Dossier d’œuvre objet IM02001254 | Réalisé par
Riboulleau Christiane
Riboulleau Christiane

Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France jusqu'en 2022.

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Plouvier Martine
Plouvier Martine

Historienne, Martine Plouvier a été conservateur régional de l'Inventaire général de Picardie, conservateur en chef aux Archives nationales et directrice du Centre d'études et de recherches prémontrées.

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  • inventaire topographique, canton de Villers-Cotterêts
Couteau à trancher, dit "couteau de Saint Louis"
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Ministère de la culture - Inventaire général
  • (c) Département de l'Aisne
  • (c) AGIR-Pic

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Soissonnais - Villers-Cotterêts
  • Commune Longpont
  • Adresse Ancienne abbaye de Cisterciens Notre-Dame, actuellement église paroissiale Saint-Sébastien , place de l' Abbaye
  • Emplacement dans l'édifice bâtiments abbatiaux
  • Dénominations
    couteau
  • Appellations
    couteau de Saint Louis

Ce couteau fait partie d'une paire de couteaux à trancher avec laquelle Raoul de Nesle, comte de Soissons, coupa les viandes et servit le roi Saint Louis au cours du festin qui suivit la dédicace de l'église abbatiale de Longpont, le 24 octobre 1227. Melchior Regnault, qui semble être le premier auteur à évoquer ces objets, précise que le comte de Soissons laissa à l'abbaye les couteaux avec lesquels il y avait servi le roi. D'autres descriptions d'Ancien Régime signalent que la longueur des lames avoisinait à l'origine une trentaine de centimètres et qu'elles se terminaient en forme de croissant. Quant aux manches, peut-être en bois, ils étaient recouverts de lames d'or ciselées. La graphie et la langue de l'inscription portée sur le couteau subsistant témoignent que les objets ont été fabriqués en Angleterre aux alentours de 1200. Mais les raisons de leur présence en France sont inconnues et, dans l'état actuel des connaissances, rien ne permet de savoir s'il s'agit d'un don, d'un butin de guerre ou d'un élément d'une rançon.

Claude Carlier, qui écrit au milieu du 18e siècle, rapporte que les ornements en or des manches sont alors manquants, ayant été enlevés à une époque de calamité pour être vendus. Les objets restent néanmoins à l'abbaye jusqu'à la Révolution, époque à laquelle ils sont aliénés. Selon l'abbé Poquet, ce couteau-ci est acquis par un menuisier de la région, nommé Veister, qui raccourcit sa lame d'un tiers pour en faire un outil et le dote d'un nouveau manche. Il passe ensuite dans les mains de plusieurs cotteréziens : Dieudonné Demolombe (notaire, puis directeur du dépôt de mendicité de la Seine) qui l'achète pour 5 F, son gendre, Jean Antoine Paul Massot, puis le gendre de ce dernier, François Étienne Augustin Milet, qui en est encore propriétaire vers 1880. La famille de Montesquiou, propriétaire de l'abbaye, réussit à l'acquérir vers la fin du 19e ou au début du 20e siècle. Par mesure de précaution, le couteau est enterré au début de la Première Guerre mondiale, puis déterré avant la fin du conflit. Ses propriétaires le confient alors à un orfèvre parisien pour être nettoyé. Cette mesure a préservé l'objet de l'incendie qui a ravagé les bâtiments abbatiaux vers le milieu de l'année 1918.

Le couteau est formé d'une lame en acier damasquiné, ornée sur ses deux faces d'une inscription et d'une frise en or. Ce décor longe le dos de la lame, sur les deux faces. La soie de la lame est actuellement enfoncée dans un manche en os teinté en vert et orné de cannelures.

  • Catégories
    coutellerie, orfèvrerie
  • Matériaux
    • acier, forgé, damasquinure
    • or, décor
    • os, taillé, peint, monochrome, cannelé torsadé
  • Précision dimensions

    Mesures du couteau : h = 4,9 ; l = 32,3 ; pr = 1,9. Longueur de la lame seule : 20,6 cm.

  • Précision représentations

    L'inscription est bordée d'une frise de postes.

