Dossier d’œuvre architecture IA80007322 | Réalisé par ; ;
Barbedor Isabelle (Rédacteur)
Barbedor Isabelle

Chercheur du service de l'Inventaire général du patrimoine culturel de Picardie, puis des Hauts-de-France, depuis 2002.

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  • inventaire préliminaire, arrière-pays maritime picard
Ancienne ferme de la Creuse, puis du Bois de Bonance à Port-le-Grand
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
  • (c) SMACOPI

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté de communes Ponthieu-Marquenterre - Nouvion
  • Commune Port-le-Grand
  • Lieu-dit Bois-de-Bonance
  • Cadastre 1935 A4 195, 219, 228, 270, 272, 287, 333, 339, 348, 350, 351, 354, 359, 360, 368, 382, 397
  • Dénominations
    ferme
  • Appellations
    Ferme de la Creuse, Ferme du Bois de Bonnance
  • Dossier dont ce dossier est partie constituante
  • Parties constituantes non étudiées
    grange, étable, étable à chevaux, hangar agricole, bergerie, logement, laiterie, buanderie, musée

Un compte-rendu de visite de ferme publié dans le bulletin du comice agricole d'Abbeville du mois de septembre 1847, indique que "M. d´Orval, [...] a sur ses concurrents, l'avantage d'avoir récemment bâti entièrement à neuf". Cette information pourrait être confirmée par la date "1838", gravée sur le bâtiment oriental (anciennes écuries). Le défrichement des terres de Bonance, par Pierre-Emile Hecquet d'Orval, commence en 1840.

Le recensement de population de 1851 indique que Pierre-Emile Hecquet d'Orval habite alors la ferme de la Creuse. Celui de 1872, signale pour la première fois le château de Bonnance, habité par Pierre-Emile Hecquet d'Orval, et la ferme du château, comprenant deux logis, celui du concierge et celui du garde des bois. En 1881 et 1906, les recensement signalent aussi une maison de jardinier, une maison de berger (1906). Le château est alors habité par Fernand Hecquet d'Orval, fils de Pierre-Emile, qui s'est retiré dans la maison des Chantiers.

D´après Wiscart (2001), sur les 74 hectares de sa ferme de Bonnance, Pierre-Emile Hecquet d'Orval, disciple de Mathieu de Dombasle, fait alterner sur 6 ans cultures sarclées (betterave, pomme de terre, carotte), froment, seigle, trèfle et ray-grass, blé, fumé, avoine ou orge de printemps. Sur les 39 hectares les plus éloignés, plantes sarclées, blé, avec sainfoin, sainfoin deux années de suite, avoine, plantes sarclées, blé seigle et trèfle pendant trois ans. Les 6/7e des terres cultivées étaient donc réservées à la nourriture animale. L'ensemble des bâtiments principaux bordait la cour sur ses côtés nord, ouest et est, tandis que le côté sud était clos par un mur de délimitation ouvert par deux petites entrées situées aux deux extrémités.

Le côté oriental de la cour était jadis bordé, du sud au nord par : une courette et le poulailler attenant, puis les bergeries (convertibles en vacheries si besoin) avec « grange à grains en gerbe au-dessus », une serre à betterave et resserre à outils (hache-racine et cribleur) avec grange au-dessus, puis « une machine à battre au premier, tarare au rez-de-chaussée, concasseur et grenier au dessus » et enfin à l'extrémité nord, une grange à paille. Le côté nord de la cour regroupait d´est en ouest, d´après son propriétaire, les fonctions suivantes : une bergerie, puis des écuries, avec « boxes pour poulains ou juments poulinières », un poulailler, une vacherie, une étable à veaux, une vacherie, puis à nouveau les écuries. Sur une partie de la face nord, étaient accolées des porcheries et sur l´autre des bûchers.

Enfin, le côté ouest de la ferme comprenait, du sud au nord : une maison de ferme pour le concierge et le jardinier et les chambres pour les domestiques, une buanderie, des greniers à grains, caves et laiteries, puis des écuries (avec lits des charretiers) et un grenier à foin à la partie supérieure, et des remises à l´extrémité nord. Au nord-ouest, le plan d'Hecquet d'Orval indique la présence de bergeries.

