Dossier d’œuvre objet IM02005309 | Réalisé par
Riboulleau Christiane
Riboulleau Christiane

Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France jusqu'en 2022.

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Plouvier Martine
Plouvier Martine

Historienne, Martine Plouvier a été conservateur régional de l'Inventaire général de Picardie, conservateur en chef aux Archives nationales et directrice du Centre d'études et de recherches prémontrées.

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  • mobilier et objets religieux, la cathédrale de Soissons
Ensemble de deux tableaux : Le combat de saint Michel, Le songe de saint Joseph
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Ministère de la culture - Inventaire général
  • (c) Département de l'Aisne
  • (c) AGIR-Pic

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Grand Soissons Agglomération - Soissons-Sud
  • Commune Soissons
  • Adresse Cathédrale Saint-Gervais-Saint-Protais , place Cardinal-Binet
  • Emplacement dans l'édifice murs nord et sud du massif de façade
  • Dénominations
    tableau
  • Titres
    • Combat de saint Michel (le)
    • Songe de saint Joseph (le)
  • Parties constituantes non étudiées
    cadre

D'après la liste des tableaux remis à la Fabrique de la cathédrale en 1803 pour lui servir de décor, ces deux-ci proviennent de l'église soissonnaise Saint-Pierre (sans doute Saint-Pierre-au-Parvis). Ils semblent contemporains et avoir été réalisés par le même artiste, comme en témoigne leur identité de mesures et de style. Ils sont l'œuvre du peintre parisien Clément Louis Marie Anne Belle, qui a inscrit sur le bouclier de l'archange saint Michel, sa signature et la date de 1771. Pourtant, les livrets explicatifs des œuvres exposées au Salon mentionnent à quelques années d'intervalle la création de deux tableaux de même taille et de même sujet. En 1767, Belle expose en effet au Salon un Archange Michel vainqueur des anges rebelles, "destiné pour une Eglise de Soissons". Puis en 1771, il expose Le Combat de Saint Michel, tableau actuellement conservé à la cathédrale de Soissons. Le sort et la destination précise du premier tableau peint en 1767 ne sont pas connus.

En septembre 1794, ces deux œuvres font partie des rares tableaux que les administrateurs du district de Soissons jugent dignes de retenir l'attention et d'être envoyés à Paris. En décembre de la même année, la venue du marchand de tableaux et peintre Jean-Baptiste Pierre Lebrun incite l'administrateur Pierre Hutin à les remplacer par les deux toiles de Philippe de Champaigne. Finalement, ces deux peintures qui ne trouvent pas acquéreur sont envoyées à l'École centrale d'instruction supérieure de l'Aisne, fondée à Soissons en 1796 et installée dans une partie des bâtiments de l'ancienne Intendance. Mais les écoles centrales sont supprimées en 1801.

Un évêque est nommé à la tête de l'évêché de Soissons en avril 1802, et un conseil de fabrique administre le temporel de la cathédrale. L'édifice manque à cet époque d'objets indispensables au culte et bien évidemment d'ornementation. Il apparaît alors que plusieurs beaux tableaux à sujet religieux sont conservés dans les bâtiments de l'École centrale, et qu'ils contribueraient parfaitement au décor de la cathédrale. Une demande est adressée au préfet en juillet 1803 et aboutit à l'envoi très rapide de ces deux tableaux encadrés, décrits comme représentant "Abraham en songe" et "L'ange exterminateur". Les deux œuvres mutilées sont réparées gratuitement par le peintre Jean Louis Joseph Hoyer. Leur grande taille empêche de les accrocher à des piliers de la cathédrale et il est décidé de les placer devant des fenêtres. Malgré une couche d'huile appliquée à l'extérieur des verrières pour préserver les toiles de l'humidité, il est constaté que les deux tableaux se gâtent à cet emplacement, et décision est prise en février 1804 de les mettre ailleurs. Par la suite, la documentation n'apporte que peu d'informations sur ces deux peintures. En août 1822, le conseil de Fabrique autorise la réparation du Songe de saint Joseph qui est dans un grand état de délabrement. Les deux tableaux sont restaurés vers 1829 par le peintre soissonnais Jean-René Chevalier, professeur dans l'École de dessin que la municipalité de Soissons avait fondée en novembre 1804.

