Dossier d’œuvre objet IM02005372 | Réalisé par
Riboulleau Christiane
Riboulleau Christiane

Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France jusqu'en 2022.

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Plouvier Martine
Plouvier Martine

Historienne, Martine Plouvier a été conservateur régional de l'Inventaire général de Picardie, conservateur en chef aux Archives nationales et directrice du Centre d'études et de recherches prémontrées.

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  • mobilier et objets religieux, la cathédrale de Soissons
Ensemble de deux tableaux et de deux cadres : le Lavement des pieds, la Cène
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Ministère de la culture - Inventaire général
  • (c) Département de l'Aisne
  • (c) AGIR-Pic

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Grand Soissons Agglomération - Soissons-Sud
  • Vol
  • Commune Soissons
  • Adresse Cathédrale Saint-Gervais-Saint-Protais , place Cardinal-Binet
  • Emplacement dans l'édifice bras nord du transept : mur est ; collatéral sud de la nef

La cathédrale conserve un ensemble de deux tableaux de grande taille, représentant La Cène et Le Lavement des pieds, peintures sur l'origine desquelles aucune information ne nous est parvenue. La taille des toiles et les deux thèmes traités sont parfaitement adaptés à un réfectoire d'établissement religieux d'où ces deux œuvres proviennent sans doute. Leur auteur n'est pas connu, ni leur date de réalisation. L'inscription R. 1783, visible dans l'angle inférieur gauche de chacune des deux toiles correspond peut-être à une restauration ou à un changement de propriété des tableaux, mais n'est pas la date de réalisation des peintures. En effet cette inscription n'appartient pas à la couche picturale d'origine mais à un repeint qui, sur La Cène, empiète même sur des armoiries sous-jacentes. Le style des personnages et divers éléments des compositions (comme l'orfèvrerie représentée sur le Lavement des pieds) rappellent la peinture de la première moitié ou du milieu du 17e siècle. Néanmoins, il est difficile de dire si les tableaux ont été réalisés à cette période ou s'ils reproduisent tous deux un modèle de cette période, diffusé par la gravure. En effet, la Cène est une copie du tableau de Frans Pourbus le Jeune, peint en 1618 et conservé actuellement au Louvre. Le dernier restaurateur intervenu sur cette toile penche en faveur de tableaux du début du 18e siècle, reproduisant des modèles plus anciens. Si tel est bien le cas, le ou les modèles du Lavement des pieds n'ont pas encore été identifiés.

Une des armoiries qui étaient dissimulées sous des repeints et ont été remises au jour lors de la restauration des toiles, renvoie à la famille Brisset, famille soissonnaise de notables, reconnue noble par Charles d'Hozier en 1701. On peut donc supposer que les deux peintures sortent de l'atelier d'un artiste local. L'autre écu n'a pu être identifié. Il s'agit probablement des armoiries des donateurs des œuvres.

Enfin, on ignore également pour quel édifice religieux ces deux tableaux ont été réalisés, et quand ils ont gagné la cathédrale de Soissons. Le peintre soissonnais Jean-René Chevalier, dans un document estimatif des restaurations à effectuer sur les tableaux de la cathédrale rédigé en 1829, signale que les deux toiles, alors fort dégradées, sont accrochées sur le mur ouest des deux chapelles nord de la nef. Il précise que les deux tableaux sont très médiocres, mais "ils ont été fait (sic) pour la place et par consequent ne pourraient être remplacés". Contrairement à l'affirmation du peintre, les tableaux sont antérieurs à la construction des chapelles nord de la nef, édifiées aux frais du chanoine Castel vers 1780, mais il est possible qu'ils aient été acquis en 1783 pour les orner. En l'absence d'archives corroborant cette supposition, ceci ne doit néanmoins rester qu'une hypothèse. Quoi qu'il en soit, on ne peut qu'être surpris de lire dans un courrier de l'archiprêtre Delabarre, adressé au ministre de l'Intérieur le 6 août 1852 pour le remercier de l'envoi prochain d'une copie de la Cène de Philippe de Champaigne, que ce dernier tableau allair décorer la cathédrale "d'un sujet nouveau pour elle". Les archives manquant sur ce point précis, rien ne permet de connaître les raisons de cette affirmation, étonnante de la part d'un desservant placé à la tête de la cathédrale une trentaine d'années auparavant et qui devait donc connaître parfaitement le monument et son décor.

