la paix rétablie, le comte de Montesquiou rentre en leur possession le 15 juin 1920. Après une nouvelle restauration, les reliques y ont été replacées le 9 décembre 1924 par le vicaire général Mennechet (d'après les archives diocésaines).

Le coffret possède un plan rectangulaire allongé. Il est constitué d'une structure en bois, recouverte à l'extérieur de cuir rouge orné de clous. Les arêtes sont renforcées par une lame de cuivre décorée de rosettes exécutées au ciselet. Le couvercle et les quatre côtés sont actuellement ornés de 50 médaillons en cuivre fondu et doré, ornés d'émaux champlevés. Le couvercle se ferme grâce à une applique en bronze émaillé. Une poignée en bronze permet de porter le coffret.

  • Catégories
    émaillerie
  • Structures
    • plan, rectangulaire
    • élévation, droit
  • Matériaux
    • bois, structure, en plusieurs éléments taillé
    • cuir, garniture, extérieur monochrome, cloutage décoratif
    • cuivre, décor ciselé, fondu, émail champlevé
    • bronze, garniture fondu, émail
  • Précision dimensions

    h = 14,5 ; l = 79 ; la = 18

  • Précision représentations

    Les bandes de cuivre qui renforcent les arêtes du coffret sont ornées d'une suite de rosettes. Le couvercle et les quatre côtés sont recouverts de médaillons armoriés. Un des éléments de la fermeture est en forme de monstre.

  • Inscriptions & marques
    • armoiries, sur partie rapportée
  • Précision inscriptions

    Le coffret est orné de cinquante médaillons armoriés en émail champlevé. Vingt-deux armoiries différentes y sont représentées, certaines d'entre elles étant reproduites plusieurs fois. C'est le cas en particulier des armes de France qui figurent à neuf reprises sur le coffret, tandis que huit médaillons seulement reproduisent des armoiries isolées.

    La plupart de ces armoiries ont pu être identifiées. D'après Alain-Charles Dionnet, elles se rapporteraient au soulèvement des nobles aquitains et poitevins contre l'autorité royale, qui a abouti à la bataille de Taillebourg en 1242. On y trouverait donc les armoiries du roi Saint Louis, de membres de la famille royale (Alphonse de Poitiers, frère du roi), de seigneurs fidèles au roi, enfin de divers seigneurs d'Aquitaine ou du Limousin temporairement coalisés contre la famille royale. Sur la face antérieure du coffret, trois cachets en cire portent un sceau aux armes de Mgr Pierre-Louis Péchenard, évêque de Soissons de 1906 à 1920 (d'argent à un chevron de gueules, accompagné de trois oiseaux appelés verts pêcheurs d'azur, deux en chef et un en pointe, celui-ci soutenu de deux branches de laurier de sinople, les tiges passées en sautoir). Ils ont été vraisemblablement apposés le 8 février 1908, lors de la remise en place des reliques dans le coffret après la séparation des Églises et de l’État.

  • État de conservation
    • changement de fonction
    • manque
    • oeuvre restaurée
  • Précision état de conservation

    L'utilisation originale de ce coffret n'est pas connue, et son emploi comme reliquaire résulte d'un changement de fonction. Le coffret a été restauré vers 1855 en même temps que d'autres reliquaires provenant de l'abbaye. Un grand anneau plat en cuivre émaillé, provenant du reliquaire du chef du bienheureux Jean de Montmirail, a alors été fixé au centre de la face antérieure. Il manque trois des médaillons armoriés qui étaient au nombre de 53 à l'origine. Une nouvelle restauration a eu lieu après 1918.

  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée
  • Intérêt de l'œuvre
    À signaler
  • Protections
    classé au titre objet, 1901/06/17
  • Référence MH

Objet exceptionnel, qui appartient à une famille de coffrets émaillés produits à Limoges dans le courant du 13e siècle, tel le "coffret de Saint Louis" (Musée du Louvre) ou le coffret conservé dans le trésor de la cathédrale d'Aix-le-Chapelle.

Documents d'archives

  • A. Évêché Soissons. Série G (sacrements et liturgie) ; Sous-série 4 G (reliques, dévotions, processions) : 4 G 1 Longpont.

  • BnF (Cabinet des Manuscrits) : naf 6102 (collection Guilhermy, 9). Description des localités de la France (Longpont).

    folios 221 r°-v°.

Bibliographie

  • CORNEAUX, abbé Victor. Longpont et ses ruines. Soissons : Fèvre-Darcy, 1879.

    p. 102-103.
  • DIMIER, M.-Anselme, MONTESQUIOU, Fernand de. Longpont, abbaye cistercienne. Paris : Nouvelles Éditions Latines, s. d.

    p. 30.
  • DIONNET, Alain-Charles. La cassette reliquaire du bienheureux Jean de Montmirail. Revue française d'héraldique et de sigillographie, 1995, t. 65, p. 89-108.

  • [Exposition. Paris, Musée des arts décoratifs. 1965]. Les Trésors des églises de France. Introduction par Jean TARALON. Paris : Caisse nationale des monuments historiques, 1965.

    p. 95.
  • [Exposition. Paris, Conciergerie. 2014-2015]. Saint Louis : exposition présentée à la Conciergerie à Paris, du 8 octobre 2014 au 11 janvier 2015. Dir. Pierre-Yves Le Pogam. Paris : Éditions du Patrimoine, Centre des monuments nationaux, 2014.

    Notice 109, p. 257.
  • POQUET, abbé Alexandre. Monographie de l'abbaye de Longpont. Son histoire, ses monuments, ses abbés, ses personnages célèbres, ses sépultures, ses possessions territoriales. Paris : chez Édouard Didron, chez Dumoulin, 1869.

    p. 71-75.
Date(s) d'enquête : 1993; Date(s) de rédaction : 1993
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
(c) Département de l'Aisne
(c) AGIR-Pic
Riboulleau Christiane
Riboulleau Christiane

Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France jusqu'en 2022.

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Plouvier Martine
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Historienne, Martine Plouvier a été conservateur régional de l'Inventaire général de Picardie, conservateur en chef aux Archives nationales et directrice du Centre d'études et de recherches prémontrées.

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