D'après l'article de Delorme, les deux toiles auraient orné la "Chapelle des Œuvres" dans les premières années du 20e siècle, destination surprenante au vu de leur grande taille. Elles occupent vraisemblablement leur emplacement actuel depuis la reconstruction partielle de la cathédrale après la Première Guerre mondiale, et ont profité d'une ultime restauration dans les dernières années du 20e siècle (Le songe de saint Joseph a été remis en place en 1992).

  • Période(s)
    • Principale : 3e quart 18e siècle
  • Dates
    • 1771, porte la date
  • Lieu de provenance
    Édifice ou site : Soissons, église Saint-Pierre-au-Parvis
  • Auteur(s)

Les deux tableaux, peints à l'huile sur toile, adoptent une forme rectangulaire et verticale. Chaque toile est formée de deux lés juxtaposés.

  • Catégories
    peinture
  • Structures
    • élévation, rectangulaire vertical
  • Matériaux
    • matériau textile, support, en plusieurs lés peinture à l'huile
  • Précision dimensions

    Largeur approximative à l'ouverture du cadre : 195 cm. Le livret des Salons de 1767 et 1771 donne comme mesures du tableau de l'archange saint Michel, 6 pieds de largeur et 9 pieds de hauteur, soit environ 2 m de largeur et 3 m de hauteur.

  • Précision représentations

    L'archange saint Michel, debout et de trois-quarts, les ailes déployées, occupe la moitié supérieure de la composition. Il porte une armure et un bouclier circulaire. Il tient dans sa main droite une flamme dont il menace les anges rebelles. Son adversaire principal est renversé sur le sol, couché sur le dos. Sa nudité, juste masquée par un pan de son manteau, laisse voir le fer qui lui emprisonne la cheville gauche. Il se protège le visage de l'avant-bras, tandis qu'il tente de repousser l'archange de son pied droit. Près de ce démon, sont rassemblées les créatures du monde infernal : un démon couché sur le ventre et qui semble décapité, un horrible dragon, la gueule ouverte, et d'autres démons dont se distinguent seulement les têtes. La scène est composée sur de grandes diagonales, qui suivent le tracé des ailes, des jambes et des bras des personnages, et qui donnent au tableau mouvement et profondeur. La moitié supérieure, réservée à l'archange, est à dominante froide (bleu et vert) et indique son appartenance au monde céleste. La moitié inférieure, occupée par les créatures démoniaques vaincues par l'archange, a été peinte avec des couleurs chaudes, comme en témoignent la tonalité des corps nus et le manteau rouge.

    Le tableau du Songe de saint Joseph illustre un passage des Évangiles (Matthieu : 2, 13). Au premier plan, le saint est endormi sur une natte, recouvert par son manteau ou par une couverture, et la tête sur son bras. Ses outils de charpentier sont posés devant lui : une hache, un maillet, etc. À droite et à l'arrière, la Vierge, assise et accoudée, observe l'Enfant Jésus endormi dans son berceau. La moitié supérieure de la toile est occupée par une nuée traversée par un rayon lumineux, allusion à un rêve d'inspiration céleste. L'ange du Seigneur y apparaît et se penche vers saint Joseph, semblant lui donner un ordre. L'ange est accompagné par cinq chérubins qui peuplent la nuée.

  • Inscriptions & marques
    • signature, peint, sur l'oeuvre, latin, partiellement illisible
    • date, peint, sur l'oeuvre
  • Précision inscriptions

    La signature (difficile à lire) et la date sont peintes sur la bordure du boucller de l'archange : C. L. M. A. BELLE. PINXIT. 1771.

  • État de conservation
    • oeuvre restaurée
  • Précision état de conservation

    Une bande horizontale de toile semble avoir été rajoutée à une époque inconnue dans la partie inférieure du Songe de saint Joseph, et résulte peut-être d'une restauration du 19e siècle.