Le Lavement des pieds est resté au même emplacement jusqu'à la Première Guerre mondiale. La chapelle où se trouvait La Cène devant accueillir les appareils d'un calorifère en 1876, le conseil de fabrique prévoit alors de transférer cette toile dans la chapelle du Sacré-Cœur. On ne sait si le tableau a gagné temporairement cette destination. Il est néanmoins certain qu'au début du 20e siècle, la copie de Pourbus se trouve accrochée au-dessus du tambour de la porte sud du grand portail. Cette Cène et Le Lavement des pieds, qui ont souffert de la Première Guerre mondiale, ont été restaurés pour la dernière fois à la limite des 20e et 21e siècles et ornent à nouveau les murs de la cathédrale.

Les deux tableaux, peints à l'huile sur toile, adoptent une forme rectangulaire et horizontale. Chaque toile est formée d'au moins trois ou quatre lés. Le Lavement des pieds est ainsi constitué de quatre lés superposés, le lé inférieur étant lui-même constitué de plusieurs morceaux. La Cène est peinte sur trois lés horizontaux superposés. La peinture est appliquée sur un apprêt rougeâtre.

Les deux cadres sont identiques. Ils sont formés de plusieurs pièces de bois assemblées, peintes en noir et dorées. Leur décor en relief est sculpté dans la masse..

  • Catégories
    peinture, menuiserie
  • Structures
    • élévation, rectangulaire horizontal
  • Matériaux
    • matériau textile, support, en plusieurs lés peinture à l'huile, sur apprêt
    • bois, en plusieurs éléments taillé, peint, monochrome, doré, décor en relief, décor dans la masse
  • Précision dimensions

    Mesures approximatives de La Cène, prises à l'ouverture du cadre : h = 260 ; la = 440. Le cadre est large de 15,5 centimètres.

  • Précision représentations

    Le Lavement des pieds, qui se déroule au cours de la dernière Cène, illustre un passage de l'Évangile de saint Jean (13 : 1-15), bien qu'ici la table ne soit pas encore dressée. La scène se passe dans une pièce ouverte sur l'extérieur par une grande baie qui laisse voir des arbres, le ciel et le fronton d'un temple. Au premier plan, saint Pierre, assis de trois-quarts, tient sa jambe au-dessus d'un bassin. Jésus, agenouillé devant lui, s'apprête à verser de l'eau à l'aide d'une petite aiguière. Entre eux, saint Jean presse les deux mains sur sa poitrine, dans une attitude où se mêlent l'admiration et la vénération. À l'arrière du Christ, un serviteur coiffé d'un bonnet, apporte une jarre et un plat. Derrière saint Pierre, un apôtre assis s'essuie un pied. Les autres apôtres, dans des attitudes variées, manifestent leur surprise. L'un d'eux observe le Christ et se tient le menton dans une attitude qui trahit la perplexité. d'autres dialoguent ou s'interrogent du regard. Divers meubles ou récipients richement ornés, tels le guéridon ou bassin tripode de gauche et l'aiguière godronnée proche du Christ, complètent la composition. Un écu armorié encadré de deux palmes nouées d'un ruban, est apposé dans l'angle inférieur droit.

    La Cène respecte les principales composantes de ce thème iconographique. Néanmoins, il s'agit ici de l'illustration du passage des Évangiles où Jésus annonce qu'un des apôtres va le trahir (saint Jean 13 : 21-30, saint Matthieu 26 : 20-25, saint Marc 14 : 17-21, saint Luc 22 : 21-23) et non de l'instauration du sacrement de l'Eucharistie. En effet, les apôtres interloqués regardent le Christ ou s'interrogent du regard, se dressent ou font des gestes de surprise ou de dénégation. Au premier plan, Judas, qui dissimule sa bourse dans son dos, s'apprête à quitter la table pour aller trahir Jésus. Dans chaque angle inférieur, un écu armorié est encadré de deux palmes et surmonté d'une couronne.

