Dossier d’œuvre objet IM02004730 | Réalisé par
Riboulleau Christiane
Riboulleau Christiane

Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France jusqu'en 2022.

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  • enquête thématique régionale, la basilique de Saint-Quentin
Ornement polychrome, dit : ornement Salvatoris (chasuble, étole, manipule, voile de calice, bourse de corporal)
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté d'agglomération du Saint-Quentinois - Saint-Quentin
  • Commune Saint-Quentin
  • Adresse Ancienne collégiale royale, actuellement basilique Saint-Quentin
  • Emplacement dans l'édifice sacristie
  • Dénominations
    chasuble, étole, manipule, voile de calice, bourse de corporal
  • Appellations
    ornement polychrome, dit: ornement Salvatoris

Le prototype de cet ornement, surnommé : ornement Salvatoris, a été créé en 1897 par Joannès Coquillat pour la maison Henry de Lyon, célèbre fabricant d'étoffes pour l'église et l'ameublement. Il s'agit d'une adaptation d'un modèle un peu plus ancien, l'ornement angélique, dessiné par Gaspard Poncet en 1889. L'ornement angélique réunit une cohorte de saints, ainsi que de nombreux anges musiciens ou adorateurs, autour de scènes de la vie du Christ que l'on peut qualifier de joyeuses ou glorieuses. En revanche, l'ornement Salvatoris met en scène les événements les plus douloureux de la vie du Christ et de la Vierge (Crucifixion, Piéta), sous le regard d'anges accablés de douleur ou en prière. Les chasubles sont donc différentes. Mais la bourse du corporal est identique dans les deux ornements. Quant au voile de calice, à l'étole et au manipule, ils sont presque identiques, les anges musiciens de l'ornement angélique étant simplement remplacés dans l'ornement Salvatoris par des anges en prière ou porteurs de palmes. On peut donc s'étonner que les inscriptions de l'étole et du manipule n'aient pas été modifiées dans l'ornement Salvatoris, dans la mesure où elles sont empruntées au "Te Deum", hymne de louange et d'action de grâce qui n'est pas adaptée à l'esprit de cet ornement. L'ornement de la basilique de Saint-Quentin est une commande de la paroisse, et un don à son archiprêtre, le chanoine Léon Démaret, vraisemblablement à l'occasion de ses noces d'or sacerdotales, le dimanche 24 mai 1925. L'invitation et le programme de la cérémonie spécifient que la grand'messe a été célébrée avec l´ornement offert en souscription par toute la paroisse. Comme l'indique la marque cousue sur la chasuble, c'est la maison saint-quentinoise Vanpoulle, Cappelle et Friberg, spécialisée en ornements et ameublement d'église, qui a servi d'intermédiaire entre la paroisse et la maison Henry, alors dirigée par les successeurs de Joseph-Alphonse Henry.

L'ornement a été réalisé dans une technique particulière : le point des Gobelins. Il s'agit d'un tissage façonné, mis au point par Joseph Alphonse Henry en 1871 qui produit un effet visuel proche de la tapisserie. La technique a été utilisée pour de rares ornements, dont l'ensemble Salvatoris. Elle met en oeuvre une chaîne en coton, une trame de fils de soies polychromes et de fils d'or et d'argent ainsi qu'une chaîne de liage en soie rouge. L'ornement est doublé d'une toile. Chaque pièce de l'ornement est entourée d'un galon de fil d'or. L'étole et le manipule sont en outre agrémentés de franges.

  • Catégories
    tissu
  • Matériaux
    • coton, chaîne
    • soie, rouge, chaîne supplémentaire
    • soie, trame tissé, polychrome, lampas, berclé
    • fil métal, trame tissé, lampas
  • Précision dimensions

    Dimensions de la chasuble : h = 114 ; la = 70. Etole pliée, hors franges : l = 117, la = 16,5. Manipule plié, hors franges : l = 53, la = 16,5. Voile de calice : l = 58, la = 54,5. Bourse du corporal : l = 24,5, la = 22,5.

  • Iconographies
    • scène biblique, prière, saint Déploration, Vierge de Pitié, rayons lumineux, la couronne d'épines, saint Jean
    • scène biblique, couché, Vierge, les Saintes Femmes, saint Jean, Romain Crucifixion, Christ en croix, rayons lumineux, ange, en vol, de profil, sang, calice, nuée, tristesse, larme, prière, douleur, désespoir, sainte Marie-Madeleine
    • scène, hostie, rayons lumineux, Agneau mystique, étendard, livre, ange, prière, agenouillé, phylactère, chérubin, nuée
    • ornementation, croix, rayons lumineux, ange, étoile, palme, phylactère, mandorle, chérubin, prière, nuée
  • Précision représentations