Pierre-Emile Hecquet d'Orval travaillait avec Boucher de Perthes à l'histoire archéologique de la région. C'est pour y stocker le résultat de ses fouilles qu'il fait construire la maison carrée, en 1880, à l´ouest de la ferme. Il s'agit d'abord d'une simple tour crénelée en briques de trois niveaux (partie sud de la maison), agrandie vers 1930 pour Emile Hecquet d'Orval, qui fait ajouter de nouvelles pièces, sur deux étages, un sous-sol et une toiture à deux pans ainsi que des fenêtres à petits carreaux. La maison carrée, abandonnée à la fin de la première guerre mondiale, est restaurée dans les années 1960. Le jardin est créé sur l´ancien potager vers 1975.

  • Période(s)
    • Principale : 2e quart 19e siècle, 4e quart 19e siècle, 2e quart 20e siècle
  • Dates
    • 1838, porte la date
    • 1880, daté par source
  • Auteur(s)
    • Personnalité :
      Hecquet d'Orval Pierre-Emile
      Hecquet d'Orval Pierre-Emile

      Pierre-Emile Hecquet d'Orval, né à Abbeville, est le fils de Jean-Pierre Hecquet d'Orval.

      Vice-président du comice agricole d'Abbeville, membre de la société d'émulation d'Abbeville, membre du conseil d'administration des musées d'Abbeville, maire de Port-le-Grand de 1859 à 1884, vice-président de la société de Saint-François-Xavier.

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      commanditaire attribution par source

A sept kilomètres d´Abbeville, le domaine se situe dans la vallée de la Somme. Entouré de bois sur les hauteurs de Port, le site s´inscrit dans l´ancien domaine du château. La propriété comprend une ancienne ferme et la « maison carrée », accompagnée d´une bergerie et d´une maison de jardinier. Une partie du mur de clôture (côtés nord, ouest et est), construit en brique, n'est plus ou a été modifié et une seule petite entrée piétonnière est visible : elle se situe à peu près dans l'axe de la cour. Il ne reste qu'un des piliers d'encadrement. Le côté oriental de la cour est aujourd'hui bordé par un grand bâtiment, assez haut, encadré par deux corps latéraux au nord et au sud, d´élévation plus basse (avec toit en croupe). Sept grandes arcades cintrées ponctuent la face occidentale (côté cour) de ce bâtiment en brique. Différents types d'ouvertures en permettent l'accès. Un décor à base de craie vient orner la brique de sa blancheur sur trois niveaux : on la retrouve à la corniche, au bandeau, et enfin, à l'imposte de chaque piédroit des arcades. Le pignon nord, visible en partie supérieure, offre au regard le même décor ; un bandeau supplémentaire vient fermer la base de la partie triangulaire du pignon. Une baie semi-circulaire (encadrée en craie) ouvre le triangle ; une fenêtre semble avoir été ajoutée postérieurement à l´intérieur de cette baie. Aujourd´hui un unique bâtiment construit en brique, borde le côté nord. Sa face sud (sur cour) est également percée d´ouvertures de forme et de taille différentes, surmontées par deux lucarnes pendantes avec porte et système métallique au-dessus de l´arcature indiquant une possibilité d´engrangement. Une petite tour tient lieu de pigeonnier. Entre chacune des trois portes, deux lucarnes pendantes sont visibles à la partie supérieure, et viennent s´inscrire ainsi en pendant des deux premières. Un bâtiment central sur le côté ouest, assez haut, est encadré par un petit corps de bâtiment plus bas au sud et, au nord, par un bâtiment légèrement moins élevé, mais sur deux étages. Le bâtiment central est à peu près identique à celui qui lui fait face à l´est, si ce n´est qu´on observe la présence d´une lucarne axiale et d´une cheminée dans la toiture, de même que celle d´un cartel en craie, situé entre la troisième et quatrième arcade au-dessus de l´imposte du piédroit, sur lequel est gravé la date de 1838. Les arcades 1 à 5 servent aujourd´hui de logis, tandis que les 6 et 7 ont conservé leur fonction d´origine (en tout cas, en apparence). On notera la présence d´un petit corps de bâtiment au sud. Au nord-ouest s´étend un grand bâtiment (anciennes bergeries), en brique toujours, ouvert par de larges portes coulissantes. Ce bâtiment se termine à l'extrémité orientale, par une petite construction basse en appentis qui laisse à découvert la partie supérieure du pignon de la bergerie, à essentage de tuiles. Immédiatement à l'est, se dresse encore un bâtiment, dont il ne reste que la structure en bois qui sert de auvent. Observons également la présence d´un mur de délimitation à l´angle sud-est de la bergerie et qui rejoint l´angle nord-ouest de la cour de la ferme. Il est construit avec jambages de brique encadrant des silex hourdés au mortier. D´autres bâtiments ne figurant pas sur le plan d´Hecquet d´Orval, doivent encore être ajoutés à la description de l´ensemble : ils forment un retour d´équerre vers le sud, à l´extrémité occidentale de la bergerie. Il s´agit pour la plupart de constructions basses anciennement à pans de bois hourdés au torchis. La seconde entrée du domaine se fait donc au nord par une longue allée qui longe les bâtiments d´exploitation ; la maison carrée se situe à leur extrémité. Entièrement en brique, cette dernière, dont le style architectural rappelle l'Atlas marocain, est implantée à l'ouest de cette seconde cellule, orientée est-ouest. La partie principale, de section carrée au sud, dispose de deux étages. Les créneaux ont reçu une toiture en pavillon. La tour d'angle abritant l'escalier est au nord-ouest. Egalement crénelée, elle bénéficie d'une couverture indépendante. Le corps ajouté ultérieurement au nord, également crénelé, est plus bas que la tour : il dispose d'un rez-de-chaussée surélevé, d'un étage carré et d'un comble à surcroît. Les petites ouvertures à arcs brisés sont nombreuses. Sur la façade orientale, le rez-de-chaussée est percé d'une large baie à arc surbaissé. La cour intérieure est occupée par l'ancien potager du château. La maison du jardinier et les garages sont à l'ouest de la cour. Il s'agit d'un long bâtiment bas en brique. La maison du berger et les bergeries (qui pouvaient contenir 500 têtes) occupent toute la partie nord de la propriété. Le logis, long de trois travées, est en torchis et pans de bois sur solin en brique. Une petite remise le flanque à l'est, surmontée d'un grenier ouvert sur cour par une gerbière. Dans le prolongement de la maison, à l'est, se situe le long bâtiment destiné à abriter les moutons. Pourvu d'une maçonnerie en brique, il est couvert d'un toit à longs pans en pannes picardes. Le pignon oriental bénéficie d'un essentage de tuiles. La face occidentale est percée de trois larges ouvertures coulissantes.