    Chaque angle des deux cadres est rehaussé d'une épaisse feuille d'acanthe.

  • Inscriptions & marques
    • inscription, initiale, peint, sur l'oeuvre
    • date, peint, sur l'oeuvre
    • armoiries, peint, sur l'oeuvre (non identifié)
  • Précision inscriptions

    Une lettre puis une date sont peintes en noir dans l'angle inférieur gauche de chacune des deux toiles : R. 1783. Les deux tableaux étant bien antérieurs à cette date, on ignore à quoi se rapporte cette inscription, qui, sur la Cène, empiète sur un écu armorié. Peut-être correspond-elle à une restauration, ou à un changement de propriété des deux œuvres, le nouvel acquéreur ayant souhaité masquer l'origine des tableaux.

    Depuis les restaurations menées au cours des dernières années, des armoiries sont visibles sur les deux tableaux. Dans l'angle inférieur droit du Lavement des pieds, se trouvent probablement les armoiries de la famille soissonnaise Brisset (écartelé aux premier et quatrième de gueules à un serpent d'or, et aux deuxième et troisième d'azur à une colombe d'argent). Sur la Cène, un autre écu est peint dans chacun des angles inférieurs de la toile. Ces armoiries, apparemment identiques, n'ont pas été identifiées. Il s'agit d'un écu gironné d'or et de gueules de 12 pièces, surmonté d'une couronne de comte.

  • État de conservation
    • oeuvre restaurée
  • Précision état de conservation

    Un document de 1829 signale le très mauvais état de ces deux toiles dont le vernis est tellement blanchi par l'humidité qu'il ne serait possible d'estimer la restauration de la toile et de la couche picturale qu'après enlèvement de ce vernis. Les deux toiles semblent donc avoir été réparées dès le 19e siècle.

    Les deux tableaux ont été fortement restaurés au cours des deux dernières décennies. Cette entreprise, qui a d'abord porté sur le Lavement des pieds, s'est achevée avec la restauration de la Cène qui, longtemps déposée à l'écart, a été reposée il y a peu d'années dans la cathédrale. Pour cette dernière opération, il a fallu rentoiler, puis tendre la toile sur un châssis, boucher les lacunes, enfin reconstituer les parties manquantes, soit de manière illusionniste, soit à l'aide d'un tratteggio modulé.

  • Statut de la propriété
    propriété de l'Etat
  • Intérêt de l'œuvre
    À signaler

Documents d'archives

  • AN. Série F ; Sous-série F 21 (Beaux-Arts) : F 21, carton 320, dossier 36.

    Lettre de l'archiprêtre Delabarre, adressée au ministre de l'Intérieur le 6 août 1852.
  • A Évêché Soissons. Série P (paroisses) : P Soissons-Cathédrale, 1 E 6. Délibérations de la Fabrique (1846-1876).

    séance du 26 décembre 1876.
  • BnF (cabinet des Manuscrits) : Fr 27007. Pièces originales 523 (Brisb-Brisson).

    n° 11744 (Brisset).

Bibliographie

  • DELORME. Notes sur le mobilier artistique de la cathédrale de Soissons. Bulletin de la Société archéologique, historique et scientifique de Soissons, 3e série, t. 12, 1903-1904, 8e séance, lundi 1er août 1904, p. 265-292.

    p. 271, 286.
  • GÉRARD, Alexandra. La copie de la Cène de Pourbus restaurée à la cathédrale de Soissons. Quadrilobe, 2009, n° 3.

    p. 117-122.
Date(s) d'enquête : 2004; Date(s) de rédaction : 2012
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Riboulleau Christiane
Riboulleau Christiane

Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France jusqu'en 2022.

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Historienne, Martine Plouvier a été conservateur régional de l'Inventaire général de Picardie, conservateur en chef aux Archives nationales et directrice du Centre d'études et de recherches prémontrées.

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