    Le devant de la chasuble est orné d'une scène de déploration du Christ mort. Au centre, au milieu de rayons lumineux, la Vierge assise soutient le corps du Christ mort, après lui avoir retiré la Couronne d'épines. A droite, saint Jean debout et de profil, joint les mains. Derrière lui, un saint aux cheveux et à la barbe blanche semble tenir une bandelette qui annonce l'ensevelissement du Christ. Il s'agit peut-être de Joseph d'Arimathie. A gauche, sainte Marie-Madeleine, agenouillée et de profil, est dans l'attitude du plus profond désespoir. Derrière elle, se trouvent deux saintes femmes, de trois-quarts, dont l'une est en prière et l'autre tient un vase d'aromates. La scène est surmontée par des anges en vol, de face, de trois-quarts et de profil, dans des nuées. Le premier plan est également occupé par des anges agenouillés sur des nuages, de profil, de trois-quarts et de dos. Ils regardent le groupe central en joignant les mains ou en pleurant. Au niveau des épaules, le tissu est orné de nombreux chérubins. Le dos est réservé au Calvaire. Au centre, le Christ en croix se détache sur des rayons lumineux. Deux anges en vol, de profil, recueillent le sang de ses pieds dans un calice. Deux anges volent aussi près de ses mains. Dans les nuées du ciel, des anges en vol, de profil ou de trois-quarts, joignent les mains, pleurent, s'essuient les yeux, se voilent la face ou font des gestes horrifiés. Au pied de la croix, Marie-Madeleine de profil est allongée sur le sol. A gauche, la Vierge tend les bras vers le Christ tandis que deux saintes femmes, debout et de profil, pleurent. A droite, saint Jean debout et de profil, semble accablé. Derrière lui, sont groupés plusieurs soldats romains, dont un à cheval. Au premier plan sont regroupés des gens du peuple, de dos ou de trois-quarts, eux aussi en prière ou en larmes. Trois Juifs (?), drapés dans une sorte de burnous, regardent et commentent la scène. La composition du voile de calice comporte en son centre une hostie rayonnante sur laquelle se détache l'agneau mystique de profil, debout sur le livre aux sept sceaux et accompagné de son étendard. Cette hostie est environnée d'anges dans des nuées, debout, de profil, de face et de trois-quarts, les mains jointes dans une attitude d'adoration et de prière. Au premier plan, deux anges agenouillés et de trois-quarts tiennent un phylactère avec une inscription. Six chérubins avec deux ou trois paires d'ailes complètent la composition. La bourse du corporal a reçu comme décor une croix fleurdelysée rayonnante, au centre d'une sorte de mandorle, entourée de chérubins sur des nuées. L'étole est ornée d'une croix rayonnante dans un cercle, d'une nuée de chérubins, d'un ange de trois-quarts en prière, de deux anges de trois-quarts portant des palmes, d'un ange de face tenant un phylactère, enfin d'une croix fleurdelysée dans une mandorle environnée de chérubins. Les mêmes sujets, à l'exception de la nuée de chérubins et de l'ange en prière, se répètent sur le manipule.

  • Inscriptions & marques
    • inscription concernant l'iconographie, tissé, sur l'oeuvre, latin, grec, hébreu
    • marque de marchand, tissé, sur partie rapportée
  • Précision inscriptions

    Inscription tissée (à l'envers) sur le titulus de la croix : IESOS NAZARENOS BASILEOS IODEON / IESVS NAZARENVS REX IVDEORVM. La même inscription est tissée en hébreu. L'étole et le manipule portent l'inscription : Tibi Angeli Cherubim / et Seraphim, ainsi que : Sanctus Sanctus / Sanctus. Il s'agit de mots empruntés au "Te Deum" (c'est pour toi que les anges, les chérubins et les séraphins [chantent inlassablement] Saint Saint Saint). Le voile de calice porte l'inscription : PANIS ANGELORUM (Pain des anges), expression empruntée au "Lauda Sion". La marque du marchand qui a servi d'intermédiaire entre le fabricant et le commanditaire est tissée sur un ruban, cousu au revers de l'avant de la chasuble : Vanpoulle, Cappelle, Friberg / 27 Rue Raspail-St QUENTIN.

  • État de conservation
    • bon état
  • Précision état de conservation

    Les doublures sont un peu usées. La bourse est défraîchie. Le dos de la chasuble a été tissé ou monté à l'envers.

  • Statut de la propriété
    propriété d'une association diocésaine
  • Intérêt de l'œuvre
    À signaler

L'ornement est exceptionnel par la beauté du décor, et son tissage inhabituel.

Documents d'archives

  • Société académique de Saint-Quentin : Description de la basilique par A. Bacquet (janvier 1937-décembre 1940), texte dactylographié (non coté).

    p. 71

Bibliographie

  • [Exposition. Saint-Lô, Archives départementales de la Manche. 15 novembre 2002-18 janvier 2003]. Vue sur le Paradis : la soie, le prêtre, les anges. Réd. Josiane Pagnon, Florence Valantin. Saint-Lô : Archives départementales de la Manche, 2002.

    p. 6-78
  • La Semaine religieuse du diocèse de Soissons et Laon, destinée au clergé et aux familles chrétiennes.

    1925, 52e année, n° 23, 6 juin 1925, p. 345
Date(s) d'enquête : 2010; Date(s) de rédaction : 2010
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Riboulleau Christiane
Riboulleau Christiane

Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France jusqu'en 2022.

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