  • Murs
    • brique
    • torchis
    • essentage de planches
    • essentage de tuile
    • pan de bois
    • galet
  • Toits
    tuile
  • Étages
    en rez-de-chaussée, rez-de-chaussée surélevé, 1 étage carré, 2 étages carrés, comble à surcroît
  • Couvertures
    • toit à longs pans
    • toit à deux pans
    • toit en pavillon
    • croupe
    • demi-croupe
  • État de conservation
    remanié
  • Statut de la propriété
    propriété privée
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler

Hecquet d'Orval s'attachait plus aux fonctions qu'aux bâtiments : il est donc possible que les bâtiments multifonctionnels ici décrits soient ceux que l´on observe encore aujourd´hui. Si l´on se fie à la description du 19e siècle, on peut donc constater que le poulailler avec courette n´existe plus à l´extrémité sud, de même que la grange à paille à l´extrémité nord. D´après le plan de 1847, on est en droit de se demander si les corps latéraux du bâtiment central ne seraient pas des ajouts ou transformations postérieurs. Notons également que sur le plan, l´angle nord-est de la cour est formé de bâtiments jointifs, ce qui n´est plus le cas aujourd´hui. Signalons encore qu´au sol, à l´avant de ce premier ensemble, sont visibles des fondations en brique de piles arasées : il est difficile cependant de déterminer la raison de leur présence, si elles correspondent à l´emplacement d´un ancien bâtiment ou s´il s´agit d´une construction ultérieure et démolie depuis. La bergerie (à l´est) n´existe plus ; on observera toutefois que le pignon oriental offre des traces de transformations à la partie basse, pouvant correspondre à l´arrachement d´un ancien corps latéral plus bas et à l´obturation d´une série de petites aérations très étroites et rectangulaires sur la hauteur. Il se pourrait que les deux premières portes aient pu correspondre à l´entrée de deux boxes à écuries, puis que la petite tour ait fait office de poulailler (avec pigeonnier à l´étage). Le reste du bâtiment correspond moins bien à la description d´Hecquet d´Orval, même si les ouvertures aujourd´hui visibles invitent à penser à une destination comme étable ou vacherie. Il semblerait possible qu´à partir de la tourelle, il s´agisse en réalité d´un bâtiment reconstruit ou alors d´une transformation assez importante : on observera en effet, une rupture dans la maçonnerie juste après la tourelle (avec rencontre des deux murs en coup de sabre). Il semble évident que le bâtiment nord soit bien postérieur à ses voisins et que sa construction se situe au moins au 20e siècle. En revanche, on peut retrouver, indépendamment des transformations évidentes à l´oeil nu, les fonctions énumérées par Hecquet d´Orval, pour le bâtiment central. Peut-être faut-il garder une réserve pour le petit corps au sud qui pourrait être à l´image des deux corps encadrant le bâtiment oriental, une transformation postérieure à 1866.