    Les deux œuvres ont été restaurées peu après 1989 (pour le Songe de saint Joseph) et 1994 (pour le Combat de saint Michel). Les tableaux ont été rentoilés par Gérard Ten Kate, et ont profité d'une restauration de la couche picturale par Jean Ten Kate. Les deux cadres ont été restaurés par Jean-Pierre Fontaine, spécialiste du bois doré. Néanmoins, la surface picturale est usée et craquelée.

  • Statut de la propriété
    propriété de l'Etat
  • Intérêt de l'œuvre
    À signaler
  • Protections
    inscrit au titre objet, 1972/10/23

La liste des objets inscrits MH mentionne uniquement le tableau représentant "Le songe de saint Joseph". Il est néanmoins vraisemblable que la protection s'applique aux deux toiles, œuvres contemporaines du même artiste.

Documents d'archives

  • AMH (Médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine). Série 81 : 81/02, carton 193. Soissons, cathédrale Saint-Gervais et Saint-Protais, Correspondance : renseignements (1836-1975) ; Travaux, Subvention, mauvais état (1905-1994) ; Vitraux (1910-1992) ; Faits de guerre (1915-1918) ; Autres ; (1919-1941) ; Dégagement (1922-1930) ; Plaques commémoratives (1923-1984) ; Mobilier (1932-1941) ; Orgues (1934-1976) ; Aliénation d'un terrain (1936) ; Dégâts (1959) ; Fouilles (1970) ; Abords (1977) ; Dépôt lapidaire (1985-1993) ; Statue (1987) ; Mécénat (1994).

    Sous-dossier Vitraux : Compte-rendu de la visite du 1er avril 1992, rédigé par C. de Maupeou.
  • A Évêché Soissons. Série P (paroisses) : P Soissons-Cathédrale. 1 E 3. Délibérations de la Fabrique (1802-1804).

    Séances des 21 juillet 1802, 7 juillet 1803, 4 août 1803, 18 août 1803, 1er septembre 1803, 15 septembre 1803, 13 octobre 1803, 11 février 1804.
  • A Évêché Soissons. Série P (paroisses) : P Soissons-Cathédrale, 1 E 4. Délibérations de la Fabrique (1811-1830).

    Séance du 2 août 1822.

Bibliographie

  • DELORME. Notes sur le mobilier artistique de la cathédrale de Soissons. Bulletin de la Société archéologique, historique et scientifique de Soissons, 3e série, t. 12, 1903-1904, 8e séance, lundi 1er août 1904, p. 265-292.

    p. 266, 269-270.
  • Explication des peintures, sculptures et gravures, de Messieurs de l'Académie royale, Dont l'Exposition a été ordonnée, suivant l'intention de Sa Majesté, par M. le Marquis de Marigny, Conseiller du Roi en ses Conseils [...]. Paris : Hérissant Père, 1767.

    p. 10, n° 36.
  • Explication des peintures, sculptures et gravures, de Messieurs de l'Académie royale, Dont l'Exposition a été ordonnée, suivant l'intention de Sa Majesté, par M. le Marquis de Marigny, Conseiller du Roi en ses Conseils [...]. Paris : Hérissant Père imprimeur, 1771.

    p. 8, n° 22.
  • TUETEY, Louis. Procès-verbaux de la Commission temporaire des Arts, publiés et annotés par M. Louis Tuetey, bibliothécaire-archiviste adjoint au ministère de la Guerre. 2 vol., Paris : Imprimerie nationale, 1912-1917.

    t. 1, p. 404 n., t. 2, p. 17.
Date(s) d'enquête : 2004; Date(s) de rédaction : 2012
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Riboulleau Christiane
Riboulleau Christiane

Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France jusqu'en 2022.

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Historienne, Martine Plouvier a été conservateur régional de l'Inventaire général de Picardie, conservateur en chef aux Archives nationales et directrice du Centre d'études et de recherches prémontrées.

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