Cette statue du XVIIe siècle représente sainte Wilgeforte, une martyre légendaire du IIe siècle. Une première légende raconte que Wilgeforte, poursuivie par des soldats romains en vue de la violer, implore Dieu de la protéger : ce dernier lui fait pousser une barbe qui la dissimule parmi les hommes. Une deuxième légende raconte qu'il s'agit de la fille d'un prince portugais désireux de la marier contre sa volonté. Elle demande l'aide de Dieu qui lui fait pousser une barbe. Méconnaissable et défigurée, son père la condamne à la crucifixion.

Sainte Wilgeforte faisait l'objet d'un culte soutenu et d'un pèlerinage le lundi de Pâques : elle est invoquée pour les enfants rachitiques (Dictionnaire historique et archéologique du Pas-de-Calais, 1873-1883).

L'Église catholique ne reconnait plus son culte depuis le XXe siècle, considérant que cette sainte est purement légendaire. En effet, la légende de sainte Wilgeforte serait née d’une erreur d’interprétation. À la fin du Moyen-Âge se diffuse dans le Nord de l’Europe, le Volto Santo, crucifix byzantin de la cathédrale de Lucques en Italie qui représente Jésus vêtu d’une longue tunique serrée à la taille et portant des cheveux longs et une barbe. Les habitants du Nord de l’Europe étaient habitués à voir le Christ crucifié représenté quasi nu, vêtu d’un simple pagne et n'ont donc pas reconnu le Christ représenté de manière différente. Ils auraient alors développé une légende d’une sainte barbue (WILEMUR, 1999).

La statue est cachée au cours de la Révolution française et elle est replacée dans l'église en 1803. La sainte devait être représentée crucifiée au début du XXe siècle (Épigraphie du Pas-de-Calais), mais sa croix et ses bras ont depuis disparu.