Documents d'archives

  • AD Somme. Série M ; 2M_LN 302. Recensement de population de la commune de Port-le-Grand, [1836-1936].

Bibliographie

  • BACQUET, Gérard. Le Ponthieu. Auxi-le-Château, Gérard Bacquet, 1992.

    p. 39
  • BOUTHORS, Alexandre. Rapport descriptif et analytique du cartulaire de Valoires, manuscrit des archives du département de la Somme. Amiens, Imprimerie Ledien fils, 1839.

    p. 10-25
  • Exploitation de M. Emile Hecquet d'Orval, à la Réserve. Revue agricole de la Somme, bulletin du comice d'Abbeville, août et septembre 1850, n° 8 et 9.

    p. 123-125
  • Hecquet d'Orval, E. Agriculture de Basse-Picardie en 1884. Abbeville, Imp. C. Paillart, 1885.

  • HECQUET d´ORVAL E. De la destruction des insectes nuisibles aux récoltes. Abbeville, Imp. P. Briez, 1868.

  • HECQUET d´ORVAL E. De la destruction des vers blancs par la jachère. Deuxième étude. Paris, A. Saignier-Maison Rustique, 1870.

  • HECQUET D'ORVAL, Emile. Etude archéologique sur Port-le-Grand. Mémoires de la Société d'Emulation historique et littéraire d'Abbeville, 1878, 3e série, t. 2.

    p. 293-317
  • HECQUET D'ORVAL, E. Notes lues à la société d'Emulation d'Abbeville sur des fouilles faites à Port-le-Grand en 1869, 1871 et 1872. Mémoires de la Société d'Emulation d'Abbeville, 1872.

    p. 617-618
  • LEFEBVRE DE VILLERS, Ch., VAN ROBAIS, Armand. Notice nécrologique sur Monsieur Pierre-Emile Hecquet d'Orval, membre résident, décédé le 6 mars 1887. Abbeville, Imp. C. Paillart, 1887.

  • LEMAN DERERIVE, G. Le cimetière gaulois de Port-le-Grand, essai d'interprétation des fouilles de 1833-1834. Cahiers d'archéologie de Picardie, 1976, n° 3.

    p. 99
  • Prime à la meilleure disposition des étables, rapport de M. Dupuis. Revue agricole de la Somme, bulletin du comice d'Abbeville, septembre 1847, n° 9.

    p. 133-134
  • SEYDOUX, Philippe. Gentilhommières en Picardie. Ponthieu et Vimeu. Paris : Editions de la Morande, 2003.

    p. 65.
  • Visite de l'établissement de M. d'Orval. Revue agricole de la Somme, bulletin du comice d'Abbeville, n° 8, août 1847.

    p. 114-116
  • WISCART, Jean-Marie. Agronomes et fermes modèles dans la Somme à la fin du Second Empire. Ruralia, n° 9, 2001, Varia.

Documents figurés

  • AD Somme. Série M, sous-série 7 M. Mémoires de Hecquet d'Orval : 99M106737 (1860-1875).

Annexes

  • Les fermes modèles
  • La ferme expérimentale d'Emile Hecquet d'Orval
Date(s) d'enquête : 2004; Date(s) de rédaction : 2004, 2017
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
(c) SMACOPI
Barbedor Isabelle
Barbedor Isabelle

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