  • Inscriptions & marques
    • inscription, incrusté, sur l'oeuvre, anglais, incomplet, lecture incertaine, connu par document
  • Précision inscriptions

    L'inscription, incrustée en lettres d'or, longe le dos de la lame sur ses deux faces. Elle est rédigée en anglais médiéval. La mutilation subie par la lame a fait disparaître une partie du texte. L'inscription complète a été publiée dans des ouvrages du 18e siècle, mais avec des erreurs de lecture. Texte de l'inscription : KNIF HIC HAM OF GOLD VUR[T HINE] / VULE BE GIVEN [N]E BO[C ?]T SI[VILATIE ?]. André Crépin, dans la dernière étude sur ce sujet, propose deux traductions de ce texte : Couteau je suis incrusté d'or / Je veux être donné seulement à Si[...] ; ou bien : Couteau je suis valant de l'or / je ne veux être donné ni acheté, je présente nourriture de choix.

  • État de conservation
    • manque
    • oeuvre mutilée
    • réduction
    • partie remplacée
  • Précision état de conservation

    Ce couteau appartient à une paire dont l'autre élément a disparu. Les textes anciens qui le décrivent précisent qu'il avait un manche (probablement en bois) couvert de lames d'or ciselées. Ces dernières ont été vendues par l'abbaye sous l'Ancien Régime, lors de difficultés financières. Après la Révolution, le couteau a été acquis par un menuisier de la région. C'est sans doute à cette occasion que le manche a été remplacé par un manche en os (aujourd'hui fissuré) et que la lame a été raccourcie et arrondie, perdant son extrémité en forme de croissant et une partie de l'inscription.

  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée
  • Intérêt de l'œuvre
    À signaler
  • Protections
    classé au titre objet, 1910/10/02
  • Référence MH

Ce couteau est exceptionnel, autant par sa provenance, son décor, sa date de réalisation, que par les événements et les personnages qui s'y rapportent, mentionnés par les chroniqueurs médiévaux.

Bibliographie

  • CARLIER, abbé Claude. Histoire du duché de Valois, ornée de cartes et de gravures, contenant ce qui est arrivé dans ce pays Depuis le temps des Gaulois, & depuis l'origine de la Monarchie Françoise, jusqu'en l'année 1703. Paris : Guillyn, Libraire ; Compiègne : Louis Bertrand, Libraire-Imprimeur du Roi & de la Ville, 1764. 3 vol.

    t. 2, p. 119-120.
  • CRÉPIN, André. L'inscription anglaise du "couteau de Saint Louis" conservé à Longpont, Aisne. Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions & Belles-Lettres, 1997, volume 141, n° 4, p. 1281-1313.

  • [Exposition. Paris, Musée des arts décoratifs. 1965]. Les Trésors des églises de France. Introduction par Jean TARALON. Paris : Caisse nationale des monuments historiques, 1965.

    p. 43-44.
  • [Exposition. Paris, Conciergerie. 2014-2015]. Saint Louis : exposition présentée à la Conciergerie à Paris, du 8 octobre 2014 au 11 janvier 2015. Dir. Pierre-Yves Le Pogam. Paris : Éditions du Patrimoine, Centre des monuments nationaux, 2014.

    Notice 18, p. 204-205.
  • POQUET, abbé Alexandre. Monographie de l'abbaye de Longpont. Son histoire, ses monuments, ses abbés, ses personnages célèbres, ses sépultures, ses possessions territoriales. Paris : chez Édouard Didron, chez Dumoulin, 1869.

    p. 76-79.
  • POQUET, abbé Alexandre. Note sur une lame de couteau provenant de l'abbaye de Longpont. Bulletin de la Société archéologique, historique et scientifique de Soissons, 1855, t. 9, dixième séance, Lundi 6 Novembre 1855, p. 257-260.

  • REGNAULT, Melchior. Abrege de l'Histoire de l'ancienne ville de Soissons. Contenant vne sommaire deduction genealogique des Comtes dudit lieu. Extraict des memoires de maistre Melchior Regnault, cy-deuant Conseiller au Baillage & Siege Presidial dudit Soissons. Paris : Pierre Menard, 1633.

    p. 119.
Date(s) d'enquête : 1993; Date(s) de rédaction : 1993
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
(c) Département de l'Aisne
(c) AGIR-Pic
Riboulleau Christiane
Riboulleau Christiane

Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France jusqu'en 2022.

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Plouvier Martine
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Historienne, Martine Plouvier a été conservateur régional de l'Inventaire général de Picardie, conservateur en chef aux Archives nationales et directrice du Centre d'études et de recherches prémontrées.

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